Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

27 avril 2024 à 12:09:00
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Le Monde de L'Écriture » Messages récents

Messages récents

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1
Textes courts / Re : Un moment magnifique
« Dernier message par Basic le Aujourd'hui à 11:57:50 »
J'ai modifié mon commentaire pour qu'il soit compréhensible Lof et Sabloror.
C'est après Delerm que j'en avais. Le texte de Lof m'a plu, au contraire.

B
2
Textes courts / Re : Un moment magnifique
« Dernier message par SablOrOr le Aujourd'hui à 11:51:50 »
Bonjour LOF, :)

J'ai bien aimé cette promenade visuelle, audive et olfactive dans la Mustang du personnage de ton histoire. Même le toucher m'est présent par l'affaissement dans le cuir du siège, par le vent léger qui effleure les pieds et mains du pilote...
L'allure de la voiture paraît doux bien que tes phrases soient souvent courtes. Cela donne une énergie et une forme de nécessité qui ne sont pas liées à la vitesse.
Je trouve que dans ton écrit, chaque mot a son importance, comme dans un art poétique précis qui évoque un maximum de choses en un temps court...et si on veut saisir toutes les sensations et le cheminement de Geoffroy, tous les accès, tous leurs sens ont leur place.
C'est vrai que la richesse, le confort, la noblesse du personnage sont présents...il prend toutefois conscience de sa responsabilité de conducteur à la fin, et nous sommes d'accord avec lui sur l'idée que les biens matériels et la beauté sont éphémères.
Ainsi, il percute. Il sort de son monde à cause de cet ennivrement, au volant de la belle auto, en compagnie d'une belle voix.....l'a-t-il trop aimé ? Mal aimé ? (Son monde) A-t-il surestimé son pouvoir personnel, ses capacités de pilotage ?
Au contraire des dires de Basic, qui n'arrive pas à surmonter l'evocation d'un embourgeoisement, je n'y vois pas un ego démesuré...mais plutôt un esprit passionné.
La fatalité serait plutôt, pour moi, de devoir affronter le vulgaire et la grossièreté pour connaître et respecter la vie, quelle que soit sa condition.

Merci pour l'éclairage  8)
 SOo

3
Grégor,


Tu présentes l'artiste comme étant un individu qui s'éloignerait du sens commun.

En quelque sorte, ce serait celui qui vit une expérience hors du commun qui s'en inspire pour œuvrer.

Dans un tel cas, je ne vois pas comment on pourrait distinguer l’œuvre de l'auteur, étant donné que son œuvre serait le résultat de cette expérience individuelle.

J'emploie le conditionnel, bien sûr, car nul doute qu'un détail aurait pu m'échapper et me porter à l'erreur.


Il y a tant de possibilités de commettre des erreurs, que je n'ose plus m'avancer dans quelque formule que ce soit.
4
Textes courts / Re : Un moment magnifique
« Dernier message par Basic le Aujourd'hui à 09:38:53 »
Effectivement un beau moment Lof.
Je ne sais pas comment tu fais pour rassembler une belle intensité dans tes textes courts. Quand Delerm a sorti sa "dernière gorgée de bière", le truc m'est sorti par les yeux ( surtout les petits pois)... un sentiment de "allons les pauvres satisfaisez vous donc de vos petits plaisirs" (si tu ramènes ça en rapport aux intellos qui arrivent à transcender de tel moment ou au maitre du monde et du pognon... bref)... j'ai préféré les vies minuscules de Michon et sa simplicité essentielle.
Je n'y arrive pas. En ce qui me concerne je ne sais pas du tout rassembler une telle intensité dans un texte court, au contraire de toi.
Peut-être à lire en même temps que la musique
des bricoles :

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B
5
Textes courts / Un moment magnifique
« Dernier message par LOF le Aujourd'hui à 08:56:20 »

