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29 mars 2024 à 06:52:51
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » J'aurais préféré être un garçon

Auteur Sujet: J'aurais préféré être un garçon  (Lu 1962 fois)

Hors ligne Samarcande

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J'aurais préféré être un garçon
« le: 04 avril 2021 à 19:42:52 »
Salut à tous

Un petit texte sans prétention qui m'a été inspiré par la lecture du texte de DLM
On est enceinte



Longtemps j’ai pensé que j’aurais préféré être un garçon.

Pas forcément pour être plus grande ou plus forte que les autres, mais simplement pour arrêter d’être moins. Ou d’être considérée comme telle.

Ma féminité m’entravait la plupart du temps. J’en voulais à mon corps d’être si peu docile, de saigner à tort et à travers et de m’empêcher d’être insouciante quand j’aurais juste voulu me noyer dans les bras du premier venu. Je n’avais que le choix d’être prête en toutes circonstances, un tampax dans une poche et un préservatif dans l’autre. Et accepter mes responsabilités de femelle : m’épiler, me maquiller, être jolie sans être provocante, jouir comme et quand il fallait, être intelligente et cultivée, sans jamais oublier que, dans la grande balance de notre société, cela ne pèserait jamais autant qu’une paire de couilles.
La grossesse n’était qu’une entrave de plus, une épreuve injuste dont la moitié de l’humanité plus fortunée était dispensée.

« Je voudrais que ce soit toi qui sois enceint. » C’est sorti tout seul.

Toi qui mettes ta carrière en péril, toi qui sentes un parasite se frayer un chemin entre tes organes, toi qui écoutes l’horloge égrener les années, toi pour qui ce soit trop tôt ou trop tard, toi à qui la nature rappelle que tu n’es qu’un mammifère, toi qui sois une mauvaise mère si tu reprends le travail trop tôt, une collègue peu motivée si tu prolonges ton congé parental.

Je suis tombée enceinte comme on se jette d’un immeuble, les poings crispés dans la crainte de l’impact.
Et j’ai attendu et écouté, puisqu’il n’y avait plus rien d’autre à faire, puisque je ne maitrisais plus rien.

Au début, j’ai eu du mal à accepter le changement. Rien ne se passait comme il fallait. Mon corps qui se modifiait ne me dégoutait pas, les nausées et la fatigue ne ravivaient pas mon sentiment d’injustice comme prévu. Je me sentais même vaguement privilégiée.

« Je n’allaiterai que le strict minimum. Pour la santé du bébé. »

Je ne veux pas me sentir une vache à lait. Mon corps n’est l’appendice de personne.

Parfois je me demande quand s’est évaporée ma colère. Lors du premier frémissement, léger comme un battement d’ailes de papillon dans mon ventre ? Lorsque mon regard a croisé le sien pour la première fois ?
J’avais passé ma vie à me préparer pour le combat, j’avais affûté ma détermination à ne pas céder un pouce de terrain, à ne pas les laisser me déposséder de ce que j’avais conquis. Et soudain je n’avais plus d’adversaire.

J’ai regardé l’autre moitié de l’humanité courir et lustrer ses trophées, et pour la première fois j’ai pensé que j’avais de la chance d’être une femme.
« Modifié: 04 avril 2021 à 21:57:39 par Samarcande »
Sait-on jamais, nos chemins pourraient se croiser ! (Amin Maalouf )

Hors ligne Helbert

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Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #1 le: 04 avril 2021 à 20:13:12 »
J'adore!

Les poings crispés, pas crispées

Merci pour la lecture

Hors ligne Samarcande

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Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #2 le: 04 avril 2021 à 20:46:19 »
Merci d'être passé! C'est corrigé.
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Hors ligne Earth son

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Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #3 le: 04 avril 2021 à 20:52:47 »
Bonjour Samarcande,

Je trouve que c’est un joli texte.
Passer de la colère à la résignation puis à la joie. Belle idée.  ;)

Par contre dans
« Toi qui mettes ta carrière à risque »
J’aurais plutôt mis « en péril » que « à risque »
Ce que tu penses, tu le de­viens. Ce que tu res­sens, tu l’at­tires. Ce que tu ima­gines, tu le crées

