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Auteur Sujet: Silence [Défi Tic-Tac 27.07.23]  (Lu 595 fois)

En ligne Luna Psylle

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Silence [Défi Tic-Tac 27.07.23]
« le: 27 juillet 2023 à 22:20:23 »
Salut !

Les défis Tic-Tac, c'est quoi ? Un sujet aléatoire est donné et on a une heure pour écrire un texte. Hésitez pas à fouiller le sujet éponyme épinglé en haut de section pour plus de détails, ou même poser vos questions ;)
Pour ce Tic-Tac, ça donne quoi ? le sujet est un mélange d'images, donné par Beglous :) merci Beglous ^^


* image(s) d'un soir *

Pour s'inspirer, pour écrire, le temps d'une heure...




C'est fouillis, c'est inspiré des images, mais aussi de mon mood du moment et d'une musique en fond. Ca fait très prologue (on change pas une Luna qui gagne) d'une grande épopée, mais je sais pas si épopée il y aura. Par contre, je vais retravailler ce que l'heure ne m'a pas permis ces prochains jours je pense. Descriptions, sensations, moins de flou par endroits, développer des idées peut-être juste posées pour l'instant. Je vais remodeler tout ça.
La musique de fond pour écrire : Miraculous sad music (1 hour)

Une bonne soirée et une bonne lecture !


Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.



