[RomainD]

Salut tout le monde,

Cette question me prend soudain parce qu'aujourd'hui pour des raisons inconnues j'ai comme qui dirait été pris d'une "effervescence créative" j'ai pas arrêté d'écrire tout l'après-midi ça me venait comme du chocolat comme si on me dictait presque comme si j'étais possédé !! Et mince alors je vais être honnête j'aime quand l'écriture se passe comme ça que d'un seul coup d'un seul y a tout qui coule avec une telle évidence une telle fluidité et surtout que le doute ne nous prend pas en cours comme si tout ce qui nous sortait était l'évidence et que l'on a l'impression que l'on pourrait encore continuer comme ça pendant des heures et même qu'on vient à se demander comment ça se fait que ça n'ait pas toujours été comme ça et pourquoi est-ce que ça ne sera pas toujours comme ça car ça semble soudain si facile et si naturel...

J'ai réfléchi à ce que j'ai fait aujourd'hui et la veille pour tenter de comprendre s'il y avait des prémisses ou des activités particulières que j'aurais faites sur ce laps de temps qui auraient pu conduire à ce soudain jaillissement créatif mais je n'ai rien trouvé d'inhabituel. J'ai fait un cauchemar cette nuit et je me suis réveillé plus tôt que d'habitude mais hormis ça rien d'autre qui sorte du quotidien.

Donc je me demandais si vous vous aviez remarqué avec le temps des habitudes ou des choses que vous faites pour vous "stimuler" la créativité, pour entrer dans cet espèce d'état de transe, je ne saurais pas le définir autrement.

[frenchwine]

trop de conneries je te passerai la marque de ma moquette.
Non plus sérieux, je ne parle que pour moi, mais il y a des moments, ceux ou ton neurone se barre, que tu as le champ libre, un espace de vacances ou tu peux être toi même dans la dérive, l'écriture n'est qu'un glissement de ton esprit à plat, et se complet dans le délire d'écriture vrai sans contraintes, juste des sentiments d'instinct pour ceux qui savent écrire. Je ne vais rien t'apprendre en te disant que nous possédons trois cerveaux, trois organes séparés, trois fonctions séparées qui agissent de concert l'instinct de ce que tu sais faire avec tes connaissances, c'est là que tu agis quand l'un s'est fait la malle.
Les miens se font la malle sans arrêt, il ne me reste plus que ce que j'ai appris par réflexes, alors je fais autre chose pour éviter d'écrire, je joue, je lis, je bois, je fume, j'ai deux claviers d'avance et du sommeil à revendre, dans mes tas de conneries que je pose, des fois il y a des trucs bien, mais ça je ne le vois que quand mon neurone regagne ses pénates.

[Le poète rustique]

Bonjour !

Je vous avoue que "l'effervescence créative" je la connais aussi mais pour moi c'est plutôt quelque chose d'irrationnel, qui vient quand bon lui semble, un "feeling" en somme. Je ne pense pas qu'elle puisse être stimulée mais ça serait plutôt comme un sportif qui fait une bonne performance un jour, mais qui est incapable de la reproduire le lendemain. Il y a des jours comme ci, des jours comme ça  . Je ne sais pas si j'aide, m'enfin voilà

[Feather]

Bouillonnement de l'esprit, "éjaculation" des idées, frénésie exécutive,  autant d'images pour illustrer la création. Et pourtant, me semble t-il , le geste mental reste pur car dénaturé de sa spontanéité,  il en devient contraint.
C'est aussi, un rapport à soi, à sa vacuité qui transcende l'ordinaire en sublime.
L'artiste n'est pas dans une simple relation intellectuelle qui le lierait à un Autre, il est lui-même dans son existence et fait corps avec sa création. Il subsume son empreinte sur le chemin de la vie.

[Kwak']

Les substances psychoactives microdosées me font cet effet-là, mais c'est un sacré jeu d'équilibriste parce qu'au moindre faux-pas, c'est l'arrêt instantané. Parfois, c'est une rigueur et une force créatrice formidable qui sortent, et parfois je me retrouve le lendemain à lire un délire mystico-spirituel qui ferait peur à n'importe quelle personne normalement constituée. En tout cas, sur le moment, je ne me pose pas de questions.

Y'a aussi le fait de sortir en forêt et de prendre des notes en marchant. Si je pouvais, j'écrirais en marchant : ça met le cerveau et l'imagination en fonction, mais j'ai pas envie de me prendre un arbre
En tout cas, mes plus belles idées et mes plus belles motivations me sont venus d'une promenade (seul, évidemment, sinon c'est pas la peine) en pleine nature. Après, c'est limite si je rentre pas en courant chez moi pour écrire frénétiquement sans me retourner.

