|
91
« Dernier message par Delnatja le 13 Avril 2025 à 09:56:37 »
Bonjour Mic Ester, merci pour ton texte. J'ai beaucoup aimé, le rythme est fluide et l'ambiance bien décrite. Pas sûr que la dernière phrase soit indispensable. Belle journée.
92
« Dernier message par kokox le 13 Avril 2025 à 07:36:01 »
93
« Dernier message par Docluisitus le 12 Avril 2025 à 19:27:47 »
Bonsoir Robert, Merci beaucoup pour ton commentaire fort aidant. À bientôt !
94
Mais je comprends que je devrais essayer globalement d’évoluer vers un style plus épuré et moins lourd.
Bonsoir ami poète, En fait, il n'est pas si simple qu'il peut y paraître, de savoir composer un poème abstrait. Même l'idée de faire dans le dadaïsme poétique, où des pensées quelque peu empruntées, peuvent paraître comme posées çà et là au hasard, alors qu'en réalité elles sont destinées à cohabiter parmi d'autres, possiblement concrètes, n'est pas à la portée de tout le monde ! (sinon qu'à user volontairement de non-sens, voire de provocation et déconstruire par plaisir les conventions du langage). Selon ton choix, tu peux néanmoins inviter ton lecteur à développer une interprétation personnelle foncièrement intuitive. Il t'appartient de le diriger au-delà du sens rationnel... ou pas ! Une autre idée consiste à créer des séquences sonores plus ou moins dépourvues de sens lexical. Ce qui a pour avantage d'ajouter du rythme, voire de la musicalité. pour ce faire, ton attention devra se porter sur la structure des mots, sans omettre pour autant l'importance de leur apparence visuelle. Tout ça pour te dire que le mot " épuré " ne convient pas pour exprimer ce qu'est ce type de poésie mais qu'en revanche, je lui opposerais volontiers le mot " légèreté " mais pas dans son sens direct (je songe à une certaine idée de futilité) afin notamment de se défier d'une certaine lourdeur qui se rencontre (selon les sondages) lorsqu'on interroge des aides à l'écriture plus ou moins tirées d’algorithmes.
95
« Dernier message par Dot Quote le 12 Avril 2025 à 18:25:52 »
salut LOF,
poésie et humour, je ne les cherchais pas ici, c'était presque à l'opposé, une plainte déposée, une larme versée, presque un cri étouffé... ceci dit entre nous et avec le recul, je suppose que la transvaluation vers du positif, la sublimation des douleurs, résident justement en l'humour et ou la poésie... de fait, après une réaction un peu frileuse initiale de ma part, interprétant comme une décrédibilisation de la gravité que j'exprimais et telle que je la percevais, comme une invisibilisation du sentiment de douleur que le texte décrit - en simplifiant ce comportement défensif, palliatif, qui ne fait que se cacher des rudesses d'un quotidien et d'un extérieur insupportables, par un processus interne de refocalisation fuyante de la réalité - presque une moquerie pas forcément intentionnelle mais tout de même blessante ; par le fait que les us d'ici je les sais respectueux et aidants, et par une conscience approximative de ce caractère transvaluateur, sumblimatoir, de l'humour et la poésie sur l'émotion malgré que je ne les y attendais pas ici ; ton commentaire me fait passer le cap d'une dédramatisation personnelle intérieure, bien que le switch de la larme vers le sourire ne soit pas facile à opérer en moi...
je suppose que dans ce process transvaluateur, tu as pu qualifier ce texte "revigorant" par des notions d'empathie liées à ta perception et compréhension de ce négatif, et ce que tu as pu en tirer de positif, je te remercie en retour, d'ainsi partager cette manière de positiver qui me manquaient à ce propos, et bien que je sois encore un peu en train de douloureusement digérer cette transformation d'un mal vers un bien ; mon autodérision ici me fait un peu défaut, mais l'expression de ton respect m'aide à la fortifier
"fichtrement existentiel", huhuoui "prodigieux"... attation aux emphases, j'ai tendance à les prendre au pied de la lettre ahah c'est très mauvais pour les chevilles et ceux qui les tâtent et j'progresse très peu sur mes capacités à lire autrement que textuellement
modestement "réflexion" (oui ces chevilles...), agréablement "écriture"
quoi qu'il en soit, bien à toi
96
« Dernier message par Mic Ester le 12 Avril 2025 à 17:46:55 »
Gens de passage.
