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Le Monde de L'Écriture » Sous le soleil des topics » Discussions » Professionalisation & chaleur humaine

Auteur Sujet: Professionalisation & chaleur humaine  (Lu 6874 fois)

Hors ligne Aléa

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Re : Professionalisation & chaleur humaine
« Réponse #15 le: 29 mai 2019 à 13:27:45 »
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félicitation Don quote, tu viens de gagner la catégorisation : "situationniste".
hahahah
ca serait avec plaisir mad ^^




Dot, je suis en partie da'ccord avec toi, et en partie ça me désole grandement


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- Après, j'imagine que se questionner sur les versants penchant d'un côté où de l'autre de la dynamique (plus formelle ou plus permissive ?) d'un secteur quelconque se fait dans les modalités d'une poursuite d'un rééquilibre...
quelque part, oui, et tant mieux


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- De la nécessité d'organiser des activités autour de ce qu'on institutionnalise pour répondre à nos besoins, le travail, naît l'adéquation certes impure mais en perpétuelle complexification, entre ces incarnations qui agissent de concert à un but à la fois personnel de réalisation et commun d'entre-aide.
bien sûr, bien sûr, si on regarde le progrès technique de l'humanité, le travail et les interactions sociales afférentes sont le moteur capital (j'insiste sur le mot capital, ou pas ? :P ) de tout ça (donc bien évidemment que le travail c'est des interactions sociales, et même que certaines grandes collaborations professionnelles historiques résultent ou on causé des grandes amitiés aussi, nécessitent comme ce travail a été nécessaire, un bonne entente pour que ca fonctionne bien -sauf obligation)

mais

résumer les interactions sociales à une obligation de travail est d'une infinité tristesse et solitude et occulte tout l'aspect humain
si l'humanité a progressé grâce aux moyens techniques, ce qui lui donne un peu de valeur, c'est l'aspect humain
si beaucoup de tes interactions sociales se résument à parler à tes collègues, obéir à ton chef, demander des papiers administratifs, acheter ton pain, bref, tout ce qui est nécessaire en tant que fourmis mécanique dans la société et pour nourrir ta machine corporelle, tu t'enfermes néanmoins dans une solitude si tu n'as que ça (et même un psy, ça compte comme "utilité" hein)
Si on a des droits de l'homme, y'a eu de l'humanisme, c'est pour qu'on verse pas dans cette vision robotisée de l'humain, parce qu'on prend en compte les sentiments, la peine, la douleur, parce qu'on prend en compte toutes les interactions sociales non-nécessaires au fonctionnement de la société (parler du temps avec une vieille, boire des coups avec des potes, faire une blague à quelqu'un dans une file d'attente, enfin tout ce que tu appelles la comédie sociales, en occultant le facteur sincérité, qui s'il est faux pour plein de gens, il est valide aussi pour plein da'utres).
Alors tu pourras pousser la reflexion plus loin en disant que toutes ces activités personnelles et non-nécessaires à la société le sont quand même, puisqu'elles participent au bien-être (désormais quantitfié) de la société et qu'une société en bien-être participe mieux au fonctionnement global....; (encore que, j'en suis franchment pas si certains et ça me semble être une pensée totalement capitaliste/travailliste, tout comme malheureusement ton discours me semble ancré dans ce courant de pensée du Travail salvateur seul organisation de l'humain, en écrivant l'histoire qu'à son aûne, parce qu'on peut en effet l'écrire sous cet angle, même si c'est ne prendre qu'une angle)





Et ma question n'était pas tellement si le milieux littéraire est trop ou pas assez individuelle, juste que si on instaure des relations professionnelles entre tous les gens qui écrivent, est-ce qu'on perdrait pas fondamentalement une qualité de la littérature qui est l'expression des sentiments, est-ce qu'on gagnerait pas mieux à rester nous mêmes et construire nos intéractions sociales par ce biais, et ENSUITE écrire, plutôt que de se considérer tous comme "collègues", donc, selon le classique de ce mode de focntionnement, mettre de côté  nos sentiments (car non tu n'as pas le même rapport avec tes collègues, même quand tu t'entends bien avec eux, le personnel est en quelque sorte banni, ou relegué)


Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
- Alain Damasio

Hors ligne Loup-Taciturne

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Re : Professionalisation & chaleur humaine
« Réponse #16 le: 29 mai 2019 à 15:05:49 »
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il peut s'instaurer une espèce de rapport systématique profesionnalisant de vouloir convaincre l'autre, ou du moins à se promouvoir en tant qu'auteur, donc en prévalant son statut, sa profession, aurpès des autres et donc ses propres propos plutôt que laisser les textes parler et dire s'il est écrivain ou non (je parle là de ceux qui se prônent et cherchent à être écrivain

