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29 mars 2024 à 06:53:14
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Auteur Sujet: La Dame de La Montagne en Cuivre (la traduction dans français)  (Lu 32825 fois)

Hors ligne Nanten

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C'est une traduction dans le français du premier “skaz“ (une histoire fabuleuse) d'un cycle de Pavel Bajov, un écrivain russe qui écrivit au début du XX siècle. Il recueillit les légendes des ouvriers ouraliens dont les sources avaient passé au XVIII siècle, et il les remania. En Russie chaque enfant sait qui est La Dame de La Montagne en Cuivre, La Dame, la Reine des couches profondes d'Oural, et je voudrais que les Français  sachent aussi ces belles histoires.

L' auteur: P. Bajov
                                                                                                                   
La traductrice: Nanten

La Dame de La Montagne en Cuivre


Un jour, deux hommes de notre usine allèrent regarder l’herbe. Leurs prairies se trouvaient loin, au delà de la petite rivière Sévérouchka.
Il y avait fête, il faisait très chaud. Le grand soleil brûlait. Mais l’un et l’autre travaillaient dans la montagne, c’est-à-dire, aux Goumeuchkies. Ils extrayaient le minerai de cuivre : la malachite et l’azurite aussi. Quelquefois, les cristaux du cuivre et le cuivre natif se mêlaient à d'autres minerais qui convenaient.
L’un était un jeune homme célibataire, mais ses yeux commençaient déjà à devenir verts. L’autre homme était âgé, et lui était tout usé. Le blanc de ses yeux devenait vert et ses joues se couvraient de vert. Et cet homme toussait toujours.
Il faisait bon dans la forêt. Les oiseaux chantaient joyeusement, la vapeur se levait de la terre, il était facile de respirer. Bien entendu, ils furent accablés de chaleur. Ils arrivèrent à la mine de La Montagne Rouge, d'où l'on extrayait le minerai de fer. Nos deux compagnons se couchèrent donc sur l’herbe sous un sorbier et s’endormirent tout d’un coup. Mais soudain, le jeune homme se réveilla comme si quelqu’un le poussait. Il regarda : une jeune fille était assise dos à lui sur un petit tas de minerai. Et de sa tresse, on pouvait voir que jeune fille était une fille célibataire. Sa tresse était bleue-noire et ne pendait pas comme celle de nos jeunes filles, mais comme si elle adhérait à son dos. À l’extrémité de la tresse, il y avait des rubans soit rouges soit verts. Ils étaient transparents et tintaient doucement comme le cuivre en feuilles. Le gars était ébahi par cette tresse, mais l’observait encore. La jeune fille n’était pas de grande taille,  mais était bien troussée et une telle frétillonne, ne pouvait pas rester assise tranquille. Tantôt elle se penchait en avant comme si elle recherchait quelque chose sous ses pieds, tantôt elle se rejetait en arrière de nouveau, tantôt elle se penchait d’un côté et tantôt de l’autre, ou bien elle sautait sur ses pieds et brandissait ses mains, ensuite elle se baissait à nouveau. En bref, la jeune fille était comme le mercure. On l’entendait parler, mais il était impossible de comprendre quelle était cette langue et avec qui elle causait. Mais elle parlait, en rigolant. Elle semblait égayée.
Au premier abord, le gars voulut lui parler, mais soudain, ce fut comme si on le frappait sur la nuque.
« Bonne mère, c’est une vraie-Dame donc ! Quels sont ses vêtements ! Comment ne les ai-je pas aperçus d’emblée ? Elle a détourné mes yeux par sa tresse. »
En effet, les vêtements étaient tels qu' il n’y en avait pas de pareils dans le monde entier. La robe, vois-tu, de la malachite de soie. Il y en a une seule sorte.  C’est une pierre, mais elle a l’air d’être de la soie, on a même envie de la toucher.
« En voilà, un malheur,  pensait le garçon ! Que nous savions seulement jusqu’à ce que elle ne nous aperçoive pas ».  Il entendait, vois-tu, les vieux parler que cette Dame, la malachitine, aime jouer avec les mortels.
À peine avait-il pensé ça qu’elle se retourna.
Elle regardait le gars gaiement, souriait et disait d’un ton badin :
« Pourquoi, Stépan Pétrovitch, écarquilles-tu gratuitement tes yeux à la beauté d’une jeune fille ? Pour regarder, il faut payer. Viens donc à moi. Nous parlerons un peu ».
Le garçon eut peur, bien sûr, mais il n’en laissait rien voir. Il tenait bon. Soit elle était une puissance mystérieuse, mais une jeune fille tout de même. Lui, il était un jeune homme, c’est pourquoi il avait honte de lui montrer ses craintes.
« Je n’ai pas de temps, disait-il, pour parler. Ensuite, nous avons dormi, bien que nous allions regarder l’herbe. »
Elle riait, puis disait :
« Finis-donc de biaiser. Va-t-à moi, je te dis qu’il y a une affaire ».
Bon, le garçon voyait qu’il était impossible de l’éviter. Il s'approcha d'elle, mais elle brandissait sa main : contourne le minerai de l’autre côté. Il le contourna et voyait qu’il y avait là, une multitude de lézards là-bas. Tous étaient variés, vois-tu. Par  exemple, les uns étaient verts, les autres étaient bleu-clair, quelques-uns devenaient bleu ou étaient comme l’argile ou bien comme le sable aux paillettes d’or. Les uns reluisaient comme le verre ou le mica, les autres étaient comme l’herbe flétrie et quelques-uns étaient ornés de dessins.
La jeune fille riait.
« N’écrase pas, disait-elle, mon armée, Stépan Pétrovitch . Regarde, combien tu es grand et lourd, mais eux, ils sont petits. »
Elle claqua des mains et les lézards se débandèrent, laissèrent passer.
Voilà, le gars s’approcha et s’arrêta, elle claqua des mains à nouveau et dit tout en riant :
« Maintenant, il n’y a plus de place pour poser ton pied. Si on écrase mon serviteur, un malheur arrivera ».
Il regarda sous ses pieds, mais dessous, il était impossible de voir la terre. Tous les lézards s’entassèrent ensemble, et ce fut comme si un plancher s’ouvrait. Stépan regardait – mon Dieu, c’est un minerai de cuivre donc ! de toutes sortes et bien polis. De plus, il y avait le mica et la blende et les paillettes variées qui ressemblaient à la malachite.
« Eh bien, m’as-tu reconnue maintenant, cher Stépan ? » lui demanda -t-elle et elle riait. Puis, peu de temps après, elle dit :
« Ne crains rien. Je ne te causerai aucun mal».
Le jeune homme fut vexé d’entendre la jeune fille se moquer de lui et lui dire de tels mots. Il se fâcha pour de bon, il cria, même :
« Qui pourrais-je craindre,  je travaille dans la montagne !
- Voilà c’est bien, réponda la malachitine, c’est justement ce qu’il me faut : un tel homme qui ne craint personne. Pour demain, à l’heure ou on descend dans la montagne, c’est votre intendant qui viendra. Dis-lui, mais surtout n’oublie pas les paroles :
« La Dame de La Montagne en Cuivre t’as ordonné à toi, bouc infect, que tu décampes de la mine de la Montagne Rouge. Si tu me fais casser encore ce chapeau de fer, je te ferai descendre tous les cuivres des Goumeuchkies là où personne ne pourra les prendre ».
Elle dit cela et cligna ses yeux :
« M’as-tu compris, cher Stépan ? As-tu dit que tu travailles dans la montagne et que tu ne crains personne ? Alors, rapporte à l’intendant ce que je t’ai dit. Maintenant, va et ne parle de rien à cet homme qui est avec toi. Il est un homme usé, il ne faut pas l’alarmer et le mêler à cette affaire. J’ai même dit à l’azurite qu’il lui aide un peu ».
Elle claqua des mains à nouveau et tous les lézards se débandèrent. Elle-même aussi, elle sautait sur ses pieds, se prenait pour une pierre, bondissait et courait comme un lésard sur cette pierre. Des pattes vertes apparurent à la place de ses mains et de ses pieds, une queue se montra,  une raie noire passa sur la moitié du dos, mais la tête resta humaine. La Dame courut jusqu’au faîte, se retourna et dit :
« N’oublie pas, cher Stépan, comment je t’ai dit. « Je te l’ai ordonné – bouc infect – de décamper de la mine de la Montagne Rouge ».  Si tu fais à mon gré, Stépan,  je me marierai avec toi ! »
Le garçon  en cracha même dans l’emportement :
« Pouah, quelle saleté ! Moi, que je me marie pas avec un lézard ».
Elle le voyait cracher et riait.
« Bon, criait-elle, nous en parlerons après. Peut-être que tu changeras d’avis ? »
Aussitôt, elle se glissa rapidement derrière le tas du minerai, sa queue s’évapora.
Stepan Petrovitch resta seul. La mine était silencieuse. L’autre homme, on ne l’entendait que ronfler. Stépan le réveilla.  Ils arrivèrent à leurs prairies, regardèrent l’herbe, rentrèrent à leurs maisons le soir, mais Stépan ne pensait qu’une chose : que faire ? C’était difficile pour chacun de dire de telles paroles à l’intendant qui était infect, c’était une vérité. On disait qu’il avait un pourri dans son corps. Mais ne pas lui  dire, cela était mal aussi. Puisqu’elle était La Dame. Elle pouvait transformer tout le minerai en blende. Comment réaliser ces tâches, pour le mieux ? Mais le pire c’était qu’il aurait honte de se montrer comme un fanfaron devant la jeune fille.
Il y réfléchit longtemps et décida :
« Coûte que coûte, je ferai comme elle me l’a  ordonné ».
Le lendemain matin, quand  les gens se furent réunis contre un ascenseur de la mine, l’intendant d’usine vint. Bien sûr, tous ôtèrent leurs chapeaux et se taisaient, mais Stépan s’approcha de lui et dit :
« Hier, j’ai vu La Dame de la Montagne en Cuivre et elle m’a demandé de te dire. Qu’elle t’ordonne à toi, le bouc infect, de décamper de la mine de la Montagne Rouge. Si tu lui abîmes ce chapeau de fer, elle fera descendre tous les cuivres des Goumeuchkies là où personne ne pourra les prendre ».
Même la moustache de l’intendant commença à vibrer.
« Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Toi, tu es saoûl où tu as perdu la raison ? Quelle Dame ? A de telles paroles ? Moi, je vais te laisser moisir à la montagne !
- Comme tu veux, disait Stépan, mais on me l’a demandé ainsi.
- Fouettez-le, criait l’intendant, descendez dans la montagne et enchaînez-le dans un chantier ! Donnez-lui de la lavure de cochon qu’il ne crève pas et demandez-lui ses tâches sans indulgence. S’il arrive quelque chose, fouettez-le sans merci ! »
Bien sûr, on fouetta le Stépan Pétrovitch et on le mit à la montagne. Un surveillant (qui était un vrai chien) lui donna le pire des chantiers. Là, ou il y avait de l’eau et ou il n’y avait pas de bon minerai, il serait grand temps de le quitter, cet endroit. On enchaîna Stépan sur une chaîne longue, pour qu’il puisse travailler. Bien entendu, ces choses se passaient au temps du droit de servage.  On tourmentait les gens par tous les moyens. Le surveillant disait encore :
« Refroidis-toi un peu ici. Ta tâche de la malachite sera finie ».
Il ordonna tout incroyablement.
Tant pis. Quand le surveillant s’en fut allé, Stépan se mit à agiter son pic, il était un gars agile quand même. Il regardait que tout allait bien. La malachite tombait comme si quelqu’un la jetait de ses mains. L’eau disparut du chantier.  Il devint sec.
« Voilà, c’est bien, pensait-il. La Dame se sera souvenue de moi. »
