3ème personne focalisation interne
C’est un style très moderne, je ne me trompe pas ? Du coup il m’attire car je suis sûr qu’il a quelque chose d’intéressant. Mais je n’y arrive tout simplement pas. Pourtant, c’est quasiment comme penser à la première personne en changeant seulement le sujet du texte (enfin c’est pas si simple mais c’est l’idée globale).
Mon avis sur la focalisation interne :
D'abord, je l'aime beaucoup. Je trouve qu'elle est très immersive pour le lecteur. On est à la troisième personne, mais on vit l'histoire du point de vue des personnages (et souvent du personnage principal).
Comment faire pour narrer à la troisième personne en focalisation interne ?
Personnellement, je fais ça :
* Montrer les scènes à travers le regard du personnage. (caméra sur l'épaule du personnage)
* Exploiter avec les 5 sens.
* Entrer dans la tête du personnage : certains passages sont des pensées du personnage retranscrite telles qu'elles.
* Le rythme du texte est le rythme vécu par le personnage
* Ce que pense ou ressent le personnage est "montré" et non "dit" la plupart du temps
Exemple
sur ce texte. C'est un Tic-tac, un truc écrit en une heure. ça casse pas des briques... Y a des trucs qui marchent bien, d'autres moins.
Extrait et commentaire :
Trempé dans sa soutane, le Père Aldric se presse. L’air bourdonne à ses tempes, les abeilles s’affairent dans les genêts. Le chemin pavé serpente entre les carrés potager, le curé ne prend pas le temps de remarquer les pieds de courgettes flétris. De sa poche profonde, il sort la clé rouillée et ouvre la porte de la sacristie. La transpiration se glace sur son front, le vieil homme saisit un torchon propre dans l’armoire et s’éponge le visage. En tremblant, il s’agenouille devant le reliquaire, se signe et marmonne de sa bouche pointue des mots inaudibles.
Trempé dans sa soutane, le Père Aldric se presse.
ça pourrait être encore plus focalisation interne, genre : "Le Père Aldric se presse, sa soutane colle à ses cuisses trempées de sueur".
Plus interne comme ça, parce que la soutane qui colle à ses cuisses, c'est ce que le perso ressent.
L’air bourdonne à ses tempes, les abeilles s’affairent dans les genêts.
ça, c'est pas mal : on comprend (j'espère !) qu'il regarde les abeilles, mais ce n'est pas dit
Le chemin pavé serpente entre les carrés potager, le curé ne prend pas le temps de remarquer les pieds de courgettes flétris.
mouais, ça marche pas trop mal, on est dans la tête du perso (on se doute que d'habitude il regarde les légumes avec attention) ; même si c'est quand même un narrateur externe qui nous dit ce que le perso ne pense pas à ce moment
De sa poche profonde, il sort la clé rouillée et ouvre la porte de la sacristie.
on vit l'action faite par le perso, on imagine sa main qui s'enfonce dans la poche ; la caméra est bien focus sur lui
La transpiration se glace sur son front, le vieil homme saisit un torchon propre dans l’armoire et s’éponge le visage.
Le début (en gras) est peut-être de trop. Si on l'enlève, il ne reste plus que le visuel sur le perso
En tremblant, il s’agenouille devant le reliquaire, se signe et marmonne de sa bouche pointue des mots inaudibles.
Pareil ici, idéalement, faire passer le tremblement sans le dire (les mots inaudibles sont-ils suffisants ?)
autre extrait :
Aldric a quitté sa soutane. En habits civils, il traverse la ville endormie et s’approche du port de pêche. Clapotis de la Méditerranée. Tintement des câbles contre les mâts. Les effluves écœurants et salés lui donnent la nausée. Même de nuit, la chaleur reste insupportable. Odeur de crabes morts et d’algues séchées. Les phares d’une voiture apparaissent sur la corniche. Elle s’approche. Une voiture de luxe sur la route qui se déroule le long de la côte escarpée. Voilà, elle s’arrête à deux pas de lui. La porte s’ouvre.
J'aime bien "Clapotis de la Méditerranée. Tintement des câbles contre les mâts." ; c'est ce que le perso entend, on le dit tel quel. (je suis assez fan des phrases non verbales dans ce genre de contexte.
Les effluves écœurants et salés lui donnent la nausée.
Là, j'aurais pu écrire : "Effluves écœurants et salés" sans rien d'autre (la nausée suggérée, non dite). Mais faut doser sinon ça devient un peu arride à la lecture.
Même de nuit, la chaleur reste insupportable.
ça, c'est ce qu'il pense, tel quel
Voilà, elle s’arrête à deux pas de lui.
le "Voilà" nous montre, sans le dire, que le personnage attend la voiture. J'aurais pu enlever le "de lui", ne pas le préciser permet au lecteur de "déduire" que c'est à deux pas de lui. ça renforce encore le côté "interne". Là encore, il faut doser.
Bon, c'est chelou de faire un auto commentaire

; l'idée est pas de me faire mousser, t'as vu qu'il y a des voies d'amélioration pour rendre la narration encore plus immersive.
Si tu veux faire un exercice sur la focalisation interne, tu peux raconter deux une scène avec deux personnages. Avec focalisation interne sur le premier perso & avec focalisation interne sur le deuxième.
Genre : deux étudiants arrivent ensemble de leur petite ville dans une grande ville pour démarrer leurs études supérieures. Tu peux forcer le trait avec l'un des deux qui est enthousiaste et l'autre qui est craintif.
Voilà, j'espère que ça donne des pistes de réflexion sur ce sujet.
A+
Rémi