Un souvenir plus léger pour vous faire sourire aujourd'hui : La Savane
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Mais d'abord quelques mots sur sa genèse : il s'agit en effet de ma première collaboration littéraire. Devant l'envie de Jonathan de dessiner des vignettes, j'ai écrit ce texte pour lui en inspirer une. Ce texte et son image ont fait quelques aller-retours entre nous, et quelques suggestions sont venues enrichir mon premier jet (c'est une première pour moi, et ce n'est pas un exercice qui m'est facile, mais je suis là aussi pour explorer à vos côtés). Merci à Jonathan pour cet échange et voici maintenant le texte que je confie à vos ressentis !
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Je suis dans le car quelque part sur le trajet Bamako - Dakar. Où exactement ? Je n'en sais rien. Entre les multiples arrêts, les crevaisons, les chutes du toit (dont un mouton), les douanes..., j'ai perdu le compte des jours et des nuits passés et restants pour ce voyage. (D'ailleurs, une fois arrivée à destination, et enfin dans un lit, je dormirai 34h d'affilée, un record inégalé !)
Je suis bien évidemment la seule blanche à bord : qui est assez fou pour faire ce trajet en car ? Bon, je suis courageuse, certes, mais à un moment donné, il faut que je sorte de ce foutu tas de ferraille pour aller faire pipi. Ah, un arrêt en pleine savane, cette fois, j'y vais !
Je sors du car, et je marche un peu. On me fait signe, "attention la blanche, ne t'éloigne pas trop loin, c'est dangereux ici". Dangereux ? J'ai toujours rêvé d'être photographe en pleine nature sauvage, et voilà que je passe des années en Afrique noire au milieu des villes, de la poussière et des gens, au lieu de découvrir la faune locale : j'y suis, j'y reste !
Je m'éloigne... et, déjà, je ne me sens plus si sereine. C'est vrai que ce silence, ça intimide un peu. Les buissons ne sont pas légion pour mes besoins intimes, alors je cherche un endroit propice du regard... quand mes yeux croisent des traces de griffes. Là, c'est du sérieux ! Rien à voir avec la fouine de mon jardin. Je regarde encore un peu, et, à moitié sur un arbre, pas si loin que ça, je me trouve face à face avec une carcasse, encore passablement fraîche semble-t-il.
Mmm, finalement, je n'en mène pas large du tout ! Tant pis pour les documentaires, mon courage légendaire et... ma vessie toujours remplie ! Je prends mes jambes à mon cou ! Me voyant de retour si promptement, mes compagnons de voyage ont bien ri de mon escapade.
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J'espère que Jonathan ajoutera bientôt sa vignette !