À peine avait-il pensé ça que la vive lumière brilla soudain. Il voyait que La Dame était ici, devant lui.
« Bravo, dit-elle, Stépan Pétrovitch. On peut te célébrer. Tu n’as pas eu peur du bouc infect, tu lui as bien dit. Nous allons donc voir ma dot. Moi aussi, je tiens ma parole. »
Elle disait cela, mais elle se renfrognait comme si c’était mal pour elle. Elle claqua des mains,  les lézards accoururent et enlevèrent la chaîne de Stépan. La Dame leur donna un ordre :
« Faites le double de la tâche. Que la malachite soit de première qualité, comme une sorte de soie ». Puis elle dit à Stépan : « Eh bien, mon petit fiancé, allons regarder ma dot ».
Voilà, qu'ils y allèrent.  Elle marchait en tête, Stépan la suivait. Où qu'elle aille tout était ouvert pour elle. Comme si les grandes salles devenaient un souterrain et leurs murs étaient variés : tantôt ils étaient verts, tantôt ils étaient jaunes avec des pailletes d’or. Dans certains murs il y avait les fleurs du cuivre. Il y avait aussi des fleurs bleues et azurées. Bref, il était tellement orné qu’il était impossible à décrire. Et la robe de la Dame changeait. Tantôt elle brilllait comme le verre, tantôt elle se déteignait soudain,  tantôt elle étincelait comme un terrain diamantifère ou bien devenait rouge comme le cuivre, puis elle tirait de nouveau sur la soie verte.
Ils marchèrent longtemps. Enfin la Dame s’arrêta. 
« Ensuite, dit-elle, pour beaucoup de verstes, il y aura des pierres ordinaires et mouchetées, jaunes et grises, pour commencer.  À quoi bon les regarder ? Voilà, maintenant nous sommes directement sous la Montagne Rouge. C’est ma place la plus chère après les Goumeuchkies. »
Stépan voyait une énorme maison, où il y avait un lit, des tables et des tabourets, tout était en cristaux de cuivre. Les murs étaient en malachite aux diamants, le plafond était rouge-foncé, il y avait des fleurs en cuivre sous la patine.
Elle disait :
« Asseyons-nous ici, parlons. »
Ils s’assirent sur les tabourets. La malachitine demanda :
« As-tu vu ma dot ?
- Je l’ai vu, répondait Stépan.
- Eh bien, maintenant que diras-tu , que nous nous marions ? »
Mais Stépan ne savait pas quoi lui répondre. Vois-tu, il avait une fiancée : une bonne jeune fille orpheline. Bien sûr, elle ne pouvait pas égaler la malachitine en beauté ! Elle était simple, une femme ordinaire. Stépan hésitait, et hésitait. Enfin, il dit :
« Ta dot est de la taille des tsars, mais moi, je suis un simple homme, un ouvrier.
- Toi, disait-elle, cher ami, ne te rabaisses pas. Dis-moi franchement, te marieras-tu avec moi oui ou non ? »
Elle ne s’en froissa pas du tout.
Alors, Stépan répondit carrément :
« Je ne peux pas, car j’ai déjà donné ma parole à une autre femme. »
Après avoir dit cela, il pensa qu’elle serait fâchée. Mais il semblait, au contraire  qu’elle s’en réjouit.
« Bravo, disait-elle, cher Stépan. Je t’ai loué pour l’intendant, mais je te louerai au double pour cela. Tu n’as pas convoité mes richesses, tu n’as pas échangé ta chère Nastassia contre la fille en pierre. »
Il était juste, que la fiancée de Stepan s’appelait Nastassia.
« Voilà, disait-elle, un petit cadeau, que je t’offre pour ta fiancée. »
Elle lui donna un grand baguier en malachite. Là, vois-tu, il y avait toute une parure de femme. Des boucles d’oreille, des bagues et cætera que même toutes les riches fiancées n’avaient pas.
« Mais comment, répondit le gars, je vais monter en haut avec ça ?
- Ne t’inquiète pas. J’arrangerai tout et je vais te délivrer de l’intendant, et tu vivras sans soucis avec ta jeune épouse, mais voilà mon ordre : après, ne te rappelle plus de moi. Ce sera ma troisième épreuve pour toi. Maintenant, permets-moi de te nourrir un peu. »
Elle claqua des mains,  les lézards accoururent et garnirent toute la table de plats. Elle le nourrit d’une bonne soupe aux choux, une tourte au poisson, de la viande de mouton, une bouillie et de tout ce qui convenait selon l’usage russe. Puis elle dit :
« Adieu, Stépan Pétrovitch, ne te rappelle pas de moi ».
Elle disait cela avec de grosses larmes dans les yeux. Elle tendit sa main et ses larmes – flac, flac – se figèrent en grains. Elles se déversèrent à remplir le creux de sa main.
« Voilà, prends afin que tu t’enrichisses. Les gens donnent beuacoup d’argent pour ces petites pierres. Tu seras riche. » Elle lui disait et lui les donnait.
Les pierres étaient froides, mais, vois-tu, la main était chaude et vivante et tremblait un peu.
Stépan prit les pierres, s’inclina profondement et répondit :
« Où vais-je à aller ? »
Lui aussi, devint triste. Elle avait montré du doigt une entrée comme une galerie de mine, qui s’ouvrit devant lui, il faisait jour là-bas. Stépan alla dans cette galerie, vit de nouveau toutes sortes de richesses souterraines et arriva justement à son chantier. Il arriva, la galerie se referma et tout devint comme d’habitude. Un lézard accourut, ajusta la chaîne à son pied, et le baguier avec les cadeaux diminua soudain, et Stépan le cacha dans son maillot. Peu de temps après cela, le surveillant vint. Il se proposait de rire, mais il vit que Stépan avait entassé le minerai au dessus de sa tâche, et la malachite était de choix, de qualité supérieure. Il pensait : « Comment ? D’où cela lui est-il venu ? » Il entra dans le chantier, inspecta tout et dit :
« Dans ce chantier chacun cassera tant qu’il veut ».
Il emmena Stépan dans un autre chantier, et remplaça Stepan par son neveu. Le lendemain, Stépan se mit à travailler, mais la malachite tombait bien et encore des cristaux du cuivre et du cuivre natif  se rencontraient. Quant au neveu, voyez-vous cela, il n’avait rien de bon, la matière était stérile et la blende allaient toujours. Alors, le surveillant saisit l’essentiel. Il courut à l’intendant. « En voilà. »
« Il faut croire cela ! Stépan a vendu son âme à un démon. »
L’intendant répondait ainsi :
« C’est son affaire, s’il a vendu son âme, nous n’avons qu’à en tirer profit.  Promets-lui que nous l’affranchirons, s’il trouve un bloc de malachite de cent pouds. »
Toujours est-il que l’intendant ordonna d’ôter les fers à Stépan et donna l’ordre : de faire cesser tous les travaux à la Montagne Rouge.
« À qui, parlait-il, on ne le sait pas ? Peut-être, ce sot, parlait sans raison alors ? De plus, le minerai qui va avec le cuivre là-bas, n’est dû qu'à la détérioration de la fonte. »
Le surveillant annonça à Stépan ce qu’ on lui demandait, et celui-ci répondit :
« Qui refuserait la liberté ? J’y travaillerai, mais je ne sais pas si j’en trouverai, autant que je suis homme chanceux ».
Peu après Stépan leur trouva un tel bloc. On le traîna en haut. Ils s’en faisaient gloire : voilà où nous sommes ! – mais Stépan ne fut pas affranchi. On écrivit de ce bloc à leur seigneur, il arriva, vois-tu, de Saint-Pétersbourg-même. Il s’informa comment tout s’était passé et il appelait Stépan à lui.
« Voilà, dit-il, je te donne ma parole de noble à toi que je t’affranchirai si tu me trouves de telles pierres de malachite qu’on puisse faire de celles-ci des colonnes longues de pas moins de cinq sajènes. »
Stépan répondit :
« Une fois, on m’a déjà trahi. Maintenant, j’ai gagné en sagesse. Primo, écris-moi la manumission, aprés je travaillerai, et nous verrons quel sera le résultat. »
Bien sûr, le seigneur se mit à crier et taper du pied, mais Stépan tint bon :
« J’allais oublier, écris cela aussi pour ma fiancée, sinon qu’est-ce que c’est que ce régime – moi, je serai un franc-paysan, mais ma femme sera une serve. »
Le seigneur voyait que le gars était dur. Il lui écrivit ces actes.
« Prend-les, disait-il, mais travaille, garde à toi ! »
Stépan de nouveau :
« Comme j’aurai de la chance. »
Bien sûr, Stépan trouva tout. Est-ce que c’était difficile pour lui, s’il avait vu tout l’intérieur de la montagne et si Dame-même lui aidait. On tailla les colonnes de cette masse en malachite ainsi que l'on voulait, on les traîna de la montagne en haut, et le seigneur les envoya comme un don au cathédrale principal de Saint-Pétersbourg. Quant à ce bloc-là que Stépan trouva en premier, il se trouve toujours dans notre ville. On le garde comme une rareté.
Dès lors, Stépan devient franc-homme, mais aprés cela aux Goumeuchkies toute la richesse disparut. Beaucoup d’azurite tombait, mais plus de blende. On n’entendit plus parler des cristaux du cuivre et du cuivre natif, et la malachite disparut, l’eau mit à éroder. Ainsi donc, dès lors, les Goumeuchkies commençaient à descendre, et puis on les noya tout à fait. On parlait que c’était la Dame qui mit en colère à cause de cettes colonnes-là, vois-tu, puisque on les avait installées à l’église, mais elle ne le voulait point.
Stépan non plus, il n’avait pas de bonheur dans sa vie. Il se maria, fit sa famille,  bâtit sa maison, tout était comme il faut. Il semblait qu’il pouvait vivre et être heureux, mais il devint triste et sa santé faiblit. Il s’en allait comme une chandelle.
Maladif, il décida de se procurer un fusil à pompe et mit à aller à la chasse. Et toujours, vois-tu, il allait à la mine de La Montagne Rouge et il ne rapportait pas les trophées à la maison. En automne, il alla ainsi et disparut. Il ne revenait pas et ne revenait pas... Où disparaissait-il ? On rassemblait le monde, bien sûr, on commençait à le rechercher. Mais lui mort, vois-tu, il était couché à la mine près d’une pierre haute et comme s’il souriait, et son fusil était resté là, à côté, personne ne tirait pas. Les gens qui vinrent les premiers parlaient que près du défunt ils avaient vu un lézard si grand lesquel n’était point dans nos pays. Comme s’il était couché sur le défunt,le grand lézard leva la tête et ses larmes coulaient sans cesse. Quand les gens se furent approchés, il se glissa sur la pierre et sa queue s’évapora. On emporta le corps de Stepan à la maison. Lorsqu'on l’eut mit à laver, on vit qu’une de ses mains était serrée et là, des grains verts ne se virent guère. La poignée pleine.  À point, un homme expert vint, il regarda latéralemant ces grains et dit :
« Mais c’est l’émeraudine donc ! La pierre unique, très coûteuse. Toute une richesse t’est tombée, Nastassia. Où a-t-il pris cettes pierres ? »
Nastassia, la femme de Stépan, expliquait que le défunt n’a jamais parlé de cettes pierres. Lors il était son fiancé, il lui a donné un baguier. Le grand baguier en malachite. Là, il y a beaucoup du bien, mais il n’y a pas de telles pierres. Elle ne voyait pas.
On commença à tirer ces pierres de la main morte de Stépan, mais elles tombèrent en poussière d’un coup. Alors, personne ne sut, où Stépan les avait prises. Après, on fouillait à la Montagne Rouge. Eh bien, le minerai ordinaire tombait, brun, avec la couleur de cuivre. Ensuite, quelqu’un sut que c’étaient les larmes de Dame de la Montagne en Cuivre que Stépan avait. Il ne les vendit à personne, vois-tu, les gardait en secret des siens, mourut avec elles. Hein ?
Voila, quelle est La Dame de la Montagne en Cuivre donc ! Pour le mauvais homme, la rencontrer c’est une misère, mais pour bon homme aussi, il aura un peu de joie.