Dès qu’il se montre, elle fait une pause. Pas longtemps, tout au plus une minute, de savoir qu’il est là, que la nuit se termine, ça suffit à son bonheur. Lui, c’est le soleil. Il se lève doucement, jamais à la même heure. Quand vient le printemps, dès cinq heures une lumière apparait, elle ne l’aperçoit pas encore, mais au loin entre deux tours elle voit la couleur changer. L’automne, l’hiver, elle aime moins, son temps de travail se passe à la lumière artificielle et quand il arrive enfin bien souvent elle quitte les lieux. Au loin, dans d’autres immeubles, des fenêtres sont éclairées, d’autres pas, puis cela change, toutes les quinze minutes environ, c’est le temps moyen pour le nettoyage d’un bureau.
Des petits bonheurs comme ça il y en a d’autres. Dans certains bureaux de cadres, tout en haut dans les étages, des femmes s’entourent de plantes vertes. Imany prend souvent un peu de temps pour les disposer dans la lumière, elle arrange un peu les fleurs fanées, dépoussière les grandes feuilles. Parfois elle trouve un petit mot de remerciement pour avoir arrosé, pour en prendre soin, ou seulement pour les avoir vues. Ces petits pas-grand-chose pourtant vite oubliés aèrent un peu son quotidien.
Imany est agent d’entretien, femme de ménage, technicienne de surface. Les noms changent au gré des caprices du langage sociétal, le travail lui reste le même, pousser le chariot de bureau en bureau, vider les poubelles, gérer les toilettes, tout cela en restant invisible.
Le service de transport-entreprise passe à quatre heures trente. Au bas de son immeuble, Imany est prête. Elle a disposé bien en vue le petit déjeuner de sa fille dans la cuisine. Après une demi-heure de transfert urbain dans Paris qui dort, elle arrive à La Défense. La place est déserte, parfois la lune brille encore. Dans ce noir mortel, rien ne bouge, le métro est fermé, le ramassage des ordures ménagères s’effectue au rythme des coups de frein et d’accélérateurs. Des ombres en gilets orange vont et viennent à l’arrière, tout cela incognito dans la nuit qui s’en va.
Chloé GILARD - Direction financière. Imany l’aime bien ce bureau-là. Sa situation au trentième étage est une merveille. L’espace vitré est impressionnant et donne une luminosité unique, une des meilleures de la tour. Elle pense souvent à cette personne qu’elle n’a jamais vue. Dans son bureau immense, elle dispose d’une garde-robe de travail, plusieurs tailleurs de circonstance, des chaussures plates, des talons hauts, un petit nécessaire de maquillage. Ces beaux vêtements sont attirants, cette Chloé Gilard doit être une femme de pouvoir.
Imany époussette avec douceur les portraits des deux enfants posés sur le bureau. Leurs sourires illuminent cet espace de travail froid, au mobilier triste et fonctionnel. Elle les aime bien ces deux-là. Comme le lever du soleil, c’est un petit plaisir du matin, un semblant de vie dans ce décor sans âme réservé aux chiffres, à l’argent virtuel, au travail dématérialisé. De voir ces portraits d’enfants, elle pense à sa fille qui doit être levée maintenant. Elle a un contrôle aujourd’hui avant le bac blanc. Imany ne pense qu’à ça. Les études, voilà le secret, tous ces gens dans ces bureaux ont une belle vie, se dit-elle. Pour sa fille elle voudrait le meilleur, pas cette existence de labeur ordinaire, sans lendemain, passée à se cacher des autres qui pourtant ne vous voient pas.
Dans son taxi, sans voir Paris qui s’éveille, Chloé Gilard déroule son agenda numérique. Son premier rendez-vous est à dix heures, elle dispose de vingt minutes pour voir ses collaborateurs, prendre un café, jeter un œil rapide sur les news financières de la nuit. La réception de la veille a laissé des traces. Elle s’est octroyé une heure de sommeil en plus, ce ne sera pas suffisant pour tenir cette journée démentielle. Dans son sac, elle vérifie qu’elle a bien en réserve quelques produits miracle pour booster sa journée.
