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Le Monde de L'Écriture » Encore plus loin dans l'écriture ! » L'Aire de jeux (Modérateur: Claudius) » Exercice de style

Auteur Sujet: Exercice de style  (Lu 17171 fois)

Hors ligne Meilhac

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Re : Re : Exercice de style
« Réponse #45 le: 19 février 2012 à 23:51:31 »
Je viens de faire ça vite fait. Après il faut que quelqu'un propose un autre thème? Ou alors on essaye de faire une suite ?  ^^
Sujet de cette semaine : ""En allant poster un colis, je rencontrais ma voisine, Madame Lus avec son chien qui pissait sur un réverbère. A la poste il y avait foule, j'ai du faire demi tour et revenir le lendemain."

Depuis des jours, dix, douze, quatorze peut-être, j'enjambais ce carton pour aller à la selle, je trébuchais dessus quand je sortais de la douche, je m'y cognais en rentrant chez moi. Romuald, ça ne peut plus durer me dis-je. Certes il était vide comme la mer d'Aral. L'objet était destiné à surprendre un ami, et c'est en sa vacuité (celle de l'objet) que résidait si je puis dire la substance du cadeau. Il est vide, raison de plus me dis-je pour ne pas procrastiner jusqu'à la nausée, Romuald, file à La Poste, c'est à 300 mètres ! Poste le ce colis morbleu, tu consumes ta vie en vaines hésitations et en vagues projets stériles, il suffit ! M'étant ainsi vilipendé, houspillé, et finalement motivé, je me suis accroupi soigneusement et ai soulevé le carton, encombrant comme un camion et léger comme un fêtu. Je traversais la cour d'un pas alerte, répondant au regard légèrement interloqué de mes voisins par un radieux sourire genre je suis un gars généreux qui m'apprête à envoyer un gigantesque jouet à mon neveu pour son anniversaire ou un sublime pot de fleur à ma grand-mère pour sa fête. J'arpentai le trottoir, un peu gêné par les dimensions du carton qui m'empêchait de voir devant moi que n'ai je au moins mis des rétroviseurs pensais-je, quand passa devant moi le gabarit imposant du quincaillier du coin de la rue. C'était ma chance, je me suis engouffré dans son sillage, mon grand carton ne suffisait pas à l'ôter de ma vue, il n'y avait plus qu'à le suivre je le connaissais il allait à La Poste tous les samedis je le savais je le connaissais c'était son heures. C'est là le charme de la sympathique bourgade où les dernières péripéties de ma vie professionnelle m'ont mené, on s'y connait, on s'y reconnait, on s'y colle aussi parfois, on s'y espionne à l'occasion, et parfois on s'entraide. Mais la fiabilité d'autrui a parfois des limites, voilà que j'entends le bruit mou de mon grand carton entrer en collision avec le dos de mon bon gros géant de guide, et puis des éclats de voix, quelqu'un est en train de se faire engueuler par mon guide, quelqu'un que je ne distingue pas encore à cause de mon grand paquet, qui est-ce, ah je crois reconnaître la voix de Madame Pinson la boulangère à moins que ce soit ma voisine du dessous qui frôle toujours les passants quand elle fait du patin à roues alignées à moins... non ! si ! mais oui mais c'est bien sûr c'est Madame Lus, elle même, en personne , en chair et en os, dont le cocker compisse régulièrement tout le quartier et vient, en l'occurrence, de répandre un flot d'urine tiède sur le réverbère du coin de la rue. Ce réverbère est le plus beau de la ville, legs de Napoléon au préfet en guise de cadeau de mariage, corrodé au fil du temps par les orages et les vents, bref un vrai monument, et c'est l'incident diplomatique, l'algarade, le quincaillier se fâche, Madame Lus répond, je n'aime pas le conflit, je me débine, avec mon carton incommodément posé sur la tête.
Poste en vue. Le voilà le bureau tant convoité. La queue des clients déborde du bureau, se répand comme une lave sur le trottoir grisâtre. Ce flot décourageant a raison de ma volonté. Demi-tour.  J'abandonne le carton sur place, après tout il est vide, et je m'en retourne chez moi. Je ne me cognerai plus quand j'irai à la selle, je ne trébucherai plus en sortant de la douche ou en sortant de chez moi, voilà une bonne chose de faite. Somme toute, mission accomplie.
« Modifié: 20 février 2012 à 00:12:51 par Meilhac »

Hors ligne Iseult

  • Aède
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Re : Exercice de style
« Réponse #46 le: 23 février 2012 à 14:58:45 »
Youuuuuuhouuuuuuu

Alors la suite? l'idée c'est juste d'ecrire un passage? on en discute pas de ce que chacun à écrit?