« Modifié: 04 mai 2018 à 09:29:22 par Nanten »
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Hors ligne avistodenas

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Re : La Dame de La Montagne en Cuivre (la traduction dans français)
« Réponse #1 le: 01 mai 2018 à 18:01:42 »
Voilà, je vais te dire en toute franchise ce que je pense de ce texte :

De toute évidence, il est certainement mal traduit et exige quelques corrections.

Mais ceci fait, ces mêmes défauts de traduction lui confèrent un style inimitable. Quelque chose qui ne s'est jamais vu et qui le rendent précieux.

Il convient donc de corriger seulement l'orthographe, mais sans lui ôter son caractère maladroit, hésitant, approximatif. Il faut absolument lui conserver son style et expressions russophones, ne pas chercher à le franciser à tout prix.

Cela doit rester une histoire russe, racontée à la russe, dans l'âme russe.

Hors ligne Ari

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Re : La Dame de La Montagne en Cuivre (la traduction dans français)
« Réponse #2 le: 01 mai 2018 à 18:24:24 »
Bonjour Nanten,

Je me demandais quel type de commentaires tu aimerais recevoir ? Plutôt lire nos ressentis concernant l'histoire ? Plutôt recevoir un avis général sur la qualité de la traduction ? Ou bien un commentaire détaillé sur les éventuelles fautes de français ou maladresses ? Je m'y atèle dès que je saurai ce que tu en attends :)

A bientôt.
~ Ari ~

Hors ligne Nanten

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Il convient donc de corriger seulement l'orthographe, mais sans lui ôter son caractère maladroit, hésitant, approximatif. Il faut absolument lui conserver son style et expressions russophones, ne pas chercher à le franciser à tout prix.

