Bonjour,
Voici un petit texte, un peu "sombre", que j'ai écrit récemment. J'espère, en le postant ici, pouvoir lui apporter plus de profondeur et le perfectionner, grâce à toute l'aide possible. Je prendrais toutes les critiques (ne vous sentez pas obliger de mettre des gants, vous pouvez être cash) et vous remercie d'avance de me lire et de me répondre !
Bonne lecture.
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- Tu as des frères et soeurs ?
Son verre arrêta sa course à la frontière de ses lèvres retroussées en un grand sourire. Les commissures de sa bouche tressautèrent fébrilement tandis qu'elle s'efforçait de maintenir la courbe joviale de son visage, espérant que son interlocuteur ne remarque pas son regard assombri et fuyant.
Cette question, on la lui posait souvent, bien trop d'ailleurs à son goût. C'était sans doute, de toutes les choses qu'on pouvait lui demander, celle qu'elle redoutait le plus. Car depuis maintenant trois longues années, elle était devenue incapable d'y répondre.
Elle se souvenait de cette journée dans ses moindres détails, comme si elle venait de la vivre. Chaque mot qu'elle avait entendu, chaque expression qu'elle avait vu sur les visages face à elle étaient gravés au fer rouge dans sa mémoire.
C'était le trois mars, un dimanche. A cette époque, elle sortait encore avec un gars de sa bande d'amis qui habitait non loin de chez elle. Ils s'étaient réveillés ensemble, tranquillement, avant de rejoindre le reste de la famille dans le salon. Ce jour-là, ils fêtaient deux choses: l'anniversaire de son beau-père et la première année de sa relation avec son copain.
La journée avait somme toute bien commencée. Un dimanche comme les autres si ce n'était le petit apéritif d'anniversaire qu'ils avaient pris avant le diner. Ah le diner... Elle n'en avait jamais vu la couleur.
Alors que sa belle-mère appelait à table, elle avait jeté un oeil à son téléphone, par pur réflexe. C'est là qu'elle avait vu les appels manqués de son grand frère et le sms qu'il lui avait laissé: "Rentre à la maison tout de suite."
Elle se souvenait avoir froncé les sourcils. Son ainé ne la contactait que très rarement, pour ne pas dire jamais. Alors qu'il la sollicite ainsi, avec une certaine urgence, ne pouvait que l'inquiéter. Aussitôt, ses pensées s'étaient tournées vers sa mère et c'est avec une appréhension aigüe qu'elle avait rappeler son frangin.
L'appel fut court. Trop court pour son pauvre coeur d'ailleurs. Elle n'avait obtenu aucune information si ce n'est un faible "il faut que tu rentres maintenant." Ce qu'elle avait immédiatement fait.
S'excusant rapidement auprès de la belle famille, l'angoisse lui tordant l'estomac, elle avait parcourut la centaine de mètre entre les deux maisons, l'esprit en feu et le coeur serré. Et lorsqu'elle avait ouvert la porte, ses yeux avaient croisés le regard trempé de désespoir de sa mère.
Il ne lui avait fallut qu'une fraction de seconde pour comprendre ce qu'il se passait et tout autant de temps pour que son cerveau se mette en veille. Elle se souvenait de la sensation humide de larmes sur ses joues, des bras de sa mère qui ne pouvait la réchauffer en cet instant, de cette sensation de vertige alors qu'une partie de son monde s'écroulait.
Le reste, elle en gardait de vagues souvenirs. C'était flou, grossier. Elle était restée seule, ils étaient partis. Puis elle avait fui, tout comme son grand frère qu'elle avait vu sortir quelques minutes plus tôt, incapable de rester dans cette maison qu'elles avaient partagé ensemble.
Revenant au présent, elle posa finalement ses yeux bruns sur son interlocuteur, essayant avec difficulté de masquer sa gêne. Normalement, tout le monde est capable de répondre du tac au tac à la simple question des frères et soeurs. Mais pas elle, car elle est incapable de résoudre un dilemme vieux de trois ans. Doit-on compter les morts ?
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Merci d'avoir lu !
Alyndrah.