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Auteur Sujet: [Erakis] La bataille de Nargarone  (Lu 6929 fois)

Hors ligne Krapoutchniek

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[Erakis] La bataille de Nargarone
« le: 10 juillet 2020 à 13:42:15 »
Bienvenue sur le premier texte de l'Univers Collectif  :)

En guise d'introduction, on commence par une bataille, histoire de donner le ton. L'un des textes qui sera posté dans les jours suivants traîte de la scène qui précède cette bataille. Les premiers textes s'inscrivent dans une époque moyenâgeuse.
(Je poste ce texte avec le tag Erakis car c'est le nom avec le plus de vote au moment où je poste. Etant indisponible pendant une semaine, je ne pourrai modifier ce tag que dans une semaine si les votes venaient à changer d'ici ce soir.)

Bonne lecture et bonne inspiration pour la suite  :D

Ce texte est la suite directe du Négociateur, de Quaedam, et précède un texte pas encore posté  :noange:

J'ai corrigé le texte et ajouté certains éléments. Je laisse la V1 en spoiler si vous voulez lire le texte d'origine.



Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


V2 :

        Les portes de la ville se refermèrent sur les négociateurs qui disparurent derrière cinq rangées de piquiers prêts à en découdre. Le soleil ruisselait sur les armures et les lames des épées mais il déclinait depuis quelques minutes. Ses rayons orangés disparaîssaient derrière les collines à l’ouest et le rideau bleu de la nuit enveloppait lentement la campagne. Du haut des remparts, le Prince Irden observait l’armée ennemie. A présent des torches se baladaient par milliers et des feux naissaient ça et là sur la plaine. Des tentes se montaient et des bivouacs s’improvisaient. Les ordres repris en échos firent place à des rires et des chants. Ils lui arrivaient en sourdine, presque en murmures. Il n’en distinguait pas les paroles. Il n’en comprenait pas la langue mais en son for intérieur, le Prince savait que l’ennemi ne tremblait pas.

   Irden comptait parmi le fleuron des marchands de Nargarone mais malgré ses aptitudes exceptionnelles, il avait abandonné le comptage au bout du deux-cent-treizième ennemi. Il soupira longuement. Il scruta l’épée qui pendait le long de sa cuisse et dont il ne s’était jamais servi. Les mains jointes derrière le dos, il ne pouvait qu’attendre le début des hostilités. Il se retourna enfin, las de ce spectacle déprimant. Un garde le salua maladroitement sans le quitter des yeux. Il avait à peine atteint l’âge adulte et paraîssait encore moins expérimenté qu’il ne l’était lui-même. Il le savait, si un assaut devait avoir lieu le lendemain, le jeune soldat n’y survivrait pas. Le Prince hocha la tête en guise de réponse et quitta son perchoir. La mission qui l’attendait le terrorisait autant que l’armée qui campait à ses portes.

   Les tours de la cathédrale de Bör perçaient le ciel. Ses pierres blanches étincelaient à la lueur de la lune et ses gargouilles terrifiaient les bigotes. Sa majesté écrasante étouffait les badauds qui se promenaient aux alentours. Quiconque observait la bâtisse était pris de vertiges, voire de nausée. A mesure qu’Irden approchait de la Grand-Place de Nargar, le brouhaha s’intensifiait. Et lorsqu’il prit place sur le perron de la cathédrale, son estomac se noua. Une foule en pagaille l’y attendait et tous se turent à son approche. Seules les torches crépitant dans la nuit brisaient le silence. Un héraut s’avança et rugit d’une voix tremblante et mal maîtrisée :
   — Son Excellence le Prince Irden Gasil, dirigeant élu de Nargarone, s’apprête à prendre la parole.
   Le Prince déglutit et s’éclaircit la gorge. Il profita de ce temps mort pour rassembler ses pensées.
   — Habitants de Nargarone… Comme vous le savez, l’armée du Hadvast assiège la ville. Nous avons longuement négocié afin d’éviter de livrer bataille. Nous avons proposé autant d’or et de ressources que possible. Nous avons offert plus que la raison le permettait afin de préserver vos vies. Mais l’ennemi ne l’entend pas de cette oreille. Le siège ne sera pas levé et nous devons nous attendre à des assauts de leur part.

