Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

29 mars 2024 à 06:13:27
Bienvenue, Invité. Merci de vous connecter ou de vous inscrire.


Le Monde de L'Écriture » Salon littéraire » Salle de débats et réflexions sur l'écriture » Les maladresses

Auteur Sujet: Les maladresses  (Lu 5106 fois)

Hors ligne extasy

  • Palimpseste Astral
  • Messages: 3 134
Les maladresses
« le: 16 février 2020 à 14:28:21 »
Par exemple on a tous déjà commenté comme ça : "Je trouve qu'ici c'est maladroit"
Et alors ? Si c'est maladroit ça veut dire quoi ? Que d'une façon ou une autre ça fait sortir du texte ? Et que ça c'est pas bien ? Oui sans doute, mais pourquoi exactement ?
Je n'arrive pas à imaginer, me représenter une faute, je sais quand il y en a une mais à part dire que c'est une faute, je ne sais pas quoi en penser. Quand je lis quelque chose de beau j'ai envie de me pencher dessus pour en profiter davantage, mais quand je vois une faute, je ne perds pas mon temps à la contempler, je cherche à vite m'en débarrasser.

Du coup pour vous, quand c'est mal écrit ?
« Modifié: 05 mars 2020 à 21:02:15 par extasy »

Hors ligne Alan Tréard

  • Vortex Intertextuel
  • Messages: 7 251
  • Optimiste, je vais chaud devant.
    • Alan Tréard, c'est moi !
Re : Pourquoi je n'aime pas les maladresses ?
« Réponse #1 le: 16 février 2020 à 18:54:33 »
Bonjour extasy,


Déjà, je prends soin de te remercier pour ce sujet, car il me donne vraiment envie de réagir, d'apporter mon propre regard sur un sujet plus profond qu'il n'y paraîtrait au premier abord.


Je trouve bien de ce fait qu'il mérite d'être discuté à propos du seul sujet littéraire : la maladresse dans le contenu littéraire. Bien entendu, on pourrait parler d'une maladresse au quotidien, d'un petit accident pas fait exprès, du regard sur la maladresse ici ou là... Mais dans la littérature – où la créativité est une affaire d'auteur –, la moindre maladresse peut être le lieu de toutes les spéculations.

Bien sûr, je pourrais spéculer pendant longtemps sur le fait d'être volontairement maladroit quand on est le plus grand des auteurs... Et il y aurait beaucoup à en dire, je l'entends !

L'intelligence littéraire peut amener à faire de « fausses maladresses », des faux-semblants destinés à dissimuler une intention bien plus profonde, bien plus ancrée dans le sens d'un livre ; tout comme une simple faute d'orthographe peut faire basculer toute l'interprétation d'un détail (d'où la nécessité de savoir en priorité accorder les bons adjectifs aux bons noms).

Une faute d'accord, c'est comme un petit grain de sable au milieu d'un gigantesque mécanisme, c'est la maladresse de trop, quelque part.


Ici, tu poses surtout la question du fait de relever des maladresses (comme pour dire : « cette tournure me semble un peu maladroite ! »), le fait de signaler une maladresse, et je vois combien la question s'élargit encore...

Effectivement, l'écrivain transmet une image d'aisance, de bonne tenue ou d'élégance, c'est son sang qui parle : il y a dans le monde des lettres une forme de sophistication du genre qui ne donne à voir que ce qu'on a bien voulu montrer... Alors quand on y trouve la moindre erreur dans tout ce qu'elle a de plus involontaire, c'est comme si cent fois la vérité se révélait dans sa plus étrange composition !!

Et si la vérité n'est pas belle à voir, on préfèrerait la cacher.

Écrire de la plus belle façon, savoir toucher un instant la beauté, la seule... N'est-ce pas là une forme de prouesse ? Et le talent... Que dire du talent ? Tous ces mots de littérature sont intimement liés à l'adresse, à la maîtrise et à l'élévation. Si bien que si cette adresse venait à manquer, il y aurait comme un spectacle qui s'effondre sous l'accident des imprévus. Une maladresse peut vite entrer dans un enchaînement infernal. J'ai à l'instant à l'idée l'image d'un illusionniste qui tente une bien vieille expérience de magie, exposant dans son antre quelque révélation merveilleuse.

Et si cet illusionniste crée l'émerveillement, alors il réalise une superbe prouesse.

Et soudain... Patatra !! Le magicien tombe sur le cul et son conte miteux s'effondre dans tout son ridicule.