Au pied de la tour AXA, un groupe de femmes en blouse bleue frappée du logo ParisClean se dirige vers le RER. Chloé quitte son taxi déjà dans sa journée de travail. Dans l’entrée de son immeuble-bureau, elle croise sans la voir une femme aussi en blouse bleue. C’est Imany qui en a terminé avec sa matinée et qui non plus ne la voit pas, trop occupée à surveiller son mobile dans l’attente d’un texto de sa fille. La fatigue est déjà là, encore une demi-heure de métro pour un deuxième job d’arrière-cuisine dans un restaurant vers Montparnasse. Un matin dans la ville, un matin comme les autres avec des gens pressés qui se croisent, presque à se toucher, mais qui ne se voient pas. Un monde de fourmis besogneuses, insensibles à leurs semblables qui se retrouvent parfois derrière l’anonymat d’un clavier, quand chaque regard devient suspect et quand l’indifférence est la norme.
Deux femmes de passage, comme des milliers d’autres, étrangères, distantes, mais si proches pourtant.
97
« Dernier message par Mic Ester le 12 Avril 2025 à 17:33:30 »
Bon titre qui donne envie d'aller plus loin, ça sonne comme une fin, sans retours ni remords, allez c’est bon on passe à autre chose. Bel instant de vie, bien écrit avec juste ce qu’il faut de mots, sans pathos, ni lourdeurs. J’ai bien aimé. A+ Mic
98
« Dernier message par Basic le 12 Avril 2025 à 11:41:20 »
Bonjour Marécage.
Dans ton message il y a un sous texte qui peut être mal perçu et qui n'a rien à faire dans une discussion. Tu parles de Grack, je pense qu'il s'agit du romancier mort en 2007 pas du mdein puis tu dédicaces une étrange maxime dédicacé à Marcel D, là aussi, il ne s'agit pas du mdein je suppose. Parce que ces adresses n'ont rien à faire sur le forum qui est un lieu de travail sur les textes, si dans la rubrique discussion où on aborde des sujets dits de "discussion". Tu peux poster des réponses directement sur les textes des collègues. Pour la modération Basic
99
« Dernier message par Luna Psylle le 12 Avril 2025 à 11:22:37 »
100
« Dernier message par LOF le 12 Avril 2025 à 10:55:56 »
Balade en forêt la nuitAprès diner je pars dans la nuit sous une pluie battante, je marche le long de la route dans la forêt, les voitures m’aveuglent de leurs phares et me rasent à vive allure, puis je tombe sur une petite église, je rentre à l’intérieur, une lumière à travers les vitraux projette sa mosaïque de couleurs sur le sol,
je devine que c’est l’éclat de la lune, et que la pluie dehors a cessé, une chorale d’enfants répète avec leur professeur un chant de noël, mais un orchestre de jazz voisin perturbe la répétition, les enfants sont obligés de sortir et de s’éloigner dans la nature au-milieu du chant des oiseaux et des herbes vertes, la voix faible des enfants à présent déclame du Racine, du Marivaux ou du Shakespeare,
plus tard lorsque j’arrive enfin à Versailles, dans la galerie des glaces du château, une troupe d’athlètes séduit le public par leurs jeux de muscles, les femmes se pâment d’admiration, les maris sont un peu jaloux et les enfants effrayés ont une moue de dégoût, le vie est remplie de contrastes comme une montagne à l’heure du coucher du soleil,
je monte les escaliers qui me conduisent à une mansarde exiguë, là à un membre de ma famille je dépose mon chat, un chaton de quelque mois, en faisant plein de recommandations au cousin pour qu’il nourrisse et surveille mon chat comme il faut, ma mère n’est pas loin, elle me dit que tout va bien et qu’elle est heureuse, mais certains détails me prouvent le contraire,
elle me raconte qu’elle a suivi son éducation dans une école catholique privée, il y avait des salons somptueux avec des tables recouvertes de délicieuses pâtisseries, dans les jardins elle plantait des fleurs dont les racines ne voulaient pas s’enfoncer dans la terre, ma mère à ses habits avait des poches monastiques déchirées qu’on lui faisait recoudre parce qu’elles étaient toujours trop remplies, elle participait aussi à d’étranges Concours de Courbes, les filles qui descendaient de la race des poules étaient favorisées, il est bien connu que les poules sont appréciées pour leurs courbes naturelles, mais ce n’était pas le cas de ma mère,
