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Auteur Sujet: Detox [Tic-tac 13 juin 2018]  (Lu 3297 fois)

Hors ligne Miromensil

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Detox [Tic-tac 13 juin 2018]
« le: 13 juin 2018 à 22:35:05 »
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


Il y a une lampe de chevet.
Elle repose sur un petit pouf orange en plastique. Quand il fait chaud, le pouf sue et ça pue. Il faut alors imaginer le loquet s’ouvrir pour faire entrer l’air frais. On n'imagine pas comme la relation de l’eau et du plastique se ménage mal. Le lit est bien à son aise sous les couvertures. Au sol, un damier en couvertures de livres s’étend de tout son long. Ce pourrait être l’angle d’une chambre, ou d’un boulevard se ruant vers l’infini. La fenêtre pend. Autour, des bonnets de douche, de tous motifs et de tous gabaris, se gonflent et pulsent vers les abysses supérieures. Des organismes s’époumonent de-ci, de-là. A côté de la lampe, clignote une mappemonde. Elle évoque la cartographie de pays imaginaires en voie d’apparition. Il ne manque qu’un être humain pour compléter cette nature morte.

***

Hugo coud.
Il fait ce qu’il appelle des assemblages. Des corps, des choses et des âmes ensemble. C’est son passe-temps. Sur un réveil, une main tient entre ses doigts des lunettes auxquelles pendent des porte-clés de toutes sortes. Un cactus s’est vu piqué de boutons dépareillés. Lui-même ressemble à un panneau publicitaire, avec toutes ses affiches, ses prospectus et ses tracts placardés sur son tuxedo. Il coud des trucs assis au milieu des gens qui déambulent en se vaquant d’un point à l’autre de leur emploi du temps. Il use le sien en faisant jouer le piano de ses phalanges. Une des phrases qui lui donne des frissons et l’envenime toute la moelle épinière durant édicte une maxime selon laquelle les quatre saisons se sont donnés rendez-vous sous son crâne. Aujourd’hui, Hugo est automne. Les couches de son épiderme s’effeuillent rouges, ocres et brunes. D’humeur hasardeuse, avec un long cheveu qui lui sert de fil, il assemble les couches de son épiderme en éventail. Il soupire. Personne ne lui achètera ses oeuvres qui jonchent le trottoir. Son journal intime est une décharge.

Mais la rumeur bat son plein. Hugo déchante ; à douze heures et à vingt heures trente, il prend un polaroïd du premier venu pour compléter sa collection de spécimens pour son herbier des vivants ; Hugo trame quelque chose, ses découpages en disent long de son envie de tout taillader, il va faire de nous des silhouettes mutilées ; Hugo doit être mis en quarantaine, tous les mercredis, qu’on souffle un peu. Cependant, il écoute. Si bien. Ceux qui brodent leur trajectoire jusque son petit écriteau, sur lequel il est marqué « Vous écoute », s’assoient face à lui et hochent la tête. L’énergumène suspend son geste et laisse tranquille l’éventail de doigts de pieds. Il ne leur demandera rien en retour, si ce n’est les prendre en photo.

« Un rat des villes, fureteur de poubelles, avec un sens esthétique à l’odorat confirmé ». Qu’ils parlent ; Hugo a autant d’oreilles qu’il faut.

La clameur multicolore les enrobe comme un bonbon acidulé. Ils sont un grain de sucre dans un océan d’amertume. Les shops vantent la décadence assumée, les néons prônent la fin du présent, l’embrasement des idées noires. Un commerce d’organes a pris place derrière les vitrines. Hugo se nourrit des déchets. Quelques autres aussi. On vient le voir ; il ne compte plus aller vers personne, la roue de la fortune a fait tourné cent fois sa langue, à tel point qu’il l’a ravalée. Aller dire bonjour revient à franchir un précipice, il n’en a pas le courage. Une dame d’une cinquantaine d’années, marquée par des cernes jusqu’à la naissance de son cou, fait soupirer sa doudoune en s’asseyant en tailleur en face de lui. A ce qu’il parait, vous donnez des conseils gratuitement. J’ai pas un rond mais j’ai des choses à dire. « Hugo, c’est ça ? ». Il lui serre la main. Quand la dame rouvre sa paume, une carte de visite martèle en petits caractères qu’ils vont chez lui, que c’est pas loin, qu’il n’est anthropophage qu’envers lui même mais qu’il lui ouvrira grand ses narines. Hugo sort de sa poche un avion en papier qui file parmi les jambes des déambulants.