Ça fait peine à voir, rien que de l'imaginer : j'en ai les larmes aux yeux.

Voici ce que c'est la véritable maladresse : un tour de magie raté, un pitoyable spectacle sans plus d'illusion : Une Véritable Désillusion.


Et c'est pourquoi chaque jour les écrivains chassent vaillamment leurs maladresses dans leurs nombreux écrits, ainsi, le conte se finit bien, tout le monde est heureux, et tout rentre dans l'ordre. ^^
« Modifié: 16 février 2020 à 18:59:55 par Alan Tréard »
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

Hors ligne flag

  • Prophète
  • Messages: 762
  • Le navet ne se pèse pas au kilo mais à la tonne
Re : Pourquoi je n'aime pas les maladresses ?
« Réponse #2 le: 16 février 2020 à 19:03:11 »
Pour éviter la maladresse quand on est bébé on apprend à marcher droit. Si tout les monde marcher droit et pareil il n'y aurait pas de maladresse. Return
Dieu et la nature vont bien ensemble, ça va de paire, c'est Dieu le père.

Hors ligne Alan Tréard

  • Vortex Intertextuel
  • Messages: 7 251
  • Optimiste, je vais chaud devant.
    • Alan Tréard, c'est moi !
Re : Pourquoi je n'aime pas les maladresses ?
« Réponse #3 le: 16 février 2020 à 19:09:12 »
Je crois sérieusement que c'est la chose la plus percutante qu'on ait jamais dite. :huhu:
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

Hors ligne Olaf

  • Prophète
  • Messages: 996
  • Mathémagicien
Re : Pourquoi je n'aime pas les maladresses ?
« Réponse #4 le: 16 février 2020 à 19:18:05 »
Par exemple on a tous déjà commenté comme ça : "Je trouve qu'ici c'est maladroit"
Et alors ? Si c'est maladroit ça veut dire quoi ? Que d'une façon ou une autre ça fait sortir du texte ? Et que ça c'est pas bien ? Oui sans doute, mais pourquoi exactement ?
Je n'arrive pas à imaginer, me représenter une faute, je sais quand il y en a une mais à part dire que c'est une faute, je ne sais pas quoi en penser. Quand je lis quelque chose de beau j'ai envie de me pencher dessus pour en profiter davantage, mais quand je vois une faute, je ne perds pas mon temps à la contempler, je cherche à vite m'en débarrasser.

Du coup pour vous, quand c'est mal écrit1 ?
Quand j'écris ça, c'est que je pars du postulat prétentieux que j'ai compris l'intention de l'auteur dans une phrase. Et quand je dis que c'est maladroit, c'est que je pense que ce que l'auteur a écrit n'a pas atteint le but que je pense qu'il y avait derrière sa phrase.
En gros, c'est maladroit quand il a visé à côté de sa cible :mrgreen:

Hors ligne Samarcande

  • Grand Encrier Cosmique
  • Messages: 1 201
  • Bla Bla Bla
Re : Pourquoi je n'aime pas les maladresses ?
« Réponse #5 le: 16 février 2020 à 20:46:52 »
Super cette question. Quand je pense que c'est maladroit, c'est que je sens confusément que cela grince, que quelque chose ne tourne plus rond dans le texte. Et paradoxalement  signaler à un auteur que "c'est maladroit" n'est pas suffisant pour l'aider. Il faudrait creuser et chercher ce qui a bloqué la lecture, que ce soit un registre de langue pas adapté, un choix lexical hasardeux, un flou, une construction un peu bancale...

Merci d'avoir mis le doigt dessus. Cela me permettra de faire plus attention lors de mes prochains commentaires.

Je perds un temps fou sur le forum depuis que je suis inscrite, mais j'ai vraiment l'impression  d'apprendre beaucoup.
Merci :coeur:
Sait-on jamais, nos chemins pourraient se croiser ! (Amin Maalouf )