Silence

   « Tu prends juste une baguette et du beurre. On doit avoir assez de jambon pour les sandwichs dans la glacière. » Les mots de Maman résonnent encore dans ma tête. Elle me tournait le dos, trop concentrée sur son travail. Papa m’a tendu une note avec deux adresses : la nôtre et celle de la supérette, et l’itinéraire entre les deux. La capuche de mon sweat relevé sur ma tête, je traverse le parking silencieux de la supérette. L’unique lampadaire grésille, s’éteint, me plonge dans un monde d’ombres, un labyrinthe de lignes blanches, en périphérie de cette ville inconnue. Elle aussi ne veut pas de moi ?
   Mes épaules s’affaissent. Demain c’est mon premier jour de lycée. Je revois mes cartons toujours emballés dans ma chambre, je n’ose plus les ouvrir… trois déménagements en presque autant d’années. Le travail, toujours courir après le travail. Je serre le bout de papier et mes ongles le déchirent, ma frustration inconsolable. Je voulais juste continuer ma vie, un quotidien de lycéenne normale, retrouver mes amis, en rencontrer de nouveaux, pleurer dans les bras d’Alix quand un garçon me briserait le cœur, faire les boutiques avec Zoé et sa mère. Le premier déménagement a été dur, mais j’ai rencontré Maëva et Rita qui m’ont accueillie. Hugo m’a brisé le cœur et j’ai passé la nuit au téléphone avec Alix. Au deuxième déménagement, j’ai compris. Mes prochains amis seront juste des prénoms d’un an que j’oublierai et qui m’oublieront l’automne d’après.
   Je ne veux pas de ce pain ! ni de ce petit pot de beurre ! je n’ai même plus de panier pour les ranger… il est resté avec mes autres trésors, dans le grenier de Grand-Père. Avant, j’y allais tous les étés ; avant les déménagements. Je veux y retourner. Dans son couffin céleste, Séléné éclaire mes pas. Un tintement : la supérette. Je m’éloigne, cours loin, longe une rue, bifurque, en suis une autre, tourne à une troisième. Je m’égare entre toutes ces maisons qui se ressemblent, certaines plongées dans la pénombre du sommeil, d’autres encore éclairées. Arrivée à une fourche, devant un étrange parc, je m’arrête. Derrière le portillon, une rangée d’arbres fins longeait un sentier, des feuilles d’automne ; un autre univers.
   Le vent fait chanter un carillon en haut, de l’autre côté de la barrière. Tout là-haut… Bercée, guidée par sa mélodie, un chemin de terre et de graviers sous mes pas, tout me pousse là-haut. Une ligne d’animaux taillés dans la pierre accompagne mon ascension ; des animaux de toutes sortes, certains faciles à reconnaître, d’autres plus insolites. Les branches frissonnent, couvrent ma fuite. On croirait presque qu’elles me protègent. Arrivée au sommet, j’admire la ville sous mes pieds. Elle est magnifique ! Une nuée éparse d’étoiles scintillantes, comme autant de flammes, de vies, d’histoires et de rêves. Je grince des dents : pourquoi la trouver belle ? de toute façon, je la quitterai dans quelques mois pour ne jamais y revenir. Quel intérêt ? Quel intérêt à tout ça ? Je m’assieds sur un banc et observe ce paysage. L’homme qui reflète le ciel sur la terre. Elle est vraiment belle… j’aimerais y rester cette fois. Je renifle et me frotte les yeux.
   Qui es-tu, âme égarée ? Pourquoi pleures-tu ?
   Je sursaute à ce ton sifflant. Je me retourne vers le chemin d’où je suis venue, prête à m’excuser pour ma possible intrusion : vide. Seuls les arbres me répondent. Je me lève, tourne la tête de tous les côtés. Les bouleaux se sont transformés en cerisiers, même la ville semble différente, plus grande, plus lumineuse. Autour de moi, les ombres restent immobiles. Personne pour expliquer cette sensation d’être observée. Je remarque alors un bâtiment. Indescriptible mélange des cultures, il trône ici en palais. Je ne me souviens pas de lui à mon arrivée. Contre l’un de ses murs se repose un arbre solitaire. Son écorce ridée, ses branches rachitiques, je l’imagine aussi vieux que le monde lui-même. Comme moi, il observe la ville.
   Entre ses bras, d’étranges fruits : une pomme dorée, une poire incandescente, un abricot orageux. Je frôle du bout des doigts ce qui ressemble à une fraise indigo. Je me hisse sur la pointe des pieds et réussis à toucher la pomme, puis la poire. À chaque fruit, j’oublie un peu plus ma tristesse. Ici un raisin, là une pêche ; une branche vide un peu plus bas. Je me demande quel fruit elle portait. Je devrais rentrer à la maison. Je me tourne de nouveau vers la ville. C’est vrai : je n’ai plus de maison… En bas, des lumières rouges et bleues clignotent.
   Pourquoi pleures-tu, âme égarée ?
   Cette fois, je le vois : un serpent. Il flotte dans l’air, immobile, son corps enroulé sur lui-même, à hauteur de mon visage, et semble attendre ma réponse. Ses écailles irisées reflètent plus de couleurs que je n’en connais. Ses immenses yeux, deux perles d’onyx, me fixent, sondent mon âme. La raison me dirait de fuir, mais je n’y arrive pas ; je n’en ai pas envie. Pour aller où ? Je ne sais plus où est la maison, je n’ai plus de maison de toute façon. Pourquoi je pleure ?
   — Je pleure une vie que je ne veux pas.
   Je m’effondre au sol, m’adosse à l’arbre, explique à cet étrange compagnon ma vie et tout mon mal-être. Je ne sais pas pourquoi, je lui dis tout, peut-être ma langue déliée par la magie de cette nuit, déliée comme jamais devant mes parents qui me croient toujours heureuse, devant qui je souris sans le vouloir. Je lui parle de ma solitude, de mes amis perdus, à qui je ne parle plus qu’au téléphone, de ceux que je ne pourrais pas vraiment me faire, qui m’oublieront l’année prochaine. Je lui parle de cette sensation horrible de frôler ma vie, de raser les murs, des murs d’un an. Je me sens si coupable de ne pas vouloir de cette vie. Des gens sont bien plus miséreux que moi : j’ai toujours un toit sur la tête, des parents qui m’aiment, une chambre où dormir, un lycée où étudier. Encore un… encore un lieu où je ne serai personne, « la nouvelle élève » qui disparaîtra d’ici l’été.
   Quelle vie veux-tu ?
   Je reste un moment sans réponse. Je ne sais pas. Peut-être une vie qui ressemblerait à avant. Des après-midis dans les boutiques avec Zoé – on est assez grandes pour y aller juste à deux, maintenant. Jouer aux jeux vidéo avec Alix une nuit entière. Des souvenirs avec mes amis d’enfance, auprès de qui j’ai grandi, avec qui j’ai fêté mes anniversaires, à qui j’ai confié mes secrets et mes rêves.
   Je ne peux pas t’offrir cette vie, âme égarée. Elle est partie, loin. Je peux t’offrir autre chose : une vie d’aventures, de nouveaux amis qui ne te quitteront pas, des ennemis aussi, adversaires contre lesquels tu devras lutter. Je peux t’offrir cette vie-là.
   — Est-ce que je rêve ? Je me suis endormie au pied de l’arbre ?
   Non, âme égarée, tu ne rêves pas. Si tu le souhaites, je t’offrirai mes yeux. Grâce à eux, tu verras et apprendras tout ce qui t’entoure. Ce nouveau regard sur le monde, tu devras le porter avec honneur et respect.
   — Pourquoi m’offrir un tel cadeau ?
   Ce cadeau sera aussi un fardeau. Tu devras mentir à ceux qui t’aiment pour les protéger, te battre contre ceux qui chercheront à te nuire. Je t’offre ce cadeau car je te sais capable de grandes choses. Si tu l’acceptes, alors mange la pomme d’or.
   Curieuse, je me relève et me hisse pour saisir le fruit. Il a une texture douce et écaillée. L’or sur sa peau s’irise à la lueur de la lune. Elle semble juteuse et délicieuse, avec un léger parfum sucré. Le serpent a dit qu’il m’offrirait de nouveaux amis, je veux le croire, je me sens tellement seule. Je ferme les paupières, inspire et croque. L’instant d’après, la toile céleste prend une teinte arc-en-ciel similaire aux écailles du reptile. Encore un morceau et des étoiles filantes traversent à toute allure cette voûte nocturne étrange et colorée. Je finis le fruit et le serpent me sourit. Il s’enroule autour de moi, réchauffe mon corps, mon esprit, mon âme. Je frissonne de me sentir aussi bien.
   Quand je reprends mes esprits, mon jean et ma veste ont laissé la place à une étrange combinaison. On dirait une héroïne. Partout autour de moi, des fantômes errent. Ils tournent vers moi leurs visages placides.
   Les âmes des morts ; celles d’autres mondes aussi. Tu devras protéger ton monde de certaines d’entre elles. Je t’expliquerai tout en temps venu ; pas ce soir. Apprends à te découvrir toi-même : tu es désormais Silence.
   Silence, j’aime bien ce nom. Un battement de cils et je retrouve mon corps, ma tenue, moi avant Silence. Le serpent en collier autour de mon cou, je reprends le chemin vers la ville, suis la lignée de bouleaux et rentre à la maison avec la sensation que cette année sera différente.
« Modifié: 30 juillet 2023 à 14:40:50 par Luna Psylle »
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Hors ligne Cendres

