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19 avril 2024 à 08:14:08
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » [Théâtre] Enée (1)

Auteur Sujet: [Théâtre] Enée (1)  (Lu 4075 fois)

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[Théâtre] Enée (1)
« le: 07 janvier 2020 à 22:38:52 »
Trop se fait

Aga- Ne me regarde plus. Là voilà, par terre, nul part. (temps) C'est encore pire.
Obsi- Mais non, là je tombe sur nul part.
Aga- Tu tombes... (Elle rit)
Obsi- Non je suis. Je suis sur le carrelage, je ne fais rien d'autre que chasser les parallèles.
Aga- Tu appelles ça nul part ?
Obsi- Mes parallèles... Ca ne fonctionne pas.
Aga- Parce qu'elles ne partent pas ou qu'elles ne sont pas là ?
Obsi- Elles s’obstinent à faire des angles droits.
Aga- Arrête, je t'ai dit que c'était encore pire. Voilà, dans mes yeux tu n'iras nul part. Tu es moins beau quand tu me regardes.
Obsi- Tu es moins belle quand je ne te regarde pas.
Aga- Arrête, c'est déjà suffisamment difficile comme ça. (temps) J'ai dit non. Non ! Ton silence est trop bavard.
Obsi- Alors tu me bazardes.
Aga- Oui, continue à parler la surface, à regarder la surface comme tu le fais. Concentré sur moi tu es moins toi. Moins beau, moins drôle, moins intelligent. Bavard, bazar... Je n'ai jamais rien entendu d'aussi médiocre. Tu auras beau battre des paupières jamais tu ne battras ce que tu as été. A mes côtés tu dois être bas, bas et m'écouter.
Obsi- Tu comprends, je ne peux survivre à ce que tu es. Car tu es tout ce que je ne peux pas.
Aga- Je n'arrive pas à savoir si ton ironie entre dans les catégories du sublime. Je suppose que oui puisqu'elle provient de toi. Mais alors... Ciel.
Obsi- Et moi Obsi.
Aga- Tu as mis du maquillage ou c'est le soleil qui...
Obsi- Est un joli miroir ? Gratte ma peau, la véritable est noire.
Aga- Fais une grimace pour voir. Oui, le nez aplati comme ça, débrouille toi pour que ces narines remplacent tes joues. Il y aura forcément du moins beau que l'autre, que l'ancien, que le nouveau, qui dégraderas à terme le présent. Écrase je te dis.
Obsi- Tu as entendu ? L'os vient de se fracturer.
Aga- Vas-y tu peux faire un jeu de mot avec facture.
Obsi- Vroum vroum
Aga- Mon dieu tu es sublime. Lâche ton nez. Il est tout rouge.
Obsi- Tout est rouge ou est-ce le rouge qui l'est ?
Aga- Si j'avais su que tu étais fils de cette couleur, jamais je ne t'aurais demandé de te gratter le nez.
Obsi- Tu devrais te gratter la tête.
Aga- Tu devrais me regretter.
Obsi- Il faudrait que tu partes mais tu ne pars pas. Le mot de sublime est coquetterie chez toi. Je ne le suis pas...
Aga- Bien-sûr... Toi... fausse dentelle. (Elle rit)
Obsi- Les vraies dentelles aveuglent leurs amies. Il n'y a même pas de larme dans tes yeux.
Aga- (elle hurle en pleurant en se débattant au risque de la mort) Tes armes !
Obsi- Pardon pardon ne meurs plus Aga. Je vais mourir pour toi. Non pardon, je ne voulais pas dire ça. Je vais tomber pour toi. Regarde je me gratte les cheveux. Et la solution sourit sur mes ongles. Je l'ai, notre linceul, elle tient en un mot, un anagramme, un préfixe de gramme.
Aga- Gras... (elle pleure encore) Grossis mon sublime, ce ne sera jamais suffisant. Au contraire, j'aurais tant de nouvelles peaux à chérir. De mes propres yeux je te verrais déborder de toi, alors que parfois j'arrive à oublier ton au-delà, lorsque simplement je te vois, si maigre mais si, mais si...
Obsi- Voyons, le gras dans le cou, sur les joues... Ceux qui roulent ne peuvent que roucouler, c'est ce qu'on disait pas vrai ? Ceux qui coulent ne sont pas cools ! Oh Aga, arrête de te couper les bras je t'en supplie. Et puis ce rouge là il ne te vas pas.