Cela doit rester une histoire russe, racontée à la russe, dans l'âme russe.

J'espère que tu ne pense pas que tous le russe soit maladroit et approximatif?  :) Quant à Bajov... Ce sont les ouvriers et les mineurs qui racontaient ces histoires, Bajov conserva ce coloris et moi aussi, j'ai essayé le faire. Oui, la traduction de français au russe je ferrais mieux.
Bon, je te remercierai pour la correction de mes fautes.  :)
« Modifié: 01 mai 2018 à 18:51:08 par Nanten »
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Bonjour Nanten,

Je me demandais quel type de commentaires tu aimerais recevoir ? Plutôt lire nos ressentis concernant l'histoire ? Plutôt recevoir un avis général sur la qualité de la traduction ? Ou bien un commentaire détaillé sur les éventuelles fautes de français ou maladresses ? Je m'y atèle dès que je saurai ce que tu en attends :)

A bientôt.

Araine, merci!
J'aimerais tous!  :)  Si cela n'est pas difficile, bien sûr  :-[
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Re : La Dame de La Montagne en Cuivre (la traduction dans français)
« Réponse #6 le: 01 mai 2018 à 19:08:31 »
J'espère que tu ne pense pas que tous le russe soit maladroit et approximatif? [/i


Absolument pas Nanten. Je veux plutôt dire ceci : on doit sentir que l'histoire est racontée par un russe qui n'a pas la maîtrise absolue du français. C'est ce qui donne le style et le rend attachant. Comme si tu racontais l'histoire au fond d'une isba.

(Je vais copier-coller cette histoire sur une page de travail et essayer de corriger en restant fidèle au style mais en gardant les maladresses qui en font toute la saveur. Peut-être que ça t'aidera pour une version définitive. Si tu veux bien me laisser un peu de temps, car le texte est assez long...)

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Absolument pas Nanten. Je veux plutôt dire ceci : on doit sentir que l'histoire est racontée par un russe qui n'a pas la maîtrise absolue du français. C'est ce qui donne le style et le rend attachant. Comme si tu racontais l'histoire au fond d'une isba.

(Je vais copier-coller cette histoire sur une page de travail et essayer de corriger en restant fidèle au style mais en gardant les maladresses qui en font toute la saveur. Peut-être que ça t'aidera pour une version définitive. Si tu veux bien me laisser un peu de temps, car le texte est assez long...)


Merci  :) J'attendrai. On parle que Bajov est intraduisible par sa singularité ;) Ce sera superbe, si nous faisons ça!
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  • Troubadour
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Re : La Dame de La Montagne en Cuivre (la traduction dans français)
« Réponse #8 le: 01 mai 2018 à 19:44:55 »
L'histoire a un cachet inimitable. Est-ce du à la traduction, à l'original, aux deux ?
Merci pour ce partage Nanten.
“Tout romancier, tout cinéaste, a au fond de lui un nombril du monde à exhiber.”
Michel Audiard.

“Un artiste, c’est quelqu’un qui se penche par la fenêtre là où on ne le ferait pas, qui doit nous montrer des choses qu’on n’ose pas aller regarder.”
Tania de Montaigne.

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  • Tabellion
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L'histoire a un cachet inimitable. Est-ce du à la traduction, à l'original, aux deux ?
Merci pour ce partage Nanten.

C'est ma traduction d'un "skaz" de Pavel Bajov. Ce récit ouvre son cycle "Le baguier en malachite". Bajov recueillit les légendes des ouvriers ouraliens . Elles  remontent au XVIII siècle. J'aimerais bien traduire les contes les plus connus en Russie.
Je suis heureuse que cette histoire vous intéresse.
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  • Prophète
  • Messages: 739
Re : La Dame de La Montagne en Cuivre (la traduction dans français)
« Réponse #10 le: 01 mai 2018 à 21:14:44 »
Voilà qui est fait .
Je n'ai surtout pas touché au style et aux "russismes". Je voulais te l'envoyer en message personnel mais il n'aurait sans doute pas tenu dans ta boîte.
Je te l'envoie donc direct, les modos trouveront un truc pour effacer ma version et conserver la tienne, sans nul doute.


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La Dame de La Montagne en Cuivre