   Un silence glacial accueillit ses paroles. Des cris horrifiés s’élevèrent et la foule se dispersa. Les gens couraient, fuyaient sans but ou s’effondraient en pleurant. D’autres furent piétinés. Irden gueulait pour tenter en vain de se faire entendre :
   — La loi martiale s’applique désormais…
   Des bagarres éclatèrent. D’autres profitèrent du désarroi pour piller des boutiques ou cambrioler des maisons. La panique fit tâche d’huile et se propagea à la cité tout entière.
   — De même que la conscription. Tout homme valide devra assurer la défense…

   Un marteau s’écrasa sur la porte de la cathédrale, à quelques centimètres de la tête du Prince. Les soldats proches se regroupèrent autour de lui. Ils se frayèrent un chemin à travers les rebelles, sabrant ceux qui opposaient une résistance. Ils prirent la direction de la montagne Erowë au sud de la ville. Le palais qui s’étalait à son flanc était leur but. La grande porte passée, ils suivirent le long couloir marbré qui faisait tout le tour du bâtiment. Ils passèrent une multitude de colonnes blanches encadrées de grands draps dorés et rouges. Plus loin, ils traversèrent à la hâte le jardin à ciel ouvert qui se trouvait au cœur du palais. Le groupe atteignit la salle du conseil après avoir grimpé plusieurs volées de marches. L’un des gardes resta devant la porte en chêne tandis que les autres rejoignirent leurs camarades pour mater la rébellion. Irden s’affala sur son siège et soupira. Il saisit nonchalamment sa coupe vide et la remplit avec la carafe de vin. Il la porta ensuite à sa bouche mais il fut saisi d’un haut-le-cœur. La boisson lui laissait un goût amer. Il l’avait bue avec ceux qui s’apprêtaient à saccager la cité. Il éloigna le breuvage avec une moue de dégoût et observa le liquide qui prenait des teintes grenat dans le récipient doré. Le Prince joua quelques instants avec son gobelet, perdu dans ses pensées.
   — Une révolte est bien la dernière des choses dont nous avons besoin.
   Irden se retourna sur son siège. Près de la fenêtre se trouvait sa sœur en armure, sa cape de général agrafée à ses épaules. Il ne l’avait pas aperçue en pénétrant dans la pièce. Elle contemplait le désordre qui agitait les rues de la ville en contrebas. A l’inverse du Prince, le vin rentrait à grosses gorgées.
   — Ne t’inquiète pas petit frère. La garde est déjà déployée. Ils seront matés avant l’aube.
   — Avant l’aube ? Nous ne pouvons pas prendre le risque que l’ennemi se rende compte que la ville s’est soulevée. Il faut anéantir cette rébellion au plus vite !
   — Cette « rébellion », ce sont juste quelques paysans et mal fortunés des bas quartiers. Tu penses bien que les marchands se terrent dans leur demeure en ce moment.
   — Et si l’ennemi livre bataille ? Nous leur opposerons une armée épuisée par sa propre population ? Nous devrons armer des gens prêts à nous poignarder dans le dos ? La conscription est en vigueur.
   — Personne ne serait assez fou pour nous attaquer. Nos remparts sont imprenables.
   — L’ennemi est cent fois plus nombreux. S’ils passent les portes, c’en est fini de Nargarone.
   — Personne ne peut approcher. Nos défenses sont trop puissantes. La Baliste pulvérisera le premier clampin qui tentera d’approcher des murs.
   — Tu l’as faite surveiller au moins ?
   Irda marqua une pause. Le regard accusateur de son frère en disait long sur ses inquiétudes. Elle réfléchit tout en se mordant la lèvre.
   — Hé ben… Oui. Enfin, je crois. Elle est toujours gardée en principe…
   — « Je crois » ? « En principe ? » Envoie immédiatement une patrouille !

   Irda quitta la salle précipitamment. Quelques gardes inquiets la suivirent sur son ordre. Un vacarme de pas précipités et d’armures secouées envahit le palais. Depuis la fenêtre, Irden vit le groupe quitter le palais et prendre la direction de la Grand-Place. Il ferma un instant les yeux comme pour chasser la fatigue et la lassitude qui l’avaient envahi. Et lorsqu’il les rouvrit, ce fut pour constater qu’un brasier montait de la muraille. L’obscurité ne lui renvoyait que des formes confuses mais il réalisa rapidement que la tour de la Baliste était attaquée par les flammes. Les yeux du Prince s’agrandirent. Son corps se figea. Il lâcha un cri de désespoir puis hurla de rage tandis que d’autres incendies démarraient. Les défenses principales étaient toutes attaquées par le feu. Il se précipita hors du palais, à la suite de sa sœur. Il la rattrapa et lui ordonna de s’occuper de la révolte tandis qu’il s’occupait du feu.

