Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

19 avril 2024 à 01:54:29
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Surdose

Auteur Sujet: Surdose  (Lu 1307 fois)

Hors ligne Ugo

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Surdose
« le: 22 novembre 2020 à 12:49:15 »
Bonjour. Une douleur horrible ne me quitte pas depuis 3 jours.
Texte d'une demiheure pour l'exsanguination.
Rien de neuf sous le soleil, rien de pertinent, mais j'ai quand même besoin de le déposer quelque part.

La mer de mon sang. La fin des mots. L'appel du recroquevillement. Des racines mortes à la place des doigts. Tellement malade. J'ai surdosé le Nozinan.
Devenu une boule masculine, à la virilité brisée, où les muscles se concentrent contre le ventre, immondes, signés par les poils. La toison est une plante de force, gorgée des larmes qu'on s'est interdit. J'ai pourtant envie de pleurer, ma tête appelle des bras mais seul le silence de Dieu répond.

J'agonise sous un soleil radieux, devenu tellement insolent avec sa raison de vivre. Ma peau est un costume vide, je suis tellement nu que mon âme brûle à l'effleurement de ses rayons.

Le chien de l'angoisse traîne sa truffe sur mes blessures. Il renifle tout ce qui échappe par les plaies. La chasse avancera forcément dans son sens. Je n'arrête pas de pisser le sang. Mon univers est une hémorragie.
L'extinction de tout mes désirs, de toutes mes volontés, la noirceur sans bout, sans fond et sans forme. Rien n'arrive à faire fuir cette bête énergique, contrarier l'annihilation. Pas même la lumière de la pornographie. Pas même le bavardage des écrans. Pas même la seringue du sucre. Toute la dopamine s'échoue sur la même pile de rebuts. Mon espoir cassé grince, et seule la douleur reste vive.

Je n'ai même pas tant la force d'écrire. J'ai envie de dormir et ne faire qu'un avec l'éclipse. J'ai envie de m'avouer vaincu. Aller de plein gré sur le pal et entendre ma mort siffler avec le vent. Ce n'est pas un néant sans rut, ce n'est pas un néant sans organe. Dans ce tréfonds, les gorges géantes de la haine dégueulent leur cacophonie. Je me fais arroser de cris. Mon corps se retourne contre moi et cherche une ouverture dans mon plexus, à évacuer de ma carcasse de force.
En fermant mon regard, je vois des milieux d'yeux me planter avec l'arme rouillée du passé. La souillure du passé m'infecte jusqu'au flux des veines, devient le seul courant de mon organisme, traversé par ce feu toxique des échecs.


J'aimerai totalement m'éteindre. La lutte est impossible. Il faut attendre que le corps immortel ait rendu les crocs du chien coincés, collés par la viande, que la langue n'arrive plus à débloquer les rasoirs enrayés par le festin. Il faut attendre que le foie explose et récolter de l'indigestion, les restes de son estime gluante.
Je ne peux plus me regarder dans un miroir. J'aspire la nourriture par la trompe. Les soleils mourants me baignent dans le plasma rougeoyant d'une intense punition. Je me tends à ça. Je fonds avec eux dans la nuit brutale, la moquerie du ciel.

Je suis désolé si ces images ne viennent pas à vous. La douleur ne rend pas créatif, elle hâte de crier.
Un oiseau mazouté dans les vagues. Un bébé dans les bras de la marâtre. Je rampe par instinct larvaire.
J'écris, mais je devrais me taire.
« Modifié: 22 novembre 2020 à 13:52:16 par Ugo »
Amor fati.

En ligne Safrande

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Re : Surdose
« Réponse #1 le: 22 novembre 2020 à 20:00:28 »
Quelque trucs de pendant la lecture :

Citer
J'agonise sous un soleil radieux, devenu tellement insolent avec sa raison de vivre. Ma peau est un costume vide, je suis tellement nu que mon âme brûle à l'effleurement de ses rayons.
Quand arrive "à l'effleurement de ses rayons", on a un peu oublié que tu parlais des rayons du soleil, puisque tu passe avant par "ma peau", "costume" et "âme" ; on le devine, mais il faut revenir en arrière ; une petite réorganisation de la phrase réglerait cette confusion je pense - à voir s'il n'y a que moi que ça gêne.