Hors ligne Samarcande

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Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #4 le: 04 avril 2021 à 20:59:43 »
Salut Earth ! Contente de te voir par ici.
Oups...c'est une traduction littérale du "a rischio" italien.   :-[
 Je corrige tout de suite.
Merci
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Hors ligne Dot Quote

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Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #5 le: 04 avril 2021 à 21:24:51 »
yoyo Samarcande, je vais essayer de faire court parce qu'en te lisant je t'imagine te justifier à me trouver machiste si tu m'as parcouru parfois... bon

freud s'est fait incriminer par plein de féministes pour avoir spéculé ce que tu avoues là en grande partie avec courage, mais s'il avait prévu le phénomène d'évitement, il n'a pas su l'éviter évidemment

je n'en dis pas plus, j'ai l'impression je passerais encore pour le méchant et sa pseudo science, mais j'suis content d'avoir vu la puissance de tes mots, l'effort à la traduction d'une intériorité, même si je regrette peut-être qu'il faille imparablement pour quiconque qui sort un peu de sa bulle, qui lui faille, donc, comme on dit plus facilement l'expression 'poser ses couilles sur la table', ce que les femmes font ici dans notre monde auquel je participe malgré moi à la viriarquie, avec des contraintes qui j'espère leur seront à égale difficulté que pour les hommes, un jour peut-être... d'ici là donc, gros bravo de la part d'un mec qui en a des difficultés à faire valoir son truc, mais pas autant que en tant que femme ce l'est...

sinon en lui, le texte je l'ai trouvé fouillis, mais cela participait à sa teneur émotionnelle qui m'a orienté dans mon empathie, donc je sais pas trop commenter ce qui je pense t'es moins cher que le contenu associé, cette forme qui donc, va bien avec la teneur presque traumatisée de ce que cette intériorité féminine a à revendiquer

à +
"i don't care if your world is ending today
because i wasn't invited to it anyway
you said i tasted famous, so i drew you a heart
but now i'm not an artist i'm a fucking work of art"

(s)AINT - marilyn manson

Hors ligne Cendres

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Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #6 le: 05 avril 2021 à 09:11:57 »
Merci pour ton texte.

Je le trouve joli.
Tu dis des choses vrai, enfin du moins que je pense, et j'aime bien ta façon d'aborder cela.

La femme qui voit le bebe comme un parasite qui va déformer et dépendre de son hôte, mais lorsqu'on le sent vivant, on en est attaché.
La fin est jolie , elle est délicate je trouve. J'ai bien aimé découvrir ton texte ;)

Hors ligne Samarcande

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Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #7 le: 05 avril 2021 à 11:35:08 »
Salut Dot,

Citer
yoyo Samarcande, je vais essayer de faire court parce qu'en te lisant je t'imagine te justifier à me trouver machiste si tu m'as parcouru parfois... bon
ça ne m'a jamais effleurée ! :)

Citer
freud s'est fait incriminer par plein de féministes pour avoir spéculé ce que tu avoues là en grande partie avec courage, mais s'il avait prévu le phénomène d'évitement, il n'a pas su l'éviter évidemment
Ça n'a pas été si facile de déposer les armes, d'accepter un vécu si banalement universel. Mais il arrive un moment où tu es bien obligée d'accepter ce que tu vois dans le miroir, que ça te plaise ou non.

Si la différence homme/femme était vécue par la société comme une complémentarité et pas en terme de faible/fort, bon/mauvais, ça serait plus facile pour tout le monde. On a beaucoup à apprendre des philosophies orientales, je pense.

Citer
sinon en lui, le texte je l'ai trouvé fouillis, mais cela participait à sa teneur émotionnelle qui m'a orienté dans mon empathie, donc je sais pas trop commenter ce qui je pense t'es moins cher que le contenu associé, cette forme qui donc, va bien avec la teneur presque traumatisée de ce que cette intériorité féminine a à revendiquer
Oui, tu as mis le doigt dessus. Y'a beaucoup d'indicible en ce qui concerne la maternité, mais je crois que c'est en train de changer. Il y a des discours (je ne parle pas du mien ) qui trouvent enfin leur légitimité, celle d'un ressenti personnel qui s'exprime sans être blâmable.