je raconte enfin à mon cousin une péripétie que je ne voudrais pas être celle de mon chat, c’est l’aventure d’un chien, une sorte de basset, qu’on doit pendre parce qu’il est coupable de sombres histoires, on marche en procession derrière lui, quelqu’un lui envoie des coups de pieds dans la gueule, on arrive à une chambre, au rez-de-chaussée, porte et fenêtre ouvertes, quelqu’un dort dans un lit sous une couverture, l’heure de la pendaison approche, le ciel est gris et l’air un peu frais,
mais mon cousin m’interrompt très en colère devant la cheminée de sa mansarde, il sort une vieille mitraillette et fait des tirs d’intimidation dont les balles sifflent à mes oreilles, je prends la mitraillette et la jette au feu en disant « Arrêtes tes conneries d’armes ! »,
on se réconcilie souvent en jouant au billard, les boules sont des petites billes, le tapis du billard est accidenté de cailloux et de mottes de terre, on n’envoie pas les billes dans les trous qui n’existent pas, le but est simplement de projeter la bille le mieux possible avec la queue de billard, chacun y va de sa technique personnelle, originale et parfois saugrenue, après on aime discuter longuement, on monte chacun sur une échelle, et à chacune de nos argumentations on grimpe un échelon, le vent souffle dans notre belle chevelure de neige, on a une figure comme une poire mûre, et aussi une belle paire de pognes qui se rebelle car elle n’aime pas les mots trop longs et compliqués,
on voudrait juste ressembler à des caïds, qui fonctionnent bien comme on dit, seulement quand on nous interroge on rougit et on finit par pleurer, au cinéma on est à plusieurs à regarder le même film, dans le groupe s’il y a un gars qui me déplaît je le zieute, ça l’énerve, il me dit si tu continues à me regarder comme ça je te flanque une gifle, la copine à mes côtés me dit de cesser de le regarder, le gars escalade la rangée de fauteuils et se dirige vers moi menaçant,
je me dis que le corps humain somme toute est un jeu de Lego, chaque pièce est transparente, on cherche vainement l’ossature d’un squelette dans les Lego, on est admiratif de chaque métamorphose, je suis un acrobate, un as de la haute voltige, mais je reste assis sur mon tabouret avec tout mon potentiel, à attendre que les gens qui passent le remarque, ce talent au repos en coulisse sur mon tabouret, il y a de l’impudeur dans cette situation, à me réciter tout le temps des alexandrins de Racine dans la crainte d’un trou de mémoire même si je connais par cœur toutes ses tragédies,
je m’allonge sur un matelas neuf et ferme, plus rien ne sera comme avant, un vieil homme se promenant par-là, me raconte ses souvenirs d’enfant quand il allait au cinéma et les larmes aussitôt me viennent aux yeux, il se rappelle du jour où il voulait voir Bruce Springsteen, le boss, le vieux demande à sa petite sœur si elle veut l’accompagner, elle ne se fait pas prier, même si elle n’a pas fini ses devoirs d’école, elle s’habille n’importe comment car le boss il s’en fout de l’habillement de ses fans, et ils partent assister au concert, même s’ils n’ont pas encore dîné et que les parents ne sont pas contents qu’on parte comme ça d’un coup sans les prévenir avant,
le vieil homme aussi raconte que la nuit il écrivait de poèmes pessimistes, le matin, à l’urinoir, il les déblatérait à son patron en improvisant la fin, pour se justifier il disait que c’étaient des poèmes de l’extrême, dans son lit le vieil homme prononçait d’admirables homélies,
pour ma part je sais que je fais des fautes d’orthographe, on m’en a fait le reproche, sur un arrière-plan d’ambiance de guerre, guerre devient alors « guère », et cher devient « chair » et bal devient « balle »,
à l’école primaire, on rentrait toujours dans la classe par les fenêtres, on se dirigeait vers notre pupitre en se frottant lentement les mains comme faisait notre maîtresse d’école, on s’asseyait et on travaillait dans un silence absolu, tout à coup la maîtresse hurlait « Silence ! » en frappant violemment son bureau avec sa règle,
je reprends mon trajet sur la route dans la forêt comme je l’ai dit au début du récit, je remarque que sur la semelle de mes chaussures il y a des zones tracées avec des mots différents, et que chaque zone et chaque mot me fait marcher d’une manière particulière, ainsi la pointe, le talon, le milieu ou le bord de ma semelle me fait fouler et considérer distinctement le monde où j’avance,
