Les Mots anciens
Les mots pales figurent entre deux lignes vides
Ils dessinent bien sur des paroles livides.
Des gouffres insipides et des néants obscurs
De larges déchirures aux entrailles sordides
Des abysses parfaits ou seule l'ennui demeure
Des demeures vidées par des familles en pleur
Ils remplissent le blanc d'un noir pur qui se meurt
Et se meut en azur dans l'œil gris du lecteur
Les mots pales figurent entre deux longs silences
Ils hurlent des discours pour occuper l'absence
Pour faire passer le jour ils virvoltent et dansent
Ils se teintent d'amour pour faire passer l'errance
Puis ils deviennent rances quand ils oublient le rêve
Quand ils oublient l'enfance, les mots s'allongent et crèvent
Dans nos cœurs gris d'années, le temps nous les enlèvent
Le mot damné se rend, le mot aimé s'achève
Les mots font pale figure dans la voix d'un enfant.
Ils sont doux et vibrant d'une insolence pure.
Écoutons les un temps, écoutons les bien sur,
Pour les garder en nous dans nos années futures
Quand nous seront des vieux
Et qu'ils seront des grands.