Salut Cendres

Merci pour ta manière de toujours t'exprimer de manière directe et sincère. :calin:
« Modifié: 05 avril 2021 à 12:37:45 par Samarcande »
Sait-on jamais, nos chemins pourraient se croiser ! (Amin Maalouf )

Hors ligne derrierelemiroir

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Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #8 le: 05 avril 2021 à 13:50:36 »
Bonjour Sam

Citer
Un petit texte sans prétention qui m'a été inspiré par la lecture du texte de DLM
On est enceinte
:calin:

Je l'ai lu hier, et ça m'a émue de voir que je t'avais inspirée, qu'il allait y avoir une suite à ce que j'ai commencé, un autre point de vue, des réponses que je ne connais pas encore.

Citer
Pas forcément pour être plus grande ou plus forte que les autres, mais simplement pour arrêter d’être moins. Ou d’être considérée comme telle.
j'aime bien : "d'arrêter d'être moins". Je me demande si ce passage ne claquerait pas plus si tu regroupais les deux phrases en une seule, genre : "[] mais simplement pour arrêter d'être considérée comme moins". Mais ça devient peut-être trop alambiqué, je suis pas sûre.

Citer
d’être insouciante quand j’aurais juste voulu me noyer dans les bras du premier venu. Je n’avais que le choix d’être prête en toutes circonstances, un tampax dans une poche et un préservatif dans l’autre
J'ai l'impression que quelque chose se contredit ici. D'un côté, sa condition l'empêche de se jeter dans les bras du premier venu, de l'autre, elle se doit d'avoir toujours un préservatif avec elle, comme si justement, elle pouvait se jeter dans les bras du premier inconnu.

Citer
Et accepter mes responsabilités de femelle
je crois que je préfère "femme" à "femelle" ici, puisque ça concerne les être humains et non les animaux en général.

Citer
« Je voudrais que ce soit toi qui sois enceint. » C’est sorti tout seul.
j'aime bien cette phrase, la manière qu'elle a de recentrer le texte

Citer
toi pour qui ce soit trop tôt ou trop tard
ça aussi, c'est super fort je trouve, très bien dit

Citer
toi à qui la nature rappelle que tu n’es qu’un mammifère
ça aussi j'aime bien, parce que déjà ressenti tellement de fois

Citer
Je suis tombée enceinte comme on se jette d’un immeuble, les poings crispés dans la crainte de l’impact.
Et j’ai attendu et écouté, puisqu’il n’y avait plus rien d’autre à faire, puisque je ne maitrisais plus rien.
:coeur:

Citer
Mon corps qui se modifiait ne me dégoutait pas, les nausées et la fatigue ne ravivaient pas mon sentiment d’injustice comme prévu. Je me sentais même vaguement privilégiée.
et là tu m'apaises.
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


Citer
Parfois je me demande quand s’est évaporée ma colère.
:coeur:

Citer
J’avais passé ma vie à me préparer pour le combat, j’avais affûté ma détermination à ne pas céder un pouce de terrain, à ne pas les laisser me déposséder de ce que j’avais conquis. Et soudain je n’avais plus d’adversaire.
haha, j'en suis encore qu'à la première partie de ta phrase. J'aime bien comment tu la termines.

Citer
J’ai regardé l’autre moitié de l’humanité courir et lustrer ses trophées, et pour la première fois j’ai pensé que j’avais de la chance d’être une femme.
J'aime bien aussi comment tu termines ce texte, comme une boucle.

Je crois que j'aurais en fait bien aimé que ce texte soit plus long. Qu'on puisse entrer encore plus dans le détail de tes ressentis; j'ai l'impression que ces détails sont très précieux. J'ai comme l'impression que la première partie du texte et moins intéressant que la deuxième, mais en fait c'est juste parce que la première partie m'est connue alors que pas la deuxième. Peut-être que du coup, la première partie m'est trop connue, que j'arrive moins à voir comment toi tu l'as vécue de ton côté, comment toi tu en as souffert, comment ça a forgé tes ambitions, et qu'avec plus de détails j'apprendrais de nouvelles choses très intéressantes. Mais je comprends aussi le choix du format court. C'est juste qu'en ce moment, ce sujet m'intéresse tellement que je pourrais en lire bien plus.