Aga- Je me coupe les bras pour oublier que tu n'es pas bas, que tu ne peux pas être bas. Je me concentre ailleurs qu'en toi, je badine... Mais ça ne fonctionne pas. Ton sublime reste au-delà de ma douleur.
Obsi- Prends mon visage alors.
Aga- Tu veux dire peins mon visage ? Nous avons déjà essayé. Même le vert, couleur pourtant bien dégoulinante, servirai ton teint.
Obsi- Perds mon visage. Chirurgie si tu le veux.
Aga- Une rhinoplastie coûte plus de 4000 euros.
Obsi- J'ai 1000 euros sur mon compte en banque.
Aga- Moi 2999.
Obsi- Prête moi ton couteau.
Aga- Pour écrire un maux.
Obsi- Non je ne veux plus, j'ai peur d'être moche, d'avoir mal... (Aga le défigure avec le couteau) C'est comment ?
Aga- Ca commence. (Elle continue de lui entailler le visage) Je peux te courber le nez ?
Obsi- J'aimerais qu'il soit à la place de mon menton. Que je puisse respirer dans le cou des gens lorsqu'ils disent bonjour.
Aga- J'ai mal fait mon calcul, ta lèvre inférieure est de trop. A moins que oui... tu as le sourcil si discret qu'il m'avait échappé. A la verticale, pour qu'il soit parallèle.
Obsi- Je suis ton tableau.
Aga- Mais ce n'est pas moi l'artiste.
Obsi- Ne me dis pas que je suis sublime.
Aga- Tu es stupide.
Obsi- Ça ne fonctionne pas.
Aga- Je me recroqueville, le sublime oblige ceux qui le savent à laisser leur visage s'entretuer. Je disparais sous moi face à toi.
Obsi- Pas une ride, mais ton sourire pleure. Arrache moi la tête. (Elle lui arrache la tête)
Aga- Un bout d'épaule est restée attachée. J'y enfouis mon visage, et tes doigts apaisent mes cheveux. Si seulement la frange était descendue jusqu'aux cernes, nous aurions été sauvés.
Obsi- Mais tu me vois.
Aga- Sans cordes vocales, il continue de chanter.
Obsi- Tu disais que je chantais faux.
Aga- Je me vengeais.
Obsi- Je gagne encore, pourquoi n'accepte tu pas de gagner ?
Aga- Pourquoi n'accepte tu pas de gagner ? Ton visage me soupire encore : je ne suis pas un dieu. Mais il n'y a que les dieux qu'on gifle.
Obsi- Il y a un trucage, les magiciens balancent de l'oxygène dans la boîte.
Aga- Ce n'est pas un masque, ce n'est pas qu'un masque.
Obsi- Que fais mon corps ?
Aga- Il nous regarde.
Obsi- Je vais me masturber.
Aga- Je t'ai coupé le sexe, les doigts, les fesses.
Obsi- Séparément, les parties de mon corps sont-elles encore plus sublimes ? Alors, est ce que c'est possible de dépasser ce qui dépasse déjà ?
Aga- Fidèle au sublime. (temps) Attends mais tu viens de... d'être... Prétentieux ? Suis-je bête, ce n'est qu'un de tes masques qui s'amuse à se prétendre toi. Non, c'est toi qui t'amuse à te prétendre eux. Pour me libérer évidemment. Je te félicite, me voilà esclave à jamais. Fidèle au sublime.
Obsi- Laisse moi partir.
Aga- Jamais, jamais haine tu ne pourras susciter, jamais loin, jamais mien
Obsi- Je te hais.
Aga- Et moi reconnaissante car consciente. Je suis condamnée et te condamne à mentir pour m'aider.
Obsi- Aga je crois que tu parles à ma nuque. J'ai perdu tes yeux de vue.
Aga- Ils sont sous tes pieds. Fais quelques pas... Tu vois.
Obsi- Je ne vois le monde qu'à cloche pieds, par rebond. Ce ne sera jamais redondant.
Aga- Tes bras viennent de devenir mes écharpes. Jamais plus tu ne pourras écrire les mots qui font crever mes allures. Je ne te condamne à rien.
Obsi- Tu arraches mes paupières
Aga- Mais les rêves se poursuivront à la lumière.
Obsi- Pardon mon humaine.
Aga- Obsi. Je viens de découper ta bouche en morceaux. (Elle pleure encore) Mais ton nez... ton nez qui respire, que j'entends que je vois que je sais respirer, je ne peux lui empêcher les parfums. Et tous ces murmures que je ne suis pas.
« Modifié: 30 novembre 2020 à 16:38:47 par Claudius »

