[Ned Leztneik]

Lorque vous écrivez, vous arrive-t-il de vous mettre dans la peau du futur lecteur de votre ouvrage ? Comment le répercutez-vous dans ce que vous écrivez ?

Parce que parfois, c'est un peu comme une pièce dont vous seriez le metteur en scène, non ? Donc il est logique de penser au spectateur ...

[Kerena]

Tout le temps ! C'est limite un complexe de me dire :
"Mais là, est-ce que c'est suffisamment compréhensible ?"

[World End Girlfriend]

Bien sûr, l'oeuvre est créé pour le lecteur, cela serait bête de ne pas y prêter attention.
Comme tu le dis en tant que metteur en scène je m'installe bien confortablement dans les sièges ( à la place des spectateurs donc), et je fais rejouer la pièce jusqu'à ce que je me dise: Ah tiens il a du talent quand même ce metteur en scène.
Mais bon, plus facile à dire qu'à faire 

[Milora]

Tout le temps ! C'est limite un complexe de me dire :
"Mais là, est-ce que c'est suffisamment compréhensible ?"

Tout pareil !

Le mieux, c'est quand l'histoire a reposé suffisamment longtemps pour que vous l'ayez oubliée. Vous la redécouvrez avec des yeux neufs et vous la voyez bien davantage du point de vue du lecteur ; on voyant ce que le texte transmet et pas seulement ce que vous avez voulu y mettre dedans.
C'est le plus dur, mais c'est le plus passionnant, non ? ^ ^

[Ollin]

Jamais. 
Mais vraiment, jamais.

Après, j'ai des obsessions, mais plutôt dans la traduction de mes pensées.
Je pense à ce que j'écris, aux images, à l'univers et aux liens que j'établis.

Le lecteur, j'y pense juste quand je poste, en me demandant ce qu'il va me dire.

Mais pendant l'écriture, je vivrais ça comme une trahison, c'est déjà assez chiant d'être au plus près
du sens qu'on cherche à exprimer pour que le lecteur entre en plus dans l'équation.

Si une phrase est obscure, je me dis pas, "ohlala pauvre lecteur, il ne comprendra pas.", je me dis plutôt
que la phrase n'est pas fidèle à ce que j'ai voulu exprimer. Et s'il ne comprend pas une phrase fidèle,
je me dis tant pis.

Et surtout, je ne veux absolument pas donner au lecteur ce qu'il veut, mais ce que je veux, comme un bon gros tyran,
donc le prendre en compte dans mon processus d'écriture, je vois ça comme une hérésie. 

Après je juge pas, je pense juste que vous parlez pas du lecteur, mais plutôt du fait d'avoir un sens que tout homme pourrait comprendre,
juste en connaissant la langue. L'universalité de la communication entre les hommes, entre autre.

Et dans ce cas, je suis assez d'accord, mais l'obsession porte plus sur le sens en lui-même que sur celui qui va le lire.

Enfin, si j'ai bien compris. 


je pisse sur le lecteur, ouais !

[Jon Ho]

Se mettre à la place du futur lecteur n'implique pas écrire dans son sens, pour le satisfaire ou lui plaire.

[Ollin]

Même si c'est pour d'autres raisons, je trouve ce lien pas spécialement nécessaire en fait.
J'ai assez confiance en la communauté relativement proche des esprits entre les hommes,
pour pas ressentir le besoin de faire ça, et seulement rester exigent avec soi-même auprès du sens.

Mais après, c'est sûrement que ma façon d'envisager les choses aussi.

PS : les génies d'ailleurs, même si on en est pas forcément  , eux étaient rarement aimés/compris
des lecteurs de leurs époques. Et souvent, les plus détestés étaient les plus intéressants.
Mais encore une fois, c'est que mon interprétation grossière de ce que je connais de l'Histoire.

[tim gab]

le lecteur j'y pense mais j'essaye de ne pas me focaliser dessus.

[OliveDuWeb]

Personnellement, j'ai longtemps écrit pour moi uniquement. Surtout parce que je n'avais aucun lecteur.

C'est donc très récemment que j'ai commencé à me demander ce que le lecteur pouvait ressentir, comment il pourrait me juger ou interpréter ce que je lui propose.

Mais quand je suis plongé dans une phase de rédaction, j'oublie le lecteur. Je pense à lui quand je prépare mon plan, que je mets mes idées en place, et ensuite quand je me relis. C'est tout.

[Dot Quote]

T'façons après l'écriture, et même parfois pendant, nous sommes indéniablement le lecteur de notre travail (enfin, sauf allergiques extremes à la redondance du cortex). Du coup fatalement, nous nous incarnons en lecteur potentiel...

Le plus difficile est à ce moment là de trouver le recul pour vraiment se dire : 'si je ne connaissais pas ce qu'il va se passer et comment ça va se passer, comment l'interpreterai-je ?'

[Milora]

Le plus difficile est à ce moment là de trouver le recul pour vraiment se dire : 'si je ne connaissais pas ce qu'il va se passer et comment ça va se passer, comment l'interpreterai-je ?'

Je pense que c'est l'étape indispensable et intrinsèque au fait d'écrire, même si on se le demande pas consciemment...

[Linu]

Z'allez ptètre trouver ça un peu égocentrique, mais j'avoue que, quand je me relis, j'essaie d'abord de voir si ce que j'écris me plait à moi, avant toute chose...
Après tout, je suis une lectrice comme une autre. Quand j'ouvre un bouquin, j'ai un avis, comme tout le monde.

Le souci c'est que lorsque je suis à la fois auteure et lectrice, ça se solde souvent par des ratures et des feuillets balancés au feu, parce que je trouve le contenu dépourvu d'intérêt, d'originalité ou de charme. Le secret comme suggérait Milora c'est peut être de laisser passer assez de temps pour qu'on oublie qu'on a été l'auteur du bousin, et ainsi de découvrir l'histoire comme tout lecteur lambda.