En tout cas, merci pour ta réaction, merci pour ce texte, merci pour tes réponses  :calin:



"[...] alors le seul fait d'être au monde
  remplissait l'horizon jusqu'aux bords"
  Nicolas Bouvier

Hors ligne Thom

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Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #9 le: 05 avril 2021 à 15:42:22 »
J'ai beaucoup aimé, après avoir été effrayé, l'idée de cette réconciliation finale.

Un petit clin d'oeil qui, je pense te touchera, inspiré par la pensée fulgurante qui m'est venue à la lecture de ton texte :

"- C'est le monde entier que j'aime en cet instant, mais c'est à ton corps que j'ai envie de l'exprimer."


Le Premier Siècle après Béatrice. A M.

Hors ligne Samarcande

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Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #10 le: 05 avril 2021 à 18:34:04 »
Salut DLM,

merci d'avoir laissé un commentaire.

Citer
j'aime bien : "d'arrêter d'être moins". Je me demande si ce passage ne claquerait pas plus si tu regroupais les deux phrases en une seule, genre : "[] mais simplement pour arrêter d'être considérée comme moins". Mais ça devient peut-être trop alambiqué, je suis pas sûre.
Je tiens aux deux phrases parce que la deuxième est la conséquence de la première. La vérité c'est qu'une femme n'est moins, ou ne se sent moins parce qu'elle est généralement considérée comme moins. Du moins c'est comme ça que je le vis.

Citer
J'ai l'impression que quelque chose se contredit ici. D'un côté, sa condition l'empêche de se jeter dans les bras du premier venu, de l'autre, elle se doit d'avoir toujours un préservatif avec elle, comme si justement, elle pouvait se jeter dans les bras du premier inconnu.
Oui, je l'ai mal exprimé et je vais le revoir. Elle peut se jeter dans les bras de qui elle veut, mais la contraception est généralement son souci exclusif, ainsi que les conséquences qui en découlent.

Citer
je crois que je préfère "femme" à "femelle" ici, puisque ça concerne les être humains et non les animaux en général.
Là aussi femelle était choisi par rapport au malaise par rapport à la partie animale du corps, mais effectivement derrière je fais une énumération de contraintes sociales qui ne sont plus liées aux contraintes physiques.
Le glissement entre les contraintes physiques et sociales n'est pas très fluide. Je vais repenser ce passage.

Citer
Je crois que j'aurais en fait bien aimé que ce texte soit plus long. Qu'on puisse entrer encore plus dans le détail de tes ressentis; j'ai l'impression que ces détails sont très précieux. J'ai comme l'impression que la première partie du texte et moins intéressant que la deuxième, mais en fait c'est juste parce que la première partie m'est connue alors que pas la deuxième.
Oui, j'ai fait pas mal l'ellipse du passage de la transition, un peu par manque de temps, sans doute aussi parce que le souci littéraire de la chute a primé à ce moment sur la volonté d'authenticité ( un peu aussi par peur de déraper dans la guimauve :mrgreen: )

Merci pour ton passage et contente que ce texte t'aie parlé.

Salut Thom

Merci du passage. J'aime bien le mot "réconciliation": je le trouve parfaitement adapté et pourtant il ne m'était pas venu à l'esprit. Et merci pour la citation.
Sait-on jamais, nos chemins pourraient se croiser ! (Amin Maalouf )

Hors ligne Ari

  • Palimpseste Astral
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Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #11 le: 07 avril 2021 à 13:40:06 »
Bonjour Samarcande,

