Sam'dit
Sam était engourdi. Ses membres courbaturés le faisaient souffrir le partir. Pourquoi, au grand pourquoi, avait-il fallut que ce soit Frodon le porteur de l'anneau et donc, par douloureuse et malheureuse extension, lui, Sam Gamegie, son compagnon de voyage (et pas des plus reposants, ça non) ? Oh, il le savait pourquoi en réalité : Frodon avait hérité l'anneau de son oncle, Sam avait joué les voyeurs et tout avait commencé ainsi, enfin, plus ou moins. Il avait du mal à se souvenir de tout. Il faut dire qu'on ne réfléchit jamais bien dans un demi-sommeil. Mais Sam sentait son réveil proche.
Il appréhendais cette journée, comme toutes les journées ces temps-ci. Ils n'étaient plus loin du Mordor, mais il s'inquiétait pour son ami : Frodon persistait à faire confiance à ce vil menteur de Gollum. Mais Sam en était convaincu, rien de bon ne pouvait se cacher sous son sourire édenté. Quant à Frodon, l'anneau l'éloignait chaque jour plus de sa vraie nature et...
Sam ouvrit les yeux. Il s'étira péniblement et se tourna vers Frodon qui...ne...Frodon n'était pas là !
Il se leva d'un seul coup et fit au moins trois tours sur lui-même en roulant des yeux dans toutes les directions afin d'être sur qu'il ne rêvait pas : il était seul. Totalement seul. Et le paysage n'était pas le même que la veille. Il se trouvait au milieu d'une immense étendue dénuée de tout relief. Le sol était sableux, oscillant entre le beige et l'ocre. Il sentait sous ses pieds nus les grains de sables qui caressaient sa plante avec douceur. Ils regarda vers l'origine de cette agréable sensation et constata alors, hébété, que ses pieds, qui avaient été meurtris et souillés par des semaines de marches, étaient maintenant propres, irréprochables.
Il constata que tout son corps était ainsi immaculé. Ses fripes, en revanche, étaient toujours aussi sales et malodorantes. Il n'y comprenait rien, rien du tout. Il commençait à paniquer. C'était impossible, il n'avait pas pu voyager aussi loin de son ami (et de cette répugnante créature) sans s'en rendre compte. Il décida de partir à leur recherche.
Deux heures de marches avaient passées. Sam était épuisé. Le paysage ne changeait pas d’un grain. Il passa sa main dans sa blonde tignasse et, par désespoir, hurla :
- MONSIEUR FRODON ! MONSIEUR FRODON ! REPONDEZ-MOI, JE VOUS EN PRIE ! MONSIEUR FRODON !
Rien ne lui répondit d'abord, sinon le silence oppressant de cet plaine. Puis, transperçant ce bruit inexistant, un violent éclair violet se fit voir et entendre à cent mètres de lui. Son désespoir se mua soudain en un inespéré espoir. Il couru à en perdre haleine vers cette source de lumière et d’espérance. Arrivé à hauteur de l’éclair, il s’arrêta et manqua de tomber sur la petite forme noire qui se tenait devant lui. Ce n’était pas Frodon, assurément pas. C’était une enfant. Humaine, bien que la blondeur quasi blanche de ses cheveux pouvait faire penser à une elfe.
- Hé, petite, dit Sam en la secouant légèrement, réveille-toi !
Et elle se réveilla, en un sursaut qui fit chuter de surprise le hobbit potelé. Elle se leva comme soulevé par une main invisible et dévisagea Sam, lequel eu alors le loisir de lui aussi l’observer. Sa chevelure blonde encadrait un visage pâle et ovale aux fines lèvres roses. Ses yeux d’un bleu profond et pénétrant étaient surmontés de sourcils arqués et dorés. Son regard désabusé, fuyant, donnait à Sam l’impression d’être sondé par cette étrange fille. Elle portait des boucles d’oreilles en forme de radis, une chemise et une cravate bleu-argent, une sorte de tunique noire en laine nantie d’un aigle bleu ainsi qu’un genre de robe très courte, noire elle aussi. Et ses jambes étaient couvertes de bas aussi noirs que ses chaussures.
Sam était perturbé par cet enfant, se sentant idiot : après tout, elle ne pouvait être dangereuse. Cependant, il ne savait que dire. Ce fut la fille qui prit la première la parole :
- Bonjour, qui êtes-vous ?
- Jeheu...je m’appelle Sam, Sam Gamegie, répondit le dénommé toujours aussi désemparé.
La fille, dont la voix était lente et fluette, lui sourit et continua :
- Je suis Luna. Vous êtes drôle avec vos grands pieds velus. C’est un sort qui les a rendu comme ça ?
- Non, pas...pas du tout. Je suis un hobbit, nous avons tous les pieds ainsi.
- Un Hobbit ? C’est votre nom de famille ?
- Mais...mais non ! Je suis un hobbit...comme un elfe est un elfe, ou un gobelin un gobelin !
- Eh bien, je connais les elfes de maisons et les gobelins mais je n’ai jamais entendu parler des hobbits. Peut importe. Savez-vous où nous sommes ?
- Non, pas la moindre idée. Je me suis réveillé ici, sans mon ami et je le cherche depuis des heures !
- Moi je me suis endormie dans le dortoir de Serdaigle, comme d’habitude, et je me réveille ici...étrange. Et j’ai mes vêtements au lieu de mon pyjama. Vous pensez que quelqu’un a pu transplaner en nous emportant avec lui ?
- Transplan...qu’est-ce que ça veut dire ?
La gamine le regarda en penchant la tête.