Un jour, deux hommes de notre usine allèrent regarder l’herbe. Leurs prairies se trouvaient lointaines, au delà de la petite rivière Sévérouchka.
Il y avait fête, il faisait très chaud. Le grand soleil brûlait. Mais l’un et l’autre travaillaient dans la montagne, c’est-à-dire, aux Goumeuchkies. Ils extrayaient le minerai de cuivre : la malachite et l’azurite aussi. Quelquefois, les cristaux du cuivre et le cuivre natif se mêlaient à d'autres minerais qui convenaient.
L’un était le jeune homme célibataire, mais ses yeux commençaient déjà à devenir verts. L’autre homme était âgé, et il était tout usé. Le blanc de ses yeux devint vert et ses joues se couvrirent de vert. Et cet homme toussait toujours.
Il faisait bon dans la forêt. Les oiseaux chantaient joyeusement, la vapeur se levait de la terre, il était facile de respirer. Bien entendu, ils furent accablés de chaleur. Ils arrivèrent à la mine de La Montagne Rouge, d'où l'on extrayait le minerai de fer. Les nôtres se couchèrent donc sur l’herbe sous un sorbier et s’endormirent tout d’un coup. Mais soudain, le jeune homme se réveilla comme si quelqu’un le poussait. Il regardait : une jeune fille était assise dos à lui sur un petit tas de minerai. Et de sa tresse, on déduisait qu’elle était une fille célibataire. Sa tresse était bleu-noir et ne pendait pas comme celle de nos jeunes filles, mais comme si elle adhérait à son dos. À l’extrémité de la tresse, il y avait des rubans soit rouges soit verts. Ils étaient transparents et tintaient doucement comme le cuivre en feuilles. Le gars était ébahi par cette tresse, mais l’observait encore. La jeune fille n’était pas de grande taille,  mais était bien troussée et une telle frétillonne, ne pouvait pas rester assise tranquille. Tantôt elle se penchait en avant comme si elle recherchait quelque chose sous ses pieds, tantôt se rejetait en arrière de nouveau, tantôt d’un côté et tantôt de l’autre, ou bien elle sautait sur ses pieds et brandissait ses mains, ensuite se baissait à nouveau. En bref, la jeune fille était comme le mercure. On entendait parler, mais il était impossible de comprendre quelle était cette langue et avec qui elle causait. Mais elle parlait, en rigolant. Elle semblait égayée.
D’abord le gars voulait se mettre à lui parler, mais soudain, c’était comme si on le frappait sur sa nuque.
« Bonne mère, c’est une vraie-Dame donc ! Quels sont ses vêtements ! Comment ne les ai-je pas aperçus d’emblée ? Elle a détourné mes yeux par sa tresse. »
En effet, les vêtements étaient tels qu' il n’y en avait pas de pareils dans le monde entier. La robe, vois-tu, de la malachite de soie. Il y en a une seule sorte.  C’est une pierre, mais elle a l’air d’être de la soie, on a même envie de la toucher.
« En voilà, un malheur,  pensait le garçon ! Que nous savions seulement jusqu’à ce que elle ne nous aperçoive pas ».  Il entendait, vois-tu, les vieux parler que cette Dame, la malachitine, aime jouer avec les mortels.
À peine avait-il pensé ça qu’elle se retourna.
Elle regardait le gars gaiement, souriait et disait d’un ton badin :
« Pourquoi, Stépan Pétrovitch, écarquilles-tu gratuitement tes yeux à la beauté d’une jeune fille ? Pour regarder, il faut payer. Viens donc à moi. Nous parlerons un peu ».
Le garçon eut peur, bien sûr, mais il n’en laissait rien voir. Il tenait bon. Soit elle était une puissance mystérieuse, mais une jeune fille tout de même. Lui, il était un jeune homme, c’est pourquoi il avait honte de lui montrer ses craintes.
« Je n’ai pas de temps, disait-il, pour parler. Ensuite, nous avons dormi, bien que nous allions regarder l’herbe. »
Elle riait, puis disait :
« Finis-donc de biaiser. Va-t-à moi, je te dis qu’il y a une affaire ».
Bon, le garçon voyait qu’il était impossible de l’éviter. Il s'approcha d'elle, mais elle brandissait sa main : contourne le minerai de l’autre côté. Il le contourna et voyait qu’il y avait là, une multitude de lézards là-bas. Tous étaient variés, vois-tu. Par  exemple, les uns étaient verts, les autres étaient bleu-clair, quelques-uns devenaient bleu ou étaient comme l’argile ou bien comme le sable aux paillettes d’or. Les uns reluisaient comme le verre ou le mica, les autres étaient comme l’herbe flétrie et quelques-uns étaient ornés de dessins.
La jeune fille riait.
« N’écrase pas, disait-elle, mon armée, Stépan Pétrovitch . Regarde, combien tu es grand et lourd, mais eux, ils sont petits. »
Elle claqua des mains et les lézards se débandèrent, laissèrent passer.
Voilà, le gars s’approcha et s’arrêta, elle claqua des mains à nouveau et dit tout en riant :
« Maintenant, il n’y a plus de place pour poser ton pied. Si on écrase mon serviteur, un malheur arrivera ».
Il regarda sous ses pieds, mais dessous, il était impossible de voir la terre. Tous les lézards s’entassèrent ensemble, et ce fut comme si un plancher s’ouvrait. Stépan regardait – mon Dieu, c’est un minerai de cuivre donc ! de toutes sortes et bien polis. De plus, il y avait le mica et la blende et les paillettes variées qui ressemblaient à la malachite.
« Eh bien, m’as-tu reconnue maintenant, cher Stépan ? » lui demanda -t-elle et elle riait. Puis, peu de temps après, elle dit :
« Ne crains rien. Je ne te causerai aucun mal».
Le jeune homme fut vexé d’entendre la jeune fille se moquer de lui et lui dire de tels mots. Il se fâcha pour de bon, il cria, même :
« Qui pourrais-je craindre,  je travaille dans la montagne !
- Voilà c’est bien, réponda la malachitine, c’est justement ce qu’il me faut : un tel homme qui ne craint personne. Pour demain, à l’heure ou on descend dans la montagne, c’est votre intendant qui viendra. Dis-lui, mais surtout n’oublie pas les paroles :
« La Dame de La Montagne en Cuivre t’as ordonné à toi, bouc infect, que tu décampes de la mine de la Montagne Rouge. Si tu me fais casser encore ce chapeau de fer, je te ferai descendre tous les cuivres des Goumeuchkies là où personne ne pourra les prendre ».
Elle dit cela et cligna ses yeux :
« M’as-tu compris, cher Stépan ? As-tu dit que tu travailles dans la montagne et que tu ne crains personne ? Alors, rapporte à l’intendant ce que je t’ai dit. Maintenant, va et ne parle de rien à cet homme qui est avec toi. Il est un homme usé, il ne faut pas l’alarmer et le mêler à cette affaire. J’ai même dit à l’azurite qu’il lui aide un peu ».
Elle claqua des mains à nouveau et tous les lézards se débandèrent. Elle-même aussi, elle sautait sur ses pieds, se prenait pour une pierre, bondissait et courait comme un lézard sur cette pierre. Des pattes vertes apparurent à la place de ses mains et de ses pieds, une queue se montra,  une raie noire passa sur la moitié du dos, mais la tête resta humaine. La Dame courut jusqu’au faîte, se retourna et dit :
« N’oublie pas, cher Stépan, comment je t’ai dit. « Je te l’ai ordonné – bouc infect – de décamper de la mine de la Montagne Rouge ».  Si tu fais à mon gré, Stépan,  je me marierai avec toi ! »
Le garçon  en cracha même dans l’emportement :
« Pouah, quelle saleté ! Moi, que je me marie pas avec un lézard ».
Elle le voyait cracher et riait.
« Bon, criait-elle, nous en parlerons après. Peut-être que tu changeras d’avis ? »
Aussitôt, elle se glissa rapidement derrière le tas du minerai, sa queue s’évapora.
Stepan Petrovitch resta seul. La mine était silencieuse. L’autre homme, on ne l’entendait que ronfler. Stépan le réveilla.  Ils arrivèrent à leurs prairies, regardèrent l’herbe, rentrèrent à leurs maisons le soir, mais Stépan ne pensait qu’une chose : que faire ? C’était difficile pour chacun de dire de telles paroles à l’intendant qui était infect, c’était une vérité. On disait qu’il avait un pourri dans son corps. Mais ne pas lui  dire, cela était mal aussi. Puisqu’elle était La Dame. Elle pouvait transformer tout le minerai en blende. Comment réaliser ces tâches, pour le mieux ? Mais le pire c’était qu’il aurait honte de se montrer comme un fanfaron devant la jeune fille.
Il y réfléchit longtemps et décida :
« Coûte que coûte, je ferai comme elle me l’a  ordonné ».
Le lendemain matin, quand  les gens se furent réunis contre un ascenseur de la mine, l’intendant d’usine vint. Bien sûr, tous ôtèrent leurs chapeaux et se taisaient, mais Stépan s’approcha de lui et dit :
« Hier, j’ai vu La Dame de la Montagne en Cuivre et elle m’a demandé de te dire. Qu’elle t’ordonne à toi, le bouc infect, de décamper de la mine de la Montagne Rouge. Si tu lui abîmes ce chapeau de fer, elle fera descendre tous les cuivres des Goumeuchkies là où personne ne pourra les prendre ».
Même la moustache de l’intendant commença à vibrer.
« Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Toi, tu es saoûl où tu as perdu la raison ? Quelle Dame ? A de telles paroles ? Moi, je vais te laisser moisir à la montagne !
- Comme tu veux, disait Stépan, mais on me l’a demandé ainsi.
- Fouettez-le, criait l’intendant, descendez dans la montagne et enchaînez-le dans un chantier ! Donnez-lui de la lavure de cochon qu’il ne crève pas et demandez-lui ses tâches sans indulgence. S’il arrive quelque chose, fouettez-le sans merci ! »
Bien sûr, on fouetta le Stépan Pétrovitch et on le mit à la montagne. Un surveillant (qui était un vrai chien) lui donna le pire des chantiers. Là, ou il y avait de l’eau et ou il n’y avait pas de bon minerai, il serait grand temps de le quitter, cet endroit. On enchaîna Stépan sur une chaîne longue, pour qu’il puisse travailler. Bien entendu, ces choses se passaient au temps du droit de servage.  On tourmentait les gens par tous les moyens. Le surveillant disait encore :
« Refroidis-toi un peu ici. Ta tâche de la malachite sera finie ».
Il ordonna tout incroyablement.
Tant pis. Quand le surveillant s’en fut allé, Stépan se mit à agiter son pic, il était un gars agile quand même. Il regardait que tout allait bien. La malachite tombait comme si quelqu’un la jetait de ses mains. L’eau disparut du chantier.  Il devint sec.
« Voilà, c’est bien, pensait-il. La Dame se sera souvenue de moi. »
À peine avait-il pensé ça que la vive lumière brilla soudain. Il voyait que La Dame était ici, devant lui.
« Bravo, dit-elle, Stépan Pétrovitch. On peut te célébrer. Tu n’as pas eu peur du bouc infect, tu lui as bien dit. Nous allons donc voir ma dot. Moi aussi, je tiens ma parole. »
Elle disait cela, mais elle se renfrognait comme si c’était mal pour elle. Elle claqua des mains,  les lézards accoururent et enlevèrent la chaîne de Stépan. La Dame leur donna un ordre :
