Hop,
fichedeouf !
Si la vie était un test de mathématiques
Tu aurais zéro pour ne pas avoir su calculer l'identité remarquable que je suis
Mon envie de me soustraire à ce monde
Demeure proportionnelle à ma faculté de multiplier les échecs
Et je n'm'excuse pas si je ne te calcule pas
Moi, si je suis nul en maths c'est que je n'ai jamais compté pour personneDésolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
Le Klub Des Loosers (Fuzati) Bon, comment vous présenter cet espèce de monstre difforme du rap fr, peu connu, parfaitement provoc', toujours à contrecourant de tout, et, c'est peu de le dire, qui n'a pas son horrible langue dans la poche ? On va commencer par cadrer un peu le truc.
Le Klub des Loosers est un "groupe" de rap dont les membres changent avec le temps, et dont le seul "amarrage" fixe est Fuzati, un MC/beatmaker/claviériste complétement allumé, profondément misanthrope, dont les frasques quotidiennes dans la vie de tous les jours vont nourrir un rap décalé, complétement anticonformiste, qui ne répond ni aux égotrips à grand coups de biatchs et de guns, ni aux pseudo-rebelles Mtvien... Non, le klub, c'est trois albums (deux exactement en fait et un parallèle), dans lequel Fuzati lâche des textes à thème sur le courant de la vie dont il cause. Il est au départ accompagné d'Orgasmic, un dj/producteur à la patte reconnaissable, dont il se sépare par la suite pour au final, revenir avec (le rap est une grande histoire d'amour.)
Qu'on ne s'y trompe pas : Ces mecs-là sont des artistes, même si leurs leviers sont souvent vulgaires et que le flow est TRES difficile d'accès (et pourtant, selon moi, de loin le plus intéressant du rap tout court, puisque s'approchant énormément d'un travail à la Bukowski ou Stenbeick, en quelque sorte). Ce sont des rois de la boucle, des gros amateurs de jazz/funk/vieilles prods qu'ils samplent divinement pour créer de parfaites instrus sous MPC (quoique Orgasmic semble plus accès composition directe). Des instrus parfaites et lourdes d'histoire musicale qui servent, donc, un humour noir, décapant qui commence par s'attaquer aux immondices de l'adolescence, des classes prépas, pour ensuite s'axer sur la trentaine et son exposition à la parentalité, à la surpopulation et aux horreurs du travail et du quotidien. Tranxen, refus de parentalité, hypersexualité, suicide, pression scolaire, pression parentale, soirées "branchées", tout se fait détruire sous cette plume acerbe qui se moque magiquement de tout, et surtout : d'elle-même, en ne se prenant jamais au sérieux.
Le Klub des Loosers, c'est le nihilisme, le mal-être, et le malaise qui ressort de nos bancs d'école, les angoisses et la peur des adultes que ces névrosés deviennent, traduites par un seul et même misanthrope qui refuse d'apparaitre sans masque sur scène, dans ses interviews (très rares) et sur les vidéos. A moins de tomber sur LA vidéo volée, vous ne verrez donc jamais son visage... Casquette, haut de forme, masque venitien (je crois ?) blanc, style commun...
Il existe un morceau rare, sur aucun album, qui montre bien le "talent" acerbe et difficile d'accès de fuzati, et c'est
ici. Tout le langage, la description, semblent être de la SF, en fait.. je vous laisse analyser le morceau, si ça vous botte. Perso, c'est du grand art, on y retrouve les ficelles de feinte et de construction d'une nouvelle à la Buzati (dont la ressemblance avec Fuzati n'est pas un hasard, hein).
On trouve également une inédite
ici, avant que ne vous parle des albums et de leurs thèmes.
Mais commençons par le début (bon y'a eu des maxis avant, mais on s'en fout, c'était les balbutiements et tout est repris dans vive la vie) :
Vive la vie, c'est LE truc gaufré. Genre on nage en 2004, quand le rap devient un peu mainstream, se popularise partout, commence à avoir sa double chaine sur MTV, toussa... on a un MC et un producteur, gaufré, de Versailles, donc bien loin d'être des ghettos et de la vie oueshcrackc'estlazermi, ils décident de sortir le truc parfaitement opposé. Un rap de looser, un peu arythmique, décalé, que ce soit sur le ton ou sur les paroles : misanthropie, incapacité de séduire, solitude, suicide, pression parentale, oisiveté, perte de repères face au monde... Bref, le truc pathos, quoi. Mais vraiment. Alors comment on le rend plus ou moins audible ? Et bah on le sert sur les meilleurs prods jamais faites dans le rap fr, sur des boucles qui serviront de repères à des suivants comme TTC, Orelsan et compagnie (qui s'ancrent donc énormément sur le premier pas du KdL, terriblement osé, en restant plus "grand public").
Vive la vie, c'est un album où, entre deux trois râteaux d'Anne-charlotte (qui est pas super funky comme fille) Fuzati parle de sa meuf tétraplégique et lui écrit
une chanson d'amour pleine de jeux de mots ignobles sur son handicap, où il explique philosophiquement à sa nana que de
l'amour à la haine il n'y a qu'un pas (sale pute d'Orelsan est plagiée, oui, je dis bien PLAGIEE dessus), où il se met à la place d'un pauvre boutonneux en prépa qui
finit mal (va suivre le flow, là...), et celle où il se met lui même en
perspective..