J'ai lu ton texte il y a quelques jours mais je passe commenter seulement aujourd'hui.
Citer
m’empêcher d’être insouciante quand j’aurais juste voulu me noyer dans les bras du premier venu. Je n’avais que le choix d’être prête en toutes circonstances, un tampax dans une poche et un préservatif dans l’autre
Ici, je vois moi aussi une opposition mais elle me plaît :) je trouve que c'est très représentatif des injonctions contradictoires que reçoivent les femmes ou les filles.
Citer
Et accepter mes responsabilités de femelle : m’épiler, me maquiller, être jolie sans être provocante, jouir comme et quand il fallait, être intelligente et cultivée, sans jamais oublier que, dans la grande balance de notre société, cela ne pèserait jamais autant qu’une paire de couilles.
J'aime bien cette phrase, avec un petit bonus particulier pour "jouir comme et quand il fallait".
Citer
toi qui sois une mauvaise mère si tu reprends le travail trop tôt, une collègue peu motivée si tu prolonges ton congé parental.
Ca me parle en particulier aussi.
Citer
Je suis tombée enceinte comme on se jette d’un immeuble, les poings crispés dans la crainte de l’impact.
:coeur:
Citer
Parfois je me demande quand s’est évaporée ma colère.
:coeur:
Citer
J’avais passé ma vie à me préparer pour le combat, j’avais affûté ma détermination à ne pas céder un pouce de terrain, à ne pas les laisser me déposséder de ce que j’avais conquis. Et soudain je n’avais plus d’adversaire.
:coeur:
J'aime bien aussi la conclusion qui sonne effectivement comme une réconciliation.


Merci pour ce texte qui m'a beaucoup plu. J'aime bien aussi l'idée de réponse au texte de DLM, parce qu'au final sur ces sujets-là, rien ne prend autant de poids qu'un texte polyphonique, à mes yeux - pour montrer la pluralité des vécus, leurs échos tout comme leurs différences.

~ Ari ~

Hors ligne Clé

  • Plumelette
  • Messages: 17
Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #12 le: 07 avril 2021 à 22:55:50 »
Salut Samarcande,
J’ai lu ton texte et le titre est bien trouvé, bravo. J’ai trouvé cependant étonnant le texte dans son aspect « victimisation de la femme » par le personnage principal, une longue suite de stéréotypes victimaires qui fait souffrir le personnage finalement et ne lui apporte aucun bonheur (la haine ou l’envie ne rendent pas heureux en effet) jusqu’à une bonne morale finalement : rien de mieux que s’apprécier tel que l’on est. En arrière-plan , l’intellectualisme perché qui ne tient pas longtemps face à la nature. Très joli texte. Merci du partage. ;)

Hors ligne Adamiya

  • Tabellion
  • Messages: 29
Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #13 le: 08 avril 2021 à 18:36:40 »
Bonjour Samarcande,

Très joli texte. Dans la forme je n'ai rien à redire. Simplement des commentaires que m'a inspiré ton texte.

Citer
Toi qui mettes ta carrière en péril, toi qui sentes un parasite se frayer un chemin entre tes organes, toi qui écoutes l’horloge égrener les années, toi pour qui ce soit trop tôt ou trop tard, toi à qui la nature rappelle que tu n’es qu’un mammifère, toi qui sois une mauvaise mère si tu reprends le travail trop tôt, une collègue peu motivée si tu prolonges ton congé parental.
  Finalement la perception que l'on a est beaucoup dictée par la société dans laquelle on vit, et toutes ses injonctions, conscientes ou pas. Je ne sais plus qui disait "la nature crée des différences, la société en fait des inégalités".

Citer
Je suis tombée enceinte comme on se jette d’un immeuble, les poings crispés dans la crainte de l’impact.
  Je n'ai jamais compris pourquoi dans la langue française on "tombe" enceinte...  Est-ce à ce point une déchéance ? Dans d'autres langues on a  : "to be/to get pregnant" en anglais, "quedarse embarazada" en espagnol... et je suis sûre qu'on peut trouver d'autres exemples linguistique où la grossesse n'est pas une chute.

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Parfois je me demande quand s’est évaporée ma colère. Lors du premier frémissement, léger comme un battement d’ailes de papillon dans mon ventre ? Lorsque mon regard a croisé le sien pour la première fois ?
J’avais passé ma vie à me préparer pour le combat, j’avais affûté ma détermination à ne pas céder un pouce de terrain, à ne pas les laisser me déposséder de ce que j’avais conquis. Et soudain je n’avais plus d’adversaire.
  J'adore !   :coeur:

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J’ai regardé l’autre moitié de l’humanité courir et lustrer ses trophées, et pour la première fois j’ai pensé que j’avais de la chance d’être une femme.
  Finalement, c'est un privilège de vivre ce petit miracle.  :coeur:

Finalement, ton texte se termine par une acceptation de ce que la femme peut faire (porter la vie) et l'immense joie qui en découle. Il y a aussi une forme de détachement, comme si la narratrice finissait par considérer les trophées derrière lesquels elle courait comme des choses bien futiles, au regard de ce qui lui a procuré un vrai bonheur. Finalement, en vivant les choses par elle-même, pour elle-même, elle accède à une forme de sagesse, et de libération.