« Faites le double de la tâche. Que la malachite soit de première qualité, comme une sorte de soie ». Puis elle dit à Stépan : « Eh bien, mon petit fiancé, allons regarder ma dot ».
Voilà, qu'ils y allèrent.  Elle marchait en tête, Stépan la suivait. Où qu'elle aille tout était ouvert pour elle. Comme si les grandes salles devenaient un souterrain et leurs murs étaient variés : tantôt ils étaient verts, tantôt ils étaient jaunes avec des paillettes d’or. Dans certains murs il y avait les fleurs du cuivre. Il y avait aussi des fleurs bleues et azurées. Bref, il était tellement orné qu’il était impossible à décrire. Et la robe de la Dame changeait. Tantôt elle brilllait comme le verre, tantôt elle se déteignait soudain,  tantôt elle étincelait comme un terrain diamantifère ou bien devenait rouge comme le cuivre, puis elle tirait de nouveau sur la soie verte.
Ils marchèrent longtemps. Enfin la Dame s’arrêta. 
« Ensuite, dit-elle, pour beaucoup de verstes, il y aura des pierres ordinaires et mouchetées, jaunes et grises, pour commencer.  À quoi bon les regarder ? Voilà, maintenant nous sommes directement sous la Montagne Rouge. C’est ma place la plus chère après les Goumeuchkies. »
Stépan voyait une énorme maison, où il y avait un lit, des tables et des tabourets, tout était en cristaux de cuivre. Les murs étaient en malachite aux diamants, le plafond était rouge-foncé, il y avait des fleurs en cuivre sous la patine.
Elle disait :
« Asseyons-nous ici, parlons. »
Ils s’assirent sur les tabourets. La malachitine demanda :
« As-tu vu ma dot ?
- Je l’ai vu, répondait Stépan.
- Eh bien, maintenant que diras-tu , que nous nous marions ? »
Mais Stépan ne savait pas quoi lui répondre. Vois-tu, il avait une fiancée : une bonne jeune fille orpheline. Bien sûr, elle ne pouvait pas égaler la malachitine en beauté ! Elle était simple, une femme ordinaire. Stépan hésitait, et hésitait. Enfin, il dit :
« Ta dot est de la taille des tsars, mais moi, je suis un simple homme, un ouvrier.
- Toi, disait-elle, cher ami, ne te rabaisses pas. Dis-moi franchement, te marieras-tu avec moi oui ou non ? »
Elle ne s’en froissa pas du tout.
Alors, Stépan répondit carrément :
« Je ne peux pas, car j’ai déjà donné ma parole à une autre femme. »
Après avoir dit cela, il pensa qu’elle serait fâchée. Mais il semblait, au contraire  qu’elle s’en réjouit.
« Bravo, disait-elle, cher Stépan. Je t’ai loué pour l’intendant, mais je te louerai au double pour cela. Tu n’as pas convoité mes richesses, tu n’as pas échangé ta chère Nastassia contre la fille en pierre. »
Il était juste, que la fiancée de Stepan s’appelait Nastassia.
« Voilà, disait-elle, un petit cadeau, que je t’offre pour ta fiancée. »
Elle lui donna un grand baguier en malachite. Là, vois-tu, il y avait toute une parure de femme. Des boucles d’oreille, des bagues et cætera que même toutes les riches fiancées n’avaient pas.
« Mais comment, répondit le gars, je vais monter en haut avec ça ?
- Ne t’inquiète pas. J’arrangerai tout et je vais te délivrer de l’intendant, et tu vivras sans soucis avec ta jeune épouse, mais voilà mon ordre : après, ne te rappelle plus de moi. Ce sera ma troisième épreuve pour toi. Maintenant, permets-moi de te nourrir un peu. »
Elle claqua des mains,  les lézards accoururent et garnirent toute la table de plats. Elle le nourrit d’une bonne soupe aux choux, une tourte au poisson, de la viande de mouton, une bouillie et de tout ce qui convenait selon l’usage russe. Puis elle dit :
« Adieu, Stépan Pétrovitch, ne te rappelle pas de moi ».
Elle disait cela avec de grosses larmes dans les yeux. Elle tendit sa main et ses larmes – flac, flac – se figèrent en grains. Elles se déversèrent à remplir le creux de sa main.
« Voilà, prends afin que tu t’enrichisses. Les gens donnent beuacoup d’argent pour ces petites pierres. Tu seras riche. » Elle lui disait et lui les donnait.
Les pierres étaient froides, mais, vois-tu, la main était chaude et vivante et tremblait un peu.
Stépan prit les pierres, s’inclina profondement et répondit :
« Où vais-je à aller ? »
Lui aussi, devint triste. Elle avait montré du doigt une entrée comme une galerie de mine, qui s’ouvrit devant lui, il faisait jour là-bas. Stépan alla dans cette galerie, vit de nouveau toutes sortes de richesses souterraines et arriva justement à son chantier. Il arriva, la galerie se referma et tout devint comme d’habitude. Un lézard accourut, ajusta la chaîne à son pied, et le baguier avec les cadeaux diminua soudain, et Stépan le cacha dans son maillot. Peu de temps après cela, le surveillant vint. Il se proposait de rire, mais il vit que Stépan avait entassé le minerai au dessus de sa tâche, et la malachite était de choix, de qualité supérieure. Il pensait : « Comment ? D’où cela lui est-il venu ? » Il entra dans le chantier, inspecta tout et dit :
« Dans ce chantier chacun cassera tant qu’il veut ».
Il emmena Stépan dans un autre chantier, et remplaça Stepan par son neveu. Le lendemain, Stépan se mit à travailler, mais la malachite tombait bien et encore des cristaux du cuivre et du cuivre natif  se rencontraient. Quant au neveu, voyez-vous cela, il n’avait rien de bon, la matière était stérile et la blende allaient toujours. Alors, le surveillant saisit l’essentiel. Il courut à l’intendant. « En voilà. »
« Il faut croire cela ! Stépan a vendu son âme à un démon. »
L’intendant répondait ainsi :
« C’est son affaire, s’il a vendu son âme, nous n’avons qu’à en tirer profit.  Promets-lui que nous l’affranchirons, s’il trouve un bloc de malachite de cent pouds. »
Toujours est-il que l’intendant ordonna d’ôter les fers à Stépan et donna l’ordre : de faire cesser tous les travaux à la Montagne Rouge.
« À qui, parlait-il, on ne le sait pas ? Peut-être, ce sot, parlait sans raison alors ? De plus, le minerai qui va avec le cuivre là-bas, n’est dû qu'à la détérioration de la fonte. »
Le surveillant annonça à Stépan ce qu’ on lui demandait, et celui-ci répondit :
« Qui refuserait la liberté ? J’y travaillerai, mais je ne sais pas si j’en trouverai, autant que je suis homme chanceux ».
Peu après Stépan leur trouva un tel bloc. On le traîna en haut. Ils s’en faisaient gloire : voilà où nous sommes ! – mais Stépan ne fut pas affranchi. On écrivit de ce bloc à leur seigneur, il arriva, vois-tu, de Saint-Pétersbourg-même. Il s’informa comment tout s’était passé et il appelait Stépan à lui.
« Voilà, dit-il, je te donne ma parole de noble à toi que je t’affranchirai si tu me trouves de telles pierres de malachite qu’on puisse faire de celles-ci des colonnes longues de pas moins de cinq sajènes. »
Stépan répondit :
« Une fois, on m’a déjà trahi. Maintenant, j’ai gagné en sagesse. Primo, écris-moi la manumission, aprés je travaillerai, et nous verrons quel sera le résultat. »
Bien sûr, le seigneur se mit à crier et taper du pied, mais Stépan tint bon :
« J’allais oublier, écris cela aussi pour ma fiancée, sinon qu’est-ce que c’est que ce régime – moi, je serai un franc-paysan, mais ma femme sera une serve. »
Le seigneur voyait que le gars était dur. Il lui écrivit ces actes.
« Prend-les, disait-il, mais travaille, garde à toi ! »
Stépan de nouveau :
« Comme j’aurai de la chance. »
Bien sûr, Stépan trouva tout. Est-ce que c’était difficile pour lui, s’il avait vu tout l’intérieur de la montagne et si Dame-même lui aidait. On tailla les colonnes de cette masse en malachite ainsi que l'on voulait, on les traîna de la montagne en haut, et le seigneur les envoya comme un don au cathédrale principal de Saint-Pétersbourg. Quant à ce bloc-là que Stépan trouva en premier, il se trouve toujours dans notre ville. On le garde comme une rareté.
Dès lors, Stépan devient franc-homme, mais aprés cela aux Goumeuchkies toute la richesse disparut. Beaucoup d’azurite tombait, mais plus de blende. On n’entendit plus parler des cristaux du cuivre et du cuivre natif, et la malachite disparut, l’eau mit à éroder. Ainsi donc, dès lors, les Goumeuchkies commençaient à descendre, et puis on les noya tout à fait. On parlait que c’était la Dame qui mit en colère à cause de cettes colonnes-là, vois-tu, puisque on les avait installées à l’église, mais elle ne le voulait point.
Stépan non plus, il n’avait pas de bonheur dans sa vie. Il se maria, fit sa famille,  bâtit sa maison, tout était comme il faut. Il semblait qu’il pouvait vivre et être heureux, mais il devint triste et sa santé faiblit. Il s’en allait comme une chandelle.
Maladif, il décida de se procurer un fusil à pompe et mit à aller à la chasse. Et toujours, vois-tu, il allait à la mine de La Montagne Rouge et il ne rapportait pas les trophées à la maison. En automne, il alla ainsi et disparut. Il ne revenait pas et ne revenait pas... Où disparaissait-il ? On rassemblait le monde, bien sûr, on commençait à le rechercher. Mais lui mort, vois-tu, il était couché à la mine près d’une pierre haute et comme s’il souriait, et son fusil était resté là, à côté, personne ne tirait pas. Les gens qui vinrent les premiers parlaient que près du défunt ils avaient vu un lézard si grand lesquel n’était point dans nos pays. Comme s’il était couché sur le défunt,le grand lézard leva la tête et ses larmes coulaient sans cesse. Quand les gens se furent approchés, il se glissa sur la pierre et sa queue s’évapora. On emporta le corps de Stepan à la maison. Lorsqu'on l’eut mit à laver, on vit qu’une de ses mains était serrée et là, des grains verts ne se virent guère. La poignée pleine.  À point, un homme expert vint, il regarda latéralemant ces grains et dit :
« Mais c’est l’émeraudine donc ! La pierre unique, très coûteuse. Toute une richesse t’est tombée, Nastassia. Où a-t-il pris cettes pierres ? »
Nastassia, la femme de Stépan, expliquait que le défunt n’a jamais parlé de cettes pierres. Lors il était son fiancé, il lui a donné un baguier. Le grand baguier en malachite. Là, il y a beaucoup du bien, mais il n’y a pas de telles pierres. Elle ne voyait pas.
On commença à tirer ces pierres de la main morte de Stépan, mais elles tombèrent en poussière d’un coup. Alors, personne ne sut, où Stépan les avait prises. Après, on fouillait à la Montagne Rouge. Eh bien, le minerai ordinaire tombait, brun, avec la couleur de cuivre. Ensuite, quelqu’un sut que c’étaient les larmes de Dame de la Montagne en Cuivre que Stépan avait. Il ne les vendit à personne, vois-tu, les gardait en secret des siens, mourut avec elles. Hein ?
Voila, quelle est La Dame de la Montagne en Cuivre donc ! Pour le mauvais homme, la rencontrer c’est une misère, mais pour bon homme aussi, il aura un peu de joie.
« Modifié: 03 mai 2018 à 11:17:04 par avistodenas »

