Critique aisée n°219
J’habite ici
Jean-Michel Ribes - Théatre du Rond Point - 2021
L’autre soir, nous sommes allés au théâtre avec des amis.
Ç’aurait pu être une bonne soirée : nous avions échappé à la pluie, nous étions en avance, nos amis étaient à l’heure, la table était bien réservée au restaurant du théâtre, la salle était agréable, la serveuse était belle, aimable et efficace, le repas bon et la conversation brillante.
Ç’aurait pu être une bonne soirée, vraiment. Mais il y a eu la pièce…
« J’habite ici », la dernière pièce de Jean-Michel Ribes, ce schtroumpf suffisant et parfois drôle.
Cette pièce, je ne peux même pas en faire une « Critique aisée », car il n’y a absolument rien à en dire.
Si, deux choses : la salle est assez confortable et la pièce est plutôt courte, et pour cela, Merci mon Dieu.
Et puis, si, quand même, allons-y :
La pièce est une série de brefs tableaux dans lesquels Ribes exerce sa hargne sur tous les sujets qui énervent dans notre société. A priori, ce pourrait être intéressant, mais il le fait en respectant tous les clichés et poncifs habituels de sa sphère intellectuelle : les ouvriers sont naturellement racistes, les bourgeois sont méchamment racistes, les grands bourgeois sont racistes, snobs et indifférents à la misère humaine, les flics, même noirs, même homosexuels, même noirs et homosexuels sont aussi racistes, les végétariens sont ridicules, les non-végétariens sont vulgaires, les critiques de théâtre sont critiques parce qu’ils sont incapables d’écrire, les anti-écolos sont bornés et violents…
Seuls tirent un peu leur épingle du jeu un jeune arabe à trottinette, hilare et amoureux mais qui n’a pas grand-chose à dire, une jeune fille hystérique qui l’aime et se réjouit de la mort de son père, un noir sympathique et rigolard qui répare les chauffe-eaux et une concierge censée incarner un peu de bon sens dans ce fatras d’archétypes.
Les situations sont vulgaires, les dialogues plats, l’esprit absent, l’humour également, les acteurs mauvais, la soirée épouvantable. Tout cela sent l’autosatisfaction bedonnante, l’écriture bâclée, le rabâchage de poncifs dépassés, le rance, le vide absolu. Voilà, je crois que vide est le mot : Jean-Michel Ribes fut drôle, il est vide.
Mais Fabienne Pascaud, la Madame Verdurin de Télérama et du Masque et la Plume, a aimé. « C’est follement drôle, ironique, plein de fantaisie et d’humour potache. J’ai littéralement a-do-ré ! » a-t-elle dit.
C’est quand même l’essentiel, non ?