Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

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Auteur Sujet: Le syndrôme de l'éponge  (Lu 10508 fois)

Hors ligne Milora

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Le syndrôme de l'éponge
« le: 31 août 2007 à 14:18:50 »
Ceci est un appel à l'aide autant qu'une triste description de ma pauvre condition d'auteur en herbe... Je ne veux pas parler ici des problèmes d'originalité, de la capacité à écrire quelque chose d'original, ni du fait qu'on s'aperçoit qu'une idée qu'on croyait de soi est en fait inspirée par quelque chose qu'on a lu/vu étant petit(e), etc.

J'appelle plutôt "syndrôme de l'éponge", le fait que j'ai constaté que, quand j'écris, mon "style" si on peut dire, se teinte (parfois assez fortement) de celui de l'auteur dont je suis en train de lire le livre à ce moment-là. ça m'agace. Est-ce que ça vous le fait ? J'ai la sensation de ne pas arriver à me forger un style propre, et pourtant ce n'est pas exactement ça, mais, comment dire... Un exemple tout bête : quand je suis en train de lire Proust, la longueur des mes phrases augmente considérablement. Quand je suis en train de lire Bartiméus, les incises, parenthèses et autres prolifèrent... Pourtant, ce n'est pas que j'adopte le style de l'auteur (ah, écrire comme Proust juste parce qu'on est en train de le lire, ce serait au moins un talent, dans un sens !), c'est juste une forte influence...

Alors voilà, suis-je la seule à avoir ce problème ? Est-ce un symptôme du manque cruel de talent ? Doit-on lutter contre ça ? L'intégrer à sa façon d'écrire ?  :-\
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Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #1 le: 31 août 2007 à 14:51:33 »
Moi aussi j'connais ça, mais j'le vois totalement différemment^^

J'pense qu'on a des paliers (c'est comme ça pour moi, en tout cas) ; au bout d'un certain nombre de lectures, il va y avoir un déclic, et on va progresser d'un coup grâce à la découverte d'un style en particulier. La mémoire va mettre son grain d'sel là-dedans, passe avec son engrais, et mes prochains textes vont être empreints de ce style. Ensuite, notre propre style (l'accumulation des précédentes expériences) va absorber cette "manière d'écrire" pour la confondre avec les autres.


Et à la fin, dans des années/décennies/siècles, cette bouillie arrive à maturité et ton style éclôt, bien à toi et pourtant inspiré de plein d'auteurs différents.


...

Pour moi, les auteurs qui m'ont influencés sont...  Stroud [pour le cynisme^^] :P , Grimbert beaucoup, Gide pour l'analyse des sentiments (si, si xD), ...
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Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #2 le: 31 août 2007 à 15:51:53 »
Je suis de l'avis de Loredan. D'autant plus que je trouve, Mil', que tu as bien un style qui t'es propre  ;) La seule "solution", c'est d'écrire , et ... au bout d'un moment, on se forge un style. Mais on ne peut le faire qu'en jouant à l'éponge. Après, de temps en temps on l'essore, on la replonge, on peut même lui donner des formes bizarre, mais au final, c'est la notre  :P et j'vais arrêter là mon délire car ça devient ridicule  :-°

Et puis ... tu sais, Milora, je trouve que ton éponge est très bien ! ouioui, je sais, je connais la porte, je sors XD mais jsuis sérieuse  :P il y a plusieurs personnes sur internet dont j'ai lu plusieurs textes et dont je suis maintenant capable de reconnaitre un texte juste à l'écriture ; c'en est la preuve  ;)
Si la réalité dépasse la fiction, c'est parce que la réalité n'est en rien tenue à la vraisemblance.
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La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi.
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Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #3 le: 31 août 2007 à 18:47:35 »
"on se forge un style" => personnellement, je ne trouve pas assez important de "se forger un style". Je pense qu'il faut écrire parce que l'on aime ça, pour faire vivre des personnages, pour exprimer des sentiments, etc. mais le style est la façon de l'exprimer et ça doit venir naturellement par le plaisir ...

Le style est important, je l'observe surtout quand je lis, mais quand j'écris mon but n'est pas de travailler mon style ? Le but, c'est le plaisir, et le reste vient avec. Par exemple, si je change une phrase, c'est pour que àa soit plus léger, plus explicite, etc. mais c'est pour l'histoire, pour qu'elle soit plus "belle" et pour qu'elle me fasse "plus plaisir" tu vois ?

Conclusion : il ne faut pas se forcer, laisse agir ! ^^

Mais ce n'est qu'un avis ...
Un mot est un oiseau au milieu d'une page. C'est l'infini.

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Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #4 le: 31 août 2007 à 19:32:41 »
J'ai pas tout saisi de ta démonstration, Loup (non ne réexplique pas c'est pas grave^^)...

