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Le Monde de L'Écriture » Salon littéraire » Salle de lecture » Théâtre et poésie » [Théâtre] La Leçon (Eugène Ionesco)

Auteur Sujet: [Théâtre] La Leçon (Eugène Ionesco)  (Lu 9372 fois)

Hors ligne Milora

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[Théâtre] La Leçon (Eugène Ionesco)
« le: 06 août 2011 à 15:03:02 »

La leçon, Eugène Ionesco, 1951.

C'est une histoire vraiment... bizarre. Une élève (d'une vingtaine d'années) arrive chez un professeur pour prendre sa première leçon, en vue d'obtenir un "doctorat total". La pièce repose en fait sur la dégradation de l'ambiance, le changement progressif de ton et l'inversion du rapport de force : la leçon s'avère complètement absurde, mais peu à peu, le professeur - timide au début - devient de plus en plus dominateur et agressif, tandis que l'élève est de plus en plus apathique. La bonne intervient de temps en temps pour mettre en garde contre le danger qui guette si le professeur se lance dans les mathématiques, puis dans la philologie...


Difficile de résumer sans trahir la fin en fait.
Cette lecture m'a laissée assez perplexe. D'abord parce que je croyais que c'était une pièce comique, et qu'en fait non  :D (*Milora, pas douée*) ; même si plusieurs répliques font sourire et que la satire des discussions hautement philosophique est amusante en soi.
Ensuite, parce que... je ne sais pas trop comment interpréter la pièce. Au premier niveau, il s'agit de l'histoire d'un serial killer, et à ce titre j'ai bien aimé la chute. Mais plusieurs détails laissent entendre qu'il y a un (ou plusieurs) autres niveaux d'interprétation, comme le fait que le tableau soit imaginaire, l'apparition du brassard nazi à la fin, le mal de dents de l'élève et autres éléments incongrus qui produisent une impression d'étrangeté. Je pense pas que ce ne soit que de l'absurde. Juste une satire de l'éducation ? D'ailleurs, j'ai cherché sur le net s'il y avait une interprétation précise, à côté de laquelle je serais passée à côté, mais chaque site semble avoir son avis sur la question, mdr. Faudra que je réfléchisse et que je cherche mieux.

Donc voilà, la lecture a été agréable mais... déconcertante.
Et ça doit être super dur à jouer, surtout le rôle de l'Elève...  :o
« Modifié: 27 octobre 2017 à 19:59:02 par Eveil »
Il ne faut jamais remettre à demain ce que tu peux faire après-demain.

Hors ligne Zacharielle

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Re : La Leçon (Ionesco) - théâtre
« Réponse #1 le: 06 août 2011 à 16:34:24 »
Je l'ai lu il y a longtemps et pour moi ça appartenait clairement au courant de l'absurde mais peut-être que je suis allée un peu vite en besogne. Quant aux interprétations, c'est quand même fort de laisser les lecteurs/spectateurs aussi durablement perplexes xD
En tout cas j'avais bien aimé et je suis curieuse de le voir joué.(J'ai quand même préféré La Cantatrice chauve).

Hors ligne Milora

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Re : Re : La Leçon (Ionesco) - théâtre
« Réponse #2 le: 06 août 2011 à 16:57:57 »
Je l'ai lu il y a longtemps et pour moi ça appartenait clairement au courant de l'absurde mais peut-être que je suis allée un peu vite en besogne.
Possible, après tout. Sur les sites où je suis tombés, pour les uns c'était une satire de l'éducation, pour les autres c'était je sais pas trop quoi transcendentalo-incompréhensible  ;D Pour Ambrena, c'est une métaphore du nazisme.

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Quant aux interprétations, c'est quand même fort de laisser les lecteurs/spectateurs aussi durablement perplexes xD
Mouais... personnellement, je suis pas fan des livres/films/autres où on sort de l'oeuvre sans avoir compris. Là ça va, parce qu'y a un premier niveau de lecture qu'on comprend.
C'est quand même loin d'être ma pièce préférée. J'ai aussi préféré La Cantatrice chauve. Même si dans la leçon, il y a un moment assez flippant où on finit par trouver presque logiques les élucubrations philologiques du Professeur  ;D
Il ne faut jamais remettre à demain ce que tu peux faire après-demain.