Ton questionnement me fait penser à un passage de Krishnamurti qui me plait beaucoup, même s'il est radical :

« Où que l'on aille dans le monde, on constate de toutes parts que la société est en perpétuel conflit. Il y a toujours d'un côté les riches, les puissants, les gens aisés, et de l'autre les travailleurs ; et chacun se livre à une compétition jalouse, chacun veut une meilleure situation, un plus gros salaire, davantage de pouvoir, plus de prestige. Tel est l'état du monde, et voilà pourquoi la guerre fait toujours rage à l'intérieur comme à l'extérieur.
Si nous voulons, vous et moi, amener une révolution complète dans l'ordre social, la première chose à comprendre est cet instinct qui vise à l'acquisition du pouvoir. La plupart d'entre nous veulent le pouvoir sous une forme ou une autre. Nous voyons que, grâce à la richesse et au pouvoir, nous pourrons voyager, nous associer à des gens importants, et devenir célèbres. Ou alors nous rêvons de mettre en place une société parfaite. Nous croyons pouvoir instaurer le bien grâce au pouvoir ; alors que la quête même du pouvoir – qu'il soit personnel ou qu'il soit mis au service de notre pays, ou d'une idéologie – est nocive, destructrice, car elle suscite inévitablement des pouvoirs antagonistes: le conflit est donc toujours présent.
(…)
Vous et moi, qui sommes des gens simples et ordinaires, pouvons-nous vivre de manière créative en ce monde, sans cet instinct d'ambition qui se manifeste de diverses manières, telles que la soif de pouvoir ou de réussite sociale? Vous trouverez la bonne réponse quand vous aimerez ce que vous faites. Si vous êtes ingénieur uniquement parce qu'il faut bien gagner sa vie, ou parce que c'est ce que votre père ou la société attendent de votre part, ce n'est rien d'autre qu'une nouvelle forme de contrainte, or la contrainte sous quelque forme que ce soit engendre la contradiction, le conflit. Alors que si vous avez vraiment envie d'être ingénieur, ou scientifique, ou si vous êtes capable de planter un arbre, de peindre un tableau, d'écrire un poème, non pas dans le but d'être reconnu, mais simplement parce que vous aimez cela, vous découvrirez que jamais vous ne serez en compétition avec autrui. Je crois que là est la véritable clef du problème: il faut aimer ce que l'on fait.
(…)
Pour savoir ce que l'on aime faire, il faut énormément d'intelligence. En effet, si vous avez peur de ne pas être en mesure de gagner votre vie, ou de ne pas vous intégrer dans cette société pourrie, alors vous ne le saurez jamais. Mais si vous n'avez pas peur, si vous refusez d'être poussés dans l'ornière de la tradition par vos parents, vos professeurs, ou par les exigences superficielles de la société, alors il existe une possibilité de découvrir ce que vous aimez vraiment faire. Pour le savoir, il ne faut pas craindre pour sa survie.
Mais nous avons généralement peur de ne pas pouvoir survivre, nous disons: "Que m'arrivera-t-il si je n'agis pas selon les vœux de mes parents, si je ne m'insère pas dans cette société?" Et parce que nous avons peur, nous faisons ce qu'on nous dit. Il n'y a en cela point d'amour, mais seulement la contradiction, et cette contradiction interne est l'un des facteurs qui génèrent l'ambition destructrice.
Le rôle essentiel de l'éducation est donc de vous aider à découvrir ce que vous aimez vraiment faire, afin que vous puissiez y consacrer tout votre esprit, tout votre cœur, car c'est cela qui crée la dignité humaine, qui balaie la médiocrité, la mentalité bourgeoise étriquée. Voilà pourquoi il est capital d'avoir des enseignants adéquats, l'atmosphère appropriée, de sorte que vous grandissiez avec cet amour qui s'exprime dans ce que vous faites. Sans cet amour, vos examens, vos connaissances, vos capacités, votre situation et vos possessions ne sont que cendres et n'ont aucune valeur. Sans cet amour, vos actions engendreront toujours plus de guerres, plus de haine, plus de malheur et de destruction. »