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Enée (2)
« Réponse #1 le: 11 janvier 2020 à 21:46:50 »
Autant t'y citer

Aga- Qu'est ce que tu fais ? Tu t'habilles ?
Obsi- Tu ne voulais pas qu'on aille marcher ?
Aga- Besoin de prendre l'air, oui. Et puis te regarder marcher. Tout nu s'il te plaît.
Obsi- Je ne serais pas plus vrai au prisme de l'horizon.
Aga- Ne me dis pas que tu contrôles tout.
Obsi- Nous ne serions pas amis sinon.
Aga- Cela ne change rien, ton triomphe confirme mon amour. Quoi que tu sois mes exigences s'adaptent à toi. Même si toi même, tu es adapté.
Obsi- N'importe quoi.
Aga- Mais te voir t'habiller c'est trop pour moi. Aujourd'hui j'ai envie de croire que tu ne te représentes pas. Je te retire le droit des formes.
Obsi- Tu sais ma peau...
Aga- Je la sais.
Obsi- Est bien plus artificielle que ces savates.
Aga- Elles sont toutes neuves pourtant
Obsi- Figure toi que ma peau aussi.
Aga- Ah oui ? Tu la contrôles cette ride sur cette joue ?
Obsi- Puisque je choisis mon sourire.
Aga- Et tu pourrais la faire passer de droite à gauche ? Changer sa couleur ? Sa texture, sa taille ?
Obsi- En deux coups, de pinceau, de ciseau, de faisceau, je réfute tes arguments. A quoi bon marcher nu si je n'en suis pas moins hypocrite ?
Aga- Te voir en proie à autre chose que moi, que toi, s'il te plaît.
Obsi- A quoi bon te dire non puisqu'il me faudra répéter. Un oui n’amènerait rien de nouveau.
Aga- Et si je te disais... que ta nudité susciterait mon mépris ? N'est-ce pas de nouveau que cet envers de dévotion ? Grâce à l'envers de décoration.
Obsi- Avec toi le mépris lui-même est une exigence.
Aga- Bien-sûr que non. Si tu crois que je te désire médiocre...
Obsi- Alors pourquoi s'obstiner à m'arracher ces savates ?
Aga- Pour te prouver que je t'aime par delà ce que tu sais de mon amour et de l'image confectionnée en vue de le satisfaire. Pour t'aimer va-nu-pieds, par delà mes rêves de couronnes.
Obsi- Mais si mon ridicule demeure luxe ? Si tu en viens à désirer cette médiocrité, qui creuse un abîme entre mon image et tes présages ?
Aga- On recommencera autrement.
Obsi- Mettons que ça marche. Comment m'assurer, qu'après m'avoir perçu si replié, tu ne suivras pas la fuite ?
Aga- Impossible. Le ver de terre nourrit les rois, toi tu nourris de toi. Une déficience ne fait pas le poids sur la balance de l'héritage.
Obsi- Mais nous ne nous connaissons que depuis...
Aga- Tu oublies les rêves.
Obsi- Tu ne me les racontes jamais.
Aga- Narcissique tu finirais par te laver les dents sur le robinet de ma parole. Sur ton orgueilleuse arrivée il s'assécherait.
Obsi- Parce que tu me crois capable de grosse tête tu ne me les racontes pas.
Aga- Mais non, je ris, c'est ironie. Tes têtes rentrent dans la mienne. Le rêve déborde moins que le réel. J'aurais honte de te les présenter.
Obsi- Juste un.
Aga- Sur 8 milliards de visages aucun ne ressemble au tien. Dans le rêve leurs masques, ceux des autres je veux dire, se gondolaient. Voilà.
Obsi- Juste un.
Aga- Sur 8 milliards de visages aucun ne ressemble au tien. Dans le rêve leurs masques se consolaient.
Obsi- En parlant d'eux... Si pour prétexte de mon refus je prends la honte, y crois tu ?
Aga- C'est une question piège.
Obsi- Tu ne me poses pas la question.
Aga- Par élimination, je te crois. Mais sans feindre l'étonnement. (elle est étonnée) Tu ne te souviens pas quand...
Obsi- Il ne s'agissait pas de satisfaire un caprice.
Aga- Parce que tes costumes ne sont pas caprices ?
Obsi- Si. Puisqu'ils se savent ainsi, pourquoi chercher les preuves ?
Aga- Ils se revendiquent... sans prêter serment. Mais alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu te déguises avec moi ?
Obsi- Je n'aime pas ce mot.
Aga- Déguisement ou costume ?
Obsi- Ce sont les mêmes.
Aga- Ah non !
Obsi- Tu me laisses parler ?
Aga- Pas la peine je le connais ton mot. C'est représentation. On l'a dit mille fois.
Obsi- Non, conjugaison.
Aga- Mon mot à moi est. Est ce qui est. Absolu. Tout ce que tu n'es pas à force de te maquiller.
Obsi- L'absolu est périmé depuis son ouverture.
Aga- Et toi tu gigotes pour ne pas l'être. Même la nuit tu finis hors de lit.
Obsi- Quand tu dors avec moi on dirait un cercueil.
Aga- Si seulement tu revêtais en ma présence le linceul de tes solitudes.
Obsi- Tu m'as déjà espionné ?
Aga- Immobile, saisie d'un long étonnement je t'ai laissé passer dans ton appartement
Obsi- C'était moi l'immobile ?
Aga- Je l'étais également, accrochée au lustre.
Obsi- J'étais beau ?
Aga- Tu n'étais rien du tout, ou tout à la fois. On existe pas dans le regard mais quand on sait le regard.
Obsi- Si tu m'as déjà vu hors de moi, pourquoi recommencer ?
Aga- Tu n'as pas levé les yeux. J'aimerais te regarder lutter pour retourner en toi.
Obsi- Je ferais comme si tu n'étais pas là.
Aga- Mon œil.
Obsi- Bleu sans pupille.
Aga- Gigote, gigote, jusqu'à ce qu'on t'y oblige.
Obsi- Mes soumissions n'auront ni prétentions ni prétentions. Je ne gigoterais plus et tu m'aimeras moins.
Aga- Et je t'aimerais mieux.
Obsi- Je ne revendiquerai rien. Je ne revendique plus.
Aga- Mais là tu revendiques.
Obsi- C'est pour le lecteur.
Aga- L'image boit au gré des saisons ses nouvelles couleurs. Tout ce que tu fais, tu le fais hors de toi. T'entendre dire les mots revendications, représentations ne change rien à ce que je sais : tu es. Dans le non, le oui, ailleurs qu'en ton tout.
Obsi- Tu...
Aga- L'ombre est obligatoire au portrait des anges.
(temps)
Obsi- Tu as compris ?
Aga- Si j'ai compris ? Tu démentirais, tu ne peux que démentir si je suis dans le vrai.
Obsi- Je ne suis pas un ange.
Aga- Tu es un absolu.
Obsi- Maintenant, dois-je me mettre nu ?
Aga- Tu sais bien qu'avec toi ce qui doit être peut être, l'avenir n'est qu'un oracle. Alors c'est comme tu veux.
Obsi- C'est comme tu veux. (temps) Tu te déshabilles ?