s’il y a en moi une propension à dire la vérité, devant quelques personnes plus rien ne me vient à l’esprit, je reste comme une vieille plaque photographique abandonnée, je patauge dans une bouillie d’imprécisions matée de réalité lointaine, alors je vais danser des chorégraphies en forme de carré, à l’entrée du night-club l’agent de sécurité enregistre le pédigré des bad boys habillés de pantalons larges et de vestes larges qui leur confèrent un air dégingandé très chic,
je pratique l’haltérophilie, j’ai des biscoteaux sous les vêtements que personne ne voit, je travaille sur des chaînes de montage, je répète chaque geste indéfiniment quel que soit mon humeur et ma fatigue, je suis condamné à subir l’automatisme de la chaîne, c’est rassurant et infernal, je passe aussi des castings pour des films publicitaires pour des produits cosmétiques, ça se passe dans une salle de bain, les murs sont protégés et recouverts de films plastiques, tout risque de prendre feu à chaque instant,
je dois franchir des passerelles métalliques, je grimpe par une échelle étroite de secours tandis que dessous monte la cabine d’un ascenseur qui m’écrase, je m’évapore à la lueur d’un soleil couchant sur les vignobles du Quercy, je m’habitue à recommencer ma vie, mais les commencements ne sont jamais assez commencés pour qu’on les reconnaisse, ils restent dans les limbes, ma forme bleu-nuit attend d’être interrogée,
je m’inscris dans une Ecole de Musique comme si c’était l’Ecole de la Vie, je dessine l’enfant que j’étais au fusain en clair-obscur, sur des maquettes ferroviaires je fais un contrôle technique pour annuler les sections défaillantes, dans la campagne française des soldats défilent, tendant leurs jambes ensemble avec harmonie, mitraillette au poing, l’arrondi de leur casque ressemble à celui des schleus en 1940, ils s’arrêtent pour manger, un genou en terre, ils dévorent une boîte de corned beef, le photographe leur dit « Souriez, souriez, soyez fier, et la boîte tenez là à hauteur de braguette ! »,
je joue sur mon bugle un air de musique alors que je ne connais rien à la musique, je crains que cette vérité se répande au grand jour, je suis un automate qui cherche sur la piste son partenaire pour s’accoupler, mes mouvements sont rythmiquement saccadés,
je deviens porteur d’ombrelles pour un président américain lors d’une garden-party, les propos du président sont facétieux et sans esprit, je m’interdis de le féliciter, je passe la serpillère et le balai pour faire le vide et laisser la place à je ne sais plus qui ou quoi,
une femme affolée vient me demander si je connais une certain monsieur Verneuil, je lui répond d’aller se renseigner sur Internet qui n’est pas utile que pour les cochons, je suis en colère contre ma sœur parce qu’elle a dit aux policiers que j’étais parti, en pleine nuit, à pied, sur la route, sous la pluie, dans la forêt, ce qui me rend suspect alors que je suis innocent,
il paraît que le vélo d’une amie égarée a été retrouvé dans la ville, j’ai peur d’être lynché comme les hommes de couleur à cause de mon mauvais caractère, je me suis fait tatouer la peau du cul pour qu’elle bleuisse comme la surface d’un lac, puis maintenant je me rends au bar du coin, je demande à une fille moche si elle veut sortir avec moi, elle répond qu’elle préfère passer la soirée avec ses copines,
les gens qui lisent leur journal avec un froissement de papier m’agacent, je dépense plusieurs billets de cinq cents euros en moins de temps qu’il faut à une mouette pour traverser la plage des Sables d’Olonne, je parcours dans les villes des places immenses et désertes qui rétrécissent à cause de la montée des eaux,
je me retrouve sans papier, je demande mon chemin sans être certain de retenir le parcours, je ne mets plus mes doigts dans le nez en prononçant des gros mots, je rêve d’un souffle qui serait comme l’haleine de l’esprit, je déplore que les femmes subissent les avances sexuelles des hommes riches,
puis en bordure de la forêt enfin je tombe sur le sentier qui conduit à ma maison, durant la nuit la pluie s’est transformée en neige, c’est le soir de Noël, je frappe timidement au carreau de la fenêtre du salon, les enfants s’amusent, mais le premier qui m'aperçoit derrière le carreau pousse un cri de frayeur et court se cacher sous la table, j’avais pourtant pris la peine de me déguiser en Père Noël, avec une capuche et une belle barbe blanche.
Écrivez-nous : 
Ou retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :
Les textes postés sur le forum sont publiés sous licence Creative Commons BY-NC-ND. Merci de la respecter :)
|