Allez hop hop hop  ;D
"Etre libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres." Nelson Mandela

Hors ligne Meilhac

  • Comète Versifiante
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Re : Exercice de style
« Réponse #47 le: 23 février 2012 à 17:19:58 »
A mon avis, n'hésitons pas à dire ce qu'on pense les uns les autres de ce que les autres ont écrit si on veut, pas de souci.
Et sinon, eh ben continuons. Je lance un thème pour la semaine qui vient : voilà le scénario, le synopsis :

Un esthète maniaque, une espèce de des Esseintes qui aime que tout soit parfaitement gaulé dans le monde en général et, à tout le moins, chez lui, vit en colocation. Son coloc et lui ont l'habitude de punaiser sur un pan du mur de la cuisine les cartes postales qu'ils reçoivent. Lors d'un week-end à la mer (ou ailleurs), il envoie une carte postale à son coloc. Il a choisi la carte pour sa (ou ses) belle(s) couleur(s) chatoyante(s) (ou non) et se dit que la carte irait parfaitement à tel endroit précis du mur de la cuisine. Seulement il est hyper timide, et il n'ose pas dire à son coloc qu'il souhaiterait qu'il punaise la carte à tel endroit. Il n'ose pas non plus le faire lui-même. Comment faire pour obtenir, l'air de rien, de son coloc, qu'il punaise la carte au seul et unique endroit qui conviendrait à son hypersensibilité visuelle ?

 ;)

Hors ligne Iseult

  • Aède
  • Messages: 236
Re : Exercice de style
« Réponse #48 le: 23 février 2012 à 17:34:20 »
Là pour moi, l'exercice va être plus dur ....... bon j'y réfléchis, essaye d'en faire un truc pas trop mal  ;)
"Etre libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres." Nelson Mandela

Hors ligne Meilhac

  • Comète Versifiante
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Re : Re : Exercice de style
« Réponse #49 le: 23 février 2012 à 19:14:18 »
Là pour moi, l'exercice va être plus dur ....... bon j'y réfléchis, essaye d'en faire un truc pas trop mal  ;)
lâche-toi camarade :-) et pas besoin de faire long  ;)

Hors ligne Tomoyo

  • Calliopéen
  • Messages: 581
Re : Exercice de style
« Réponse #50 le: 23 février 2012 à 21:34:08 »
hum hum, j'avais envie de jouer avec vous aussi... j'espère que ça embête pas ::)

Bon le résultat est.... sûrement lourd à la lecture. Mais c'est un essai, je voulais tronquer et hachurer tout en restant très neutre.
J'ai trouvé ça amusant de s'essayer  :D
Désolée si c'est trop long hein  :-\

theme :
Citer
Un esthète maniaque, une espèce de des Esseintes qui aime que tout soit parfaitement gaulé dans le monde en général et, à tout le moins, chez lui, vit en colocation. Son coloc et lui ont l'habitude de punaiser sur un pan du mur de la cuisine les cartes postales qu'ils reçoivent. Lors d'un week-end à la mer (ou ailleurs), il envoie une carte postale à son coloc. Il a choisi la carte pour sa (ou ses) belle(s) couleur(s) chatoyante(s) (ou non) et se dit que la carte irait parfaitement à tel endroit précis du mur de la cuisine. Seulement il est hyper timide, et il n'ose pas dire à son coloc qu'il souhaiterait qu'il punaise la carte à tel endroit. Il n'ose pas non plus le faire lui-même. Comment faire pour obtenir, l'air de rien, de son coloc, qu'il punaise la carte au seul et unique endroit qui conviendrait à son hypersensibilité visuelle ?


Henri.
A trois ans, il triait ses Duplo par couleur.
A cinq ans, il faisait des colères monstres si jamais ses parents voulaient l'emmener à l'école alors que ses chaussures n'étaient pas assorties à son pull.
A dix ans, il avait cinq trousses pour l'école, chacune présentant un style affirmé : une en jean et percée de pin's, une noire aux stylos encre noire, une manga avec stylos huit couleurs, une customisée au blanco avec feutres qui fuient, et enfin une avec une tête de mort et taille-crayon en forme de guillotine.
A douze ans, il semblait avoir définitivement choisi son équilibre : trousse métallique anthracite avec, calés dans des emplacements de mousse,  un stylo encre chromé, un stylo bille rouge pointe fine, une gomme immaculée, un crayon à papier rouge parfaitement taillé et une paire de ciseaux aux embouts en caoutchouc rouge. Parfois il changeait pour la version orange ou verte.
A quinze ans, il ne portait plus que des pantalons et complets-vestons.
A dix-huit ans il commençait à assimiler le fait que son évident goût pour l'esthétisme ordonné l'isolerait de la grande majorité d'autrui.

