Je veux des animaux libres, comme ces vers.
I.
Alertes créatures
Au matin dans le champ courant
Animaux indécents gisant
Au marbre froid du boucher
Impassibles et roides cadavres
Dont les Hommes boivent le sang
Nous direz-vous ce temps ancien
Ce beau rêve, cet Age d’or
Où nous allions à travers champs
Une main amie sur l’épaule
Quand le Saint parlait à l’oiseau
Quand le Saint charmait le lion
Nous direz-vous les derniers spasmes
Avant la décharge mortelle
De la main amie qui trahit
Votre confiance indéfectible
Dites, les animaux martyres,
Sauvez-vous et rebellez-vous
Contre l’Homme dont l’arrogance
Donne la main à l’indécence
Animaux soumis au foyer
Chiens et chats jouets des enfants
Abandonnés un jour d’été
Vous comprenez, c’est les vacances !
II.
Il est des animaux chanceux
Noirettes, Grisettes et Prunettes
Sommeil du chat qu’aime l’artiste
Les chats sereins dans l’atelier
Les chats malins entre les livres
Evidemment fort mystérieux
Selon l’adage immémorial
Issu de la peur viscérale
Face au regard fixe et liquide
De l’animal jamais dompté
De par le feu de la sorcière
Ce Grand Massacre séculaire
Il est des chiens tout frisottés
Jappant devant la porcelaine
Nichés dans le creux douillet
D’un beau panier tout festonné
Il est des animaux chanceux
Qui renaîtront parmi les hommes
Se souvenant du vieux passé
Mais j’étais chat, mais j’étais chien !
Alors ces animaux chanceux
Ecriront ces vagues poèmes
San queue sans tête et avec rage
A l’encre rouge du malheur.
* * *