Hors ligne xavion

  • Scribe
  • Messages: 65
Re : Pourquoi je n'aime pas les maladresses ?
« Réponse #6 le: 26 février 2020 à 12:49:00 »
L'une des choses inattendues que j'ai découvertes en fréquentant les ateliers d'écriture c'est justement cette difficulté qu'on éprouve face à quelque chose qu'on trouve maladroit (ou mal écrit pour être plus radical).
Une difficulté qui se joue sur deux niveau.
D'abord on se demande si on a le droit de pointer son doigt sur çi ou ça, si notre commentaire ne risque pas de vexer, si l'auteur qu'on conseille n'est pas un cador qui maîtrise cent fois mieux que nous. Bref, on craint de blesser et on craint le ridicule ... deux excellentes raisons pour en rester à des compliments de surface, qui n'engagent pas, qui ne blessent pas et qui n'aident pas.
Si on passe le pas, si on se donne les moyens de faire ce qu'on attends des autres en venant sur les forums, à savoir des vraies lectures avec de vrais commentaires, honnêtes à défaut d'être parfaits, alors on rencontre la second niveau de difficulté. Ressentir une maladresse c'est une chose, la pointer du doigt, c'est déjà moins évident, la décrypter pour lui faire sa fête et donner à l'auteur des éléments de réflexions ... là c'est une autre paire de manche. Il faut réfléchir, se poser des questions, sortir de sa position de lecteur pour entrer dans la peau d'un auteur puisqu'il s'agit de commenter les choix d'écriture. C'est pas évident à faire mais je pense que c'est l'un des principaux atouts que ce genre d'organisation (les forums et autres ateliers d'écriture) nous apportent à nous, apprentis écrivains. En cherchant à expliquer le malaise qu'on ressent face à une maladresse, en cherchant à argumenter, on apprends on prends conscience de certaines choses et on progresse en tant qu'écrivain.

Donc je ne partage pas tout à fait ta position Extasy, je pense qu'il faut au contraire se pencher sur la maladresse pour aider celui qui l'a commise et pour s'aider sois-même à ne pas la commettre.
Évidemment tout ça n'est valable que dans le cadre du "jeu" auquel on joue ici, on n'est pas obligé de se prendre la tête à chaque fois qu'on lit une bouse, on peut tout aussi bien refermer le bouquin et passer à autre chose.

Hors ligne derrierelemiroir

  • Calame Supersonique
  • Messages: 2 054
  • orque magnifique et ténébreuse
Re : Re : Pourquoi je n'aime pas les maladresses ?
« Réponse #7 le: 05 mars 2020 à 16:55:27 »
Par exemple on a tous déjà commenté comme ça : "Je trouve qu'ici c'est maladroit"
Et alors ? Si c'est maladroit ça veut dire quoi ? Que d'une façon ou une autre ça fait sortir du texte ? Et que ça c'est pas bien ? Oui sans doute, mais pourquoi exactement ?
Je n'arrive pas à imaginer, me représenter une faute, je sais quand il y en a une mais à part dire que c'est une faute, je ne sais pas quoi en penser. Quand je lis quelque chose de beau j'ai envie de me pencher dessus pour en profiter davantage, mais quand je vois une faute, je ne perds pas mon temps à la contempler, je cherche à vite m'en débarrasser.

Du coup pour vous, quand c'est mal écrit1 ?
Quand j'écris ça, c'est que je pars du postulat prétentieux que j'ai compris l'intention de l'auteur dans une phrase. Et quand je dis que c'est maladroit, c'est que je pense que ce que l'auteur a écrit n'a pas atteint le but que je pense qu'il y avait derrière sa phrase.
En gros, c'est maladroit quand il a visé à côté de sa cible :mrgreen:
je me sens en accord avec cette remarque.

Je trouve important de le dire sur un forum d'entre-aide parce que j'estime que ses membres sont ici pour s'améliorer, c'est-à-dire, pour mieux écrire, ce qui en partie, signifie diminuer les maladresses. Quand je lis, j'ai envie d'oublier qu'il y a un auteur derrière le texte. Les maladresses me font tomber de ce nuage d'ignorance et ça fait mal  :mrgreen:
"[...] alors le seul fait d'être au monde
  remplissait l'horizon jusqu'aux bords"
  Nicolas Bouvier

Hors ligne extasy

  • Palimpseste Astral
  • Messages: 3 134
Re : Les maladresses
« Réponse #8 le: 05 mars 2020 à 22:56:30 »
Citer
Déjà, je prends soin de te remercier pour ce sujet, car il me donne vraiment envie de réagir, d'apporter mon propre regard sur un sujet plus profond qu'il n'y paraîtrait au premier abord.
Merci !

Citer
Je trouve bien de ce fait qu'il mérite d'être discuté à propos du seul sujet littéraire : la maladresse dans le contenu littéraire. Bien entendu, on pourrait parler d'une maladresse au quotidien, d'un petit accident pas fait exprès, du regard sur la maladresse ici ou là... Mais dans la littérature – où la créativité est une affaire d'auteur –, la moindre maladresse peut être le lieu de toutes les spéculations.
Oui, parlons à propos du seul sujet littéraire. En espérant toutefois que ça me permette, pourquoi pas, de mieux appréhender la maladresse dans un sens plus large, dans un processus de création ou de réflexion quelconque, où c'est toujours une affaire d'auteur mais pas que de littérature.

