I
Il se dit du démiurge qu'il possède la parole perfide, une acuité inépuisable et des lustres extatiques semblables à l'ardeur du monde ; qu'il se fait la rumeur que ceux-ci éveilleraient le plus immuable des sépulcres et qu'il expie l'indéfectible faute. Est-il de chair, ineffable ou de pierre ?
Je l'ignore. Seul le songe - le doux crépitement, - le sait.
Je suis à présent fadasse. La vérité s'est esseulée au fil des luminescences, et mon cœur emplit d'orgueil fait le triste tumulte de l'âme insatiable.
Qu'en est-il du corps ? - Beau le corps. Et il se ramifie à l'infini, dans le continuum d'un rêve lascif ; et le temps déploie en corolle les impérieuses choses. - Je suis immense ! Immense ! Immense !
II
Qu'ils viennent ! Qu'elles viennent !
Quoi ?
Que viennent les saisons lancinantes, que viennent les inflexions du poète subordonné à l'infâme inspiration, et que viennent les ravages de la mitraille ; et que viennent les mille joies, jadis emprisonnées par les hommes !
Mais lors d'une épopée tragique, l'on verra le vieux sage réciter des vieux poèmes, dans des rythmes divers, à l'heure où les doux friselis font rider les amours :
« Loin, bien loin, sur l'ossature d'un songe aride,
L'impétueuse inspiration s'est emparée
Du poète lascif, et il luit près, tout près...
- On aperçoit le ciel, embrassé du lucide.
Et la torpeur recouvre l'âme initiée
À la plaisante Éternité.
Et le fielleux créateur emplit son œuvre
De vieux rêves qui désœuvrent ! »