- Est-ce que vous vivez avec les moldus ? Vous n’avez pas l’air de connaître grand-chose à la magie.
- Je...non. Les magiciens sont assez mystérieux. Vous pratiquez la magie ? s’étonna Sam.
- Oui, je suis élève à Poudlard. C’est une école de magie, ajouta-t-elle voyant l’air hébété de Sam , en Angleterre.
- Angleterre ? Je ne connais pas cette contrée. Pour ma part je viens de la Comté.
Luna changea brutalement de sujet :
- Je me demande qui a bien pu nous emmener ici. Sûrement un coup des Nargols. J’avais pourtant gardé mes boucles d’oreilles pour les éloigner.
Décidément, lui qui ne comprenait déjà rien, Sam était décontenancé par cette fille. Chaque phrase qu’elle prononçait le laissait coit d’incompréhension.
- A moins que ce ne soit le Seigneur des Ténèbres, continua-t-elle songeuse.
- Oh, toi aussi tu es au courant que Sauron est de retour ?
- Sauron ? Non, Lord Voldemort.
- Je ne comprends vraiment rien à ce que tu dis. Tu utilise sûrement un parler magicien que je ne peux saisir. Si seulement Gandalf était là pour m’éclaircir.
- Qui est Gandalf ?
- Tu ne le connais pas ? Tu es pourtant magicienne. Gandalf le gris. Un très vieil homme à la barbe longue. Un magicien très puissant. Comme avec toi je ne comprends pas tout ce qu’il dit, il parle sans arrêt en énigmes.
- Dumbledore tu veux dire ? Comment le connaîtrais tu si tu ne connais pas Poudlard ?
Pendant un certain temps, le dialogue de sourd continua de cette façon. Sam s’étonnait du calme de Luna qui n’étais en rien affolée de se trouver au beau milieu de nul part avec un inconnu. Ce n’était pas son cas, il ne savais que faire, où aller.
Soudain, un bruit éclata. Un orage invisible était en train de secouer le ciel qui pourtant restait bleu et sans nuage. Une voix immense et tonitruante, venant du même endroit, s’éclaircit la gorge, avant de gronder :
-
Samsaget Gamegie et Luna Lovegood ! Les intéressés se regardèrent, comme pour confirmer qu’ils s’agissait bien d’eux.
-
Ecoutez-moi, continua la voix,
je vous ai choisi pour vivre ensemble des aventures palpitantes ! Mais sachez ceci : vous me décevez. Vous perdez votre temps en babillages et badinages alors qu’un hobbit armé d’une épée et une sorcière équipée d’une baguette devraient sans tardez combattre monstres, soldats et mages noirs ! Je ne vous ai pas invoqué pour papoter et barboter quand vous pourriez vous lancer dans le grand bain !- Mais de quels monstres parlez-vous ? demanda Luna.
- C’est vrai, enchaîna Sam, nous sommes seuls ici.
Si la voix avait-eu un visage, le silence qui suivit se serait sans aucun doute accompagnée d’une mine déconfite.
-
Je...merde. Je n’avais pas pensé à ça. Bordel comment ai-je pu oublier ! Maintenant c’est trop tard, l’histoire est niquée, la narration bloquée ! S’en suivit une série de jurons que, résolument, ma mère, m’a défendu de citer ici (je cite donc Brassens à la place).
-
Je vous ai invoqué ici pour rien ! Pour rien ! Je vais aller me pendre avec des lacets ! Mais c’est pas possible, mais quel con !- Mais pourquoi nous avoir « invoqué » nous en particulier ? demanda Sam
-
Je n’avais pas beaucoup de choix. J’ai pris ce qui me semblait le mieux parmi les résultats des votes. Putain, j’aurais mieux fais de choisir Columbo ou princesse Mononoké, j’aurais peut-être eu plus de chance. Et puis surtout, qu’est-ce qui m’as pris de vous foutre dans un paysage lisse sans ennemi aucun, ou au moins d’autres personnages.Quel abruti ! Y’a rien d’intéressant là, rien de marrant. C’est navrant.- Attendez, dit Sam, vous voulez dire que vous nous avez fait venir ici pour...vous amuser ? Pour vous divertir ?
- C’est vrai que c’est pas très sympa, confirma Luna.
-
Oui, ben c’est le principe d’une fan-fiction. Mais de toute façon vous ne pouvez pas comprendre. Le Monde de L’écriture ce serait trop dur à imaginer pour qui vient de la Terre du Milieu ou de Poudlard. Maintenant j’ai plus qu’à ranger mon clavier et écrire autre chose. Les fan-fictions c’est pas pour moi. Et la voix s’évanouit dans uns soupir.
- Eh ! Attendez, cria Sam.
Il agitait en vain les bras, tentant de faire revenir cet être qui semblait maître de leu destin.
- J’ai une idée pour attirer son attention, intervint Luna.
Elle brandit alors une branche taillée et déclama :
-
Lumos Maxima ! Une lueur prodigieuse éclaira alors les environs. Cette lueur, accompagnée des cris de Sam, eut vite fait de rameuter à nouveau la voix :
-
Vous avez pas bientôt fini oui ! Je n’en ai plus rien à carrer de cette histoire. Laisser moi en paix !- Mais, gémit Sam, comment rentre-t-on chez-nous ?
-
Ah...oui, bonne question. Bon, vous avez de la chance, je suis cool, je vous renvoie chez-vous. Vous allez vous réveiller comme si de rien était et vous ne vous souviendrez de rien. Aller… Alors on entendit un claquement de doigt retentissant et tout s’estompa.
Et puis pour les fan-fictions, on verra une autre fois.