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17 mai 2024 à 16:16:30
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes mi-longs » Séquence du Verbe de l’Arrivée de l’Empire d’Amour

Auteur Sujet: Séquence du Verbe de l’Arrivée de l’Empire d’Amour  (Lu 233 fois)

Hors ligne Arsinor

  • Aède
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Séquence du Verbe de l’Arrivée de l’Empire d’Amour


☧1☧

1 Solican l’Alchimiste, fils de René, fils de Gaetano, fils de Paolo d’Alger, créée comptoir phénicien ; fils de Marie, fille de Myriam, fille de Dora d’Odessa, la ville nouvelle créée par Catherine de Russie.
2 Que je sois qui je serai m’envoie donner un apocryphe à l’histoire qui se trouve dans le monde.
3 Les choses terribles seront dites, parce qu’à travers, en cherchant, j’ai trouvé le mot d’amour, que j’ai écrit à la fin.
4 Voici la généalogie de tes parents.
5 Au commencement était le monde, car le monde était avec l’homme.
6 J’étais l’Empereur du monde et j’étendais l’Empire.
7 Je vénérais les os de mes victimes.
8 Quand je tuais mes ennemis, ils se rendaient et j’étais leur Empereur.
9 Quand ils me tuaient, ils renversaient mon trône, ils me chassaient de la cité et ils me nommaient roi pour véné¬rer mes os.
10 J’étais toujours l’Empereur du monde.
11 Ainsi passèrent les siècles. Un jour,
12 Tu es venue. Je ne savais pas ton nom.
13 Horrible et pitoyable passagère, d’une laideur suspecte,
14 Tout à mon habitude je t’ai souillée, réduite, jetée, dis¬persée, menacée, humiliée, condamnée et assassinée.
15 Mais tu gémissais au lieu de te rendre.
16 Je respectais mes ennemis parce qu’ils étaient respec¬tables. Ils se rendaient.
17 Toi qui gémis depuis la nuit des temps, quel respect pour ceux qui gémissent ?
18 Matrice des perversions, tu te nourris de la persécution afin de subvertir la persécution.
19 Tu te tais pour condamner ; tu te plains pour commander ; tu admires l’humilité ;
20 Tu dis ton peuple élu et tu te dis victime ;
21 Tu prends aux vraies victimes les bénéfices qui appartiennent à la possession ;
22 Tu annonces la paix pour déclencher la guerre ;
23 Tu interdis le meurtre pour le commettre.
24 Tu t’empares du monopole de la souffrance pour posséder le monopole de la loi.
25 Sûre de toi, obstinée, sous mes coups obstinés, tu continuais
26 À contrecarrer l’Empire. Tu contrecarrais
27 L’impérialité.
28 Plus j’étais scandalisé, plus tu me contrecarrais.
29 Plus je t’expulsais, plus tu revenais.
30 Plus tu parlais, plus j’étais scandalisé.
31 Je donnais des ordres mais tu obéissais sans te taire.
32 Tu obéissais ostentatoirement pour montrer que j’étais au pouvoir et que, par conséquent, tu avais raison.
33 Quand tu étais là, je te chassais ;
34 Quand tu n’étais pas là, je te cherchais.
35 Je lavais ma souillure dans ton sang car tu étais la souillure.
36 Mais ton sang coulait et souillait mon Empire.
37 Tu t’arrangeais pour que l’Empire se souillât de lui-même par ton intermédiaire afin que mes accusations se retournassent contre moi.
38 J’enterrais le sang qui ressuscitait.
39 Le sang coulait sous la terre et les murs suintaient.
40 J’entendais les tremblements qui s’annonçaient.
41 Pour annoncer ton arrivée, tu envoyas ton fils, que mes peuples clouèrent,
42 Et l’Empire s’effondra. À ce spectacle,
43 La violence se retourna contre la violence, la foule se retourna contre la foule,
44 Et le retournement s’assit sur le trône du monde.
45 Les trompettes sonnèrent et Jérusalem apparut dans le ciel.