                                                       
  Un moment magnifique

C’est une fin d’après-midi d’été. Godefroy conduit nonchalamment sa Mustang. Il longe le mur du cimetière. Les sépultures dépassent du mur comme des coiffures solennelles. Après le cimetière les prairies ouvrent leur champ. Etendue de sinople que jaunit le soleil. Godefroy allume la radio. Il aime écouter les leaders de Mahler. Le chant mélodique accompagne les courbes du paysage. Et aussi la route sinueuse. Godefroy tient à peine son volant. Du bout des doigts il donne une légère impulsion, un coup à droite, un coup à gauche. La Mustang obéit à son conducteur. Une longue fraternité lie Godefroy à sa Mustang, maintenant déjà bien cabossée par la vie. Les ombres s’allongent. Godefroy roule sur les ombres des arbres qui traversent la route. Une sorte de liberté envahit le conducteur. Tout pourrait être possible. Est-ce la musique ou le paysage qui semblent délivrer Godefroy de la pesanteur ? C’est la fusion des deux. Et aussi l’heure où le soleil va basculer dans l’autre hémisphère. Il prodigue ses éclats de feu avant de disparaître. C’est ce combat qui enchante Godefroy. Cette apothéose avant le déclin.
Les vignes alignent leurs plants. Eux aussi épousent les ondulations du paysage. La verdure des arbres vire à l’émeraude ou au bronze. Les vitres de la Mustang sont baissées. La fragrance des pins s’invite dans cockpit de la voiture. Elle s’assied près du chauffeur. Elle l’enrobe de toute sa présence, surtout quand Godefroy n’éternue pas et que l’allergie choisit de le laisser tranquille. Le Chant de la Terre de Mahler est un choix idéal pour se balader au crépuscule. La voix de ventre de Kathleen Ferrier est une chambre d’écho qui multiplie la beauté de la campagne. La durée d’un crépuscule est subjective. Godefroy suspend le temps. La Mustang serpente indéfiniment. Surtout que l’heure de la fin de ce voyage n’arrive pas se répète Godefroy. Si la Mustang ralentit c’est le crépitement des cigales dans les haies et les talus qui montent par les fenêtres ouvertes. Il rentre dans la gorge de Kathleen qui rivalise avec les insectes tonitruants. Kathleen Ferrier aura le dessus comme toujours. Godefroy le décide.
Voici un troupeau de brebis sur la route. Il encercle la Mustang par son flot de laine, d’écume, de neige. Le berger fait un salut amical à Godefroy. Godefroy n’avance plus, mais il vogue, enivré par un bouquet de sensations. Puis le troupeau continue son chemin, s’éloigne. La Mustang demeure silencieuse, à l’arrêt. Le soleil s’est effacé de l’horizon. Une pénombre douce se répand sur les collines. Il n’y a plus de labeur pour l’œil à se glisser entre l’ombre et la lumière. Tout est étale, égal. Comme une robe grise qui nous repose de toutes tentations. Au milieu de la route, les hirondelles font un mouvement d’ailes avant de rejoindre leur nid sous les toits. Kathleen Ferrier continue à voix basse son Chant de la Terre. Godefroy renonce à regarder l’heure. Sur le cuir rouge de sa banquette il s’affaisse, merveilleusement lourd. Une soudaine fraîcheur rentre pieds nus dans la voiture. Elle frôle les mains, le visage de Godefroy, avec ses parfums d’herbe et de fleurs.
Puis au loin arrive une inquiétante forme noire sur la route. Ses yeux sont déjà allumés. Mais Godefroy n’a pas le temps de se garer sur le côté. Déjà les yeux fondent sur lui. Et les injures fusent par la fenêtre du camion qui réussit une ambardée pour éviter de justesse l’écrabouillement total de ce magnifique moment dans la vie de Godefroy. Il est blême comme un mort. Il éteint la radio, au revoir Kathleen, remonte les vitres de son cockpit. Et doucement il dévale la route, tel un fourgon funéraire revenant au garage. La beauté et la vie tiennent à peu de chose, se dit Godefroy, s’agrippant au volant. Il distingue déjà les petites lumières du village qui scintillent comme lors d’un soir de fête dans l’évidure de la vallée.
6
Parmi les choses que l'on a vécues, certaines nous marquent plus que d'autres. Et comme je crois au libre arbitre, je dirais même que nous choisissons (au moins en partie) ce qui nous constitue et façonne notre mémoire ainsi que notre vision du monde.
Ce n'est donc pas l'ensemble de notre expérience qui façonne notre vision du monde mais certains faits saillants.
Bien sûr certaines expériences oubliées peuvent être le vrai moteur de nos existences et c'est un peu l'objet de la psychanalyse.
Mais je veux dire qu'il existe une trame de nos existences, des faits significatifs et que ce n'est pas toute l'expérience qui constitue notre vision du monde, car cette totalité serait dénuée de sens.
C'est bien la question du sens qui me semble être prépondérante.
Nous naissons au sens autant que nous naissons dans la nature.
Et ce sens n'est pas éparpillé dans chacune de nos vies singulières, comme si chaque expérience unique provoquait une sensibilité artistique unique.
Au contraire nous sommes d'abord et le plus souvent conditionné par le on (voir l'analyse de Heidegger), ce qui signifie que nous pensons comme on pense, que l'on évalue comme on doit évaluer, qu'on utilise des choses comme on doit les utiliser etc.
La culture qui médiatise le monde pour nous est d'abord celle du On, des idées reçues, de la morale un peu simplette et de la parole qui n'engage à rien.
C'est le sens commun.
On est donc loin de la singularité et de l'originalité.
Bien sûr ce n'est pas une fatalité, juste un état premier, dont on peut s'extirper, afin de retrouver le langage authentique de nos vies.

7
Poésie / Re : La dance des saisons (le rouet)
« Dernier message par Basic le Hier à 21:16:26 »
Bonjour,

pas trop amateur de ce type de texte, juste une bricole et une question

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


B
8
Poésie / Re : Le saut dans le vide
« Dernier message par Basic le Hier à 21:09:50 »
Bonjour,

peut-être trop direct pour moi ce poème, je t'ai juste relevé deux, trois bricoles

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


B
9
Salle de débats et réflexions sur l'écriture / Re : Pop philo
« Dernier message par Alan Tréard le Hier à 21:00:49 »
C'est une discussion passionnante.

Merci beaucoup de l'avoir lancée ! :)
10
Grégor,


Merci pour cette réponse très concise qui rebondit précisément sur mes propres questionnements.

Admettons que le regard sur l’œuvre ne soit pas spontané, mais qu'il soit éduqué, alors le spectateur ferait toujours appel à son expérience pour apprécier une œuvre d'art.

Doit-on nécessairement avoir vécu la même chose pour ressentir les mêmes choses ? C'est toute la question que je me pose aujourd'hui.

Avons-nous besoin d'avoir le même mode de vie que l'auteur ? les mêmes opinions ? Avons-nous besoin de vivre la même expérience que l'artiste pour apprécier son œuvre ?

Est-il possible d'être sensible à quelqu'un qui n'a pas la même vie que soi-même ?

Puisque l'art fait appel à l'expérience, l'expérience de vie en fait partie. Ne sommes-nous uniquement attiré que par ce qui nous ressemble ? Si oui, notre sensibilité artistique est-elle toujours révélatrice de qui nous sommes au fond de nous-mêmes ?


Je trouve que ce sont des questions vertigineuses, car elles sous-entendent bien des choses qui pourraient être fausses.

Pourtant, elles ont l'avantage de montrer que la distinction entre auteur et œuvre est plus complexe qu'il n'y paraît. Et ça, ça me plaît.
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