[Riktus]

Bonjour/bonsoir a tous.

Cela fait des années que je suis sur un gros projet littéraire (le premier de ma vie pour tout vous dire) : Plusieurs arcs narratifs, sur plusieurs époques, plus de deux-cents chapitres sans compter des HS centrés sur le passé de certains personnages. Et ce n'est pas le seul récit qui existe dans mon cerveau : J'ai facilement 4 ou 5 histoires de coté, qui s’étoffent peu a peu.

Ma tête est en ébullition, mes personnages se bousculent, évoluent, je vie les scènes, joue parfois mes meilleurs dialogues a haute voix (quand je suis seul). Je connais mes personnages sur le bout des doigts, ils sont mes enfants. Sans cesse, mon histoire se développe, je trouve toutes les semaines de nouvelles idées, je gomme les incohérences, j'apporte des précisions.

Tout semble aller pour le mieux, pensez vous peut être après avoir lu le début du sujet.
Et bien non, rien ne va pour tout vous dire. Et ce depuis plus de deux ans. Je n'ai plus aucune volonté ni aucune motivation pour écrire. La flamme, je l'ai eu il y a longtemps, j'ai tout essayé, jusque chez le psy pour tenter de la rallumer, sans succès. Je ne parvient juste plus a me poser devant l'ordinateur, ouvrir word et écrire.

J'ai mal au ventre, j'ai peur. Peur de faire n'importe quoi, peur des retours et aucune confiance en moi. Je vois le temps passer a toute allure, mon histoire est prête et ficelée, il me suffirait juste de l'écrire... Mais je n'y arrive pas.

Je cherche des gens qui ont connu cette situation, qui en sont sortis (ou pas).  Mais j'ai peu d'espoir... Et ma frustration me rends malade. Je me sent coupable. Coupable d'avoir entre les mains quelque chose qui j'en suis sur pourrait trouver son public, mais qui ne sortira surement jamais de ma tête.

Désolé pour ce couplet mélodramatique.

Bonne soirée a vous tous.

[Verasoie]

Sois pas désolé !

Déjà l'ampleur de ton projet et l'énergie que tu sembles y mettre ont l'air de dire que de motivation, tu manques pas entièrement non plus : ) et que t'as surtout l'air très passionné !

Mes deux suggestion seraient :
- d'essayer des défis collectifs (genre trouver la motivation avec des défis sur ce forum (dans la section jeux, on a des défis tic tac, défi dico, etc !) ou dans la section "aventures au long cours", explore un peu, faire avec les autres c'est toujours plus motivant)
- si t'arrives pas à écrire, laisse tomber et change de méthode. Je dirais : enregistre toi pendant que tu parles de tes dialogues, enregistre toi pendant que tu penses à ton histoire, écris-la au dictaphone. Bouscule tes habitudes, ne reste pas dans l'habitude que tu associes à l'échec : )

[Opercule]

Merci Riktus d'avoir partagé tes frustrations.

Je suis aussi en période de vide. Je réponds assez positivement aux ateliers d'écriture, avec des textes et des nouvelles que j'aime bien ; j'ai une idée de projet d'envergure (dont les premiers volets ont presque cinq ans), mais depuis que la flamme est morte, la flemme s'est imposée. Je suis à ce moment où je ne suis même plus emballé par le projet, que j'ai fini par élaborer de façon pointue, mais sans rien en écrire (ou presque).

Il y a une dimension de peur qui s'installe, je pense, et de déception. Un cercle vicieux s'installe entre manque de pratique d'écriture et peur que le texte ne soit pas à la hauteur. Et écrire un chapitre ou une scène en sachant que ça ne répondra pas à mes standards établis il y a des années me décourage d'avance.

Je pense que c'est lié -- pour moi -- à un manque de recherche documentaire. Il n'y a pas de vision précise et claire de comment écrire la scène parce qu'il y a encore des zones d'ombres : que ce soient les habits des protagonistes, ou bien la relation implicite (le sub-text) entre des personnages, ou le contexte (à quoi pensent-ils dans cette scène-là?).
Aussi manque de recherche documentaire parce que mon projet, qui explore la cosmogonie que formulent les personnages, verse trop dans la (neuro)psychologie et l'anthropologie, faisant appel à des substances altérant la conscience, des cultes à expériences mystiques, des convictions qui modèlent et changent la perception qu'ils ont du monde.