☧2☧

1 Plus tu descendais, plus je m’effondrais. Ton Église s’installa dans un autre Empire, le même.
2 L’Empire fut sauvé, devint l’Église de ton fils et tu remontas dans le ciel. Je ne savais pas mon nom.
3 Nul ne le savait. Je savais que tu le savais mais tu ne parlais qu’en paroles obscures. Tu étais hautaine et je désirais être comme toi. Je me mis à t’imiter. J’enseignais la paix de force.
4 Je libérais l’esprit par la soumission.
5 J’interdisais le désir pour les propriétés du prochain.
6 J’asservissais les corps, temples du désir.
7 J’agenouillais la force devant ton nom.
8 J’incarnais la conscience.
9 J’accusais le pouvoir.
10 Je t’accusais d’avoir tué ton fils, mon dieu.
11 Je te persécutais.
12 Je célébrais la flagellation de soi car j’étais puritain.
13 J’étais puritain pour montrer que je m’agenouillais devant toi.
14 Mais tu continuais à parler. À croire que je n’étais pas moi-même !
15 Des mots ! Des mots ! Soit !
16 Je philosophais.
17 Je révoltais les peuples.
18 Je renversais mes trônes.
19 Sur ma tête décapitée, je fondais les républiques.
20 Je devins la République.
21 Je légiférais.
22 Je célébrais la déesse Raison.
23 Je te raillais.
24 Je raillais ton Église
25 Car tu m’avais manipulé.
26 Je devins qui j’étais, ou je crus devenir qui je croyais être.
27 Je célébrais l’art qui était la beauté du monde
28 Et la science qui pouvait tout savoir et donner satisfaction à tous les désirs.
29 Je combattais par la raison les superstitions, qui résistèrent et se refaufilèrent.
30 J’étais ingénieux. Je bâtissais des villes utiles et des machines grandioses.
31 J’admirais mes progrès.
32 Je faisais ce que je voulais.
33 J’étais maître de mon destin.
34 Je construisais mon avenir.
35 J’apportais ma magnificence aux ignorants et aux pauvres, par-delà les océans.
36 Un Nouveau Monde surgissait, fils de mon Empire.
37 Je libérais le désir.
38 Rien de grand ne se fit sans passion.
39 Ce que l’homme imaginait, l’homme le faisait.
40 Je gravais en lettres d’or la Puissance, la Raison et le Progrès au frontispice du temple de l’Esprit Humain.
41 Comme je voulais que tout le monde fît ce qu’il voulait, le monde fit ce que le monde faisait.
42 Tout le monde voulut faire ce que tout le monde faisait.
43 Alors tout le monde voulut la même chose.
44 Le désir d’être plus important que les autres se transmit de père en fils comme une traînée de poudre.
45 Comme tout le monde désirait la même chose, tout le monde faisait la guerre à tout le monde.
46 Je me faisais la guerre. Tandis que je portais le poignard de ma puissance contre moi-même,
47 Le Nouveau Monde arrêta mon geste.
48 Les cadavres de mon peuple jonchaient les territoires.
49 J’étais mort et j’étais le massacre.
50 Je disais : plus jamais ça.
51 Qui étais-je en réalité ?
52 Je ne connaissais pas mon nom.
53 Je philosophais en vain.
54 Je détrônais la Raison. Le monde était absurde.
55 Je me psychanalysais.
56 Je n’étais pas moi-même.
57 J’étais là où je me taisais.
58 Je voulais devenir qui j’étais.
59 Où ? Quand ? Comment ?
60 Quand on cherche, on trouve.
61 Mais je ne trouvais rien.
62 À cause de toi, à cause de toi !
63 Corruptrice ! Souillure
64 Qui revient quand on la souille !
65 M’avais-tu point assez corrompu depuis le siècle des siècles ?
66 Ne t’avais-je pas tolérée par trop de bonté de ma part ?
67 Comment osais-tu te présenter devant ma face sous une forme humaine alors que j’étais la seule victime possible ?
68 Je voulais vivre et être qui j’étais : fort, beau, joyeux et intelligent !
69 Tu faisais que les faibles empêchassent les forts de l’être et tu empêchais la Vie elle-même de venir à moi !
70 Il fallait en finir. Une fois pour toutes.
71 Prendre des mesures concrètes. Restaurer mon Empire, purifier le monde. Exterminer.
72 Je construisis des fusils, des trains et des fours,
73 Et je devins qui j’avais toujours été.
74 Alors le meurtre rendit hommage à l’industrie.

