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Le Monde de L'Écriture » Salon littéraire » Salle de lecture » Théâtre et poésie » [Poésie] Lettres à un jeune poète (Rainer Maria Rilke)

Auteur Sujet: [Poésie] Lettres à un jeune poète (Rainer Maria Rilke)  (Lu 16088 fois)

Hors ligne Nienna

  • Aède
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[Poésie] Lettres à un jeune poète (Rainer Maria Rilke)
« le: 29 décembre 2008 à 13:06:14 »
[Je le mets dans cette section, je pense que ça peut se classer dans poésie, bien que ça ne soit pas des poèmes]

Coup de cœur du moment : Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke.
Que dire...je ne suis pas très douée pour faire des "présentation" de bouquins. Mais j'aimerais transmettre un peu de mon enthousiasme face à ce livre.
Bon, je vais d'abord mettre la quatrième de couverture, celle de mon édition en tout cas (flammarion) :

"En 1903, Rainer Maria Rilke entame une correspondance avec un jeune homme de 20ans, Franz Kappus, élève d'un établissement militaire, qui lui a envoyé ses premiers essais poétiques. Plusieurs lettres suivront, que Kappus publiera en 1929, trois ans après la mort de Rilke.
Ces textes sont devenus immédiatement célèbres et comptent parmi les plus beaux de Rilke ; au fil du temps et des réponses, ils composent une superbe méditation sur la solitude, la création, l'amour, l'accomplissement de l'être."

Que dire...c'est un livre qui vous prend, qui vous engloutit, qui vous remodèle. (j'y vais un peu fort là non ?  :mrgreen:). Bref, c'est à lire et à relire. L'écriture est très belle, fluide, émouvante. C'est beau, intéressant, initiatique. [désolée j'arrive pas à faire des phrases construites, alors je vous case des adjectifs  ><].
Ce livre c'est une rencontre, un voyage à faire.
Lisez, tout simplement !
« Modifié: 27 octobre 2017 à 19:57:34 par Eveil »
"Ce fut d'abord une étude. J'écrivais des silences, des nuits, je notais l'inexprimable. Je fixais des vertiges."

Rimbaud - Alchimie du verbe

Hors ligne Matt

  • Calame Supersonique
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Re : Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #1 le: 29 décembre 2008 à 13:16:48 »

Je possède ce livre, un vrai régal ! je le lis et le relis encore.
Les Oeuvres d'Art ont quelque chose d'infiniment solitaire, et rien n'est aussi peu capable de les atteindre que la critique.

Seul l'amour peut les saisir, les tenir, et peut être équitable envers elles.

Rainer Maria Rilke

Hors ligne Caliban

  • Troubadour
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Re : Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #2 le: 26 janvier 2009 à 19:02:37 »
je me joins aux éloges, ce livre est absolument génial !  :coeur:
Je l'ai lu en une nuit il y a 3 ou 4 ans mais je dois avouer que depuis je n'en relis que des bouts de temps en temps.
"You said I killed you - haunt me, then! The murdered do haunt their murderers, I believe. I know that ghosts have wandered on earth. Be with me always - take any form - drive me mad! only do not leave me in this abyss, wh
ere I cannot find you!"

Hors ligne pascal2

  • Scribe
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Re : Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #3 le: 23 juin 2012 à 09:01:59 »