Hors ligne Ambrena

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Re : La Leçon (Ionesco) - théâtre
« Réponse #3 le: 07 août 2011 à 00:34:17 »
Pour Ambrena, c'est une métaphore du nazisme.
J'ai dit "cela pourrait être", nuance.  :P Je ne suis jamais catégorique, quand je parle de littérature. Et ce pourrait aussi être une représentation symbolique du viol. La pièce est nettement sexualisée, surtout vers la fin, et les crimes des serial killers s'accompagnent souvent de sévices exercés sur leurs victimes. Mais ce n'est qu'une idée.

Enfin, je résume schématiquement, hein, parce qu'il me semble aussi qu'il y a de l'absurde dans ce texte - mais pour moi, c'est précisément pour souligner l'absurdité du nazisme et de tout mouvement totalitaire. Ainsi, la jeune fille pourrait représenter la bourgeoisie, les jeunes embrigadés dans les jeunesses hitlériennes ou encore la victime juive. De l'autre côté, le professeur pourrait incarner le nazisme, le pouvoir totalitaire, mais aussi tout mouvement de pensée qui se veut absolu.

Ce n'est pas ma pièce préférée d'Ionesco - je préfère de loin Les Chaises, La Cantatrice Chauve ou Rhinocéros, par exemple. C'est en partie parce que je n'aime pas trop l'histoire qui est relatée, même si comme tu le dis, Mil, les élucubrations du professeur sont fascinantes et étrangement logiques, à un point donné. Je trouve que cette dimension conforte d'ailleurs mon idée du nazisme. Après tout, Hitler ne subjuguait-il pas les foules ?
« Modifié: 07 août 2011 à 00:37:26 par Ambrena »
"J’ai soudain la sensation limpide d’avoir gaspillé ma jeunesse… L’avoir vue s’échapper de mes mains comme l’anguille effrayée et m’appeler à présent sur le lierre du tombeau, où patiente depuis toujours le chant des enfants, les raisins volés…"

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Re : La Leçon (Ionesco) - théâtre
« Réponse #4 le: 27 novembre 2011 à 19:44:11 »
Pour ma part, j'ai lu et vu cette pièce jouée plusieurs fois. Ionesco appartenant au registre absurde, je suis donc du même avis que Zacharielle. Il suffit de voir le reste de son oeuvre pour s'en rendre compte...

Le but de ce texte est évidemment de te faire ressentir la perplexité que tu as, Milora. Comment quelqu'un peut-il se révéler en quelques heures être un monstre ? La chute est là pour nous laisser un noeud au ventre.

Je pense pas que ce ne soit que de l'absurde. Juste une satire de l'éducation ? D'ailleurs, j'ai cherché sur le net s'il y avait une interprétation précise, à côté de laquelle je serais passée à côté, mais chaque site semble avoir son avis sur la question, mdr.

Tu sais, absurde ne veut pas forcément dire complètement dénué de sens. Chaque oeuvre est créée pour transporter un message, même parfaitement caché, et n'existe pas dans le vide. Pour ma part je pencherais sur l'interprétation nazi.

Même si dans la leçon, il y a un moment assez flippant où on finit par trouver presque logiques les élucubrations philologiques du Professeur  ;D

En effet ! Le professeur a beau déblatérer des tonnes de concepts à première vue insensés, Ionesco arrive à le rendre crédible. Et donc, encore plus effrayant. ^^
A la recherche du bonheur...

Hors ligne Ambrena

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Re : La Leçon (Ionesco) - théâtre
« Réponse #5 le: 03 décembre 2011 à 10:39:43 »
Tu sais, absurde ne veut pas forcément dire complètement dénué de sens. Chaque œuvre est créée pour transporter un message, même parfaitement caché, et n'existe pas dans le vide. Pour ma part je pencherais sur l'interprétation nazie.

Je n'aurais pas dit cela.  En littérature, on nous apprend justement au contraire que le terme "message" n'est pas le plus adapté pour parler d'une œuvre (il existe d'ailleurs un topic sur le sujet).  :huhu:

En l'occurrence, on peut penser que La Leçon détient une portée symbolique, mais cette dernière n'est pas unilatérale. Est-ce que critique acerbe de l'éducation ? Une représentation du nazisme ? Du viol ? Difficile de savoir.

Quoi qu'il en soit, un élément reste certain : ce n'est pas une œuvre creuse.
"J’ai soudain la sensation limpide d’avoir gaspillé ma jeunesse… L’avoir vue s’échapper de mes mains comme l’anguille effrayée et m’appeler à présent sur le lierre du tombeau, où patiente depuis toujours le chant des enfants, les raisins volés…"

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