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Re : La Dame de La Montagne en Cuivre (la traduction dans français)
« Réponse #11 le: 02 mai 2018 à 00:27:22 »
Bonjour Nanten,

Tout d'abord, bravo pour cette traduction. C'est un exercice vraiment complexe et il me semble (d'après ce qu'on raconte) que le français est une langue particulièrement difficile à maîtriser... Je m'en rends compte d'autant plus en te relisant, il y a plein de règles qui sont compliquées à expliquer. Cela dit je pense qu'en venant sur ce forum, en écrivant et en échangeant en français très régulièrement, c'est vraiment le meilleur moyen pour te perfectionner :) .

Pour les corrections, je vois qu'avistodenas t'a proposé une première version. Tout dépend de ce que tu souhaites concernant le respect du français... Je pense que je vais t'écrire des remarques détaillées pour le début du texte, et tu me diras si ça t'intéresse ou non de continuer. J'essaye de tout expliquer du coup j'utilise beaucoup de termes de grammaire, j'espère que ce ne sera pas trop indigeste. Dis-moi si tu souhaites que je réduise mes remarques à l'essentiel ou si tu veux continuer comme ça en détaillant tout... ou si la version d'avistodenas te convient et dans ce cas on arrête les corrections :) .

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Un jour, deux hommes de notre usine allèrent regarder l’herbe.
Ici, ce n'est pas très clair pour moi. Ou alors quelque chose m'échappe concernant le contexte. Ici l'herbe est partout, personne n'a le besoin ni l'envie de se déplacer quelque part pour aller regarder l'herbe... Peut-être pour aller découvrir une grande plaine, particulièrement belle ?
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Leurs prairies se trouvèrent lointaines, au delà de la petite rivière Sévérouchka.
"Leurs" => Ca veut dire que les prairies appartiennent à ces deux hommes. Est-ce vraiment le cas ? Sinon tu peux mettre "les prairies".
"se trouvèrent" => C'est du passé simple. En français on utilise le passé simple soit pour une action brève ("il sortit brusquement de la maison et cria au secours") ou pour une action dont on veut insister sur le fait qu'elle est terminée ("l'usine fonctionna pendant plus de cinquante années, puis fit faillite"). Du coup dans ta phrase, j'aurais plutôt employé l'imparfait (utilisé pour les actions longues ou à durée indéterminée) : "Les prairies se trouvaient..."
"lointaines" => lointaines c'est un adjectif ; loin c'est un complément de lieu. Donc soit tu peux dire : "les prairies étaient lointaines" soit tu peux dire : "les prairies se trouvaient loin".
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Il’y avait fête, il faisait très chaud.
Tu peux enlever l'apostrophe après "Il".
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L’un était le jeune homme célibataire, mais ses yeux commençaient déjà à devenir vert.
=> Il faudrait noter : "L'un était un jeune homme célibataire..."
=> Et il manque un "s" à "vert" (c'est du pluriel).
Je suis curieuse : ça indique quoi, que les yeux commencent à devenir verts ?
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L’autre homme était âgé, lui était du tout usé.
"du tout", ce serait une abréviation de "pas du tout". Or je pense que ton homme âge est, au contraire, très usé ? Du coup il faudrait enlever le "du" => "L'autre homme était âgé, lui était tout usé".
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Le blanc de ses yeux devint vert et ses joues se couvrirent de vert.
=> Comme je l'expliquais plus haut, ici comme l'action a une durée plutôt longue et indéterminée (on ne sait pas en combien de temps ses yeux et ses joues deviennent verts), il faudrait plutôt utiliser l'imparfait : "Le blanc de ses yeux devenait vert et ses joues se couvraient de vert."
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Les nôtres se couchèrent donc sur l’herbe sous un sorbier et s’endormirent tout d’un coup.
=> Peut-être que je me trompe, mais il me semble qu'on n'utilise pas tellement "les nôtres" pour décrire les personnages, en français. Je pense qu'il faudrait préciser un peu plus. Ici, je proposerais : "Nos deux compagnons..."
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Mais soudain, le jeune homme se réveilla comme si quelqu’un le poussa. Il regardait : une jeune fille était assise dos à lui sur un petit tas de minerai.
=> Après "comme si", (et dans un texte au passé), on utilise l'imparfait : => "comme si quelqu'un le poussait".
=> "Il regardait" : c'est une action plutôt brève, à un instant précis, on utilise donc le passé simple : => "Il regarda : une jeune fille était assise...".
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Et par rapport à sa tresse, on savait qu’elle était une fille célibataire.
"Et par rapport" est un peu maladroit et n'est pas précis du tout. On pourrait mettre à la place : => "A voir sa tresse,"... ou juste "A sa tresse"
=> Le "elle était une fille célibataire" sonne bizarre en français. On écrirait plutôt : "A sa tresse, on pouvait voir que la jeune fille était célibataire".
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Sa tresse était bleu-noire et ne pendait pas comme celle de nos jeunes filles, mais comme si elle adhérée au dos.
"mais comme si" => ça ne fonctionne pas sur le plan grammatical, j'aurais mis : "c'était comme si". "Adhérée" est un verbe donc il faut le conjuguer : "adhérait". Au total ça donne :
=> "Sa tresse était bleue-noire et ne pendait pas comme celle de nos jeunes filles, c'était comme si elle adhérait à son dos."
=> "bleu-noir" => soit tu l'accordes comme deux adjectifs et j'écrirais "bleue-noire", soit tu le laisses comme le nom d'une couleur et j'écrirais "bleu-noir".
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Le gars était ébahit par cette tresse, mais l’observait encore.
"ébahit" => ici tu utilises ce mot comme un adjectif, du coup il ne faut pas le conjuguer : "ébahi", sans le "t".
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mais elle était bien troussée et une telle frétillonne, ne pouvait pas rester assise tranquille
Je ne connais pas l'expression "bien troussée" ni le mot "frétillonne", mais je trouve que dans ton texte, ça passe très bien :) on visualise bien ce que tu veux dire.
Par contre il faudrait enlever la virgule après "frétillonne", on ne met pas une virgule entre le sujet et le verbe.
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Tantôt elle se baissait en avant comme si elle recherchait quelque chose sous ses pieds, tantôt se rejetait en arrière de nouveau, tantôt se penchait d’un côté et tantôt de l’autre, ou bien elle sautait sur ses pieds et brandissaient ses mains, ensuite se baissait à nouveau.
Ici j'aurais du mal à t'expliquer pourquoi mais je pense vraiment qu'il faut remettre "elle" avant les verbes.
=> "Tantôt elle se baissait en avant comme si elle recherchait quelque chose sous ses pieds, tantôt elle se rejetait en arrière de nouveau, tantôt elle se penchait d’un côté et tantôt de l’autre, ou bien elle sautait sur ses pieds et brandissaient ses mains, ensuite elle se baissait à nouveau."
Et puis "brandissaient" doit être mis au singulier => "brandissait" ; car le sujet c'est toujours la jeune fille donc c'est du singulier.
Citer
On entendait parler, mais il était impossible de comprendre qu’elle était cette langue et avec qui elle causait.
Je pense qu'il faudrait mettre que c'est elle qu'on entend parler => "On l'entendait parler,..."
"qu'elle était cette langue" => ici il faut écrire "quelle était cette langue".
Citer
Elle se sera égayée.
Pourquoi cette conjugaison ? Ici tu utilises du "futur dans le passé"... Je ne comprends pas ce que tu as voulu dire. Pourquoi pas "elle s'égayait" ou "elle était égayée" ? (à l'imparfait). (ou comme le met avistodenas : "elle semblait égayée").
Citer
D’abord le gars voulait se mettre à lui parler, mais soudain, c’était comme si on le frappait sur sa nuque.
Ici tu décris une série d'actions brèves et soudaines : il faut donc utiliser le passé simple.
=> "D'abord le gars voulut lui parler, mais soudain, ce fut comme si on le frappait sur la nuque."
("se mettre à..." est une formule un peu maladroite ; et on dirait plutôt "sur la nuque" et pas "sur sa nuque", qui fait un peu maladroit aussi).
=> "D'abord" est souvent utilisé pour une énumération... "D'abord... puis... ensuite..." Ici j'ai l'impression que tu veux dire qu'au premier regard, il a envie de lui parler, et après il réalise quelque chose. J'aurais du coup mis : "au premier abord".
=> "Au premier abord, le gars voulut lui parler, mais soudain, ce fut comme si on le frappait sur la nuque."