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Re : Enée (1)
« Réponse #2 le: 11 janvier 2020 à 23:46:03 »
Bonjour qui que tu sois,
les suites se postent à la suite du post initial, merci de poster (3) (4) et compagnie dans ce fil

Édit : ton sujet a été déplacé dans la section théâtre puisque visiblement il appartient à ce genre. Cyamme
« Modifié: 12 janvier 2020 à 18:52:48 par cyamme »

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Re : Enée (1)
« Réponse #3 le: 12 janvier 2020 à 20:03:05 »
Franchement, j'ai du mal ! A vrai dire, je ne vois rien de théatral dans ce dialogue et je me demande si tel est vraiment le soucie de l'auteur.
cent fois sur le métier...

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Re : Enée (1)
« Réponse #4 le: 12 janvier 2020 à 21:22:17 »
Hellian,
J'entends ce que tu dis et parfois le ressens moi aussi, lorsque je me relie. Par contre m'ôter le qualificatif de théâtral me paraît injustifié. Qu'entends tu par théâtre ? Agon ? Deux personnages, je coche la case. Action ? Il me semble que l'un finit par perdre sa tête (au prix des nôtres) Émotion ? Au creux des démonstrations : révoltes et larmes, cœur et âmes.  Corps ? Certes les didascalies sont rares, je baptise vos cerveaux de théâtres. Nous pourrions continuer longtemps les points d'interrogations. Car je ne les mets pas sur les i et serais ravie d'approcher ta fuite,
A très vite, à toute suite