Citer
Rien n'arrive à faire fuir cette bête énergique
On parle du "chien de l'angoisse" ou d'autre chose ? Car si on parle du chien, ici encore on a oublié de qui tu parlais (donc réorganisation), et si tu parles d'autre chose, tu parles de ça ? : "L'extinction de tout mes désirs, de toutes mes volontés, la noirceur sans bout, sans fond et sans forme"
En fait j'ai le doute puisque t'as parlé de chien avant, et que "chien" peut potentiellement se traduire en "bête".

Citer
J'ai envie de dormir et ne faire qu'un avec l'éclipse. J'ai envie de m'avouer vaincu.
C'est marrant, ça fait bien écho avec un passage de mon texte.

Citer
Mon corps se retourne contre moi et cherche une ouverture dans mon plexus, à évacuer de ma carcasse de force.
Ici pour moi le "carcasse" est de trop, tu ne fais que renommer "corps" avec, je trouve, de la maladresse ; et puis seulement "à évacuer de force" est plus élégant, alors que "à évacuer de ma carcasse de force" sonne trop long et accroche par la sonorité, avec ces "r" et "s" et la répétition de "de" qui s'emmêlent les pattes.

Citer
Il faut attendre que le foie explose et récolter de l'indigestion, les restes de son estime gluante.
Virgule qu'il ne faut pas, ou sinon à mettre après "explose" : "Il faut attendre que le foie explose, et récolter de l'indigestion les restes de son estime gluante."

Citer
traversé par ce feu toxique des échecs.
Peut-être que "par le feu toxique des échecs" sonnerait mieux ?

Citer
Je suis désolé si ces images ne viennent pas à vous. La douleur ne rend pas créatif, elle hâte de crier.
Un oiseau mazouté dans les vagues. Un bébé dans les bras de la marâtre. Je rampe par instinct larvaire.
J'écris, mais je devrais me taire.
Cette fin tombe un peu dans le larmoyant, qui ne colle qu'à moitié avec reste du texte.

Dans l'ensemble, de très belles images de feu comme tu sais le faire, mais aussi, cette fois, d'autres images qu'on essaye de faire plus tristes, et que j'ai trouvé moins bonnes, à cause, justement, de ce ton habituellement écorché, qu'on suit tant bien que mal dans ses torrents de mots géniaux, qui s'adoucit et peut-être un peu trop. On a de la complainte, purement, que je trouve moins intéressante que la recherche littéraire de la souffrance ; peut-être aussi que l'utilisation récurrente de la métaphore s'essouffle par moment, force en quelque sorte. Je te donne des exemples pour ces impressions avec quelques passages :

Pour les complaintes que je trouve sans finesses particulières (je sais bien que c'est pas ton intention, mais pour te dire que je verrais beaucoup de potentiel à les retravailler) :

Citer
J'ai pourtant envie de pleurer, ma tête appelle des bras mais seul le silence de Dieu répond.

L'extinction de tout mes désirs, de toutes mes volontés, la noirceur sans bout, sans fond et sans forme.

Mon espoir cassé grince, et seule la douleur reste vive.

Je n'ai même pas tant la force d'écrire. J'ai envie de dormir et ne faire qu'un avec l'éclipse. J'ai envie de m'avouer vaincu.

J'aimerai totalement m'éteindre. La lutte est impossible.


Pour les métaphores que je trouve un peu too much :

Citer
Je me fais arroser de cris.

La souillure du passé m'infecte jusqu'au flux des veines, devient le seul courant de mon organisme, traversé par ce feu toxique des échecs. (Celle ci je suis partagé entre le c'est quand même pas mal et le c'est quand même un peu trop.)

le plasma rougeoyant d'une intense punition

Sinon, pour conclure : j'ai vraiment beaucoup aimé ton texte, il est très proche de ce que j'aime lire : c'est à dire vraiment de la recherche formel, une langue unique, et ça, c'est ta grande réussite. Qu'on mettrais ton texte parmi tant d'autres, et on saurait qu'il est de toi.
Je sais bien que, en tant que gens qui écrivent, on ne s'attarde pas sur ce qui va dans ce qu'on écrit, mais il est important de le dire, et des choses comme ça...
Citer
Devenu une boule masculine, à la virilité brisée, où les muscles se concentrent contre le ventre, immondes, signés par les poils.

Le chien de l'angoisse traîne sa truffe sur mes blessures. Il renifle tout ce qui échappe par les plaies. La chasse avancera forcément dans son sens. Je n'arrête pas de pisser le sang. Mon univers est une hémorragie.

Ce n'est pas un néant sans rut, ce n'est pas un néant sans organe

Il faut attendre que le corps immortel ait rendu les crocs du chien coincés, collés par la viande, que la langue n'arrive plus à débloquer les rasoirs enrayés par le festin. (Vraiment génial.)

