Tu m'as inspirée, j'en ai fait une deuxième version. J'espère que tu ne m'en voudras pas d'avoir repris l'idée :
Laide,
Il faut pourtant que je t’aime. Je ferme les yeux pour t’embrasser, tu me dégoutes. Tu t’es abaissée à tant de servilité, renonçant, détournant ton regard, acceptant, permettant l’inadmissible. Comme il est dur de t’aimer encore, toi hideuse. Tu t’habille trop rouge, trop vulgaire, tu aimes le sale. Tu es une insulte à l’amour, tu l’avilis, comme tout ce que tu approches. Tu ris de ceux dont tu abuses et te fais abuser de la même façon : misérable. Violente et victime. Injuste et injustement traitée. Ta misère m’arrache le cœur, je donnerai ma vie pour te protéger quand tu es encore fragile et que je tremble de te voir abîmée, détruite. J’ai mal de te voir faire le mal, mal de te voir en souffrir aussi. Tant de laideur me fait mal. Comprends-tu quel mal cela me fait de t’aimer encore ? Il ne resterait plus rien pour moi, si je renonçais à toi. Je ferme les yeux pour t’embrasser, il faut pourtant que je t’aime.
Peu le savent, je le sais. Au-delà d’une certitude, c’est un credo. Je crois en toi. J’ai vu des trésors au fond de ton âme. Quand tu allais nu pied, au milieu de la foule d’un supermarché, tu étais cette petite gitane qui a donné son ballon à l’enfant qui pleurait dans sa poussette. Tu étais pieds nus et ta richesse m’a éblouie. J’ai vu ta beauté. Quand tu étais cet homme qui tournais la terre pour nourrir les siens. Quand tu cachais le migrant, quand tu consolais l’enfant, quand tu soignais le corps de ton frère trop malade. Je t’ai vu rire, je t’ai vu belle. Généreuse, drôle, courageuse, poétesse, amante passionnée, mère combative, fille espiègle, et grande sagesse.
Mon destin est lié au tien. Toi, l’humanité, il faut pourtant que je t’aime car mes propres enfants sont entre tes mains, je t’ai tout donné. Je ferme les yeux pour t’embrasser et je t’en supplie : soit moins laide que tu n’es belle.