☧3☧

1 Je pris le pouvoir.
2 Je restaurai mon Empire. Je traquai ton peuple, qui alla à l’abattoir comme un agneau afin de m’accuser.
3 Je connaissais bien ton petit jeu. Alors
4 Je te fis nettoyer mes bottes avec la langue pour qu’on vît qui tu étais en vérité.
5 Tandis que j’enterrais l’extermination sous les montagnes de tes cadavres pour que nul ne sût notre arrangement,
6 Le Nouveau Monde revint, combattit et refoula l’Empire, jetant deux feux divins au Soleil Levant.
7 Le Nouveau Monde était le nouveau maître.
8 J’étais en ruine. J’étais l’Ancien Monde.
9 J’étais si content d’avoir un nouveau maître.
10 Le Nouveau Monde, lui, savait vivre.
11 J’avais été le laboratoire des utopies qu’il avait réalisées.
12 Je disais et il faisait.
13 Comme j’avais été bien bête ! Dans mes bras, fiston !
14 Les jeunes, il n’y a que ça de vrai.
15 Je devins humble. J’étais l’histoire et la culture.
16 J’étais la civilisation.
17 J’avais réussi à donner une bonne leçon à tout le monde sur ce qu’il ne fallait pas faire. Dans mon élan, j’écrivais les textes fondamentaux de l’humanisme.
18 Pour montrer que je m’excusais de t’avoir tuée pour l’exemple, je t’ai donnée la terre promise où coulent le lait et le miel.
19 Tout était rentré dans l’ordre.
20 Mais je repensais à toi.
21 Car en te tuant, je m’étais tué, moi. D’ailleurs, j’étais coupé en deux.
22 Je baissais la tête devant ma faute.
23 Je me connaissais mieux. J’étais violent.
24 J’avais commis la Crucifixion. J’avais commis l’Extermination.
25 J’étais mauvais. Parfois, j’étais bon.
26 Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je n’ai jamais su.
27 Qui étais-je, au juste ? L’Esprit de l’Humanité seul le savait.
28 L’Esprit de l’Humanité me connaissait mieux que moi-même
29 Et je devais partir à la recherche de qui j’étais.
30 Étais-je l’assassin, la victime, le détective, le romancier, le lecteur ou le psychanalyste ?
31 Je suis revenu sur le lieu du Crime
32 Où il n’y avait rien
33 Que des murs
34 Et le vent
35 De l’histoire.

☧4☧

1 Regarde ! Regarde ce que tu as fait ! Quoi ? Quoi ? Depuis le premier regard, Jérusalem et moi, nous nous étions entendus
2 Pour déclencher l’apocalypse.
3 Ce que j’avais fait, je l’avais fait pour me sauver
4 Car j’étais toujours déjà mort depuis l’origine.
5 Je n’avais point cessé de vénérer mes os.
6 J’avais seulement rendus mes os abstraits.
7 Je regardais sscchhwwiittzz où il y avait des murs.
8 Je philosophais. Je n’y croyais plus. Je tournais à vide.
9 Je me méfiais de la pensée.
10 La pensée cachait la vérité.
11 Pour dialoguer, je me dédoublai en m’exorcisant et Lucifer apparut.
12 Je dis à Lucifer : Éclaire.
13 Et Lucifer émit de la lumière noire.
14 Je dis à Gabriel : Ayant gouverné de Babylone à Hiroshima, comment n’éclaires-tu point Auschwitz ?
15 Alors Gabriel m’envoya la vision de l’apocalypse et je devins alchimiste.
16 Je vis ce qui s’était passé et ce qui allait venir.
17 Je suis Solican l’Alchimiste, fils de René, fils de Gaetano, fils de Paolo d’Alger, créée comptoir phénicien ; fils de Marie, fille de Myriam, fille de Dora d’Odessa, la ville nouvelle créée par Catherine de Russie.