Un oiseau mazouté dans les vagues. Un bébé dans les bras de la marâtre. Je rampe par instinct larvaire. (C'est quand même fort, et vraiment la musique incroyable - surtout : "Un bébé dans les bras de la marâtre", à faire tourner en boucle dans la bouche)
… sont vraiment puissantes et originales !

Voilou, à la prochaine !
Il regardait le verre non à sa portée d'une façon de reproche.

Hors ligne Ugo

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Re : Surdose
« Réponse #2 le: 22 novembre 2020 à 20:32:07 »
Merci énormément pour ton retour, c'est ce que j'aimerai avoir à chaque fois que je crée.

Je suis d'accord avec presque tout. Je me sens lucide sur mes faiblesses, et elles sont souvent inexcusables parce que je les vois. Je n'ai pas eu le courage de rester dans l'arène. Mais j'imagine que c'est le cas de chaque écrivain.

Là où je ne le suis pas, c'est sur l'organisation du texte. Excepté quelques passages un peu nauséeux, je trouve que ça reste globalement clair. Au pire, ce n'est pas ce qui me fait le plus rougir à la relecture, ça participe à l'ambiance.

C'est néanmoins beaucoup plus flagrant sur d'autres de mes textes, et je reconnais que c'est une de mes lacunes.

Il était néanmoins nécessaire de m'épingler dans mes formules génériques. Ta liste d'effets ratés, je l'ai vue de mes deux yeux et je n'ai pas décidé d'y revenir.
C'est en effet le contrecoup d'une angoisse. Comme je le dis à la fin, la douleur ne rend pas immédiatement créatif,  elle pousse aux soins. Je me lamente plus que j'écris, et mon ancienne signature ressurgit à la fin du texte.

Mes "excuses". Tout mes textes étaient marqués par une excuse avant, je me justifiais de ce que je disais plutôt que le dire. Ici ce n'est pas le plus insupportable, mais ce défaut a refait surface.

Je suis content que tu ai aussi relevé les tournures que je trouvais aussi intéressantes. Elles viennent de ma poitrine (excepté néant sans organe, que j'ai découpé d'un extrait d'Artaud, même si ce n'est pas du tout tourné pareil  :noange:). Je me suis évidé. Je pensais celle sur les soleils rouges plus efficaces, mais je reconnais avoir mis de la lourdeur plus que de l'impact. C'est une sensation qui est encore trop haute pour moi, la prédation étrange de la lumière sur une humeur dépressive.
Tout comme je trouve que les mâchoires du chien de l'angoisse ne sont pas encore assez encombrées, cariées par le dîner.

Le début vient de l'essence de mon mal-être présent, là où ce que tu as relevé comme faiblard est du ciment d'émotion.

Je n'aime pas ce registre morose, ce noir trop noir, ce noir sans rouge. Mais c'est l'état dans lequel je suis en ce moment, et je voulais l'explorer. Je reviendrais bientôt avec un texte plus nuancé et travaillé.

Merci encore beaucoup pour ce retour, il me fait un peu respirer.

« Modifié: 22 novembre 2020 à 20:43:40 par Ugo »
Amor fati.

En ligne Safrande

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Re : Surdose
« Réponse #3 le: 23 novembre 2020 à 01:22:21 »
Héhé, je comprends que t'aimerais des retours comme ça à chaque portion de toi que tu donnes, ça parait être la moindre des politesses, de s'appliquer/s'impliquer pour une chose si importante - enfin que je considère comme vraiment importante  ;D

Y'a - encore - un auteur que je te conseillerais, pour voir comment on peut ériger - et par conséquent, s'ouvrir à toutes les manières d'ériger - une lamentation, une complainte, c'est Fernando Pessoa, qui le fait avec beaucoup d'élévation, d'élégance et de finesse. Certes, comme tu dis, la douleur est la matière première étalé et nécessaire, puis il y a derrière la façon de la tailler. Pessoa (en tout cas avec son Livre de l'intranquillité) a fait ça toute sa vie et s'est, sinon consumé, en tout cas beaucoup amusé à le faire.
Je te conseille bien que les auteurs qui je pense vont dans ton sens et pourraient t'apporter sinon de l'éclaircissement du moins un soutient dans la démarche honorable que tu entreprends. On a tout à gagner à les lire. Je t'enverrai un extrait court et représentatif. Tu verras que c'est moins cinglant que Artaud et plus perfide et rampant, en quelque sorte ; ça s'immisce. Et puis, si tu es d'humeur comme ceci : "Je n'ai même pas tant la force d'écrire. J'ai envie de dormir et ne faire qu'un avec l'éclipse. J'ai envie de m'avouer vaincu.", ça te parlera surement...