Pour moi, cet album est le moins bon : l'adolescent, le criard, le balbutiant. Bon c'est le plus "franc", aussi, je pense, et il reste au dessus de 95% de ce que les meilleurs MC n'écriront jamais. Mais c'est le moins bon. Parce qu'on arrive à la perle, le truc de ouf : fuzati a mué. Et il a mûri. Il lui est quand même, malgré l'horizon du premier album, arrivé des trucs (surtout que le premier album finit sur un suicide..). Et tout ça, ça donne...
Bon, déjà, c'est cohérent : l'album commence sur un suicide raté. Pragmatique, le type. Bon, donc, il est devenu adulte, il a trouvé un travail (en vrai aussi, hein, lu en interview : "
il est hors de question que je vive de ma musique. Je ne veux pas dépendre de la musique pour le frigo. Je veux faire un album, et le faire librement : je ne dois pas plaire, vendre ou faire acheter le plus de gens possible : je dois faire ce que je veux retransmettre musicalement"(truc du genre, le fond y est), il s'est confronté à l'entreprise, aux filles, à la sexualité, aux futures mères en recherche du père parfait, à l'alcool, etc... Et là, ça décape. Pourquoi ? Parce qu'en plus, il a travaillé son flow. Toujours aussi délié, osé, mais plus mur, plus grave, plus adulte. Plus accusateur, donc. Plus dérangeant. Si on passe le cap du "wtf il parle chelou le type et il est vulgaire", c'est une machine à effet de style, c'est une machine à tarte. Orgasmic s'est barré dans les clubs et les r'n'b style loin, on s'en tape, c'est Detekt qui s'y colle, et il gère chaud au mixage et aux scratchs qui sont sobres, et donc déments.
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Perso, on pourra mettre les casquettes, les biatchs, les kalashs et toutes les armes du monde dans un clip, on ne fera jamais aussi peur, efficace et violent que Fuzati avec cet album : il est horriblement réaliste, terriblement crédible, incroyablement réel et, s'il est parfois nombriliste et prétentieux, c'est pour mieux nous rappeler qu'au fond, nous le sommes tous.
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C'est également un des rares à être capable de poser sur du 80/90 bmp sans pousser de vieux cris de chèvre. Cet album, de par sa cohésion (les boucles sont encore plus recherchées et on trouve des dizaines et des dizaines de topics ou fiz' recense des pépites de la nouvelle orléans et de vieilles galettes de funk absolument incroyables passées inaperçues), son ton, son fond, relate et témoigne parfaitement de notre époque froide. On n'a rien fait de mieux dans le rap fr, point barre, c'est le maitre. Awi, ajoutons : tout publié gratos et commentaires désactivés sur Youtube. Quoi de plus pour montrer une profonde clairvoyance sur notre époque folle ?
Là, dernièrement, fuz a digére tout ça (la fin de l'espèce a tapé fort et il s'est fait un gros nom), et, ensuite, on a eu droit à l'annonce d'un troisième album, qui, s'il n'est pas signé sous le nom du Klub, voit le retour d'Orgasmic et de ses compos fumées, et celui-ci, donc, est intégralement joué.
Celui-là, c'est la tarte aux autres MC. Ouais, tu sais, les guignols qu'on voit, là, Jul, Sexion da sot, Maitre Pim's, et toutes ces petites chanteuses ridicules qui tiennent plus du diplomé HEC que de l'artiste...
Là, c'est un recueil dans les carnets de punchline de fuzati qui permet cet album : pas de thème, pas de suite réelle (il va y en avoir une, sous le nom KdL : cet album est un break). Juste remettre les pendules à l'heure et montrer un peu ce qu'on a dans l'underground francais. D'habitude, fuz refuse de faire des allusions à des compagnies, personnages ou réalités de l'époque, de facon à ce que "vive la vie" soit toujours audible par un ado de nos jours sous le même angle d'attaque. Et là, pour une fois, justement, il fige. Il bloque, il nomme. Et ça fait traytray mal.
\!/ Nouveaux vieux : écoutez sinok et ses nombreux clins d'oeils aux goonies
A côté de ça, fuz a fait deux albums instrumentaux déments également, dont deux
"Springtales", et un
Last Days*, qui sont, simplement, les seuls productions de Hip Hop réel qu'on trouve actuellement en france. Oui, pour boucler la boucle, sans Fuz', en france (fin ça commence à bouger avec Chill Bump & co)... plus de Hip Hop. (le vrai, hein, pas le rap)
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Pour tout vous dire, l'entourage, Orelsan et compagnie ont essayé de répondre pour quelques-uns, on en rigole encore... Avec le recul... 20 piges de Fuz sort des torpilles en esquivant les pièges des commerciaux et qui continue à faire son truc, solo, avec sa maison de prod à lui... c'est rare, et ça fait franchement plaisir. Si vous passez la barrière de "la voix désagréable", ce type est le spleen du rap, agrémenté d'une bonne dose de provoc et d'un sens de la rhétorique absolument ahurissant. Il entame une tournée (petite) pour Grand siècle bientôt, si ça vous botte. J'mettrai à jour le sujet pour les prochains albums. Merci, poulet-te, si t'es arrivé jusque là, j'te kiffe entre le-s [Insérez ici une zone érogène qui vous est chair].