☧5☧

1 Au commencement était le Meurtre, car le Meurtre était avec l’Homme et le Meurtre était commis par l’Homme.
2 Le Meurtre avait fondé l’Empire. Plus l’Homme niait le Meurtre, plus l’Empire s’étendait.
3 Pour commercer, il fallut écrire, alors l’homme fit l’écriture.
4 L’écriture était comme le sacré, imperturbable et hiératique.
5 Qu’on la célébrât, qu’on l’accusât, qu’on l’ignorât, l’écriture restait égale à elle-même, imperturbable et hiératique.
6 Comme à son habitude, le Meurtre revint et il fut refoulé.
7 Mais cette fois l’écriture enregistra ce qui s’était passé.
8 Un jour, comme cela arrivait parfois, un père n’eut pas le cœur de sacrifier son fils malgré le commandement des dieux.
9 Il prétendit qu’il existait un Dieu qui refusait le sacrifice, au-dessus des dieux qui l’exigeaient.
10 L’Empire le chassa, mais l’écriture l’enregistra. La première ligne de l’histoire avait été écrite. Le mythe avait cédé une ligne et cette parole ne put s’envoler.
11 Car l’Empire est d’or, mais les écrits restent.
12 L’homme eut beau célébrer, accuser, ignorer l’écriture, l’écriture restait égale à elle-même.
13 L’écriture germa, grandit et l’arbre se nomma Jérusalem.
14 Tous les empires étaient fondés sur le meurtre, sauf Jérusalem.
15 Jérusalem était fondée sur la connaissance du meurtre.
16 C’est pourquoi j’étais antisémite.
17 Plus l’homme commettait le meurtre pour le nier, plus Jérusalem le savait, imperturbable et hiératique.
18 L’empire était le criminel et Jérusalem était mon casier judiciaire.
19 Au commencement fondait le Meurtre. Au carrefour trônait la Croix. À la fin détruisait l’Apocalypse.
20 Jérusalem était la vérité, le miroir sur l’homme.
21 Les mensonges étaient les dieux, les mythes, la paix, le pouvoir, la raison, la république et l’argent.
22 La violence ne pouvait rien contre la vérité et la vérité ne pouvait rien contre la violence.
23 Seul l’amour pouvait chercher la vérité et la placer à la droite de mon père inconnu.
24 Il y avait quatre vérités : la matière, le désir, la violence et l’amour.
25 La raison refoulait le mythe et c’est pourquoi la raison était un mythe.
26 La foi sapait le mythe, la raison s’en vantait.
27 Mais la foi et la raison se regardaient dans le blanc des yeux
28 Et c’est pourquoi l’usage de la raison était d’expulser la vérité.
29 J’étais le serpent car je refusais de l’être.
30 Le meurtre était dans la pomme
31 Comme l’apocalypse était dans le meurtre.
32 La modernité mettait le désir sur le trône pour refouler le refoulement.
33 Et le désir galvanisait les foules.
34 L’humanisme fourra la guerre mondiale dans le congélateur de la société de consommation.
35 Il fit l’Europe, la guerre froide, l’humanitaire.
36 Les prophètes critiquaient les démocraties qui les honoraient de médailles.
37 Au premier craquement critique, l’édifice trembla. À la deuxième secousse fatale, il se fissura à mort, en équilibre instable.
38 À la troisième subduction tectonique, les pyramides hiérarchiques s’effondrèrent les unes sur les autres comme des dominos métamorphiques :
39 Les pauvres déferlèrent, submergeant l’armée des pays riches. Les pauvres le disputèrent aux riches qui le leur disputèrent.
40 Il y eut des bagarres, des procès, des émeutes, des massacres, des radicalisations de régime, la coupure définitive de l’électricité, la crise de l’importance et des priorités, des épidémies de schizophrénie, la dissolution des structures mentales, la guerre nucléaire et les génocides réciproques.
41 La guerre de tous contre tous n’avait pas de préférence et le tous contre un était impossible, car Jérusalem était le bouc émissaire par démonstration. La machine arrière était impossible et le mécanisme commencé avec l’apparition des espèces humaines arrivait à son terme.
42 Les violents violentaient les violents qui les violentaient
43 Et la violence gouvernait le monde. Les vivants restaient prostrés et les morts se levaient pour gémir dans la rue et voler des fruits. Les vivants
44 Et les morts devenaient identiques. L’or se changeait en sang, alimentant les fleuves de l’enfer.
45 Les pestes, les psychoses et les tueries se répandaient comme une traînée de traînées de poudre.
46 Elles ne pouvaient pas s’arrêter car les ennemis étaient devenus identiques.
47 Tout détruisait tout et tout détruisait tout.
48 L’apocalypse s’arrêtait, faute de combattants.
49 Les morts jonchaient la terre.
50 Personne n’était là pour voir ce spectacle.
51 Des souvenirs de râles mouraient au loin dans le vent.
52 Épouvanté, le résidu d’humanité n’enfanta plus
53 Et l’espèce s’éteignit.
54 Les forêts repoussèrent.
55 Les animaux revinrent dans la forêt. L’océan accueillit de nouveaux poissons.
56 Les oiseaux se remirent à chanter et la vision s’acheva.