***

Sa pièce de prend jamais la poussière. Les bribes de paroles lui manquent quand il vient ici.
Hugo danse, et dans ses traces de pas se creusent des marécages dont les odeurs nauséabondes se renferment dans un parfum… des marasmes fumants. Hugo n’a qu’une seule bobine de fil, un long cheveu auburn, dont il se sert parfois pour reconstituer le puzzle décousu des membres de son corps. Le cheveu passe par un lobe d’oreille avant de rejoindre une hanche et une cuisse. Il se contorsionne et se fige. Hugo est une statue vivante.

Assise par terre, le dos appuyé contre le lit, avec Hugo qui farfouille près de la fenêtre qui joue à l’ascenseur, la dame lui racontera sa vie. Des bruits du quotidien qui lui démangent et qu’elle voudra étiqueter pour les ranger près de son armoire à chaussures, pour ne plus les entendre. De sa fille qui lui claque les portes au nez en affirmant vouloir, se faisant, changer d’air. Des abeilles qui viennent mourir tous les matins sur ses appuis de fenêtre. Des ballets de portefeuilles qu’elle croit voir tous les matins en se levant et giclant les murs de leurs cartes de fidélité. Des pièces de monnaie qui lui indiquent le chemin, et dont un carrefour l’a menée jusqu’à lui. De sa passion pour les rond-points et leur capacité à faire croire que les choix n’ont pas lieu d’être. Ce qui est difficile quand on vient pour se faire écouter, c’est soutenir le regard d’Hugo, imperturbable, inerte dans sa vivance si ce n’est l’odeur de forêt humide qu’il exhale parce qu’il est autonome. Il faut pouvoir accepter de se faire transpercer les tympans par une présence poussée jusqu’à son aporie. Tout autour, des bonnets de piscine de toutes les couleur volètent. Le sol en vieilles couvertures de livres est confortable. C’est comme si une vie dénudée de murs porteurs était possible. Comme si la mise entre parenthèses de sa concrétude revêtait les atours du vécu. Des soupirs de toutes les espèces d’olibrius se sont exhalés d’un même coup pour rendre palpable la lassitude faite lieu de passage. Sur la mappemonde s’esquissent les frontières d’espoirs entr’aperçus pendant un temps d’absence. Hugo en est le gardien. Il n’en soufflera pas un mot.
« Modifié: 02 octobre 2018 à 19:40:19 par Miromensil »

Hors ligne Rémi

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Re : Loin de moi cet arôme [Tic-tac 13 juin 2018]
« Réponse #1 le: 13 juin 2018 à 22:50:02 »
Yo !

Je fais pas de relevé, je préfère me concentrer sur le texte.

Citer
« Un rat des villes, fureteur de poubelles, avec un sens esthétique à l’odorat confirmé ». Qu’ils parlent ; Hugo a autant d’oreilles qu’il faut.
très très beau ça

Citer
Hugo n’a qu’une seule bobine de fil, un long cheveu auburn, dont il se sert parfois pour reconstituer le puzzle décousu des membres de son corps. Le cheveu passe par un lobe d’oreille avant de rejoindre une hanche et une cuisse. Il se contorsionne et se fige. Hugo est une statue vivante.
idem, c'est superbe ça

Citer
Des ballets de porte-feuilles qu’elle croit voir tous les matins en se levant et giclant les murs de leurs cartes de fidélité.
zaï zaï zaï  :mrgreen:

et la fin est magnifique.