Merci pour ce très joli texte :)





Hors ligne Samarcande

  • Grand Encrier Cosmique
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Re : J'aurais préféré être un garçon
« Réponse #14 le: 29 avril 2021 à 17:21:47 »
Je repasse enfin après bien longtemps :-[

Adamiya
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Finalement la perception que l'on a est beaucoup dictée par la société dans laquelle on vit, et toutes ses injonctions, conscientes ou pas. Je ne sais plus qui disait "la nature crée des différences, la société en fait des inégalités".
J'aime beaucoup ta citation.

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Je n'ai jamais compris pourquoi dans la langue française on "tombe" enceinte...  Est-ce à ce point une déchéance ? Dans d'autres langues on a  : "to be/to get pregnant" en anglais, "quedarse embarazada" en espagnol... et je suis sûre qu'on peut trouver d'autres exemples linguistique où la grossesse n'est pas une chute.
Effectivement je n'y avais pas pensé. Mais je trouve, si l'on ne s'attarde pas trop sur l'idée de déchéance, que cela rend bien le coté abrupte de la chose : c'est un peu on/off.
On  l'est ou on ne l'est pas, mais jamais "un petit peu". J'imagine qu'il y a 100 ans la grossesse était d'abord un doute qui se confirmait, mais avec les tests de grossesse, tout est très carré.

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Finalement, ton texte se termine par une acceptation de ce que la femme peut faire (porter la vie) et l'immense joie qui en découle. Il y a aussi une forme de détachement, comme si la narratrice finissait par considérer les trophées derrière lesquels elle courait comme des choses bien futiles, au regard de ce qui lui a procuré un vrai bonheur.
C'est un changement de perspective, peut-être un changement de la narratrice tout court.

Salut Clé,

le mot "victimisation" m'a un peu dérangée dans ton commentaire. J'ai essayé de relire mon texte avec d'autres yeux, je l'ai laissé reposer, puis repris, mais non, je ne ressens pas de "victimisation" dans ce texte.

C'est peut-être parce que je vis en Italie et qu'ici les chiffres sont très clairs et l'égalité des chances un lointain mirage (surtout dans la vie professionnelle):
https://www.ilsole24ore.com/art/gender-gap-l-italia-sale-63-posto-ma-resta-i-peggiori-europa-ADyXOCUB
En décembre 2020, su 101 mile postes de travail perdus à cause du Covid, 99 mille appartenaient à des femmes.
https://www.repubblica.it/economia/2021/02/01/news/istat-285381015/

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une bonne morale finalement : rien de mieux que s’apprécier tel que l’on est.
C'est marrant que tu le voies comme une morale : je pensais faire un texte très personnel, sans aucune revendication généralisatrice.


Citer
Très joli texte. Merci du partage.

Merci: c'est toujours intéressant d'avoir un œil externe sur ses textes. Et j'apprécie d'avoir des retours et des avis variés.

Salut Ariane,

merci pour ton retour.
Citer
Merci pour ce texte qui m'a beaucoup plu. J'aime bien aussi l'idée de réponse au texte de DLM, parce qu'au final sur ces sujets-là, rien ne prend autant de poids qu'un texte polyphonique, à mes yeux - pour montrer la pluralité des vécus, leurs échos tout comme leurs différences.
Oui, moi aussi j'ai apprécié le naturel avec lequel nos trois textes se sont entrelacés et répondus. Cela rend bien l'idée de la complexité et de la vastité des ressentis, qui sont tous légitimes, même si parfois opposés.


A tous, merci d’être passés et d'avoir laissé un commentaire.

Sait-on jamais, nos chemins pourraient se croiser ! (Amin Maalouf )

 


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