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Re : Enée (1)
« Réponse #5 le: 13 janvier 2020 à 22:02:38 »
eh bien,  j'entends par "théâtre", l'exposé jubilatoire dans un espace restreint mais symboliquement illimité d'une action construite sous forme de dialogues, d'expressions et de gestes, contribuant à l'élaboration d'une histoire  dont le développement obéit à une certaine  cohérence..; Or, dans votre texte, je ne ressens pas cela. J'ai plutôt le sentiment d'un récit  fastidieux dépourvu d’émotion . Avez-vous imaginé la mise en scène de ces séquence  et mesurer l'ennui qui en découlerait ? auriez-vous envie d'assister à un tel spectacle.  Si non, changez de style. L'envie de se voir représenté est un excellent critère

Pardonnez les erreurs orthographiques résultant d'une reconnaissance vocale que je ne peux corriger en raison de ma malvoyance.
cent fois sur le métier...

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Re : Enée (1)
« Réponse #6 le: 13 janvier 2020 à 22:37:49 »
Ciel Hellian, votre définition du théâtre paraît bien restreinte.
Croyez-vous que Vladimir et Estragon "exposent" ? Qu'Andromaque "jubile" ?
Dans le Prologue d'Henry V, Shakespeare a bien conscience que les champs de bataille ne sauraient entrer dans cet "O de bois", cet "espace restreint". Il fait donc appel à l'imagination des spectateurs afin de pallier à ce manque. D'ailleurs tout manque (de cohérence par exemple) ne signifie t-il pas - n'est-il pas "symbole illimité" ? Comment peut-on allier, sans nuire à l'authenticité, cohérence de la structure, du développement, etc... (bel animal aristotélicien) avec les trébuchements, les absurdités de nos existences ? (d'ailleurs pourquoi obliger le théâtre aux existences ?)
On pourrait encore remettre en question avec Koltès (La nuit juste avant la forêt) les notions que vous évoquez de "dialogue", avec Winnie (enterrée jusqu'au cou) celle de "gestes", avec Arlequin (qui porte un masque figé) celle d'"expression"... Mais je n'ai pas prétention à Claude Régy, au contraire je trouve ce récit particulièrement vivant et coloré. Dépourvu d'émotions ? Si pour vous l'émotion est un mot, immobile de substance, alors vous avez sans doute raison. Mais ma gorge et mes étymologies me suggèrent plutôt qu'émotion est avant tout "mouvement", et qui dit mouvement entends contradictions, contractions, tractions, actions. Têtes coupées et nudité.
Mais à vous dire la vérité, ces minuscules épopées n'ont pas vocation d'êtres incarnées ; car (ta-dam !) elles le sont déjà ! Évidemment se sont mêlées quelques rêveries supplémentaires, mais l'essentiel de la trame a été joué. Je me suis contentée de souvenirs.
Ne vous en déplaise je continuerais cette autobiographie (représentation fictive de présences réelles) puisqu'elle me plaît follement. De nombreux épisodes sont à venir par ailleurs, j'attends seulement que mes mains cicatrisent
J'embrasse mes fans silencieux, sur tous les fronts,

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Re : Enée (1)
« Réponse #7 le: 13 janvier 2020 à 23:50:42 »
Vous pouvez difficilement refuser de la jubilation  à Shakespeare ,  Ionesco , Beckett ou Molière et quelques autres. A vrai dire lorsque j'évoque la dimension jubilatoire du théâtre, c'est de l'intensité vitale  dont,je parle d'une force  qui, venue de la scène, emporte le spectateur et lui donne le sentiment d'un voyage dans une riche contrée de son âme. Qu'importe que l'histoire soit tragique ou vaudevillesque , ce qui compte c'est, pour moi, ce soulèvement de l'esprit qui rend le simulacre plus vrai que la vie elle-même. Quant à la cohérence que vous me disputez,, elle ne réside pas nécessairement dans le récit  mais dans le phénomène théâtral  et la façon dont il est relaté. Maintenant, si  cette écriture vous convient,  continuez, cela ne me dérange pas. Tolèrez toutefois que je vous fasse connaître mon avis, quand bien même ne serait-il pas louangeur.
cent fois sur le métier...