Bon, y a un peu de bordel à élaguer, à mon avis, mais c'est très chouette ce texte. L'idée de cet écouteur-aspirateur-brocanteur... bref ce que t'exprime de façon si poétique, c'est vraiment super.

Merci pour la lecture, et j'espère que tu prendras le temps de peaufiner un peu ce texte, il le mérite beaucoup !

(cétrobien les tic tac :) )
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

Hors ligne Claudius

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Re : Loin de moi cet arôme [Tic-tac 13 juin 2018]
« Réponse #2 le: 13 juin 2018 à 22:54:47 »

Qui donc est le plus halluciné ? J'ai bien aimé, certaines images sont hallucinantes "u_u). C'est tout de même un peu déjanté ! mais chouette de chez chouette


 :) :)
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Hors ligne Become

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Re : Loin de moi cet arôme [Tic-tac 13 juin 2018]
« Réponse #3 le: 13 juin 2018 à 23:18:54 »
Coucou !

C'est un petit bout de poésie ce texte  ^^
Plein de petites métaphores, d'images, je suis contente de découvrir ton monde un peu plus :)
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Hors ligne Aléa

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Re : Loin de moi cet arôme [Tic-tac 13 juin 2018]
« Réponse #4 le: 14 juin 2018 à 00:27:09 »
Citer
Quand il fait chaud, le pouf sue et ça pue.
ce genre de petite phrase facile mais du coup absurde et mignonne hahaha


Citer
qu’on souffle un peu.
bof
(alors c'est le seul truc qui m'a dit bof jusque là, tout le reste est niquel et j'ai pas relevé les dizaines de phrase que je coeur)
(et en lisant la suite, c'est peut être pas le bon endroit, niveau du rythme du texte, pour parler du fait qu'il doit être mis en quarantaine, vu que la scène reprend là où elle en était avant, enfin je sais pas, ca me parait pas être amené de la façon qu'il faut en tout cas, mais bref c'est une broutille


Citer
Ceux qui brodent leur trajectoire jusque son petit écriteau, sur lequel il est marqué « Vous écoute », s’assoient face à lui et hochent la tête.
OK alors ca par contre c'est une idée génialissime ! J'ai trop trop trop envie de le faire du coup :o



Du coup :

Honnêtement y'a très peu de dechet, je veux dire, quelques petites coquilles et des trucs que tu trouveras à reformuler ou à recadrer pour le rythme global du texte, mais c'est pas énorme.
En fait ca me laisse cette sensation que, ce monde que t'as en tête avec tout ton vocabulaire déjanté, bah ici tu l'a maitrisé de a à z, c'est contrôlé et ca fonctionne super bien.
Bref pour réussir à faire ça en une heure je pense que t'as sacrément progressé ^^

DONC :
MAIS COMMENT CETAIT TROP CHOUETTE KJBAKHBVRBZ
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
- Alain Damasio

Léilwën

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Re : Detox [Tic-tac 13 juin 2018]
« Réponse #5 le: 14 juin 2018 à 22:06:44 »
Coucou Miro !

Citer
Quand il fait chaud, le pouf sue et ça pue
=> :D

Citer
On imagine pas
=> n'imagine

Citer
la relation de l’eau et du plastique se ménage mal
=> j'aime la formulation !

Citer
Elle évoque la cartographie de pays imaginaires en voie d’apparition. Il ne manque qu’un être humain pour compléter cette nature morte.
=> :coeur:

Citer
passe temps
=> tiret

Citer
porte clés
=> idem

Citer
Lui même
=> idem^^

Citer
qui déambulent en se vaquant
=> "se vaquer" ne se dit pas... mais pourquoi pas...