Citer
L'intelligence littéraire peut amener à faire de « fausses maladresses », des faux-semblants destinés à dissimuler une intention bien plus profonde, bien plus ancrée dans le sens d'un livre ; tout comme une simple faute d'orthographe peut faire basculer toute l'interprétation d'un détail (d'où la nécessité de savoir en priorité accorder les bons adjectifs aux bons noms).
La faute d'accord brouillerait catégoriquement le sens d'un écrit, alors que le faux-semblant troublerait l'esprit du lecteur, provoquerait en lui un certain bouleversement. Mmmh, oui, je pense que c'est vrai, mais j'ai quand même un problème. Je m'explique. Disons qu'il y ait deux extrêmes qui délimitent exclusivement un hypothétique spectre des maladresses : d'un côté la faute pure et simple, comme une faute d'orthographe, qui est trop grave pour être comprise comme une maladresse ; et de l'autre ce qui n'est qu'une fausse maladresse, comme "Être ange c'est étrange, être âne c'est étrâne". Donc ces deux extrêmes que tu proposes. Et disons que moi, pour être tout à fait honnête, je m'intéresse plus particulièrement à une catégorie intermédiaire, quelque chose comme une métaphore ratée par exemple. C'est un cas plus pratique, qu'on rencontre plus souvent.
Mais ça ne veut pas dire que toutes les autres formes de maladresses sont négligeables :
Citer
Une faute d'accord, c'est comme un petit grain de sable au milieu d'un gigantesque mécanisme, c'est la maladresse de trop, quelque part.
Oui, ce petit grain de sable est intolérable. Mais pourquoi ? Je pense comme toi, que c'est la maladresse de trop, qu'il est impensable de la laisser exister, mais pourquoi j'ai ce sentiment catégorique ? Peut-être que je me prends la tête pour quelque chose de tout bête.

Citer
Effectivement, l'écrivain transmet une image d'aisance, de bonne tenue ou d'élégance, c'est son sang qui parle : il y a dans le monde des lettres une forme de sophistication du genre qui ne donne à voir que ce qu'on a bien voulu montrer... Alors quand on y trouve la moindre erreur dans tout ce qu'elle a de plus involontaire, c'est comme si cent fois la vérité se révélait dans sa plus étrange composition !!
Comme si cent fois la vérité se révélait dans sa plus étrange composition. Je sens qu'on approche encore plus de ce qui est vraiment intéressant dans mon pourquoi. Un peu plus bas, on se rapproche encore :
Citer
Si bien que si cette adresse venait à manquer, il y aurait comme un spectacle qui s'effondre sous l'accident des imprévus.

Un grin de sable, la maladresse de trop, la vérité dans sa plus étrange composition, un spectacle qui s'effondre sous l'accident des imprévus : cette progression doit bien mener bien quelque part, et c'est là peut-être que j'aurai la réponse à mon pourquoi. Voyons ce que tu proposes :
Citer
Voici ce que c'est la véritable maladresse : un tour de magie raté, un pitoyable spectacle sans plus d'illusion : Une Véritable Désillusion.
La Désillusion. Si je ne supporte pas la maladresse, ce serait à cause de la désillusion. La maladresse mènerait à la désillusion. C'est super intéressant, je me demande si c'est vraiment vrai tout ça, ou si je me perds simplement dans un réseau de réflexion... maladroitement construit.

Et il y a d'autre choses intéressantes dans ton com, mais je me perdrais trop si je réagissais à tout à la fois. Merci pour ton passage et tes stimulantes observations ! Si tu as des idées au sujet de cette catégorie plus précise de maladresses que j'ai évoqué vite fait un peu plus haut, elles sont les bienvenues.
Bon, je suis toujours troublé moi, je n'ai pas le sentiment d'avoir trouvé la réponse à ce que je cherche, mais c'est quand même un peu plus clair dans ma petite tête ^^

Edit : Ah tiens, j'ai une une petite précision à ajouter, c'est peut-être utile : les choses réussies on a tendance à leur donner un nom, mais je crois que les échecs ne se nomment pas aussi facilement. Par exemple une métaphore, c'est un nom donné à un effet d'écriture réussi (si on cherche sur internet des exemples de métaphores, on trouve en priorité les plus réussies). Mais une métaphore maladroite, ça n'a pas de nom. Pourtant, je crois qu'au fil de mes lectures de textes amateurs, il m'est déjà arrivé de rencontrer le même genre de métaphore maladroite chez différents auteurs, ou en tout cas des maladresses assez proches pour que ça me donne envie de les nommer. Je ne sais pas si je suis clair, mais j'ai vraiment l'impression d'avoir dit quelque chose d'essentiel sur la raison même de ce fil.