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Re : Enée (1)
« Réponse #8 le: 14 janvier 2020 à 01:33:27 »
!
Je suis parfaitement d'accord avec tout ce que vous venez de dire (des lignes 1 à 4) - le point d'exclamation est la cravate d'un merci

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Re : Re : Enée (1)
« Réponse #9 le: 07 février 2020 à 20:27:52 »
eh bien,  j'entends par "théâtre", l'exposé jubilatoire dans un espace restreint mais symboliquement illimité d'une action construite sous forme de dialogues, d'expressions et de gestes, contribuant à l'élaboration d'une histoire  dont le développement obéit à une certaine  cohérence..; Or, dans votre texte, je ne ressens pas cela. J'ai plutôt le sentiment d'un récit  fastidieux dépourvu d’émotion . Avez-vous imaginé la mise en scène de ces séquence  et mesurer l'ennui qui en découlerait ? auriez-vous envie d'assister à un tel spectacle.  Si non, changez de style. L'envie de se voir représenté est un excellent critère

Pardonnez les erreurs orthographiques résultant d'une reconnaissance vocale que je ne peux corriger en raison de ma malvoyance.

Il semblerait que votre définition est avant tout l’expression d’un goût et à ce titre se rapproche plus de l’exemple que de la définition. Je crois qu’il faut laisser au texte l’occasion de produire sa réalité de genre et non l’étouffer avec des grilles de lecture qui n’en peuvent rien dire.
 Je trouve que ce dialogue fait un effort très subtil pour tenir et se poursuivre.

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Re : Enée (1)
« Réponse #10 le: 08 février 2020 à 19:57:15 »
J'ai relu avec patience et bonne volonté, je vous l'assure, mais désolé, ça ne marche pas, en tout cas pour moi. Mais vous avez bien raison d'avoir une haute idée de votre texte.
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Re : Enée (1)
« Réponse #11 le: 09 février 2020 à 09:47:03 »
Hellian,
Ma "haute" idée de ces "textes" est à la même altitude que ma considération pour un Purgatoire : entre ciel et terre, nul part ailleurs
Croyez-moi, si je les défends becs et ongles ce n'est que parce-que les attaquer est injuste. Puisqu'ils n'ont pas vocation d'anges

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Re : Enée (1)
« Réponse #12 le: 09 février 2020 à 11:27:57 »
                                                                                        ?


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Re : Enée (1)
« Réponse #13 le: 20 février 2020 à 01:06:34 »
Enée (3) - La croix ne porte sur ces deux lignes qu'un

