bref, en l'état, ton argumentation me donnerait plutôt envie de dire aux chercheurs dont les travaux s'inscrivent peu ou prou dans les gender studies "continuez, et bientôt, à force de travaux intéressants et stimulants (1) vous serez comme vos collègues : vous n'aurez plus besoin de vous justifier à tout bout de champ"
Niveau diplomatie, on a fait mieux quand même
Enfin bref : on s'en fout ! Disons mal entendu et trop d'Ice tea pour moi
Je peux justifier un peu plus le truc pour que ça soit plus clair...
En fait, je ne trouve pas inintéressant et je trouve même possible intéressant d'interroger la notion de genre en rapport avec la société. D'ailleurs, l'une des fondations de cette tendance s'est faite avec un des livres que je trouve le plus intéressant épistémologiquement parlant : L'histoire de la sexualité de Michel Foucault. Ce que je trouve dommage, et ce ne sont que les épiphénomènes d'une démarche possiblement intéressante en soi, c'est le "phénomène" lui-même : ce que je trouve regretable, finalement, c'est que cette approche à partir de la question des genres, parce qu'elle est devenue "à la mode", soit utilisé dans des analyses (historique, sociologique, etc.) comme un fondement, comme une base que l'on interroge pas, plutôt que comme une visée, une démarche qui se questionne.
Là-dessus, je suis tout à fait d'accord pour dire qu'une partie de la recherche en sciences humaines est pourrie par cet espèce de dogmatisme mou. Notamment dans ma discipline, la philosophie (même si je pense toujours idiot de séparer les disciplines, etc. mais c'est une autre question) où l'on trouve des écoles à tout bout de champ et des sbires de ces écoles, qui finissent pas tourner autour de leur propre pot sans se demander où ils vont et pourquoi ils y vont.
L'exemple de Katherine Park est symptomatique : pour moi, c'est un moment assez dommage où les Genders Studies finissent par avoir les même travers que les analyses marxistes des années 60. Je ne dis pas le même fond théorique, je dis la même "structure d'approche" : c'est à dire une globalisation des lignes de forces d'une réflexion, sur des sujets qui, du coup, sont appauvries de ce fait. Katherine Park fait une analyse très intéressant de la médecine pratique à la Renaissance à Florence (c'est un thème vraiment puissant, derrière son côté particulier, parce que la médecine à Florence au XVe siècle détermine toute une approche du monde et de la connaissance, etc.), elles posent des hypothèses riches, a une démarche modeste et très bien documenté, etc. Malheureusement, a plusieurs reprise, elle tord son approche pour "coller" à la pensée du "genre". Le "genre" est devenu une forme de paradigme intellectuel dont il est extrêmement difficile de se détacher ; c'est le genre d'approche qui, parce qu'elle est très intéressante et très puissante, tant à l'uniformité. C'est un peu comme le phénomène/noumène kantien en philosophie : c'est une piste qui, à partir du moment où elle est creusée, rend difficile une échappée, une sortie du truc.
Cela ne veut pas dire que les Genders ne valent rien : que les questions qui se posent, que les hypothèses proposées ne sont pas justes. Cela veut simplement dire qu'elles tendent, comme toute "mode intellectuelle", à la construction d'un paradigme épistémologique qui est dangereux à partir du moment où il est envisagé sans être interrogé pour lui-même.
Bien sur que personne ne prétend explicitement choisir les "genres" comme grille de lecture. Mais à partir du mouvement où l'on envisage les "genders studies" comme des pôles de recherches spécifiques dans les universités ; eh bien l'on fonde une démarche qui envisage le "genre" comme une grille d'interprétation possible pour les phénomènes sociaux et on prend le risque de la "délimitation des champs" empêchant l'entremêlement des problématiques.
Enfin je ne sais pas... peut-être que je dis n'importe quoi