Tu es bien content d'avoir un retour comme le miens, mais je suis bien content d'avoir une réponse comme la tienne, car tu n'hésites pas à incarner ton texte et à l'expliquer, et ça me plaît.

Pour ce qui est de l'organisation du texte, j'avoue que j'ai tendance à aimer ce qui est chirurgical, dans la syntaxe, et sans ambiguïté. J'aime comprendre, même dans le plus grand chaos, où on va. En même temps je suis attaché à cette précision à cause de Flaubert, mais en soi, il n'y a rien de méchant (sauf la virgule que je t'ai signalé qui, elle, est fautive).

Super d'échanger avec toi, d'avoir tes impressions et tes doutes : et peut-être que tu maitrises moins ce registre "morose", ce "noir trop noir" parce que tu pratiques davantage celui "noir et rouge" ; en tout cas persévères, il ne manque pas grand chose, et il y a déjà tellement.

Hâte de lire le prochain !
« Modifié: 23 novembre 2020 à 02:03:13 par Safrande »
Il regardait le verre non à sa portée d'une façon de reproche.

Hors ligne Feather

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Re : Surdose
« Réponse #4 le: 23 novembre 2020 à 09:06:48 »
Bonjour,

...je trouve ce texte équilibré et bien mesuré.
Malgré une échappée vers l'incommensurable noirceur des sentiments, le corps reste "immortel" selon le texte.
Je retiens donc cette lueur d'espoir et peut-être une certaine jubilation de la part de l'écrivain à écrire esthétiquement les affres d'un corps en souffrance.
C'est bien réussi, pour moi.
Les larmes sans pleur sont une lanterne.

Hors ligne Cendres

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Re : Surdose
« Réponse #5 le: 23 novembre 2020 à 09:06:55 »
Merci pour ton texte.
Je ne vais pas te conseiller pour l'écriture ou l'orthographe vu mon niveau.

Je trouve que tu décris bien une émotion. Ton personnage semble être seul, souffrir de solitude, d'avoir comme quelque chose qui lui manque. Il cherche à combler ce vide a travers des "plaisirs" rapides et simples, qui vont juste après lui donner surtout une autre sensation de plus grand vide qu'avant. Il est dans des plaisirs "pansements" ca couvre juste ca douleur un cours moment, mais ne la traite.
Il a une souffrance et son isolement le brûle de l'intérieur. Il a l'air de se sentir incompris et rejeté. Il est malheureux et triste.

Voilà mon avis, je préfère te le dire que les doubles sens et moi, ca fait deux.

Hors ligne Ugo

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Re : Surdose
« Réponse #6 le: 23 novembre 2020 à 18:16:45 »
Je serai ravi d'avoir un extrait. Rien que le nom du livre me parle. Le fait de n'en avoir jamais entendu parler non plus. J'ai commencé à lire Artaud suite à tes conseils, et ma lecture est révulsée. C'est comme si j'avais mes yeux retournés en moi en permanence, tellement je m'y retrouve. Sans songer à l'édition pour l'instant, même pas un tout petit peu, ça me conforte dans l'idée que ce que je fais peut atteindre rivage, toucher quelqu'un, un jour.

Feather, le corps est toujours immortel, on vit jusqu'à ce que l'on meurt. Oui, en effet, je l'ai décris ainsi dans un double-sens qui ne se veut pas évident (j'espère). Je glisse toujours de l'espoir comme ça dans mes textes. Plutôt que d'en faire un genre de pic, où tout le monde monte, où je rassure le lecteur, je préfère briser la lumière et laisser ses lucioles faire leur chemin dans l'obscurité. Parce que je pense que le corps humain est plus proche de cette façon de vivre que celle du pic, qui annule les leçons, l'émotion de la douleur. On ne reste pas un certain temps dans la noirceur avant d'abruptement en sortir pour ne jamais y retourner. Il y a des éclaircies. Il y a un souvenir de la lumière. Rien n'est jamais entièrement annulé, détruit.
Je préfère cacher l'espoir comme il se cache en nous.
Mais la tournure ne veut pas dire que ça. J'essayais de parler de l'angoisse comme du châtiment de Prométhée. L'angoisse est comme l'Aigle du Caucase.
Et maintenant je suis presque sûr d'en parler en ces termes dans un futur texte.  :noange:

Cendres, pas de double-sens. Je n'aime pas les textes dont le plaisir est une énigme. Je n'aime pas les énigmes tout court. On ne fait jamais une énigme deux fois. On n'apprend rien d'une énigme.
C'est l'histoire de quelqu'un qui a mal, et il n'y a rien de plus à comprendre. Si tu as eu un peu mal avec lui, j'ai réussi à faire ce que je voulais faire. Il n'y a rien à chercher en dessous, ou du moins, pas comme tu le suggères. 

