Par exemple :
"Il y a la nuit, par hasard, une belle échappée sur ton omoplate satinée qui est une ombrelle, une aile de chauve-souris.
C'est ce que disent les morts.
Victime de la répétition.
Ils disent que ta clavicule est un manche de couteau.
Ils disent que celui qui tend la main vers un arc-en-ciel aura la main coupée.
Tu rentres.
Tu rentres à la maison, violacé.
(...)
Tu crois ?
Tu crois vraiment en la prochaine ?"Mais aussi :
"Tu brouilles (par pudeur et par stratégie), tu t'insinues (pour épouser les méandres), tu brises et tu te brises."Et pêle-mêle sans trop déflorer les pages : une (coup-de-)poignante scène de combat de coq, une tirade poétique ponctuée des plus beaux "calmos" que je connaisse, des lignes qui se répondent et qui me plaisent sans que je me l'explique, bien sûr ce genre de texte c'est vraiment très particulier, une phrase va brusquement entrer en résonance en moi, et trois autres qui vous font cet effet me laisseront froid. Allez, une dernière (qui me
fait quelque chose... mais vous ?) pour bien appuyer ce propos :
"Tout est passé.
L'argent circule.
Des-trucs-publicitaires-ferment-l'horizon.
Vous êtes baisés.
Je suis baisé aussi.
Sur la presqu'ile."Beaucoup de fiévreur dans ce minuscule livre qui est un long poème de boxe de Cambodge de corps de déchets de - de fièvre en fait. C'est une écriture très fiévreuse, à être presque dérangé de ce pouls que l'auteur nous impose si facilement.
Enfin voilà, y a des choses que j'aime beaucoup, y a des choses que j'apprécie moins.
Bien sûr c'est une expérience différente de lire ce long poème d'une traite, d'en gouter l'élan, au lieu de lire mes trois pauvres morceaux mal choisis (:
C'est publié par une toute petite structure qui fait des trucs tout grands, le
Grand Os (mais si,
Pablo Katchadjian ! mais si :
Génial et génital ! traduit du khmer par Christophe Marquet, justement).