[Rémi]

Salut Aube,

Les détails :

Monsieur. N (le point est mal placé)

marque la (tu en as deux dans le texte : marque-la)

remplacer les tirets par des cadratins serait sympa

y a une répétition de "fluide" assez rapprochée qui est pas forcément top

La phase "ah merde, j'ai raconté finalement" me semble de trop

Au global :
Je pense que tu aurais pu appeler le texte "lettre à Nietzsche", pour que ceux qui n'ont pas la référence capte le truc (ou aille se renseigner - tu vas me dire, y a du taf...)
Sinon, j'ai vachement aimé, même si c'est tordu, même si on se paume parfois, même si la chute ne fait pas référence à un vécu donné du narrateur. Parce que justement, on peut se projeter. Soit par ses expériences (joyeuses ) propres, soit par l'imagination. En tout cas, l'idée que la lecture du moustachu puisse marquer profondément celui qui est un tant soit peu dans la galère fonctionne drôlement bien, avec les idées du surhomme, de l'éternel retour, de la mort de dieu...
Moi j'ai vu, au niveau de l'abîme, justement la chute de l'homme qui est sur sa corde tendue entre animal et surhomme, j'y ai vu aussi la mort de Dieu à travers la chute de l'ange (même si c'est tiré par la plume ) et l'éternel retour est explicitement exprimé.
Niveau plume, niveau écriture, tu as envoyé du lourd, du stylé, du je-fais-pas-semblant. Nacas a relevé des trucs sur lesquels je suis d'accord et d'autres non, et je pourrais relever aussi d'autres trucs  limites un peu foireux, mais je crois pas que ce soit important. Comme tu dis, c'est "impressioniste"... moi j'aurais dit "expressionniste-lyrique" mais bon, on s'en fout. Ce que je veux dire, c'est que forcément, quand on y met de style bien appuyé, c'est l'ensemble qui compte (l'impression d'ensemble, et là je suis d'accord sur le mot - mais pas impressionisme au sens "décomposition-lumière-atmosphère-vie réelle").
Donc oui, y a des aspérités, mais l'impression d'ensemble, ben c'est quand-même une grosse claque dans la tronche (aux démons et à N. aussi).

Bref, j'ai aimé quoi

A+
Rémi

[Ari]

Au fil de la lecture :

Le Gai Savoir, que t’a appelé ça

t'as

Il a poussé sur ma cervelle comme un vieux lierre qui force ses vrilles dans les interstices d’un mur de pierre.

j'aurais préféré sans le "qui" (ça change un peu la dynamique de la comparaison).

Putain mec, c’est pas permis, même pour toi, d’avoir une moustache comme ça.

Tic. STOP ! Tac. Arrête-toi ! Tic. Arrête ! Tac.

C'est tout bête, mais j'aime bien l'effet.

Tu es gouverné par les paramètres que la nature t’a attribués, que la culture t’a foutraqué.

Ca me rappelle un certain débat... 

marque la ! Marque la

marque-la
Marque-la

grave ton nom dans l’acier du monde.

Ca, j'aime bien .

Et tu crèveras en dix minutes d’une anomalie cardiaque, comme maman le redoute depuis que t’as giclé de son ventre…

Violent. Et violent à lire...

Je retire la clope, le plus loin possible de mon trou-à-vie, à bouffer, à parler, à sucer, à mâcher, à vomir, à embrasser, à crier, à cracher, vers la hanche gauche. Dans un grand arc de cercle, parfait, régulier, de mes lèvres, jusqu’à la hanche gauche.

J'aime bien ce passage aussi (et tout ce qui précède, bref toute la description de la clope).

Te connaissant, j’aurais dû savoir que la route que tu avais empruntée était une impasse. Mais tu m’as séduit, poète. Tu me ressemblais trop. Je ne me suis pas détourné de ton sillage, j’ai même eu l’ambition de terminer ta route. Tu t’es effondré devant un cheval battu, à Turin, l’esprit fracturé, consumé. J’ai failli faire pareil, bien plus tôt que toi, mon vieux.