De la nécessité d'écrire, de Rainer Maria Rilke

[...] Cherchez en vous-mêmes. Explorez la raison qui vous commande d'écrire; examinez si elle plonge ses racines au plus profond de votre coeur; faites-vous cet aveu : devriez-vous mourir s'il vous était interdit d'écrire. Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit; me faut-il écrire ? Creusez en vous-mêmes à la recherche d'une réponse profonde. Et si celle-ci devait être affirmative, s'il vous était donné d'aller à la rencontre de cette grave question avec un fort et simple "il le faut", alors bâtissez votre vie selon cette nécessité; votre vie, jusqu'en son heure la plus indifférente et la plus infime, doit être le signe et le témoignage de cette impulsion. Puis vous vous approcherez de la nature. Puis vous essayerez, comme un premier homme, de dire ce que vous voyez et vivez, aimez et perdez. N'écrivez pas de poèmes d'amour; évitez d'abord les formes qui sont trop courantes et trop habituelles : ce sont les plus difficiles, car il faut la force de la maturité pour donner, là où de bonnes et parfois brillantes traditions se présentent en foule, ce qui vous est propre. Laissez-donc les motifs communs pour ceux que vous offre votre propre quotidien; décrivez vos tristesses et vos désirs, les pensées fugaces et la foi en quelque beauté. Décrivez tout cela avec une sincérité profonde, paisible et humble, et utilisez, pour vous exprimer, les choses qui vous entourent, les images de vos rêves et les objets de votre souvenir. Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l'accusez pas; accusez-vous vous-même, dites-vous que vous n'êtes pas assez poète pour appeler à vous ses richesses; car pour celui qui crée il n'y a pas de pauvreté, pas de lieu pauvre et indifférent. Et fussiez-vous même dans une prison dont les murs ne laisseraient parvenir à vos sens aucune des rumeurs du monde, n'auriez-vous pas alors toujours votre enfance, cette délicieuse et royale richesse, ce trésor des souvenirs ? Tournez vers elle votre attention. Cherchez à faire resurgir les sensations englouties de ce vaste passé; votre personalité s'affirmira, votre solitude s'étendra pour devenir une demeure de douce lumière, loin de laquelle passera le bruit des autres.
Qui vit sans folie n'est pas si sage que cela

Hors ligne Windreaver

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Re : Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #4 le: 26 juillet 2012 à 17:30:35 »
je viens de les lire hier, c'est un très bon texte, d'éducation esthétique.

je conseille aussi les Sonnets à Orphée que l'on trouve ici : http://www.skafka.net/archives/alice69/doc/rmr_sonnetsaorphee.htm

et ici vous avez un texte de Mattéi sur Heidegger et Rilke (dont personnellement je ne partage pas la thèse). http://noesis.revues.org/index28.html
Quelques fois je cours
Je laisse mon âme errer
Qui a dit que Morphée
Ne vivait pas le jour ?

Rose XII

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Re : Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #5 le: 26 septembre 2012 à 09:20:27 »
À ceux qui ont trouvé leur bonheur dans les Lettres, je me permets de conseiller aussi le Testament. Inéffable et précieux legs de l'art poétique de Rilke. :)

Hors ligne Ned Leztneik

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Re : Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #6 le: 29 septembre 2012 à 10:05:42 »
"Cherchez en vous-mêmes. Explorez la raison qui vous commande d'écrire; examinez si elle plonge ses racines au plus profond de votre coeur; faites-vous cet aveu : devriez-vous mourir s'il vous était interdit d'écrire. Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit; me faut-il écrire ? Creusez en vous-mêmes à la recherche d'une réponse profonde. Et si celle-ci devait être affirmative, s'il vous était donné d'aller à la rencontre de cette grave question avec un fort et simple "il le faut", alors bâtissez votre vie selon cette nécessité"

Le plus important, selon mon sentiment.
Il est dit parfois que toutes les guerres ne sont que des guerres de religion. Alors dites-moi le nom de ce Dieu qui les autorise à tuer l'amour. (apologue d'Alegranza)
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Hors ligne Jété

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Re : Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #7 le: 18 décembre 2012 à 21:17:14 »
Je plussoie, ce texte est tellement simple et éclairant sur le sujet.

A lire aussi, Les Carnets de Malte Laurids Brigge, incroyable texte qui m'a profondément marqué et qui contient des petites phrases comme celles-ci:

« Car les vers ne sont pas faits, comme les gens le croient, avec des sentiments (ceux-là, on ne les a que trop tôt) – ils sont fait d’expériences vécues. Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, beaucoup d’hommes et de choses… »
« [...] Et, se glissant sous les couvertures, il dormit d’un sommeil de plomb, comme, seuls, dorment les bienheureux qui ignorent les hémorroïdes, les puces et l’excès de facultés intellectuelles. » Gogol

pehache

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Re : Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #8 le: 22 janvier 2013 à 19:27:39 »
Si quelqu'un peut m'expliquer pourquoi Rilke me les brise menu, je suis preneur...

Hors ligne Ned Leztneik

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Re : Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #9 le: 22 janvier 2013 à 19:51:53 »
Peut-être parce qu'il éveille en toi de nouvelles sensations que tu n'es pas prêt d'appréhender ?  :putainlafaute:
Il est dit parfois que toutes les guerres ne sont que des guerres de religion. Alors dites-moi le nom de ce Dieu qui les autorise à tuer l'amour. (apologue d'Alegranza)
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pehache

  • Invité
Re : Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #10 le: 22 janvier 2013 à 19:56:58 »
Je crois que c'est son style...
péhache, germanophile.