Citer
Pour éviter la maladresse quand on est bébé on apprend à marcher droit. Si tout les monde marcher droit et pareil il n'y aurait pas de maladresse. Return
Oui, ce ne serait pas humain quoi.
Mais j'avoue que je n'ai pas compris le Return, la boucle dans ce raisonnement.


Citer
Et quand je dis que c'est maladroit, c'est que je pense que ce que l'auteur a écrit n'a pas atteint le but que je pense qu'il y avait derrière sa phrase.
En gros, c'est maladroit quand il a visé à côté de sa cible :mrgreen:
Oui je vois ce que tu veux dire, mais cette catégorie ne m'intéressait pas vraiment à la base, celle où le lecteur fait une interprétation maladroite de la phrase. Je m'intéresse aux cas où l'auteur commet vraiment une maladresse. Ou alors tu veux dire que ça n'existe pas vraiment  :D ?

Citer
Quand j'écris ça, c'est que je pars du postulat prétentieux que j'ai compris l'intention de l'auteur dans une phrase.
Mais pourquoi prétentieux ? Je veux dire, mis à part le cas évident du type qui croit tout savoir et qui aime à le démontrer autant que possible, qu'on pourrait qualifier de prétentieux, il y a des personnes qui croient avoir compris et qui se gourrent, tout simplement, non ?

Citer
Super cette question. Quand je pense que c'est maladroit, c'est que je sens confusément que cela grince, que quelque chose ne tourne plus rond dans le texte. Et paradoxalement  signaler à un auteur que "c'est maladroit" n'est pas suffisant pour l'aider. Il faudrait creuser et chercher ce qui a bloqué la lecture, que ce soit un registre de langue pas adapté, un choix lexical hasardeux, un flou, une construction un peu bancale...

Merci d'avoir mis le doigt dessus. Cela me permettra de faire plus attention lors de mes prochains commentaires.
On se pose les mêmes questions. Il faudrait chercher ce qui bloque, ce qui grince. Et c'est pas facile, et c'est fascinant. Moi-même je pense pas pouvoir faire plus que mettre le doigt dessus, mais je suis comme toi, je pense qu'il y a quelque chose digne d'intérêt dans ce questionnement. Merci à toi pour ton commentaire !

Xavion, tu abordes plus en profondeur la démarche du relevé de maladresses, ce qui fait aussi partie de mon questionnement. La première difficulté que tu donnes est d'ordre psychologique, et ça m'intéresse peu je dois dire. Le second niveau de difficulté est plus intéressant pour moi, comment faire ce genre de relevé, et je crois avoir compris dans ta réponse que c'est une question de temps, on apprend à gérer ces choses en pratiquant.

Citer
je pense qu'il faut au contraire se pencher sur la maladresse
Je pense aussi ! Du coup c'est où qu'on n'est pas d'accord ?

Citer
pour mieux écrire, ce qui en partie, signifie diminuer les maladresses.
Comme dirait weg : en effet.

Citer
Quand je lis, j'ai envie d'oublier qu'il y a un auteur derrière le texte. Les maladresses me font tomber de ce nuage d'ignorance et ça fait mal  :mrgreen:
Yep, je vois que c'est le même sentiment général "ça fait mal", avec une explication intéressante du phénomène, on aimerait oublier qu'il existe un auteur pour ne voir que l'histoire.
Ça rejoint peut-être aussi un peu la vision d'Olaf : si on oublie l'auteur, on oublie tout ce qui est intention, on ne cherche pas à comprendre l'intention de l'auteur puisqu'on fait abstraction de l'auteur. Pourquoi je dis que ça rejoint sa vision, parce que j'ai utilisé le terme intention qui se trouve dans le message d'Olaf, euh, ça doit vouloir dire qu'il y a un lien  ><