Tout ça, j'aime beaucoup. Par contre :

T’inquiète je sais.

Je suis pas fan du tout.

***

Je suis perdue avec le passage sur le papa...

***

C’était juste sa façon de me dire bonjour, finalement.

Encore aujourd’hui, il a le don pour me faire péter un câble.

le don de me faire péter un câble

qui pue la mort à des lieux à la ronde.

lieues

Le truc con, c’est que si ça arrive vraiment (ta connerie d’éternel retour, là), je serais bloqué dans une boucle pathétique qui finirait par mon suicide à chaque fois.

si ça arrivait (pour la concordance des temps, vu comment tu conjugues les verbes suivants)

Ma chute a duré si longtemps que vers la fin je savais distinguer un ébène mat d’un suie poudreux, un corbeau (mon préféré, noir parfait avec une pointe de ciel) d’un ivoire minéral. Encre, jais, velours, tous les noirs ont leur texture et leur goût.

ivre de ma cécité polychrome

  (ben oui, forcément, moi et les couleurs...  ).

J'ai parfois du mal à suivre la conjugaison de tes verbes... (passé simple / passé composé / présent / imparfait.. ? globalement je pensais qu'on était dans le passé assez "oral" donc passé composé / imparfait ; tu fais beaucoup beaucoup d'exceptions...).

proche d’un delta de feu fluide. Elle était proche de mon futur point de chute.

répétition de "proche".

Je sais pas pourquoi, la métaphore de l'abysse commençait à m'ennuyer, et ça m'a pas parlé quand le narrateur tombe sur la fille au fond de l'abysse. Par contre à partir du moment où ils escaladent ensemble, de nouveau j'ai accroché.

Après un truc comme ça, la réhabilitation sociétale n’est pas évidente. On a décidé de s’installer ensemble, et puis on a lutté contre les souvenirs. Nos corps étaient couverts de marques, de cicatrices, nos os s’étaient mal ressoudés. Mais on avait une force nouvelle aussi, des années de grimpe ça vous marque, on avait la viande plus robuste, le bras ferme, le torse solide. Je ne sais pas comment elle a géré tout ça de son côté, mais pour moi ça n’a pas été facile.

Ca, j'aime bien.
Et du coup ça change l'image que j'avais des paragraphes précédents - à la lumière de cette suite, ils me plaisent beaucoup plus.

Bon là, tu recolles avec le début, quand j’ai piqué ma petite crise.

Bof pour la formule.

Moi j’ai flippé, et j’ai pas arrêté les médicaments, du coup.

Bon là, tu recolles avec le début, quand j’ai piqué ma petite crise. Je ne regrettais rien, mais j’étais une bougie toute fondue et le démon que tu m’avais collé dans le crâne me gueulait dessus tous les jours. Ce fut l’époque des tic-tacs cardiaques, du temps qui file entre les doigts et des joints.

PS : va te faire foutre.

En fait... Toute cette fin me laisse un peu frustrée.
A la limite tu aurais presque pu finir sur la parole du médecin... et derrière, un doute...

(Sauf si le "va te faire foutre" est destiné au médecin et pas à N ?)


Consigne :

"écrire un texte avec les mots " pétard " et "pétale" dedans. Si les flexions plurielles comptent, j'ai gagné.

C'était juste ça la consigne ??? 
Vu le texte, je pensais que la consigne était quelque chose de beaucoup plus tordu ! 


Au total :

Comme toujours, j'aime beaucoup ton style. Même si parfois c'est presque too much, j'aime aussi les libertés que tu prends et parfois le côté violent. Le reste de ton style, je ne sais pas le décrire ; je n'ai pas les mots pour ça et surtout pas la prétention de savoir analyser ça ; mais je trouve que tu écris de façon solide et fine tout à la fois. (Et d'ailleurs je t'ai trouvé meilleur encore dans la dernière nouvelle que j'ai lue de toi).