A vingt ans, il quittait la maison pour ses études et découvrait la vie en colocation. Deux semaines plus tard, il avait compris que seule sa chambre respecterait à présent les lois de son univers, la vie en communauté imposant des concessions. A cette même période il réalisait que les compromis permettaient de vivre ensemble mais ne rendaient pas heureux. Ainsi au bout de trois mois, il s'asphyxiait les yeux chaque fois qu'il entrait dans la cuisine aux meubles en agglomérés et aux murs d'un orange graisseux ; la situation devenait critique.
Un jour, il punaisa.
Acte anodin qui soulagea ses petits déjeuners. Enfin il pouvait fixer quelque chose sans ressentir un grand fracas intérieur quand il était assis au guéridon. Dix centimètres carrés d'abstrait violet aux éclats dégradés.
A vingt ans et quatre mois, il comprenait l'effet papillon en déprimant devant un mur entier recouvert de cartes postales, d'affiches et posters collés par son colocataire dans la cuisine. Impossible pour lui d'exprimer la moindre contestation, si l'autre ne voyait pas de lui-même l'aberration esthétique du lieu, il n'y pouvait rien faire. Il pensait que voir était intime. Le beau se ressentait pour lui, il ne se commentait pas.

Quoiqu'il en soit, c'est à vingt ans et onze mois, alors qu'il marchait dans les rues de sa ville d'enfance, qu'il tomba sur une carte postale qui résonna à ses yeux comme la symphonie syndromique de Stendal. Il savait, à l'instant même où les couleurs chaudes de la carte pénétraient ses sens, qu'il était en présence d'une harmonie. Il l'acheta, écrivit en son dos et la posta. Il présumait que, par habitude, son colocataire l'épinglerait sur le mur de la cuisine. Il savait que par ce geste, il faisait de son colocataire le décideur, mais il en faisait également le responsable. Et il était temps qu'il se responsabilise esthétiquement. Mais le risque était grand. Une seule place convenait parfaitement à cette carte, il la voyait, c'était près de la fenêtre, l'endroit du mur le plus éclairé, le plus éloigné de la machine à café, offrant la meilleure vue depuis le guéridon.
Deux jours plus tard, il arrivait enfin dans l'appartement et pénétrait anxieusement dans la cuisine. Son colocataire le salua et le remercia pour la carte en la pointant du menton.
Elle était grise, il en était malade.
Là au milieu des cartes de palmiers et de chats, elle perdait sa splendeur pour ne faire que soupirer. Il trembla légèrement, cilla, pinça les lèvres. Il lui était impossible de changer la carte de place, non, ce n'était pas à lui de lui apprendre à voir. Il tira sur son veston nerveusement. Comment réparer l'infamie. Comment dire sans dire. "Ca va pas vieux?" lui avait lancé l'autre. Non ça n'allait pas. Il tourna les talons et rentra dans le salon pour libérer ses yeux de l'étau de la pièce. C'est alors qu'il le vit, majestueux, gigantesque. "Ouais, j'ai bien tripé sur ta carte alors j'ai cherché s'il n'y avait pas des posters du genre. Ca claque sur le mur en deux mètres sur deux pas vrai?".
A vingt-et-un an, Henri souriait.
Mes goûts sont simples : je me contente de ce qu'il y a de meilleur [Oscar Wilde]

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Re : Exercice de style
« Réponse #51 le: 01 octobre 2012 à 13:31:15 »
Je vois que le topic a décanté, mais il m'inspire malgré tout.
Ton sujet est plutôt bien trouvé, Meilhac =)

Voici ce que j'en ai fait :


Hey Romaric ! Comment vas ? Voilà 3 semaines que je suis parti, et je profite d'un moment de répit autour du feu pour te poser ces quelques mots. J'espère que tes vacs se passent bien ; donne le bonjour à Hampton de ma part, et oublie pas de lui donner des graines, de l'eau, et surtout pense à huiler sa roue, sinon il va grossir. Bon, comme tu le vois, j'ai pas trouvé de carte postale convenable, mais j'ai mieux : tu te souviens de ce jour où on avait attaqué le mur avec le bec bunzen de Stef ? Ahah moi je m'en souviens, ça sentait la tapisserie et le platre carbonisé tout l'après-midi. Bref : j'ai trouvé la même tapisserie de manière totalement fortuite à l'office du tourisme de Charlevière-sur-Missieux, l'autre jour. Je l'ai prise avec mon polar !
Prends soin de toi.

Otto H-P.
"i don't care if your world is ending today
because i wasn't invited to it anyway
you said i tasted famous, so i drew you a heart
but now i'm not an artist i'm a fucking work of art"

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Re : Exercice de style
« Réponse #52 le: 12 décembre 2022 à 21:56:39 »
Entre reformulation de l’énoncé et réinterprétation personnelle du sujet, je voudrais poser un exercice proposé par Chouc et qui pourrait inspirer les victimes de la page blanche :
Prends une chanson, écoute les paroles et écrit l'histoire qui se cache derrière.

 


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