Hors ligne Alan Tréard

  • Vortex Intertextuel
  • Messages: 7 251
  • Optimiste, je vais chaud devant.
    • Alan Tréard, c'est moi !
Re : Re : Les maladresses
« Réponse #9 le: 06 mars 2020 à 00:03:38 »
Salut exta,

 :D


La faute d'accord brouillerait catégoriquement le sens d'un écrit, alors que le faux-semblant troublerait l'esprit du lecteur, provoquerait en lui un certain bouleversement. Mmmh, oui, je pense que c'est vrai, mais j'ai quand même un problème. Je m'explique. Disons qu'il y ait deux extrêmes qui délimitent exclusivement un hypothétique spectre des maladresses : d'un côté la faute pure et simple, comme une faute d'orthographe, qui est trop grave pour être comprise comme une maladresse ; et de l'autre ce qui n'est qu'une fausse maladresse, comme "Être ange c'est étrange, être âne c'est étrâne". Donc ces deux extrêmes que tu proposes. Et disons que moi, pour être tout à fait honnête, je m'intéresse plus particulièrement à une catégorie intermédiaire, quelque chose comme une métaphore ratée par exemple. C'est un cas plus pratique, qu'on rencontre plus souvent.
Mais ça ne veut pas dire que toutes les autres formes de maladresses sont négligeables :
Citer
Une faute d'accord, c'est comme un petit grain de sable au milieu d'un gigantesque mécanisme, c'est la maladresse de trop, quelque part.
Oui, ce petit grain de sable est intolérable. Mais pourquoi ? Je pense comme toi, que c'est la maladresse de trop, qu'il est impensable de la laisser exister, mais pourquoi j'ai ce sentiment catégorique ? Peut-être que je me prends la tête pour quelque chose de tout bête.


Eh bien !

C'est une question de logique.

Si la faute d'orthographe est incorrecte.

Alors la faute de narration, c'est l'incohérence.

La faute de goût, l'inélégance.

La faute de restitution, l'invraisemblance.

La faute de mœurs, l'impertinence.

La faute d'éthique, l'immoral.

Etc, etc.

À chaque fois que tu construis une continuité, une droite continue : soit correcte, ou cohérente, ou élégante, ou vraisemblable, ou morale, etc. ; tout ce qui s'y oppose comme de façon discontinue devient alors : soit incorrect, ou incohérent, ou inélégant, ou invraisemblable, ou impertinent, ou immoral, etc.

L'auteur.e crée une continuité, tout ce qui ressort de cette continuité peut éventuellement apparaître illogique aux yeux de la lectrice ou du lecteur.

Et le pire ! dans tout ça, c'est que tu peux facilement argumenter une maladresse : dire « yop, ça va ? Cool... heum... en général, j'ai trouvé ton récit extrêmement vraisemblable, ce n'est pas du tout irréaliste en fait, c'est même plutôt une situation possible dans notre monde actuel... Pourtant tel passage à tel moment précis m'a semblé assez invraisemblable, impossible, pour ne pas dire inimaginable. Donc heu... Je me suis demandé si c'était volontairement irréaliste, ou si c'est juste une maladresse... enfin voilà, quoi ! »


Toute maladresse peut être argumentée facilement, associée à la continuité du récit, et c'est ça, la beauté de la littérature !  :mrgreen:
« Modifié: 06 mars 2020 à 00:07:35 par Alan Tréard »
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

Hors ligne extasy

  • Palimpseste Astral
  • Messages: 3 134
Re : Les maladresses
« Réponse #10 le: 06 mars 2020 à 00:36:58 »
Yo Alan !

Wouah j'aime bien ton approche... La continuité, quoi. Et ça :

Citer
Toute maladresse peut être argumentée facilement
Argumenter sur une maladresse serait facile. A priori j'aurais dit non, d'ailleurs c'est un peu pour ça qu'il y a ce fil, mais ce schéma de continuité avec des points de discontinuité, c'est beau, ça donne envie d'y croire :D

Ça ouvre sur une autre question, qu'est-ce que la continuité du récit ? Et si c'était respecter des lignes de continuité ?
On pourrat imaginer des modèles de commentaires genre "Salut, j'ai trouvé que ton récit respectait les lignes de continuité suivantes : la ligne de la narration, je n'ai pas relevé de grosse incohérence ; la ligne de la restitution, l'histoire est particulièrement vraisemblable. Par contre la ligne d'orthographe est un peu courte, haha, il y a pas mal de coquilles disséminées dans ton texte. Salut salut !"

Et l'auteur saurait dans quoi il est maladroit.