Voilà, j'arrête là pour les corrections détaillées... et je me remets à lire juste pour le plaisir :) .

J'ai beaucoup aimé cette histoire. Les minerais, les lézards, les couleurs, les textures... Je visualisais très bien tout cela. Et puis c'est une belle histoire sur le fond... Bien que triste.

Merci beaucoup pour ce partage :) .
~ Ari ~

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Re : La Dame de La Montagne en Cuivre (la traduction dans français)
« Réponse #12 le: 02 mai 2018 à 08:48:34 »
Je trouve dommage de toucher au style.

Un jour, deux hommes de notre usine allèrent regarder l’herbe.

 Cette première phrase est magnifique, immédiatement compréhensible dans sa concision, sa simplicité et elle introduit à l'étrangeté de l'histoire. On peut évidemment remplacer par : "un jour deux ouvriers de notre usine se rendirent à leurs pâturages pour voir si les foins étaient mûrs". Action qui peut aussi bien se dérouler dans l'Ardèchois, mais ce n'est pas dans l'Ardéchois car dans l'Ardéchois on ne s'exprime pas ainsi.

On peut selon son goût apporter une petite retouche par-ci par-là, mais surtout ne pas massacrer le texte en le francisant à tout crin, et notamment pas cette première phrase dont peut-être Proust serait jaloux. Ce texte est comme une pierre précieuse qu'un forgeron voudrait retailler... Une peinture de Lascaux que des graffiteurs bomberaient. Empêchons le massacre.

« Modifié: 02 mai 2018 à 09:01:19 par avistodenas »

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Voilà qui est fait .
Je n'ai surtout pas touché au style et aux "russismes". Je voulais te l'envoyer en message personnel mais il n'aurait sans doute pas tenu dans ta boîte.
Je te l'envoie donc direct, les modos trouveront un truc pour effacer ma version et conserver la tienne, sans nul doute.

avistodenas, merci pour ton aide! Je compends, c'est difficile et prend beaucoup de temps.  J'ai copié le texte avec tes corriges et ensuite, je vais effectuer les modifications d'Ariane dans lui.


Bonjour Nanten,

Tout d'abord, bravo pour cette traduction. C'est un exercice vraiment complexe et il me semble (d'après ce qu'on raconte) que le français est une langue particulièrement difficile à maîtriser... Je m'en rends compte d'autant plus en te relisant, il y a plein de règles qui sont compliquées à expliquer. Cela dit je pense qu'en venant sur ce forum, en écrivant et en échangeant en français très régulièrement, c'est vraiment le meilleur moyen pour te perfectionner :) .

Ariane, merci bien! Tes explications sont belles et précises et inestimables. Je te remercie bien et je suis ravie.


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Dis-moi si tu souhaites que je réduise mes remarques à l'essentiel ou si tu veux continuer comme ça en détaillant tout... ou si la version d'avistodenas te convient et dans ce cas on arrête les corrections :) .

Oh non, non, non! On continue!  :)

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Ici, ce n'est pas très clair pour moi. Ou alors quelque chose m'échappe concernant le contexte. Ici l'herbe est partout, personne n'a le besoin ni l'envie de se déplacer quelque part pour aller regarder l'herbe... Peut-être pour aller découvrir une grande plaine, particulièrement belle ?

Je t'ai compris.  :) Alors, en Russie les hivers sont durs, à l'Oural encore plus. Les animaux domestiques (les vaches, les chevaux,  les chèvres) ne peuvent pas trouver l'herbe sous la neige. C'est pourquoi on la stocke d'avance, en été.  On la fauche et ensuite on la séche en foin sur les prairies. Quand le foin est prêt, on le transporte dans un silo de stockage, dans les villages de cette époque-là c'était un étable à chaque cour. Mais on fauche l'herbe pas à tout moment, quand on veut, mais quand cette herbe mûrira et sera plus juteux. Nos deux héros allaient régarder si l'herbe est  juteux ou non.


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"Leurs" => Ca veut dire que les prairies appartiennent à ces deux hommes. Est-ce vraiment le cas ? Sinon tu peux mettre "les prairies".

En réalité, les prairies comme toute la terre de ces pays était de leur seigneur. La terre était divisée aux parcelles que on donnait en usage aux paysans. En ce sens, ces prairies leur appartenaient, pas les autres paysans.


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Je suis curieuse : ça indique quoi, que les yeux commencent à devenir verts ?

Oui. En réalité, c'est triste et terrible. Les mineurs travaillaient dans la montagne toute sa vie  au milieu terrible, en respirant la poussière en malachite. (C'est pourquoi le compagnon de Stépan toussait toujours).  Leur peau et leurs yeux absorbaient cette poussière et deviennaient verdâtres peu à peu.

Je suis d'accord avec toutes tes corrections, merci bien!

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Voilà, j'arrête là pour les corrections détaillées... et je me remets à lire juste pour le plaisir :) .

Merci.  :)

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J'ai beaucoup aimé cette histoire. Les minerais, les lézards, les couleurs, les textures... Je visualisais très bien tout cela. Et puis c'est une belle histoire sur le fond... Bien que triste.

Oui. Mais cette histoir a la suite.  :) Je traduis la conte deuxième, "Le baguiet en malachite". Si tu veux, je pourrais t'envoyer chaque page traduite, l'une après l'autre. Ce serais plus facile pour toi que corriger le grand texte.

Et encore...  ::)
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On tailla les colonnes de cette masse en malachite ainsi que l'on voulait, on les traîna de la montagne en haut, et le seigneur les envoya comme un don au cathédrale principal de Saint-Pétersbourg.

Voici ces colonnes dans le cathédrale Saint-Isaac de Saint-Pétersbourg  :)

Ariane, merci à toi.


« Modifié: 02 mai 2018 à 10:21:46 par Nanten »
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 Ce texte est comme une pierre précieuse qu'un forgeron voudrait retailler... Une peinture de Lascaux que des graffiteurs bomberaient. Empêchons le massacre.

Oui. La grande difficulté est de garder l'identité du texte et le faire plus littairére... Il faut aller par la lame de rasoir...
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