Bonjour à tous,
Ce texte me cause un petit souci, à force d'avoir simplifié, je crains que le message ne soit plus compréhensible. Qu'en pensez-vous ? Le texte est-il compréhensible ?
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La Chute
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Midi, 21 juin. Le Soleil au zénith plaquait ses ors sur le béton armé.
Alexandre Ricard, Directeur du Réseau Mondial Cosmos du Conseil en Gestion des Ressources Humaines, traverse l’Esplanade Suspendue de l’Arche d’Éden, située en plein centre du complexe de la capitale de la première puissance économique internationale. Son propre livre en main, il revient d’un déjeuner d’affaires sur la vision corporate et le développement personnel et se rend au 99e étage de la tour Jupiter à une conférence internationale qu’il donne sur sa méthode d’optimisation du processus de dynamisation des équipes professionnelles et des cellules familiales quand un éclat de lumière l’aveugle.
Il écarte l’objet éblouissant et rouvre les yeux. Au milieu du bal des phosphènes colorés émergent les pupilles noires d’un clochard ; celui-ci joue grossièrement du coude pour passer et continue à scruter le visage des passants avec sa lampe-torche.
Piqué au vif, Alexandre le rattrape avec la facilité d’Achille qui, ayant organisé un meeting pour porter un démenti public à l’humiliant paradoxe qui courait sur son compte, rattrapa la tortue.
— Qu’est-ce que vous faites ?
— Je cherche un homme.
— Qui ça ?
— Un homme.
— Vous en avez trouvé un. Je suis Alexandre Ricard, l’homme qui partait du réel.
— Pars voir le réel, Icare.
Le cadre saisit le bras du pitre et le conduit jusqu’au détour d’un gratte-ciel pour le pousser dans une boutique.
— Bienvenue chez Méta-Optica, dit le vendeur.
— Je cherche un homme, répète le gnome.
— Vous en avez trouvé deux, rétorque Alexandre, et Monsieur vend des lunettes. Le genre de choses qui n’aurait pu arriver au vrai Diogène. La réalité : on n’a rien inventé de mieux pour ouvrir les yeux !
— Je ne vois personne, marmonna Diogène en examinant le vendeur avec sa torche.
— Ce n’est pas un problème d’éclairage, réfuta Ricard en confisquant la lampe d’un geste dosé. C’est un problème oculaire. On va vous soigner, vous allez voir.
— Que puis-je pour vous ? demanda l’opticien.
— Toi, un grand, dit Diogène à Alexandre, tu veux rivaliser avec le mendiant le plus quelconque et le plus égaré.
— Non pas rivaliser ni faire des étincelles : seulement dialoguer. Vous êtes un objet d’étude intéressant.
Alexandre montre son livre et tapote sur la couverture avec ses doigts. Comprendre le client, c’était le titre. Vif comme le serpent, le philosophe saute sur une chaise, dégaine un spray et asperge son objecteur.
— Ah ! Au secours ! hurle Icare. Mes yeux !
— C’est un dissolvant propre à diluer les globes oculaires. Tu es aveugle et tu le resteras. Tu ne liras plus de livres, tu ne projetteras plus de vignettes power point. Tu interrogeras le sort et pourquoi avoir parlé à Diogène. Tu deviendras voyant et clairvoyant.
Alexandre tombe à terre en se roulant de douleur et de souffrance. Le maître sort, non sans fuir la ville, pendant que l’opticien appelle une ambulance.