Bon, il est tard, voilà que je divague  :mrgreen:

Hors ligne Alan Tréard

  • Vortex Intertextuel
  • Messages: 7 251
  • Optimiste, je vais chaud devant.
    • Alan Tréard, c'est moi !
Re : Les maladresses
« Réponse #11 le: 06 mars 2020 à 00:54:52 »
 :D C'est toujours un plaisir de discuter avec toi.


Oui, derrière l'idée de « maladresse », on imagine naturellement que l'auteur est adroit dans ses choix d'écriture (en parlant de maladresse, on valorise effectivement l'idée qu'il y aurait une prouesse d'écriture). Donc d'un point de vue logique, c'est assez facile d'adapter l'idée à n'importe quelle situation. Cela renvoie d'ailleurs à l'appréciation d'une lectrice ou d'un lecteur, il faut dans un premier temps qu'une qualité soit mise en valeur (exemple : le fait qu'une théorie de science-fiction paraisse possible dans un avenir proche) pour que des éléments particuliers puissent être jugés ou estimés dévalorisants (exemple : un détail de ce fameux récit de science-fiction qui paraît impossible dans un avenir proche).


La maladresse, oui, je suis d'accord avec toi sur le fait qu'elle laisse toujours entendre qu'il y a une appréciation de lecture, un sentiment de discontinuité qui invite à une réévaluation d'un mot, d'un paragraphe ou de tout un passage de l'histoire.
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

Hors ligne Marcel Dorcel

  • Calliopéen
  • Messages: 410
Re : Les maladresses
« Réponse #12 le: 06 mars 2020 à 08:40:51 »
Hors-sujet ou pas, cette citation contourne le sujet mais lui donne une autre substance, l'enrichit.
«Une langue morte est une langue ou l'on n'a pas le droit de faire des fautes», d'un linguiste que j'ai lu, dont je ne me souviens plus le nom.
Considérant que la langue évolue puisque son évolution se déroule dans un contexte, il faut en tenir compte. Ce que l'on nomme "maladroitement" maladresse peut dès lors se trouve contesté, contredit.
Si j'emploie de vieux termes français du XVIe en 2020, est-ce une maladresse de ma part de vouloir faire cohabiter ces deux champs lexicaux ?
Une faute d'orthographe, une faute grammaticale sont inscrits dans une norme, faciles à vérifier. Une maladresse se situerait plutôt du jugement littéraire et qui, comme chacun le sait, est une affaire de goûts.
Un imbécile ne s'ennuie jamais il se contemple
De Gourmont

Tout dire ou se taire
J Green

 Croyez-vous que je me sois donné la peine de me lever tous les jours de ma vie à quatre heures du matin pour penser comme tout le monde 
J Hardouin

Tout ce qui est atteint est détruit
Montherlant

Hors ligne Alan Tréard

  • Vortex Intertextuel
  • Messages: 7 251
  • Optimiste, je vais chaud devant.
    • Alan Tréard, c'est moi !
Re : Les maladresses
« Réponse #13 le: 06 mars 2020 à 13:30:24 »
Bonjour Marcel Dorcel,


À mon avis, tu es à peu près à trois kilomètres de la vérité ! :D

Tu confonds pleinement le mouvement de pensée et l'accident involontaire (je ne sais pas justement si c'est fait volontairement ou non, disons que j'ai plutôt le sentiment que c'est flou dans ta tête).

Faire une faute volontaire, ce n'est même plus de l'ordre de la maladresse, c'est carrément un choix d'ambiguïté. Dans un premier temps, il faut qu'un auteur assume pleinement vouloir être régulier dans son écrit (savoir tenir une ligne droite) pour qu'ensuite soit évoquée l'idée qu'il y aurait une éventuelle irrégularité (une maladresse).

Si tu souhaites t'inscrire dans un mouvement de pensée (en citant des linguistes plutôt que de citer de grands écrivains...), nécessairement, tout ce que tu pourrais faire qui serait contraire à ce mouvement de pensée (comme bafouer une langue morte/étrangère) sera considéré comme étant en discontinuité avec ton discours.


Bien entendu, si tu n'as pas la volonté d'être logique dans tes écrits (tu estimes qu'il n'y a aucune continuité dans tes écrits), c'est normal qu'il n'y ait jamais de maladresse dans tes productions, c'est parce que rien de ce que tu fais n'est adroit. Quelque part, je pense qu'il faut dans un premier temps avoir la volonté d'être adroit, régulier, assumer ainsi ses choix d'écriture pour ensuite aller chasser les petites irrégularités du style ou de la narration.

