[Aléa]

Petite minuscule poupée
Dans les brouillards purée de pois ;
Suie noire sur ta peau, chiffon enturbanné.
Deux billes blanches – deux rangées de dents –
S'entrechoquent.
Grand sourire rage.
Regarde – au travers la poussière de lave,
éteinte avant les hommes mais qui explose
en permanence autour, en silence –
     Là bas, un bébé violet.

Le ciel s'illumine, tu sais,
Seulement quand tu le regardes.
N'oublie pas tes pieds ; tu te méfies
Des gouffres qui s'ouvrent à tes pas
– Tu les dis créés pour toi et l'écho
De leur fracture appelle dessous monstres
Et tu sursautes devant chaque racine.
Toutes les racines viennent du même
Arbre.
     Regarde là-bas, un bébé violet.

Tu regardes tout ce que je te dis.
Le reste du temps, tu fais comme
Les pierres de souffre : sans bruit.
Regarde là-haut – pas tout de suite –
Tiens-toi prêt.

Il y a un arbre,
Là-haut sur la colline.
Tu ne le sais pas encore
Et pourtant tu t'efforces de t'y rendre.
En même temps que toi
Il y a un 4x4
– Ils sont trois dedans ;
Un enfant pleure dans son siège –
Ils foncent dans la même direction.
Ils n'en savent pas plus.
Ils foncent droit sur l'arbre.
Ils vont tous mourir.

Vous arriverez en même temps.

Tu commences à le discerner, pas vrai ?
Tu plisses les yeux ; un phare ?
La poussière assourdit tout.
La voiture file, l'enfant pleure, la mère se retourne.
Tu montes la colline. C'est haut, pas vrai ?

Sur une branche de l'arbre est pendu
Par son propre cordon un bébé,
Il est violet. Regarde
Là haut, tout de suite ! Regarde le ciel
Il n'est plus noir, Regarde
L'étoile – tu te souviens de l'étoile ?
Je t'avais parlé de l'étoile.
Là voilà ; elle est grande
Elle est grosse, elle est belle, pas vrai ?
Une immense perle de nacre figée ;
Tu n'as jamais rien vu d'aussi beau mais –
Ne pleure pas, pas  tout de suite, s'il te plaît
Regarde ! Ne quitte pas le ciel,
Une deuxième se montre, elle monte
monte monte, elles vont se rencontrer
Dans une seconde
La collision. L'explosion atone.
Tout le ciel se mouchette de poussière d'astre,
Elle se disperse en cercles volutiques ;
Je t'offre ce bouquet d'étoiles.

Essuie tes yeux, gratte donc ta suie
Les étoiles la remplaceront à jamais
– Comme elles impriment le ciel et
Ne partiront plus de ta vue.
Jamais.

Croyez-vous que le bébé pleure toujours ?

[Ashka]

 

Des les brouillards purée de pois ;

Dans ?

Suie noire sur ta peau, chiffon turbanné.

Le chiffon turbanné me perds un peu, mais ce n’est que moi

Regarde – au travers la poussière de lave,
éteinte avant les hommes mais qui explose
en permanence autour, en silence –
     Là bas, un bébé violet.

Joli avec ce contrepoint sinistre du bébé…

Le ciel s'illumine, tu sais,
Seulement quand tu le regardes.

Oui, c'est vrai ça. On pourrait le croire.

– Tu les dits crées pour toi et l'écho

"dis" (créés mais pas sûre)

De leur fracture appelle dessous monstres
Et tu sursautes devant chaque racine.
Toutes les racines viennent du même
Arbre.

C’est bien fait et bien amené cet arbre aux racines fractures de monstres

Tu regardes tout ce que je te dis.
Le reste du temps, tu fais comme

joli

Les pierres de souffre : sans bruit.

Que sont-elles ces pierres de souffre ? Développer ? Ou pas ?

Regarde là-haut – pas tout de suite –
Tiens-toi prêt.

Il y a un arbre,
Là-haut sur la colline.
Tu ne le sais pas encore
Et pourtant tu t'efforces de t'y rendre.
En même temps que toi
Il y a un 4x4
– Ils sont trois dedans ;
Un enfant pleure dans son siège –
Ils foncent dans la même direction.
Ils n'en savent pas plus.
Ils foncent droit sur l'arbre.
Ils vont tous mourir.