☧6☧

1 Moi, empereur, persécuteur, repenti, fou et sage, je suis devenu l’humanité.
2 Toi, persécutée, immuable, sage et folle, tu es demeurée l’humanité.
3 Tous les chemins menaient à Jérusalem.
4 J’avais rendu à César ce qui était à César. J’avais rendu à Dieu ce qui était à Dieu.
5 Je devais rendre l’humanité à l’humanité.
6 Je marchais sur la terre.
7 Je ne voyais plus rien.
8 Dans les ténèbres dansaient de cosmiques lucioles.
9 Du fond de mon puits
10 D’ignorance, j’apercevais l’étoile qui me guidait ; c’était la plus petite ; c’était la plus discrète.
11 Je traversai les mers, les montagnes et les gouffres.
12 Je t’aperçus. Je vins à toi. J’entrai dans ta cité.
13 Je me rendis au centre.
14 Sur le crâne, je n’ai pas vu la croix. Pourquoi ?
15 Je suis venu, j’ai vu, mais je n’ai point vaincu.
16 Alors je me mis à prêcher ce que tu avais prêché à mon adresse pour que mes os se couvrissent de chair, de peau :
17 Jérusalem, pourquoi fais-tu la guerre ? Pourquoi me blesses-tu ?
18 Toi, si divine, à présent, trop humaine. À mon tour de parler.
19 Quitte tes pierres, envole-toi dans l’air jusqu’à moi et pénètre dans mon cœur où se trouve Jérusalem.
20 Quand je sus qui tu étais, je sus qui j’étais. Te connaître, c’est me connaître.
21 Je suis l’homme et tu es la lumière. Tu me manques. Je ne vois rien sans toi.
22 Jérusalem, petit oiseau des champs, grandiose porte du ciel ; tu es le cœur de l’humanité.
23 Ne suis-je pas l’humanité
24 Que tu as faite ? Ne suis-je pas
25 Ton second fils ? Viens.
26 Je veux le croire.
27 Il faut le croire pour le voir.
28 Accueille ma violence dans ton cœur comme je t’accueille
29 Dans mon cœur.
30 Les ennemis ont tué leurs cœurs et je suis le cœur.
31 Je suis l’archibouc émissaire de ce monde.
32 Quand tu seras mon cœur, je deviendrai celui que je suis, car je suis celui qui est.
33 Entends ce que tu m’as dit : l’Amour est contagieux.
34 Donne Jérusalem à ton ennemi.
35 S’il se plaint de n’avoir pas assez, donne plus qu’il ne réclame.
36 Donne encore et encore jusqu’à ce qu’il cesse ses plaintes. Je suis riche.
37 À quoi bon la richesse si ce n’est pour la donner aux pauvres ?
38 Déclenche le déluge d’amour qui recouvre la terre jusqu’au dernier coin où le malheureux gémit. Quand il sera submergé,
39 L’archibouc émissaire deviendra l’archange d’Amour
40 Et l’homme deviendra humain.
41 Les guerres mondiales deviendront les Jeux Olympiques.
42 Les églises deviendront des salles de concert.
43 L’argent deviendra le moyen.
44 Le pouvoir deviendra philosophe.
45 Nous prendrons soin du royaume de la matière. Nous aimerons la nature.
46 La nature sera la matière et l’esprit sera le père.
47 Il y aura le Jardin d’enfants et il y aura le Jardin des Hespérides.
48 Les adolescents sortiront du Jardin d’enfants, forts de l’histoire du monde, pour refaire le chemin atavique jusqu’aux Hespérides
49 Où se trouve l’arbre des songes aux oranges d’or, gardé par le dragon Ladon qui parle cent soixante langues.
50 Par l’intelligence, nous dompterons Ladon et par la foi, nous goûterons à l’immortalité. Amen !