J'pense surtout que quand tu écris, il faut t'amuser ; et quand on s'amuse, le résultat est bon ; tu fais des syntaxes originales, tu glisses des pointes ironiques, tu...
Après, y a toujours cette histoire de paliers/brusques progrès^^
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Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #5 le: 01 septembre 2007 à 00:18:05 »
Je pense que de toute manière, tu ne peux pas échapper au syndrôme de l'éponge... Ceux qui prétendent le contraire sont des menteurs >:D
Mais je crois que ce syndrôme est normal: il fait partie d'un cycle d'apprentissage.
Par exemple, quand on apprend à parler, on imite nos parents, on reprend leurs expressions, on a tendance à tenir les mêmes raisonnement... Jusqu'à ce qu'un jour on finisse par penser par nous même et faire nos propres phrases...
Là, j'imagine que c'est la même chose...
Nos plumes sont nos voix; notre encre, notre chemin; nos mots ne sont que des mots, mais ils sont nôtres...

Hors ligne Milora

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Re : Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #6 le: 01 septembre 2007 à 11:09:27 »
Loredan, ce que tu dis m'a convaincue. C'est vrai, en y réfléchissant,  on ne perd pas vraiment la façon d'écrire de l'auteur qu'on est en train d' "éponger" : une fois qu'on a terminé son livre, ce style s'ajoute aux autres et ça fait un mélange qui vous est propre... Je n'avais pas pu les choses comme ça.

(Et Stroud en force !)

"on se forge un style" => personnellement, je ne trouve pas assez important de "se forger un style". Je pense qu'il faut écrire parce que l'on aime ça, pour faire vivre des personnages, pour exprimer des sentiments, etc. mais le style est la façon de l'exprimer et ça doit venir naturellement par le plaisir ...

Le style est important, je l'observe surtout quand je lis, mais quand j'écris mon but n'est pas de travailler mon style ? Le but, c'est le plaisir, et le reste vient avec. Par exemple, si je change une phrase, c'est pour que àa soit plus léger, plus explicite, etc. mais c'est pour l'histoire, pour qu'elle soit plus "belle" et pour qu'elle me fasse "plus plaisir" tu vois ?

Conclusion : il ne faut pas se forcer, laisse agir ! ^^

Mais ce n'est qu'un avis ...
Moi si, j'ai compris, mais je trouve que ce n'est pas incompatible avec le reste : on écrit pour s'amuser, pour le fond. Mais le fond est indissociable de la forme, je crois qu'on ne peut pas "travailler" l'un sans l'autre. Je mets "travailler" entre guillemet, parce qu'il ne faut pas prendre ça pour des exercices au sens scolaire du terme. Mais il est indubitabl, je pense, qu'au fur et à mesure qu'on écrit, la forme évolue, progresse. Vers un style qui vous est propre. Non ? (après, je ne sais pas si c'est pareil pour la forme : il me semble qu'on peut avoir d'entrée des idées de génie pour le scénario, mais je ne crois pas qu'au premier essai, on puisse rédiger un texte magnifique...)

(Et Kailiana : c'est gentil, ce que tu me dis  :-[ )

Alhena --> Ce que tu dis est juste, mais ce que je me demandais c'est : est-ce qu'on arrête un jour d'être une éponge ? Est-ce qu'ila rrive un moment où, de la même façon qu'on est capable de faire nos propres phrases quand on apprend à parler, on a un style indépendant ? Si c'est ça, le style qu'on s'est créé est menacé de devenir un peu statique, non ? Je veux dire : au final, après tout ce que vous avez dit et qui m'a convaincue, est-ce que cette partie "éponge" n'est pas le propre de l'écriture ? (reste à arriver à le maîtriser et à l'éintégrer...)
Il ne faut jamais remettre à demain ce que tu peux faire après-demain.

Hors ligne Alhena

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Re : Re : Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #7 le: 01 septembre 2007 à 11:16:36 »


Alhena --> Ce que tu dis est juste, mais ce que je me demandais c'est : est-ce qu'on arrête un jour d'être une éponge ? Est-ce qu'ila rrive un moment où, de la même façon qu'on est capable de faire nos propres phrases quand on apprend à parler, on a un style indépendant ?   
Ne finis-tu pas, un jour, par parler différemment des autres? Penser autrement?

Si c'est ça, le style qu'on s'est créé est menacé de devenir un peu statique, non ?
Pas forcement, rien ne t'empêche d'enrichir encore ta façon d'écrire^^

 
Je veux dire : au final, après tout ce que vous avez dit et qui m'a convaincue, est-ce que cette partie "éponge" n'est pas le propre de l'écriture ? (reste à arriver à le maîtriser et à l'éintégrer...)
Pour ma part, je pense que c'est indissociable... Après, ça n'engage que moi.
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Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #8 le: 03 septembre 2010 à 17:06:29 »
Ah, si seulement je pouvais absorber comme une éponge le style de Proust ! :coeur:

Bon, je sens que ce message va être bien inutile, encore, mais ce que tu décris ne me concerne pas vraiment, en fin de compte, Milora.