Donc ouais, j'ai pensé à écrire des scènes isolées et les organiser par après, ou bien organiser des squelettes de scènes (une ou deux phrases) jusqu'à la fin, pour rajouter de la viande sur ce grain de condensation.

Au final, je ne me suis pas donné les moyens de faire ça, remettant sans cesse en question mon lien profond et originel avec ce projet (j'y crois vraiment ? ça me touche vraiment ? quel est le message que je veux faire passer ? etc...)
J'en viens à penser que si tu es confronté‧e à l'immensité du problème, tu finiras paralysé‧e par l'échec. Si tu y crois vraiment, commence à mâchouiller un chapitre, griffoner une scène, quitte à la remanier -- même très profondément. Tu as l'avantage de savoir exactement dans quelle direction vont les personnages, donc réécrire la scène ne devrait pas changer beaucoup à l'échelle du chapitre.
Qu'est-ce que tu en penses ?

[Meilhac]

salut ! 

Je n'ai plus aucune volonté ni aucune motivation pour écrire.

bah n'écris pas, alors 

mais reste quand même ici pour papoter

sauf si tu n'as la motivation pour rien du tout, auquel cas faut voir

[Xavier]

De ce que tu dis, tu sembles trop prêt de ton projet. Du coup, tu as trop peur de le rater. Commence autre chose, comme une AT. Tu auras une date butoir et tu pourras te dire, ce n'est pas grave si ce que j'écris n'est pas bien. Dans le pire des cas tu auras progressé, même si tu ne l'envoies pas au final.
Après l'écriture, c'est comme toutes les activités. Même si on adore ça, la majorité du temps, c'est chiant et redondant. Alors bien sûr, plein d'aspects sont cool, mais pour ces quelques paragraphes que tu prends un plaisir fou à corriger, c'est aussi des dizaines de pages en correction automatique et laborieuse.
Peut-être qu'il faut que tu te mettes d'accord avec toi même sur tes ambitions.

Enfin, moi je te conseilles de commencer plusieurs activités. Pour moi, on est soit actif partout en même temps, soit nul part. Du coup, va courir, donne des cours particuliers, mets toi à la poterie... l'important n'est pas de te lever de ton lit et d'éteindre Netflix pour écrire, mais pour faire quelque chose. Quoi que ce soit. Ça aide.

Bon courage. On connaît tous ça. Dans le pire des cas, attends le 1er novembre prochain et commence le nano avec nous ! ça motive

[Angie]

Il y a une marge, je pense , entre ce qu'on a dans la tête et ce que concrètement on peut mettre sur le papier. Que veut dire une histoire prête et ficelée ?
Tant que les mots ne sont pas sur le papier (ou sur l'écran), ça reste du virtuel.  C'est un peu comme un rêve. Parfois, au réveil, on pense que tout est cohérent et lorsqu'on se met à raconter, ça s'effiloche, ça part en fumée.
Dans un autre domaine J'ai été amené à écrire des articles dans le champ des sciences humaines. Il s'agissait d'expliquer une théorie issue des sciences humaines à des gens qui ne la connaissait pas. Souvent je tournais ça d'abord dans ma tête, tout me paraissant clair. Puis lorsque je devais écrire concrètement l'article, tout devenait beaucoup plus brumeux.
Je pense que l'idée de Verasoie est bonne, oralise et enregistre toi. -J'allais dire la bande magnétique  )- l'enregistrement numérique peut remplacer l'éciture, dans un premier temps. L'important est d'extérioriser ce que tu as dans la tête, car tant que c'est dans ta tête ça n'existe pas.
J'ai eu un peu le même problème, : la difficulté de m'y mettre. Alors j'ai fait un blog. J'ai commencé une histoire et j'ai fini par la terminer, au bout d'un an et demi peut-être, de la terminer.  Bon c'était une autre époque, celle où les blogs permettaient en plus de fédérer des petites communautés. On allait chez l'un ou chez l'autre pour faire des commentaires, qui nous rendait visite à son tour.  Maintenant tout se passe sur Facebook j'ai l'impression...