Obsi- Regarde comme ce tableau est joli
Aga- Plus ou moins que moi ?
Obsi- Tu bouges trop pour l'être
Aga- Je bouge trop ?
Obsi- Pas qu'ici d'ailleurs
Aga- Les immobiles remportent les suffrages : on aura tout vu
Obsi- Avec les dieux on peut tout voir
Aga- Ils se laissent faire les imbéciles, et de « beaux » gratifiés n'améliorent pas leurs charmes
Obsi- Tu es vexée ?
Aga- De ce que tu préfères les cadavres ?
Obsi- Tu es vexée.
Aga- Regarde comme ce tableau est joli
Obsi- C'est le plus joli !
Aga- Je vais te tuer.
Obsi- Les dieux ne manient pas le miroir
Aga- Jamais tu ne me verras déesse.
Obsi- Quand tu dors tu es si... oh si jolie
Aga- Tu ne me verras plus jamais dormir, blêmir, mourir...
Obsi- J'aimerais voir ça
Aga- ...Jusqu'à ce que tes critères du joli se modifient
Obsi- Comme tu es jolie quand la réplique se finit, et que tu penses à la suivante
Aga- Je ne veux pas être ce joli
Obsi- Quand la mienne instaure un creux de silence
Aga- Tu ne m'encadreras pas je vais parler parler parler parler
Obsi- La répétition te va bien : elle fige
Aga- Pardon la claque est partie seule.
Obsi- Les dieux non plus ne contrôlent pas leurs mouvements, tu vas finir par leur ressembler...
Aga- Les dieux ne contrôlent pas leur dieu ? Les statues ne décident pas la pierre ?
Obsi- Je te hais animale
Aga- Attention à la seconde claque
Obsi- Je vais me baisser pour l'esquiver
Aga- D'autres suivent : tu ne me photographies pas tralalala
Obsi- Elle me frappe, sos sos !
Aga- Il m'empaille je braille et me débraille !
Obsi- Ouille ouille ouille !
Aga- Nous sommes dans une musée, bâillonne tes larmes
Obsi- Je n'ai de mon joli que le silence
Aga- Je lui ai mis mille poings dans le ventre
Obsi- Un homme est handicapé à côté de moi
Aga- Je l'esquive et poursuit mon qui-vive d'escrime
Obsi- Il me regarde perdre la face
Aga- Tu ne te défends plus, mes chorégraphies vont t'abîmer
Obsi- Il me regarde ne plus pouvoir te regarder
Aga- Arrête de te regarder
Obsi- Tu as gagné
Aga- Je gagnerai
Obsi- Suffit
Aga- Non, je ne suis pas ta boucle d'oreille
Obsi- Au moins ne me crève pas les yeux
Aga- Il te prendrait de ne garder de moi qu'un regard
Obsi- Je vais tomber dans le coma dans trente seconde
Aga- Est-ce que je suis jolie ?
Obsi- Tu es affreuse
Aga- Tu n'as toujours pas compris, je continue
Obsi- Les tableaux ne me sont d'aucun secours, le joli est indifférence
Aga- Le visage que je lacère n'est plus un visage : je suis indifférente... donc jolie !
Obsi- 24, 23... Aga lacère Obsi, elle ne fait pas de sport pour les inconnus
Aga- Qui es tu – qui es tué ?
Obsi- Inquiétude
Aga- Je suis incompréhensible et mobile, que demander de moins ?
Obsi- Le souvenir de mon visage a remplacé le joli, toi aussi tu adores l'immobile
Aga- Tait toi !
Obsi- Tu vois, tu veux le silence et la tétraplégie
Aga- Tu es affreux
Obsi- Parce-qu'une peinture rouge n'en finit pas de sécher
Aga- Une peinture rouge n'en finira pas de sécher
Obsi- Je serai plus joli sur fond de feu
Aga- Ne meurs pas, tu aurais gagné
Obsi- Le joli est au musée ; et nous y sommes
Aga- Je souffle sur ton visage pour le cristalliser
Obsi- L'homme handicapé est toujours là ?
Aga- Il bat des mains
Obsi- Il n'a rien compris
Aga- Il s'est mis à danser ; avant il pensait comme toi que le joli passait par là
Obsi- Par une roue qui tourne sans l'aide des mains
Aga- Maintenant il pense comme je pensais avant
Obsi- Il gratte les tableaux ?
Aga- Tu as senti ?
Obsi- Il me gratte ? Je suis un tableau ?
Aga- Nous avons volé son fauteuil roulant.
Obsi- Nous avons pris la place de la Joconde
Aga- Je suis sur tes genoux
Obsi- Mes rotules se confondent avec mes poignets et l'arête de mon nez
Aga- Le public entre, jouons le rôle jusqu'aux demains sans points, d'accord ?
Obsi- Une éternité de joli
Aga- Chchut...
Obsi- Tu es partie ?