Merci pour vos retours.
« Modifié: 23 novembre 2020 à 18:20:50 par Ugo »
Amor fati.

Hors ligne Ugo

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Re : Surdose
« Réponse #7 le: 28 novembre 2020 à 20:35:19 »
Merci pour ce retour, comme dit plus haut, c'est ce que j'espère. Ne t'excuse pas d'avoir été "dur", l'introduction n'est pas une excuse pour me protéger des retours, simplement une mise en contexte.


Tu m'excuseras de ne pas isoler les passages où je veux revenir, j'espère être clair sans.
Tu complètes selon moi la première critique qui a été faite. Là où tu vois du sensationnalisme, il faut voir le sucre d'une pomme d'amour : Un nappage pour combler une faiblesse de goût.
J'étais dans un état lamentable en écrivant, et en fait, ça n'a pas juste pas émergé. C'était une expérience qui m'a fait réaliser que ce "noir trop noir" comme je le qualifie plus haut m'est encore assez étranger, et que les mots se vautraient, plus conventionnels et faciles que dans mes autres textes.

"La pile de rebuts" et "mon espoir qui grince", "feu toxique des échecs" sont des combles,  je me souviens avoir buté sur ces formules et abandonner sous la nausée.
J'essaye de trouver une place au mot "dopamine" dans la moitié de mes textes. Beaucoup trop de paroliers et d'auteurs le font depuis que ce lexique est devenu populaire.
J'échoue. Tu aimes le passage où j'évoque les rites putrides de la dépression mais même si j'aime le réalisme, ce n'est clairement pas parfait, et j'ai eu un sentiment d'inachevé en l'écrivant.

Je suis content (oui) que tu relèves le passage du chien. On l'avait trouvé bon, je le trouve médiocre. L'intention est la bonne selon moi, l'angoisse a cette dimension carnassière, je le vis comme l'Aigle du Caucase comme dit plus haut. D'ailleurs, c'est aussi intéressant de vous faire des retours, parce qu'en repensant à mes formules, j'arrive parfois à trouver l'essence de mon intention. A refaire, je parlerai probablement plus d'un vautour.
Au final, "chien", c'est assez gratuit.

Je suis aussi content que tu mettes en gras la dernière association d'idées, qui était immature en moi.
Parfois, je veux à tout prix sauver les images qui m'apparaissent, quitte à ce quelles ne soient que des fausses couches.

Vous avez été deux à ne pas aimer le passage sur les soleils rouges. Il est maladroit, mais il n'est pas faux. Tu as néanmoins relevé le passage où j'évoque la lumière. Je suis content que tu l'ai saisi. C'est toujours, systématiquement, la chose qui est la plus invasive. Cette sensation est la plus dure à décrire. Elle me dépasse.

Tu n'aimes pas le premier enchaînement de phrases et je comprends. Je serai le premier à trouver lourd "Mer de sang". J'ai mal véhiculé l'idée. Je voyais plus cette infinité placide et stable du liquide. C'était une façon de dire "Je suis dans un état de douleur qui ne semble pas se terminer, où mon sang est interminable, travaillé au corps de ressacs, trop profond." (peut-être que ça aurait été mieux dit comme ça haha). C'est même cette image, cette association de mot qui se répétait en boucle dans ma tête, qui m'a poussé à finalement écrire. La fin des mots est aussi une formule avec laquelle j'ai une certaine obsession qui manque de maîtrise. Je parle souvent d'une envie de me taire, il y a une part de moi qui a envie d'attraper ma bouche et l'arracher. D'où ma photo de profil. Néanmoins ici, il s'agit d'amplifier la sensation engourdie que j'ai voulu créer avec la profondeur et l'immobilité de l'océan. Cet état océanique de la douleur.

Les racines mortes me paraissaient complètement à l'opposé de mes lexiques et creux, mais sous la suggestion de mon état et d'un instinct, la formule m'a parue effectivement évocatrice.
Je me trouve plutôt doué pour les entames en général.