☧7☧

1 Tu t’es donnée à l’ennemi par amour pour lui, par respect pour les morts. Tu t’es sacrifiée et ton peuple s’est dispersé aux quatre coins du globe. Tu n’existes plus que par toi-même.
2 Tu t’es arrachée à tes pierres et tu as volé jusqu’à moi chargées de pierres. Tu es entrée toute armée dans mon âme. Tu as pris la place de mon cœur. Mon cœur n’est plus de pierre. Les temples ne sont plus de pierre. Les pierres sont devenues vivantes, car tu es la Vivante et je suis le Sauveur. N’est-ce pas l’inverse ?
3 La Nature est retournée à la Nature. L’esprit plane sur Jérusalem donnée. La sainteté règne sur le monde. Le monde n’a pas disparu dans une guerre nucléaire.
4 Depuis la nuit des temps jusqu’à l’aube de l’ère nouvelle, j’ai été ton temple comme tu as été le mien.
5 Je suis le vrai temple dans le temple. Tu es le temple de mon cœur.
6 Chargés d’histoire, chargés de pleurs, chargés de sang sont les temples de pierre.
7 L’empire est triste comme les gravats de pierre.
8 J’ai quitté l’empire de pierre pour un empire d’Amour
9 Car la vérité est plus forte que le réel. Je ne comprends pas ce qu’est la violence. Je n’ai jamais su ce que c’était. J’étais en enfer et je suis monté à l’air libre tandis que tu descendais du ciel. Nos noces sacrées nous ont rendus sacrés.
10 Les plans de notre palais de cristal qu’irisent des faisceaux d’alléluias,
11 Je construis ce palais par le haut, car je suis et le rêveur et l’architecte.
12 Par toi, Jérusalem, je suis devenu l’humanité. Par moi, l’Humanité, tu es devenue l’Archange et l’exemplaire.
13 Je suis comme le colosse de Rhodes.
14 Je tiens dans ma main gauche ouverte la foi.
15 Je tiens dans ma main droite fermée la raison disciplinée.
17 Par Lucifer-Ladon, je comprends toute langue, vivante et inconnue.
18 Par la foi, je trouverai le mot d’amour
19 Et je le dirai, car je suis alchimiste :
20 L’amour soit mon compagnon de voyage ! L’amour soit mon compagnon de voyage !
21 Je dirai en paroles un milliard de fois je t’aime.
22 Je dirai en actes un milliard de fois je t’aime.
23 De ma science infuse s’élèvera la dernière prière, qui fusionne toutes les prières dites au cours de l’histoire de l’humanité.
24 La prière suprême virevoltera vers le bleu ciel
25 Comme la fleur du printemps,
26 Comme la feuille d’automne
27 Qui tombe vers le haut.
28 Le Messie la recevra
29 Et redescendra du ciel. 
30 Il verra de mon cœur l’amour qui éclaire le monde
31 Préparé pour accueillir Son retour.
32 Il déposera dans ma main ouverte la Clef de la Porte de l’Empire d’Amour.
33 Je m’agenouillerai devant Lui en versant un nombre innombrable de larmes
34 Et alors il prononcera le mot d’amour,
35 Le mot d’amour que j’attendais
36 Depuis l’aurore du temps,
37 Depuis mon premier cri,
38 Depuis ma première guerre,
39 Depuis mon premier traité,
40 Depuis mon premier suicide,
41 Depuis ma prison de fer,
42 Depuis mon espérance,
43 Depuis mes briques, depuis mes bombes,
44 Le seul mot d’amour possible :
45 Tu es un bon serviteur.


Hors ligne Mythesilenne

  • Tabellion
  • Messages: 57
Re : Séquence du Verbe de l’Arrivée de l’Empire d’Amour
« Réponse #1 le: 12 avril 2024 à 13:43:26 »
Waouh! Un texte très puissant! Dès le début on comprend bien les références à la bible avec les numéros et les *** fils de ***... très courants dans l'ancien testament.
Tu pourrais nous donner un peu de contexte et nous en dire un peu plus sur ce qui t'a poussé à écrire ce texte?
Personnellement, cela m'aiderait à mieux le comprendre.

Hors ligne SablOrOr

  • Calligraphe
  • Messages: 138
Re : Séquence du Verbe de l’Arrivée de l’Empire d’Amour
« Réponse #2 le: 12 avril 2024 à 20:50:41 »
Bonsoir Arsinor,
Ta fresque stratosphérique est à mes sens une grande déclaration d'amour. Cela me parle des forces de l'univers, de naissance, de descendance, de conquête, d'apprentissage de l'amour, d'une humanité qui se débat (je crois)...
J'aurais pu titrer ' Vers l'Humble', cela serait allé (pour moi) plus directement au fait.
J'ai aimé la grandiloquence 'Archi'-mégalo-rêveuse du personnage principal et les échos des dieux qu'elle nous laissait entendre.
Les aventures épiques que j'ai cru lire ici, rares, fourmillent de notes acides, pour le plaisir de lire et se confondre dans le magma créatif que tu nous fournis généreusement.
Un chapitre 8 à venir ?
To be continued...
SOo :)
"Aimer quelqu'un c'est le lire". Christian Bobin.