Citer
Une des phrase
=> +s

Citer
les quatre saisons se sont données
=> donné

Citer
Les couches de son épiderme s’effeuille
=> +nt

Citer
Aujourd’hui, Hugo est automne. Les couches de son épiderme s’effeuille rouges, ocres et brunes. D’humeur hasardeuse, avec un long cheveu qui lui sert de fil, il assemble les couches de son épiderme en éventail.
=> :coeur:

Citer
Son journal intime est un décharge
=> une

Citer
à douze heure et à vingt heure trente
=> "heures" (pour les 2)

Citer
ses découpages en disent long de son envie de tout taillader, il va faire de nous des silhouettes mutilées
=> j'aime bien les sonorités ! :)

Citer
Hugo doit mis en quarantaine
=> il manque un "être" il me semble ?

Citer
marquée par des cernes jusqu’à la naissance de cou
=> il manque un "son" ou alors "de" est un "du" ?

Citer
Des bruits du quotidien qui lui démangent et qu’elle voudra étiqueter pour les ranger près de son armoire à chaussures, pour ne plus les entendre.
=> :coeur:

Citer
porte-feuilles
=> pas de tiret, c'est tout collé^^

Citer
Des pièces e monnaie
=> de

Citer
et dont un carrefour l’a mené
=> +e ("l'", c'est bien la dame ?)

Citer
Il faut pouvoir accepter de ses faire
=> se

Citer
C’est comme une vie dénudée de murs porteurs était possible
=> comme si ?

Au total, j'ai vraiment beaucoup aimé ce texte... et voilà^^

À bientôt ! :oxo:

Hors ligne Miromensil

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Re : Detox [Tic-tac 13 juin 2018]
« Réponse #6 le: 02 octobre 2018 à 19:42:18 »
Je n’avais pas eu le temps de répondre à l’époque…

Rémi
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Bon, y a un peu de bordel à élaguer, à mon avis, mais c'est très chouette ce texte. L'idée de cet écouteur-aspirateur-brocanteur... bref ce que t'exprime de façon si poétique, c'est vraiment super.
Merci, c’est encourageant ! Je pense le retravailler, c’est pour ça que je venais le lire. J’aimerais bien l’envoyer à l’Ampoule, peut-être, ça a l’air de rentrer dans leur ligne d’édito mais je sais pas… ce texte-là, où Bergamote, mais lui nécessite plus de travail.

Claudius
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Qui donc est le plus halluciné ? J'ai bien aimé, certaines images sont hallucinantes "u_u). C'est tout de même un peu déjanté ! mais chouette de chez chouette
Haha merci Claudius, j’imagine que c’est pas ta tasse de thé à la base !

Become
Oh t’étais passée  :coeur: Merci !

BenG
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(alors c'est le seul truc qui m'a dit bof jusque là, tout le reste est niquel et j'ai pas relevé les dizaines de phrase que je coeur)
Ca fait une phrase à modifier ! :mrgreen:

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(et en lisant la suite, c'est peut être pas le bon endroit, niveau du rythme du texte, pour parler du fait qu'il doit être mis en quarantaine, vu que la scène reprend là où elle en était avant, enfin je sais pas, ca me parait pas être amené de la façon qu'il faut en tout cas, mais bref c'est une broutille
Je vais y réfléchir, ça va m’être utile

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Honnêtement y'a très peu de dechet, je veux dire, quelques petites coquilles et des trucs que tu trouveras à reformuler ou à recadrer pour le rythme global du texte, mais c'est pas énorme.
Ca aussi c’est encourageant haha

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En fait ca me laisse cette sensation que, ce monde que t'as en tête avec tout ton vocabulaire déjanté, bah ici tu l'a maitrisé de a à z, c'est contrôlé et ca fonctionne super bien.
Roh ça c’est trop cool  :coeur: Oui, sur Bergamote, le texte se cherchait un peu je pense… (vu qu’ils ont été écrits au même moment)

Léli
Merci pour le relevé des fautes d’orthographe et la liste des mots manquants (y en avait pas mal !), j’ai modifié.

Contente que t’aies apprécié ^^

Bon ça me donne envie de faire des tic tac moi tout ça u_u

 


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