Tu apprécies "La toison est une plante de force, gorgée des larmes qu'on s'est interdit." tout en trouvant mon texte un peu tape-à-l'oeil, pourtant, c'est sûrement la formule et celle qui suit qui je trouve, prêtent le plus à rouler des yeux.

Du reste, tu isoles bien les mots qui n'ont rien à faire là, et qui traduisent comme je l'ai dit, un manque de vitalité et d'effort dans mon écriture.  Ce n'est pas par flemme que je ne le retravaillerai pas mais parce que je n'ai pas encore le courage de retourner dans cette morosité, que je déteste de tout mon être.
C'est souvent le défaut de mes textes, encore plus ici : il n'y a que quelques tournures à sauver. Mais ce sont mes espoirs, plutôt qu'une fatalité.

On me dit souvent que mon écriture est cinématographique et je me suis souvent demandé si c'était un défaut. Je ne fonctionne qu'en image. Et j'ai du mal à laisser de la place à celles de celui qui me lit. En fait, pour tout t'avouer, je l'imagine impensable de ressentir ce que je veux lui faire ressentir sans ça. Souvent quand j'écris des fictions, je suis surpris qu'on me parle d'empathie pour mon personnage, comme si elle était illégitime. Je ne pourrais jamais dire "Je suis triste." simplement dans un texte par exemple. Il faut que je rende le lecteur triste, quitte à sombrer dans la grandiloquence. Je ne sais pas si c'est bien clair, mais bon.

Je ne sais plus si tu avais commenté un de mes autres textes, mais c'est dommage si tu commences avec celui-là (ce que je ne peux pas te reprocher), c'est le moins bon. Surtout étant donné la précision de ton retour.

Je m'interroge sur ta dernière phrase. Empathique ? Tu aurais voulu que le texte cherche moins à créer d'empathie ? Si c'est le cas, je comprends. Ca rejoint ce que je dis plus haut. J'essaye de plus en plus me rapprocher d'une écriture qui ne se justifie pas.

Merci encore du temps que tu m'as consacré, ça me fait réellement progresser. A bientôt.
« Modifié: 28 novembre 2020 à 20:38:33 par Ugo »
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Re : Surdose
« Réponse #8 le: 29 novembre 2020 à 18:55:19 »
oyaya mes pauvres neurones vous y allez fort et long
heu mais en fait moi je voulais dire avant de lire les coms, que
ahmerde ça a rejoint une idée un peu... parallèle mais qui suit pas le même chemin
en gros :
j'ai retenu de ma lecture ce com de je sais plus qui ici là sur ce fil : t'as un talent littéraire certain
pis moi en fait alors je veux pas faire du propos des psychotropes comme relevant de la modification de l'esprit et de ce qu'on en fait de son usage sérieux
mais je veux dire :
t'as l'air d'un sacré artiste, pluss que littéraire, j'suis ravi que mon trauma m'ait éloigné de ton arrivée pour que je puisse te découvrir ici
en gros :
excuse moi je ne te lis que maintenant, c'est parce que j'arrive pas à lire sans plein de codecs et ça m'effraie, de surcroit
mais :
heu...
bin moi c'est les âmes je crois que je cherche, et quand je les cherche dans les mots écrits, c'est ici que j'atterris
et là bin :
ouais, je suis pas très littérairement appliqué là, parce que tout simplement j'ai lu 70% de ton texte et un survol de com, ce qui est beaucoup pour ma préhension de ce que j'ai déjà vu de sincèrement bien agencé, mais jsuis bien agréablement content de croiser le reflet de ton art ! donc un peu désarçonné, un chaleureux signe de ma part

bien à toi en tous cas !
"i don't care if your world is ending today
because i wasn't invited to it anyway
you said i tasted famous, so i drew you a heart
but now i'm not an artist i'm a fucking work of art"

(s)AINT - marilyn manson

Hors ligne Ugo

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Re : Surdose
« Réponse #9 le: 30 novembre 2020 à 20:54:30 »
Emphatique et non pas empathique.
Ahin...

J'ai oublié de répondre à ta première question au passage.
L'italique me fait penser à plusieurs choses. L'élan d'une vague, un déséquilibre, un mal engourdi et éthéré. Une douleur qui progresse dans un corps qui a perdu ses nerfs.

Merci Dot Quote haha. J'ai du mal à entièrement comprendre ton message mais ce que j'en ai compris est plaisant à lire.
Amor fati.

 


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