Être dans une perpétuelle discontinuité, ça ne donne pas quelque chose d'épanouissant, c'est plutôt une faiblesse, un handicap, une incertitude ou une souffrance, ce n'est pas fertile en matière d'écriture.


La créativité se tourne tout naturellement vers l'individu, vers ses choix d'être plutôt dans l'imaginaire/l'illusion ou plutôt le réalisme, d'être plutôt dans l'émotion ou plutôt dans le raisonnement, et donc d'être régulier dans ses tendances d'écriture au sein de l'ouvrage.

Lorsque plusieurs penseurs recherchent une transformation du langage (peu importe le sens de cette transformation réaliste/imaginaire ; linguistes/surréalistes), on appelle ça un mouvement. Tout ce qui est dans la continuité de ce mouvement est logique, tout ce qui n'est pas dans la continuité de ce mouvement est illogique.

Si la linguistique propose une orientation, devient un mouvement vers un idéal, alors automatiquement elle crée des comportements adroits (dans la continuité du mouvement) et des comportements maladroits (qui correspondent à une irrégularité). Tout mouvement littéraire (par littéraire j'entends : théorie, arts, fiction, pensée, opinion, etc.) crée une continuité, et donc désigne des maladresses. Le mouvement est celui qui définit sa logique, ses aspirations et ses propres règles. Deux mouvements littéraires peuvent tout à fait être contradictoires, ces contradictions naturelles font partie de la littérature, de son histoire, simplement cela n'empêche qu'il y a des maladresses dans chacun de ces mouvements contradictoires.


Si les grammairiens ont leur fautes, les linguistes aussi ont leurs petits travers, ceux qui sont contraire au mouvement initié. Si un linguiste ne maintient pas le fil conducteur qu'il nous avait promis (en accord avec son mouvement de pensée), alors il commet une maladresse, une irrégularité.


Tout un monde...
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

Hors ligne Marcel Dorcel

  • Calliopéen
  • Messages: 410
Re : Les maladresses
« Réponse #14 le: 06 mars 2020 à 16:21:15 »
Citer
Être dans une perpétuelle discontinuité, ça ne donne pas quelque chose d'épanouissant, c'est plutôt une faiblesse, un handicap, une incertitude ou une souffrance, ce n'est pas fertile en matière d'écriture.
? ? ?

Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


Pour prendre trois exemples d'un point de vue littéraire, souvent chez Dostoïevski, ce qui aurait pu être dit en un paragraphe, recouvre plusieurs pages; cette maladresse, entendons-nous- n'est pas voulue par l'auteur ( quoiqu'à l'époque, beaucoup d'auteurs publiaient par l'intermédiaires de journaux- feuilletons-) cela se transforme en une écriture convulsive, acharnée. De même que F.S Fitzgerald ( que j'ai lu il y a fort longtemps, en anglais ), il y a des tournures de phrases complètement alambiquées, parfois on se demande s'il le fait exprès. Alors, que c'est un grand écrivain.
Modiano, qui a obtenu le Nobel de littérature, possède une " écriture blanche ". Ceux qui lui ont décerné, tous ceux qui le lisent, y compris moi-même, sommes totalement aveugles ?

Toute phrase est maladroite à moins de la tirer vers le niveau zéro de l'écriture Barthésien.

–Aujourd'hui, il pleut.

La maladresse, c'est celle de l'autre, jamais la sienne. Etablir un jugement définitif revient à ne rien dire du tout.

–Tout du long des allées, se déversent des torrents d'eaux boueuses, charriant sur leur passage des morceaux de branches et des petits cailloux blancs.

La seconde est maladroite ou pas ?
Pour ma part,  hors contexte, je la trouve maladroite. Remise dans son contexte, peut-être pas.
Un imbécile ne s'ennuie jamais il se contemple
De Gourmont

Tout dire ou se taire
J Green

 Croyez-vous que je me sois donné la peine de me lever tous les jours de ma vie à quatre heures du matin pour penser comme tout le monde 
J Hardouin

Tout ce qui est atteint est détruit
Montherlant

 


Écrivez-nous :
Ou retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :
Les textes postés sur le forum sont publiés sous licence Creative Commons BY-NC-ND. Merci de la respecter :)

SMF 2.0.19 | SMF © 2017, Simple Machines | Terms and Policies
Manuscript © Blocweb

Page générée en 0.023 secondes avec 22 requêtes.