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Re : Enée
« Réponse #14 le: 11 avril 2020 à 02:31:10 »
Enée 7 - Aga et Obsi font un voyage dans le Sahara
Aga- Tu as chaud ?
Obsi- C'est gentil de demander.
Aga- Je vais te prêter un pull.
Obsi- Il est en laine ?
Aga- Oui c'est ma fille qui l'a fait.
Obsi- Tu la remercieras.
Aga- Tu me le rappelleras.
Obsi- Tu as chaud ?
Aga- Non je marche en dessous du chameau.
Obsi- Et moi à l'intérieur de mon ombre.
Aga- Elles sont bien ces vacances !
Obsi- Mais toi aussi tu es très bien !
Aga- Tu es jaloux ?
Obsi- Si on ne préfère pas la même chose...
Aga- Qu'est-ce que tu aimerais voir dans le mirage ?
Obsi- Ce que je ne peux pas y voir.
Aga- Parce-que le mirage brasse un présent ?
Obsi- dont je n'ai pas le désir, exactement.
Aga- Alors tu aimerais y voir les vacances.
Obsi- Le désir ne s'embarasse pas des préférences
Aga- Il embrasse la concubine impériale (elle l'embrasse)
Obsi- Le mirage est une torture s'il démultiplie ton visage.
Aga- Le désir devra imposer des préférences parmi les préférences
Obsi- signant son testament.
Aga- Et toi ? Qu'est-ce que tu aimerais voir dans le mirage ?
Obsi- Mais je viens de t'expliquer qu'on ne pouvait pas aimer voir un mirage.
Aga- Mais et toi ?
Obsi- Aah. (temps) Et toi ?
Aga- J'aimerais y voir un mirage.
Obsi- Et dans ce mirage ?
Aga- Un autre mirage ?
Obsi- Et dans celui-là ?
Aga- La vérité.
Obsi- Marche au lieu de raconter des mensonges.
Aga- Justement, je trompe le mirage et le devine en me contrecarrant.
Obsi- Le mirage est un cauchemar.
Aga- Obsi arrête de tout le temps parler comme ça c'est énervant ! Regarde on a perdu le chameau !
Obsi- Il ne te servait pas d'ombrelle ?
Aga- C'était avant que le mirage ne vienne me faire de l'ombre.
Obsi- Lou de Laage en énorme ?
Aga- En personne.
Obsi- Ne détourne pas la conversation. Où est le chameau ?
Aga- Tu as un dictionnaire ?
Obsi- Tu ne sais pas ce que c'est qu'un chameau ?
Aga- Tu en profiteras pour chercher le mot : décence, c'est à la même page.
Obsi- Un chameau c'est ce que nous avions.
Aga- De la dignité ?
Obsi- Un valet teinté d'or, perché sur quatre pattes, au silence animal.
Aga- Je ne vois pas.
Obsi- Mais tu l'as vu.
Aga- Avant de l'avoir vu je ne l'avais jamais vu.
Obsi- Attends deux minutes...
Aga- (elle attend deux minutes) Mission accomplie !
Obsi- N'est-ce pas la définition que nous avons donné du mirage ?
Aga- L'invisible qui apparaît
Obsi- Et qui disparaît visible.
Aga- Tu veux dire que le chameau...
Obsi- Serait bien plus qu'un animal ! Ton œuvre d'art Aga !
Aga- Mais puisque je ne m'en souviens pas.
Obsi- Te faut-il d'autres preuves ? Si je me souviens du chameau, de son nom et de sa couleur, c'est que je l'ai construis de toutes pièces ma chérie ! Alors qu'il a surgit dans ton champ comme un éclair mou, une zébrure lente...
Aga- Je suis le chameau.
Obsi- Il faut que je te dise quelque chose Aga.
Aga- Ça peut attendre ? Des tachycardies cavalent en horde
Obsi- Je suis le père de ta fille.
Aga- (elle hurle) Aide-moi à m'enfouir dans le sable, des formes me picorent les pores !
Obsi- Ai-je besoin de préciser que ce sont des mirages ?
Aga- Comment se fait-il d'ailleurs que je suis la seule à en voir ?
Obsi- Tu as peut-être moins d'imaginations que moi, et moi d'insuffisants possibles capables de surprendre mon souffle. Je l'ai ai déjà tous exploré. J'ai découvert les tachycardies quand j'avais sept ans tu sais.
Aga- A moins que...
Obsi- A moins que quoi ? Aga...
Aga- Je ne sois moi-même un mirage. Jamais tu n'aurais pu me prévoir.
Obsi- Même en mélangeant les plus belles parties de Lou de Laage.
Aga- Je suis un mirage.
Obsi- Et le mirage est plus intelligent que moi.
Aga- Je suis l'intemporelle, l'ex nihilo mariée au divin, l'éternité sans soif ni auréoles sous les bras, je suis celle qui sait et celle qui te suit
Obsi- Mon amour nous vivons la seconde où Orphée se retourne pour cristalliser l'amour
Aga- Dans un désert le temps au ralenti est proche de l'infini
Obsi- Je t'aime.
Aga- (hihi) Le désert le dit pour nous.
Obsi- Je t'oublierai.
Aga- Comme il n'y aura personne pour te rappeler que tu as parlé d'un chameau.
Obsi- Vite du papier, de l'encre, écrire notre histoire
Aga- Le vent aura vite fait d'effacer tes peintures.
Obsi- Mordre mes doigts, manger ma langue, plus tard comprendre mes anesthésies
Aga- Ma disparition laissera un vide que ta conscience évaporée ne pourra ni saisir ni remplir
Obsi- Je vais mourir sans savoir que je suis déjà mort.
Aga- Je renaîtrais là où tu ne seras plus.
Obsi- Tu es ennuyante.
Aga- Quand je ne le serais plus tu t'ennuieras Obsi
Obsi- Tu n'es pas Aga.
Aga- Profite de ce que tu peux encore blasphémer un sacré qui existe.
Obsi- Aga voudrait que je sois le mirage.
Aga- Aga est tout ce que tu ne dis pas.
Obsi- Ca suffit maintenant tu es démasquée.
Aga- (elle s'enterre dans le sable, ne dépasse que la tête) Oui Obsi.
Obsi- Oui !
Aga- Fais moi une fille.

 


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