En effet, j'ai constaté que je pouvais bien lire des auteurs au style extrêmement varié, comme par exemple Paul Claudel, Marcel Proust, Susanna Clarke, Frank Herbert ou encore Jasper Fforde, sans pour autant adopter leur manière d'écrire.

En revanche, quand je me suis enchaîné Proust, Claudel et Montherlant, j'étais un peu dégoûtée de l'écriture, ça, d'accord. Je me considérais comme une grosse merde, et me pensais incapable de les dépasser. Il était donc inutile d'écrire. mais c'est là un autre sujet.

Pour en revenir à nos moutons à notre fil de discussion, je dirais que j'ai tendance à conserver le même genre d'écriture, avec toutefois des variations selon mon état d'esprit.

Y a-t-il d'autres gens dans mon cas, des "anti-éponges" ? Des "imperméables", en somme ?...
"J’ai soudain la sensation limpide d’avoir gaspillé ma jeunesse… L’avoir vue s’échapper de mes mains comme l’anguille effrayée et m’appeler à présent sur le lierre du tombeau, où patiente depuis toujours le chant des enfants, les raisins volés…"

Roi Loth, Kaamelott, Livre V

Hors ligne BloodMoon

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Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #9 le: 03 septembre 2010 à 23:36:49 »
Bah, moi j'ai beaucoup d'inspiration après avoir lu un livre, mais je n'adopte pas du tout le style de l'auteur et je conserve mon rituel (bon, parfois, j'admets avoir une légère tendance à aller de la 1ere personne à la 3eme après la lecture (et vice-versa), mais ça ne va pas plus loin).

 ^^

pehache

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Re : Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #10 le: 04 septembre 2010 à 08:24:06 »
Éponge ou pas... chers Francis...


Me souviens d'avoir passé de longs mois sur La légende des siècles, de Totor.
Je n'écrivais pas à la Hugo, non, mais je pondais , à la pelle, des alexandrins rigoureux sans le moindre effort.

Proust, dis-tu. De même, mon goût des virgules s'en était trouvé exacerbé- et mes phrases s' allongeaient parfois.

Et puis LFC. Avant. Et franchement, ensuite, non, hein- on n'écrit plus pareil. Le fruit a été pelé, devant voius, vous a mis l'eau à la bouche, alors, ensuite, forcément... les singeries branlotines, le macramé, se cahcher derrière son petit doigt... tout ça. Non.
 


nasnas29

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Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #11 le: 02 octobre 2010 à 18:36:56 »
je reponds par l'affirmative à ce syndrôme de l'éponge, je l'ai absorbé à chacune de mes nouvelles écrites, mais intentionnellement! je trouve qu'ainsi j'ai apporté un souffle à ma plume sans contrarier mon style par contre. Du moins c'est mon ressenti...

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Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #12 le: 27 novembre 2015 à 15:57:48 »
Comme je l'ai souvent entendu (mais c'est à prendre avec des pincettes), 'on n'invente jamais rien'.
Je me reconnais totalement dans le sujet de ce fil, même si je suppose que ce n'est pas non plus absolu (on a beau emprunter, on peut toujours retrouver sa propre patte dans un écrit personnel influencé par une lecture) !
Je n'ai pas le temps de m'étaler aujourd'hui, mais je reviendrai.
En tout cas le titre est bien trouvé Mil, c'est une image parlante.
A bientôt.
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together you and me will find a pill to help stop you bleed
all this time you thought you'd never live successfully
just turn right back around and tell yourself the delivery
[...]
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Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #13 le: 27 novembre 2015 à 17:27:03 »
Oui, ça m'arrive souvent aussi quand je lis livre que j'aime beaucoup...
Quand j'ai lu pour la première fois L'Assassin royal par exemple, ensuite, j'ai voulu créer un roman qui parlait d'un monde ressemblant au livre...
"Souviens-toi d'oublier"
Friedrich Nietzsche

"Dis-moi quels livres contient ta bibliothèque, et je te dirai qui tu es"
De moi ^^

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Re : Le syndrôme de l'éponge
« Réponse #14 le: 02 décembre 2015 à 10:08:49 »
Quand j'ai lu "Orgueils et Préjugés", j'étais en plein dans l'écriture d'une romance contemporaine de style fantastique, et mes personnages (des adolescents) se sont retrouvés à sortir des phrases pompeuses tout droit venues d'un autre siècles.

Je suis une vraie éponge de styles, pourtant, j'ai le mien. Je pense que c'est inévitable quand tu passes plusieurs jours sur un livre. C'est comme regarder une série en VO. Au bout de quelques épisodes, j'ai la musicalité de la façon de parler des acteurs en tête. Mais tout ça se perd au bout de quelques jours à penser à autre chose. Personnellement, j'évite juste d'écrire pendant cette période  ;D

 


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