Hors ligne Arsinor

  • Aède
  • Messages: 199
Re : Séquence du Verbe de l’Arrivée de l’Empire d’Amour
« Réponse #3 le: 12 avril 2024 à 23:37:41 »
Waouh! Un texte très puissant! Dès le début on comprend bien les références à la bible avec les numéros et les *** fils de ***... très courants dans l'ancien testament.
Tu pourrais nous donner un peu de contexte et nous en dire un peu plus sur ce qui t'a poussé à écrire ce texte?
Personnellement, cela m'aiderait à mieux le comprendre.

Bonjour Mythesilenne :-) Merci pour ton intérêt, j'ai écrit ce texte dans les années 2000. J'ai été frappé par la pertinence d'un anthropologue du nom de René Girard qui, notamment, réhabilite le christianisme. J'ai même eu une crise de psychose et je suis allé à l'hôpital psychiatrique à cause de cela !

En ce qui concerne la révélation évangélique (=prêche + crucifixion), nous dit Girard, l'humanité a basculé dans un monde de violence, potentiellement un monde qui peut s'autodétruire. Pour Girard, la modernité commence avec Jésus alors que pour les intellectuels universitaires d'aujourd'hui, c'est en se débarrassant du christianisme qu'on devient moderne. Toujours est-il qu'on peut éviter la destruction du monde par la pratique des valeurs chrétiennes devenues depuis longtemps les valeurs séculaires : responsabilité, pitié, dialogue, montrer l'autre face, morale. Ce qu'on connaît par coeur déjà... sans l'attribuer au christianisme.

Dans ce texte, j'ai voulu montrer le rapport entre Jérusalem, les juifs, les victimes, la Jérusalem (relativement) plus réelle, et un JE encore plus polymorphe et qui désigne le pouvoir du moment ("l'empire").

Hors ligne Arsinor

  • Aède
  • Messages: 199
Re : Re : Séquence du Verbe de l’Arrivée de l’Empire d’Amour
« Réponse #4 le: 12 avril 2024 à 23:44:28 »
Bonsoir Arsinor,
Ta fresque stratosphérique est à mes sens une grande déclaration d'amour. Cela me parle des forces de l'univers, de naissance, de descendance, de conquête, d'apprentissage de l'amour, d'une humanité qui se débat (je crois)...
J'aurais pu titrer ' Vers l'Humble', cela serait allé (pour moi) plus directement au fait.
J'ai aimé la grandiloquence 'Archi'-mégalo-rêveuse du personnage principal et les échos des dieux qu'elle nous laissait entendre.
Les aventures épiques que j'ai cru lire ici, rares, fourmillent de notes acides, pour le plaisir de lire et se confondre dans le magma créatif que tu nous fournis généreusement.
Un chapitre 8 à venir ?
To be continued...
SOo :)


Merci pour ta lecture... tu as bien compris que c'était une fresque et une déclaration d'amour. Peux-tu préciser le titre que tu aurais mis ?
Mégalo eh oui ! Je ne me suis pas beaucoup forcé, je dois avouer  :D
Le texte est terminé en principe, il part du passé et va jusqu'au dernier jour de l'humanité, lorsque le Messie revient.

Hors ligne SablOrOr

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Re : Séquence du Verbe de l’Arrivée de l’Empire d’Amour
« Réponse #5 le: 13 avril 2024 à 04:47:08 »
Re Arsinor,
Je pensais à ce titre car tu pars d'une grandeur démesurée pour finir serviteur, cela me semble être ainsi un parcours vers l'humilité. Et puis il y aurait le mot "vers", qui peut être préposition ou nom commun, tout comme 'l'humble' pourrait être un être vivant ou un état, ce qui évoque les couches superposées de ton écrit, qui n'est pas en vers (il me semble) mais qui en a l'emphase.
Je te taquinais pour la suite...
Bravo.
« Modifié: 13 avril 2024 à 04:52:19 par SablOrOr »
"Aimer quelqu'un c'est le lire". Christian Bobin.

 


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