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Le professionnel est donc un vecteur de lien social, il en est le moteur, je ne sais comment dire que sans lui, rien n'est autre qu'une société atopique (qui ne saurait se concevoir), et c'est par l'activité sociale que l'humain progresse dans son développement à la fois personnel et d'un autre côté officiellement reconnu.
Là Dot, je trouve  (comme Ben) que tu vas un peu vite en besogne, tu réduis l'activité sociale à l'activité économique, puis l'activité économique au travail, puis le travail au professionnalisme...
Or, l'activité sociale offre bien des aspects qui ne répondent pas à la logique professionnelle moderne, par exemple, les sociétés lignagères ou à caste répartissent les statuts de manière héréditaires et l'idée de "professionnalisme" de l'individu n'a pas de sens. Il s'agit d'effectuer ce pourquoi on a été initié. Par ailleurs, un jeune ne peut pas, par professionnalisme, dépasser un vieux car  l'acquisition des statuts se fait par évolution de classe d'âge.
D'un autre côté l'activité économique ne se réduit pas à l'activité professionnelle car tout un pan de ce type de socialité concerne l'économie du don et du contre don qui s’exclut du marché (des biens et du travail).
Je suis d'accord avec toi pour la reconnaissance sociale, mais il ne faut pas la confondre avec la reconnaissance professionnelle.

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la comédie sociale et professionnelle que constitue notre société en matière de production des moyens de vivre !
Je suis plutôt d'accord, en ajoutant, et ce n'est pas un détail, les moyens de la reproduction sociale (qui sont d'ailleurs souvent en tension avec les moyens de vivre pour certains individus en bas de la hiérarchie)

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Alors tu pourras pousser la reflexion plus loin en disant que toutes ces activités personnelles et non-nécessaires à la société le sont quand même, puisqu'elles participent au bien-être (désormais quantitfié) de la société et qu'une société en bien-être participe mieux au fonctionnement global....; (encore que, j'en suis franchment pas si certains
En fait, cette vision du corps social comme un organisme ayant pour chaque organe, chaque fait social une fonction précise est développée dans l'école fonctionnaliste en anthropologie. L'écueil est sont caractère tautologique.
Malgré l'importance de ce mouvement, qui permet aux occidentaux de comprendre des phénomènes apparement irrationnels, sans sens d'un point de vue ethnocentré,  tels que la sorcellerie, permet de prendre au sérieux l'altérité, de comprendre la subjectivité des acteurs mais aussi de saisir une logique sociale qui n'est ni sauvagerie, ni barbarie, ni primitive, inférieure ou pathologique. On peut résumer sa critique radicale et non moins évidente à cette citation approximative de Lévi-Strauss :

"Dire que des choses fonctionnent dans une société est un truisme, dire que tout fonctionne est une absurdité"

Et en effet, comment expliquer le conflit, l'échec, l'événement, l’inattendu, comment expliquer et comprendre le changement social alors que tout tend vers le conservatisme, comment comprendre la chute des "civilisations", comment appréhender les freins, les tensions, propres à toute organisation sociale, et qui n'est pas une fonction régulatrice, mais plutôt source de déséquilibre, comment concevoir l'histoire si l'on se place dans un point de vue fonctionnaliste trop étroit ?

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écrire, plutôt que de se considérer tous comme "collègues", donc, selon le classique de ce mode de focntionnement, mettre de côté  nos sentiments (car non tu n'as pas le même rapport avec tes collègues, même quand tu t'entends bien avec eux, le personnel est en quelque sorte banni, ou relegué)

Je ne crois pas que le personnel soit toujours exposé, ou toujours évacué, quelque soit la situation sociale. mais à chaque situation ses codes de conduite, ses normes, son esthétique, sa charge émotionnelle. Le (re)sentiment peut-être très très présent dans le monde professionnel. Mais il s'adresse à une autre socialisation que la socialisation privée. Les status sont différents. Par ailleurs, la frontière sphère privée, sphère pro n'est pas toujours si étanche, loin de là.

C'est pourquoi certains chercheur ont parlé de masques sociaux, en toute situation, la personne porte un masque qui correspond à ce qui est plus ou moins attendu d'elle. Il y a aussi la métaphore de la vie sociale comme théâtre, avec ses différentes scènes de vie. (Erving Goffman)

 
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mais compris l'intérêt de la citation, je préfère quand on a intégré les idées.
Je ne comprends pas l'intérêt de se priver de citations de personnes qui ont mieux réfléchi et mieux formulé que nous même. Je n'ai p-e pas compris ta remarque.

En tout cas c'est intéressant, nous sommes dans une époque ou les réflexion autour du travail, du sens du travail et du sens de l'existence sont centrales pour les gens.


« Modifié: 29 mai 2019 à 20:49:49 par Loup-Taciturne »
« Suis-je moi ?
Suis-je là-bas, suis-je là ?
Dans tout "toi", il y a moi
Je suis toi. Point d'exil
Si je suis toi. Point d'exil
Si tu es mon moi. Et point
Si la mer et le désert sont
La chanson du voyageur au voyageur
Je ne reviendrai pas comme je suis parti
Ne reviendrai pas, même furtivement »

 


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