  • Comète Versifiante
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Re : Silence [Défi Tic-Tac 27.07.23]
« Réponse #1 le: 28 juillet 2023 à 19:09:10 »
Merci pour ton texte.

Ecrire par rapport a des images n'est pas facile, surtout en 1H.

Ton texte au fil de ton écriture devient surnaturel, et je n'ai pas compris pourquoi la fille devient une super héroïne. En général les super héros vivent en solitaire, et elle souffre de son manque d'amis

Comme souvent tu donnes des détails de vie donnant encore plus de relief a tes écris, surtout au début, et c'est ce que j'ai le plus apprécié dans ton récit.


J'ai un peu écouté ta musique, je ne connaissais pas.

Hors ligne Beglous

  • Calliopéen
  • Messages: 413
Re : Silence [Défi Tic-Tac 27.07.23]
« Réponse #2 le: 28 juillet 2023 à 21:00:24 »
Dis-donc, quel débit !

Effectivement ça introduit beaucoup de choses, un univers à déployer si tu te sens de le faire ; et un rythme à ralentir, comme tu dis, développer davantage les parties pour que la situation s'installe. Et quelle situation ! Une épopée en devenir oui, certainement. J'ai trouvé ça prenant, j'ai bien aimé le glissement dans le merveilleux. Les petites choses qui m'ont questionnée c'est le serpent et la pomme, ça fait très biblique mais c'est peut-être ce que tu voulais, ainsi que la bascule de narration à la fin, de la première à la troisième personne : comme j'ai bien investi la pensée de ton héroïne, qui coule avec fluidité, j'ai légèrement décroché quand elle est devenue "la jeune fille".

Quel beau Tic-Tac en tout cas, très inspiré ;)

En ligne Luna Psylle

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Re : Silence [Défi Tic-Tac 27.07.23]
« Réponse #3 le: 29 juillet 2023 à 10:58:42 »
Salut !