Concernant la construction de l'histoire... je suis un peu perplexe, on s'éloigne beaucoup du sujet de base... et le retour qu'on y fait à la fin est vraiment très vite expédié. Il y a quelque chose qui me gêne même si je ne sais pas bien l'expliquer. J'ai l'impression de plusieurs histoires (deux ou trois) différentes qu'on aurait mises bout à bout puis ajouté des jointures. Malgré la force de ce texte, je pense que des trois que j'ai lus de toi, c'est celui qui m'aura le moins séduite... Sûrement à cause de cette construction un peu "recomposée". Je te dis le négatif, sûrement parce que cette fin m'a laissée perplexe ; mais j'ai énormément apprécié tout le discours à N (mais qui du coup occupait plutôt le début), et aussi (bien qu'il y ait eu un moment de lassitude) la puissance de la métaphore de l'abysse.

Merci pour le partage - et au plaisir de te lire à nouveau très bientôt.

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

[avistodenas]

Abysse est masculin, même si j'eusse préféré le contraire...

Nietzsche interprété au pétard, ça donne un drôle de bazar.

Ton texte me fait penser à Cyril Collard (les nuits fauves), dans lequel Nietzsche remplacerait le sida. Faut oser mais tu en as le droit si tu as opté pour la veine iconoclaste. (Je ne parle que pour le présent texte bien sûr, je n'ai pas encore lu les autres et j'ignore au juste en quoi consistait le défi, mais si l'exercice n'est pas salvateur, il est du moins formateur, en quoi tu as bien fait de le relever).

Tu écriras sûrement un jour, ça foisonne dans ta calbombe, mais ne perds pas de vue que les meilleurs (écrivains, artistes...) sont des fous. Plus ils sont fous, plus ils sont grands d'ailleurs.

Bon, ton texte (qui ne fait que répondre à un défi, je ne l'oublie pas) me laisse la même impression que "Les nuits fauves" déjà cité, c'est à dire un mélange de fascination et de répulsion (on n'aime pas voir souffrir les gens, à moins d'être sadique) : mêmes images névrotiques auto-mutilantes, même concours victimaire lié aux substances... enfin voila, c'est tout à fait parlant à notre époque friande de psychologismes sordides.

Certains auteurs s'en font même un fonds de commerce !

[Dot Quote]

alors, Aube, j'ai lu le propos ultra-personnalisé envers les accointances nietzschéennes quelles qu'elles furent, je les associe avec un peu de prudence apeurée, à ce que peut se figurer par diplôme le commanditaire du défi... je l'ai lu, mon dieu le saut abyssal, si loin que je ne me souviens pas d'avoir autant lu (peut-être cinq minutes lol) depuis très longtemps... bon x') : je me disais "c'est un texte court, il est bientôt fini ! bientôt fini ! bientôt fini..." et puis des réflexions me sont venues, sur le propos oui oui la drogue : on dirait le récit de quelqu'un qui s'est plongé très scrupuleusement dans un univers qu'il ne connait pas : le propos sur le 'pétard ou la clope', je ne m'y retrouve pas vraiment, et pourtant j'ai eu l'impression que ce produit de toi était bien flufluflu comme peut l'être une manifestation sous emprise ! de fait je reconnaitrais là un aspect très sérieux à l'implication de ton travail, que j'ai longtemps jugé simplement talentueux... mais tout ceci n'est que spéculation !

en bonus, un petit coucou à Nacas, tu me ressitues son avatar que moi, je hais !!! va savoir pourquoi, alors que Lewis Trondheim que j'ai direct reconnu sur ledit avatar, m'avait séduit tout-à-fait par la poésie de son Monstrueux Bazar, à l'époque... eh bien je trouve personnellement et égoïstement que c't'un avatar inesthétique, moqueur, enfantin et... Nacas, pourquoi tant de ténacité à garder ce truc ? (ne réponds pas ici, ce serait flood ^.^')

à tous les acteurs ici en présence, cités ou non, citant ou non, un rond imprimé dans l'air par des lèvres enchanteresses
*kofkof*