Rose XII

  • Invité
Re : Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #11 le: 24 janvier 2013 à 10:51:22 »
Il peut aussi y avoir le fait que Rilke renvoie quelque chose de souvent mélancolique, pas franchement dynamique. Je l'apprécie beaucoup, sans doute parce qu'il a un goût de madeleine pour moi, mais j'avoue que toute une journée à le lire me verserait dans la déprime. Il a, je crois, un côté iconoclaste qui n'a pas été suivi d'une grande pulsion constructive, pas en tout cas comme Hugo ou Mallarmé.

Bon, aussi, il y a le problème d'un étranger écrivant français : son style, parait-il, est beaucoup plus maniéré en français qu'en allemand. Et les traductions, pour ses autres poèmes, aussi bonnes soient-elles d'ailleurs, demeurent des traductions. Pour la poésie, c'est rarement profitable au lecteur.

Comme je ne comprends pas un mot d'allemand, malgré l'acharnement qu'on a mis à vouloir m'inculquer cette langue, je ne serai pas plus utile que ça.

Anlor

  • Invité
Re : Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #12 le: 13 août 2014 à 15:08:56 »
Alors, en prépa j'avais un bon pote qui ne jurait que par ce livre, et je me souviens qu'on avait pas mal débattu de certains points sans que je prenne le temps de lire les lettres en entier.
Du coup, trois ans plus tard, c'est fait, j'ai lu, et j'avoue que je ne sais pas trop quoi en penser.

Il y a des choses sur la solitude du poète que je crois comprendre, qui me parlent peut-être même mais pour le reste, j'avoue ne pas comprendre l'engouement de certains. Enfin, pour moi, c'est une image de l'artiste qui est lyrique/datée. Le poète seul, incompris, touché par la grâce et qui tente tant bien que mal de vivre avec son don… Je sais pas, j'y crois pas, on va dire. Que certains aient une sensibilité exacerbée par rapport à d'autres qui leur fait ressentir les choses puissance dix, ok, ça je le conçois, je suis même d'accord, mais le reste du texte me donne plutôt l'impression  de mettre le Poète sur un piédestal qu'il ne mérite pas forcément. Enfin, je me dis que effectivement, ça doit faire plaisir de lire ça en se confortant dans l'idée que oui, oui, c'est ce qui se passe chez nous, cette solitude, ce sentiment de ne pas arriver à exister comme tout le monde, mais c'est parce qu'on est poète, on est à part… Alors que, euh, alors que pour moi non, on est peu être plus lucide/sensible mais jamais "à part" ; du coup, euh, voilà, j'étais pas convaincue les premières fois ; je m'étais dit qu'avec quelques années en plus et du recul je comprendrais mieux, mais en fait ça passe toujours pas  :-[
« Modifié: 13 août 2014 à 16:15:28 par Anlor »

Eveil

  • Invité
Re : [Poésie] Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #13 le: 17 juin 2016 à 13:18:54 »
J'ai eu beaucoup de mal également. Rilke dit peut-être un tas de choses intéressantes sur la solitude (même si je ne partage pas son point de vue), sur la création poétique (notamment sur la création d'un vers), on sent un regard lucide, mais son style ne passe pas. C'est alambiqué et péteux, ce qui ne serait pas dérangeant si sa visée n'était pas didactique, enseignante, s'il ne voulait pas expliquer quoi que ce soit sur la vie d'un pouète ou des personnes à haute sensibilité. J'étais noyé par une prose trop m'as-tu-vu et j'étais déçu. La genèse de ses vers me laissait présager du sang et de la sueur, et j'ai trouvé ça très mauvais (en français, en tout cas, donc à relativiser), c'était poli, gentil, vide, à tel point que j'ai pas pu finir les quelques poèmes versifiés qui étaient proposés en complément des lettres.  :-[

Hors ligne Cyr

  • Prophète
  • Messages: 623
Re : [Poésie] Lettres à un jeune poète (Rilke)
« Réponse #14 le: 16 juin 2017 à 19:51:28 »
Bien apprécié aussi.
« Modifié: 16 juin 2017 à 20:49:33 par Cyr »
"Il y a deux sortes de poètes : les bons, qui brûlent leurs poèmes à l'âge de dix-huit ans, et les mauvais, qui continuent à écrire de la poésie jusqu'à la fin de leurs jours." Umberto Eco

 


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