Merci Cendres pour ta lecture et ton commentaire :)

Pour les images, quand je les ai vues, j'y ai vu une continuité : le parking vide et la solitude sous-jacente, le chemin de terre et d'arbres qui frôle l'étrange et mène à cet arbre, lui aussi solitaire. On ne sait jamais trop pourquoi les héros deviennent des héros. Parce qu'ils ont quelque chose de spécial en eux ? ou à cause d'une suite d'actions qui les a conduit à être ce héros. Ici, le serpent l'a choisie pour être son héroïne, elle plutôt qu'un autre, parce que son âme lui plait. Il n'y a pas d'autres raison. Pour le héros solitaire, oui et non : les X-men sont une équipe, une famille, Batman recrute plusieurs personnes à ses côtés, et il y a encore plein d'autres ligues de héros justiciers qui existent. C'est vrai qu'il y a un aspect solitaire dans la définition du héros, mais pas toujours, parfois c'est même l'inverse, apprendre à travailler en équipe et à faire confiance à l'autre les yeux fermés ;) je note aussi pour les détails de vie qui fonctionnent ^^ ça m'aide un peu à diriger mes histoires, à voir où ça marche et où ça casse, où je peux juste me laisser guider par l'inspiration et où je dois travailler plus avant :)



Merci Beglous pour ta lecture et ton commentaire :)

N'est-ce pas qu'il était inspiré :D ! Merci encore pour cette soirée, j'ai hésité à participer, mais au final, j'ai bien fait ^^
Pour l'univers à déployer, je ne sais pas. J'ai commencé un début similaire dans mon Eté, avec des inspirations quasiment identiques. Si je veux développer, peut-être voir pour fusionner les idées des deux. Pour le serpent et la pomme, il y a plusieurs raisons : 1. le serpent, un de mes animaux préférés (Psylle n'est pas là sans raison ;) ) dont j'aime travailler la mythologie ; 2. j'aime réinventer mythes et contes, imaginer plus que ce qui est énoncé ; donc il y a le biblique, mais pas que. Je voulais surtout un serpent bon, bienveillant, qui reconnait que son cadeau ne sera pas une bénédiction, mais apportera toute une série d'émotions, d'apprentissages, répondra à certaines attentes et demandera quelques contreparties, de la bravoure, de l'acceptation entre autres. Bon, c'est pas dit clairement ici, c'est plus si développement il y a, mais tu peux être sûre que ce serpent voulait dire tout ça.
Citer
Si tu le souhaites, je t’offrirai mes yeux [l'idée du serpent de la connaissance]. Ce nouveau regard sur le monde, tu devras le porter avec honneur et respect [la contrepartie du cadeau]. [...] Ce cadeau sera aussi un fardeau. Je te l’offre car je te sais capable de grandes choses.
C'est pas explicité très clairement, mais dit quand même. Pour la bascule de fin, ça fait partie des idées juste posées. Je voyais bien des sages, gardiens du monde, qui observent des générations de héros se succéder pour le protéger, ce monde, et qui agissent au besoin (genre si un héros commence à dérailler). Mais je suis d'accord que le changement de point de vue est maladroit et pas très réussi. Et il y a aussi dans ces quelques lignes l'idée d'un binôme en construction : le serpent et la panthère. J'aimerais développer ce binôme pour tenter de répondre à certains de mes questionnements sur mon visionnage de Miraculous, notamment la notion du secret dans un binôme de héros. En un sens, je comprends, et en même temps, avec juste ce que j'ai vu, je trouve l'idée extrêmement bancale. D'où l'intention de peut-être expérimenter mon propre binôme, autrement, pour répondre à mes questions. Mais rien n'est sûr, pour la suite potentielle de ce texte, je te donne juste les intentions de travail que j'avais en tête à l'écriture.



Je suis en train de revoir tranquillement ce texte. J'ai remanié la forme jusqu'à Pourquoi pleures-tu, âme égarée ? pour l'instant. Je vais finir avant de reposter. Je vous tiens au courant !

Une bonne journée à tous !



Edit 30/07 :

Salut !

J'ai enfin fini de travailler ce tic-tac. Comme dit plus haut, je vais peut-être intégrer les idées énoncées à un autre début de rien dans mon Eté. Je tiens au courant, si jamais tout ça se poursuit. Me connaissant, ça peut arriver vite, ou dans quelques années, ou jamais : zéro promesse.

Une bonne journée à tous !
« Modifié: 31 juillet 2023 à 13:50:45 par Luna Psylle »
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