Sinon, c'est fastidieux, c'est comme lancer un gros diesel, il faut du temps pour que je me sente à l'aise devant ma feuille, mais je crois que c'est aussi une partie du jeu, j'ai du mal à croire qu'on ne peut qu'écrire convenablement dans une effervescence créative, je vois juste ça comme les turbo qu'on avait dans les jeux de bagnole : tu vas plus vite, mais t'y serais allé quand même en forçant un peu.

[Meilhac]

'on a l'impression que l'on pourrait encore continuer comme ça pendant des heures

tu l'as fait ?

[RomainD]

'on a l'impression que l'on pourrait encore continuer comme ça pendant des heures

tu l'as fait ?

J'ai écrit plusieurs heures à la suite ce jour-là, oui. Néanmoins quand j'évoque ce moment je parle bien d'une impression car lorsque j'évoque cet instant où l'on a cette impression j'étais déjà dedans depuis plusieurs heures donc je n'ai pas su continuer encore plusieurs heures, car j'étais comme vidé. Néanmoins pendant cette transe j'avais vraiment l'impression que les mots appelaient les mots et que ça pourrait durer encore et encore qu'il ne me suffisait plus que d'écrire pour que toujours j'écrive.
Sensation illusoire bien entendu !

[Meilhac]

j'avais vraiment l'impression que les mots appelaient les mots et que ça pourrait durer encore et encore qu'il ne me suffisait plus que d'écrire pour que toujours j'écrive.
Sensation illusoire bien entendu !

tu es sûr que c'était illusoire ?

ce que tu as écrit à ce moment là et dans cet état, c'est bien?

j'ai mille fois plus confiance en la qualité du texte de quelqu'un qu i me dit qu'il a écrit vite et en jouissant que en la qualité du texte de quelqu'un qui me dit qu'il a écrit lentement et en souffrant

[RomainD]

j'avais vraiment l'impression que les mots appelaient les mots et que ça pourrait durer encore et encore qu'il ne me suffisait plus que d'écrire pour que toujours j'écrive.
Sensation illusoire bien entendu !

tu es sûr que c'était illusoire ?

ce que tu as écrit à ce moment là et dans cet état, c'est bien?

j'ai mille fois plus confiance en la qualité du texte de quelqu'un qu i me dit qu'il a écrit vite et en jouissant que en la qualité du texte de quelqu'un qui me dit qu'il a écrit lentement et en souffrant

Bah perso je me suis amusé comme un fou à l'écrire après est-ce que c'est bien c'est une autre question !! Je l'ai fait lire à un pote il a pas du tout aimé par exemple.

[Claire Rapha]

Bonjour,

Je crois que si on a acquis du vocabulaire et qu'on a le sens du rythme, on peut entrer dans un flux d'écriture qui dure longtemps, tant qu'on ne se pose pas la question de la qualité de ce qu'on écrit. On peut s'offrir des moments où l'écriture ne demande aucun effort si bien que l'énergie reste, en tissant une toile de mots autour de quelques idées ou quelques obsessions personnelles qui sont assez ancrées en soi pour qu'on n'ait pas besoin d'imagination. 
Ce qui freine l'écriture, c'est le regard de lecteur qu'on porte sur ce qu'on écrit. Regard nécessaire si on envisage de se faire publier.

[RomainD]

Bonjour,

Je crois que si on a acquis du vocabulaire et qu'on a le sens du rythme, on peut entrer dans un flux d'écriture qui dure longtemps, tant qu'on ne se pose pas la question de la qualité de ce qu'on écrit. On peut s'offrir des moments où l'écriture ne demande aucun effort si bien que l'énergie reste, en tissant une toile de mots autour de quelques idées ou quelques obsessions personnelles qui sont assez ancrées en soi pour qu'on n'ait pas besoin d'imagination. 
Ce qui freine l'écriture, c'est le regard de lecteur qu'on porte sur ce qu'on écrit. Regard nécessaire si on envisage de se faire publier.

Bonjour Claire Rapha,

Je trouve ton commentaire très éclairant. Tu mets le doigt sur ce que j'ai ressenti durant cette transe. Et la question du lecteur que tu évoques rebondit sur ce que disait Meilhac.

Merci de ton passage.

[Claire Rapha]

Bonjour Claire Rapha,

Je trouve ton commentaire très éclairant. Tu mets le doigt sur ce que j'ai ressenti durant cette transe. Et la question du lecteur que tu évoques rebondit sur ce que disait Meilhac.

Merci de ton passage.

Merci de ton retour. Je crois que le travail d'écrivain est un va et vient entre ces flux où on se sent libre d'écrire et ces moments plus cartésiens où on doit tenter de se juger.