J'ai lu d'autres choses de Ginsberg, j'ai parfois été bien plus mitigé, parfois carrément emballé par son style vif, qui joue mais toujours pour soulever un fond, qui appelle ou soulève les choses dans ces mots,
Du coup je vais surtout parler de Howl
En fait c'est grâce à Miromensil que je l'ai découvert et à travers le film fait sur ce poème,
Howl.
Le poème en lui même a été écrit selon Allen Ginsberg en trois jours de transe furieuse, pour une lecture publique où se trouvaient un peu toute la beat generation.
Ce poème, très long, composé en 4 parties publié deux ans plus tard lui a valu un procès pour obscénité (scènes de sexe, outrage à la foi etc) et a eu un réel retentissement dans le paysage poétique. Aujourd'hui je ne trouve pas ces scènes choquantes ni en trop, du tout. Mais passons, c'est juste pour l'histoire.
Bon je conseillerai le film, évidemment, le livre aussi, surtout (y'a une édition français/anglais aux éditions Chistian Bourgeois, avec des poèmes en plus)
Le film met trois parties qui s'entremêlent, le procès, et une reproduction d'interview de Ginsberg jeune et surtout la lecture du poème, avec des scènes de la lecture publique et des scènes en animation qui sont vraiment magnifiques (
https://www.youtube.com/watch?v=lM9BMVFpk80 version compilée, sous titrée anglais -mais le texte est tellement viscéral que y'a-t-il besoin de tout comprendre ? mébon regardez le film quand même haha)
Pour le texte en lui même, j'ai du mal à trouver la traduction française, dont je vais mettre un peu tout ici, en fait il y a ce début qui des fois me hante complètement, ces premières phrases qui viennent résonner dans ma tête parfois :
J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus,
se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une furieuse piqûre,
initiés à tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo étoilée dans la mécanique nocturne,
qui pauweté et haillons et oeil creux et défoncés restèrent debout en fumant dans l’obscurité surnaturelle des chambres bon marché flottant par-dessus le sommet des villes en contemplant du jazzDésolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
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I saw the best minds of my generation destroyed by madness, starving hysterical naked,
dragging themselves through the negro streets at dawn looking for an angry fix,
angelheaded hipsters burning for the ancient heavenly connection to the starry dynamo in the machinery of night,
who poverty and tatters and hollow-eyed and high sat up smoking in the supernatural darkness of cold-water flats floating across the tops of cities contemplating jazzEt ca continue, et continue encore comme une longue litanie de contemplation de la crasse et de la beauté du monde qui s'effondre et s'emerveille de son incomplétude fascinée par un parfait même plus souhaitable
Et putain, ca transporte juste, j'aime pas la poésie en tant que "cri", et pourtant là, ce texte par son rythme, toutes les tripes qui le traverse, j'ai juste envie de le lire et d'en avoir les larmes aux yeux, la partie sur le sacré surtout, qui vient après la mangifique partie du Moloch (le monstre de la société humaine où tout existe et qui voit tout), qui vient comme une libération, un baissage de bras face à l'horeur du monde parce que, merde, il est tellement beau, et puis toute cette horreur du monde qui fascine par la rage de vivre qu'on y oppose
Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy!
Holy! Holy! Holy! Holy! Holy! Holy!
The world is holy! The soul is holy! The skin is holy!
The nose is holy! The tongue and cock and hand
and asshole holy!
Everything is holy! everybody's holy! everywhere is
holy! everyday is in eternity! Everyman's an
angel!
The bum's as holy as the seraphim! the madman is
holy as you my soul are holy!
The typewriter is holy the poem is holy the voice is
holy the hearers are holy the ecstasy is holy!
Holy Peter holy Allen holy Solomon holy Lucien holy
Kerouac holy Huncke holy Burroughs holy Cassady
holy the unknown buggered and suffering
beggars holy the hideous human angels!
Holy my mother in the insane asylum! Holy the cocks
of the grandfathers of Kansas!
Holy the groaning saxophone! Holy the bop
apocalypse! Holy the jazzbands marijuana
hipsters peace & junk & drums!
Holy the solitudes of skyscrapers and pavements! Holy
the cafeterias filled with the millions! Holy the
mysterious rivers of tears under the streets!
Holy the lone juggernaut! Holy the vast lamb of the
middle class! Holy the crazy shepherds of rebellion!
Who digs Los Angeles IS Los Angeles!
Holy New York Holy San Francisco Holy Peoria &
Seattle Holy Paris Holy Tangiers Holy Moscow
Holy Istanbul!
Holy time in eternity holy eternity in time holy the
clocks in space holy the fourth dimension holy
the fifth International holy the Angel in Moloch!
Holy the sea holy the desert holy the railroad holy the
locomotive holy the visions holy the hallucinations
holy the miracles holy the eyeball holy the
abyss!
Holy forgiveness! mercy! charity! faith! Holy! Ours!
bodies! suffering! magnanimity!
Holy the supernatural extra brilliant intelligent
kindness of the soul!Et puis voilà, même si parfois on comprend pas tout auxphrases, qu'il y a beaucoup de références à des lieux (et au final, sansles connatire il font échos à tous ces noms de lieux que personne d'autre ne connait qui flottent dans nos propres esprots), l'assemblage des mots balance un souffle vital, un appel à la vie les larmes aux yeux, la boule dans la poitrine qui se crève et qui s'accroche avec furie à tout ce qui éclate
et puis merde j'arrive pas à vraiment décrire cet Ovni, mais ca me fait de l'effet tant c'est lancinant, que ca appelle à la grandeur à travers ce qui est petit, au delà des idées morales, juste la vie dans ces aspects les plus durs, métaphysiques et physiques et de nous écrasés là-dedans
(le texte complet en anglais ici...
https://blogs.mediapart.fr/abouadil/blog/050113/howl)