Vous arriverez en même temps.

Ça saisit. Le ton du narrateur s’accorde bien à ce qui se passe et à cette phrase couperet qui fait sont effet.

La poussière assourdi tout.

assourdit

Tu montes la colline. C'est haut, pas vrai ?

le "c’est haut", oui, je sens/visualise bien ça. Ç'est bien aussi la mère qui se retourne, le ver précédent.

Sur une branche de l'arbre est pendu
Par son propre cordon un bébé,

...

Il est violet. Regarde
Là haut, tout de suite ! Regarde le ciel
Il n'est plus noir, Regarde

Cet effort miséricordieux pour moi, pour détourner le regard...

L'étoile – tu te souviens de l'étoile ?
Je t'avais parlé de l'étoile.

J’aime beaucoup ces  vers

Ne pleure pas, pas  tout de suite, s'il-te-plaît

Sans tirets à priori

L'explosion atone.
Tout le ciel se mouchette de poussière d'astre,
Elle se disperse en cercles volutiques ;
Je t'offre ce bouquet d'étoiles.

C'est beau.

Essuie tes yeux, gratte donc ta suie
Les étoiles la remplaceront à jamais
– Comme elles impriment le ciel et
Ne partiront plus de ta vue.
Jamais.

Croyez-vous que le bébé pleure toujours ?

Non, pour moi, le bébé ne pleure plus, tu as fait attention de détourner sa vue. Les bébés ont la capacité de s’émerveiller. Mieux que nous qui sommes déjà des âmes trop vieilles.

Poème de l’extrème. Très visuel avec des images fortes. Et cette question à la fin… l’enfer, tu déclenches l’enfer Ben.G…

C'est très fort.

[Aléa]

Merci pour les corrections Ashka 

Le chiffon turbanné me perds un peu, mais ce n’est que moi

Bon j'ai mis enturbanné

Que sont-elles ces pierres de souffre ? Développer ? Ou pas ?

C'est la poussière de lave qui explose, donnée plus tôt !




Désolé c'est un peu violent... Je devrais peut-être ajouter la mention explicite ?

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

Merci 
(et désolé pour l'enfer)

[Ashka]

Que sont-elles ces pierres de souffre ? Développer ? Ou pas ?

C'est la poussière de lave qui explose, donnée plus tôt !

oui tu as raison. Je n'avais pas suivi le fil, ce n'est que moi

Désolé c'est un peu violent... Je devrais peut-être ajouter la mention explicite ?

Je pense, oui, ce serait mieux. Mais ce n'est que mon avis.

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

Merci 
(et désolé pour l'enfer)

Pas de souci, je peux lire des choses dures.   

[Alan Tréard]

Bonjour Ben.G,

Effectivement, ton poème a un quelque chose de volcanique, à l'image de ta personnalité fougueuse et inspirée.

Ces lignes m'ont convaincu, même s'il est vrai que j'ai par certains endroits eu le sentiment de ne pas pouvoir m'identifier au poème, aux émotions que tu me proposes à la lecture. C'est comme s'il restait une part de mystère dans ta poésie dont je me sentais exclu, avec l'espoir peut-être que mes prochaines lectures de tes poèmes me permettent un peu mieux de saisir le fil de ta pensée poétique.

Il y a comme une forme d'idéal dans ta poésie, à mon sens.

[Aléa]

Lu Alan, je pensais pas que tu me lisais encore 

aux émotions que tu me proposes à la lecture. C'est comme s'il restait une part de mystère dans ta poésie dont je me sentais exclu

Le poème fait sa vie, avec ses images et le reste ; une part de mystère oui, à moi-même aussi, flippant hein ?

Il y a comme une forme d'idéal dans ta poésie, à mon sens.

Moui, ca peut tout vouloir dire et rien, y trouver de l'idéal, sans doute y en a-t-il une forme, mais pour la quête de l'idéal, c'est éveil, certainement pas moi.


Merci pour ton passage