[Miromensil]

Je me reconnais pas mal dans ce que tu dis, j'ai vécu une situation similaire vers 15 ans. Je faisais un énorme blocage d'écriture qui se traduisait par l'accumulation de carnets vierges et de pages blanches. J'avais tout un univers en tête - pas aussi élaboré que celui qu'on peut avoir après des années de réflexion. Je m’asseyais à mon bureau, pensais très fort aux personnages, aux lieux, etc, j'essayais d'écrire... et rien, ma main était bloquée. Je me sentais très mal à cause de ça (découragement, perte de confiance en moi, énervement, tristesse, "qu'est-ce qui cloche chez moi",...). C'était vraiment difficile, à l'époque, de m'obliger à écrire et de ne pas y arriver. Devant mon mal-être ma mère m'avait proposé de consulter quelqu'un pour m'aider. Elle ne m'a pas proposée d'aller voir un ou une psy mais, en l’occurrence, une kinésiologue. Je n'y suis allée qu'une fois. Un an plus tard j'écrivais des poèmes, et l'année d'après ma première nouvelle. Je ne me suis plus arrêté depuis et je n'ai plus connu de pareil blocage. Je peux développer si ça t'intéresse mais la kinésiologie est une discipline assez controversée, souvent les gens se tournent vers ça quand les voies traditionnelles ne peuvent rien pour eux, et c'était mon cas - je n'avais rien à perdre, et je pense qu'un ou une psy n'aurait rien pu pour moi.

[Merylys]

Je me reconnais aussi pas mal dans ce que tu décris, sur la peur quand tu monte un gros projet comme celui que tu fais, que tu t'attaches à ce point à tes personnages et à l'univers que tu es en train de faire. Ca m'est arrivé à plusieurs moments de ma vie et ça m'arrive encore régulièrement mais de moins en moins souvent parce que je sais comment contrer ces moments de doute. Donc je te donne quelques conseils qui ont marché pour moi. 

Tu dis que tu crains de faire n'importe quoi (et ça je connais bien) alors le conseil que je peux te donner à ce sujet c'est d'ouvrir de nouveaux fichier word à côté et de faire des tests, sur tous les passages qui te semblent problématiques. Tu écris une version, une autre, tu regarde comment ça s'agence avec l'ensemble, et tu choisis celle qui te correspond. Inconsciemment, comme ce n'est pas sur le même fichier, c'est comme si ce n'était pas le même roman et ça fait retomber la pression (tu peux d'ailleurs aussi faire la même chose sur un cahier de brouillon, ou, comme disaient les autres, t'enregistrer) Tu peux même, pour te débloquer, t'amuser à écrire une version alternative où justement tu écris n'importe quoi, quelque chose qui n'ait aucun sens, l'idée étant de t'amuser et de dédramatiser la situation.

Un autre moyen de te débloquer, et qui joue sur ta confiance en toi, c'est de sortir un extrait de ce que tu as déjà écrit, un passage dont tu es particulièrement fier, et de le donner à lire à quelqu'un dont tu sais que son retour sera bienveillant (pas forcément béat d'admiration, mais bienveillant), que ce soit un proche, ce forum ou autre… Pour avoir testé, trouver des personnes qui te lisent et t'en demandent plus est un formidable moyen de rebooster ta confiance et de te donner envie de continuer.

Autre conseil que j'ai déjà appliqué : laisser ton énorme projet de côté et écrire autre chose, un projet plus simple, plus court, plus léger, qui n'ait rien à voir et dans lequel tu ne te donnes pas le même niveau d'exigence que dans le premier. Parfois, passer à autre chose est le plus simple pour faire retomber la pression et revenir plus tard, plus tranquille (c'est comme quand tu fais mijoter un plat : rien ne t'empêche de préparer une petite salade à côté au lieu de rester planté devant ta casserole)

Et enfin plus extrême : tu dis que tu n'arrives plus à écrire, n'écris plus. Mais ne laisse pas tomber ! Comme le dit Xavier : essaie d'autres activités, du sport, regarder des films… et lire ! Lire c'est bien, il suffit que tu tombe sur un livre inspirant et bim : Tu as juste envie de lâcher tout ce que tu fais pour te remettre à écrire ! En tout cas, une pause (une vraie, qui peut durer plusieurs mois), sans penser au moment où tu t'y remettras, ça permet aussi de faire retomber la pression, et l'envie reviendra au moment où tu t'y attends le moins.

[flag]

L'inspiration au même titre que l'expiration sont vitales pour l'oxygénation du cerveau.  J'ai 10/10.