   Irda confia quelques hommes à son frère et se mit en route vers la vieille ville, emmenant avec elle tous les soldats disponibles. Afin d’éteindre les nombreux incendies, Irden organisa une chaîne de seaux remplis d’eau. Et à chaque fois qu’un homme lâchait l’un des seaux et en gâchait le contenu, le Prince rentrait dans une colère noire. Chaque seconde qui passait diminuait les chances de sauver les précieuses défenses, en particulier la Baliste géante. Lorsque ce brasier fut maîtrisé, Irden fut le premier à pénétrer dans la tour. La fumée lui piqua le nez et il ne put réprimer une violente quinte de toux. Mais à travers les volutes, il constata les dégâts. L’arme avait entièrement brûlé. Il n’en restait plus qu’un tas de bois calciné. La Baliste qui faisait la fierté de la cité n’existait plus. Dans un effort d’imagination, on pouvait deviner sa forme mais elle se trouvait désormais inutilisable. Dans un espoir fou, Irden espérait que l’incendie ne fut que le résultat d’un malencontreux accident. Il se rappela que d’autres tours contenant également des défenses étaient en train de subir le même sort.

   Tandis qu’un sénéchal s’avançait en tremblant vers lui afin de lui faire un compte-rendu de la situation, un bruit sourd vrilla ses tympans non loin. Du haut de la cathédrale de Bör, le tocsin s’affola. La ville retint son souffle. En guise de réponse, un cor aux intonations sinistres retentit de l’autre côté des remparts et couvrit tout son provenant de la ville. Lorsqu’il se tut, la panique monta de toutes parts. Irden se précipita hors de la tour et passa son visage par le créneau le plus proche. Dans la plaine, les légions de l’ennemi avançaient à vive allure. Leur pas cadencé était rythmé par des tambours et des buccins. De loin en loin des cris remontaient, repris en chœur par l’armée au complet. Irden sentit ses pieds trembler à mesure que les soldats approchaient. Il apercevait mal les troupes car peu nombreux étaient les ennemis qui portaient une torche. Une larme s’échappa et s’écrasa sur ses bottes. La confusion autour de lui s’intensifiait. Des gardes abandonnaient leur poste, d’autres restaient sur place, pétrifiés. Quelques-uns, plus rares, se réjouissaient de la bataille à venir. Irden ne décollait pas ses yeux du spectacle atroce qui se déroulait à ses pieds. Ce n’est que lorsque des tours de siège apparurent, faiblement éclairées par les torches, qu’il prit véritablement la mesure du danger. Dans un éclair de lucidité, il reprit ses esprits. Il annula l’ordre qu’il avait donné précédemment, afin de maintenir les incendies encore en cours. De toute façon les défenses qui s’y trouvaient ne pouvaient plus être sauvées. Il positionna tant bien que mal quelques archers sur la muraille. Lorsque les tours furent à portée, ils décochèrent des volées de flèches enflammées mais le résultat se révéla décevant. Irden s’apprêtait à reculer lorsque sa sœur revint près de lui à la tête d’une immense troupe. Le Prince poussa un soupir de soulagement. Elle possédait un don qu’il jalousait. Les soldats l’écoutaient et la suivaient aveuglément. Elle réorganisa en quelques minutes toute la défense. Elle confia la protection de la tour de la Baliste à Bren, son plus fidèle lieutenant.

   L’offensive venait de commencer. Des milliers d’hommes se lancèrent à l’assaut des remparts et déjà les premiers s’y fracassaient telle la marée contre une digue. Du haut des murs pleuvaient flèches, pierres, huile et tout objet pouvant causer de sévères blessures. Des citoyens s’étaient mêlés aux soldats mais tout cela paraissait bien dérisoire face au flot incessant de soldats ennemis. Pour chaque échelle jetée à bas, cinq autres étaient dressées. Un soldat hurlait à s’en déchirer les cordes vocales après avoir reçu une marmite d’eau bouillante en pleine tête. Un autre cherchait son bras arraché par un projectile. Les défenseurs rejetaient tout assaillant qui mettait un pied sur la muraille. Même Irden avait tiré son épée et s’était joint à ses hommes pour repousser maladroitement l’envahisseur. C’est alors qu’il les remarqua. Du camp ennemi venaient des engins de siège : des trébuchets et des béliers. Lorsque les premiers furent mis en branle, une pluie de pierres se déversa sur la cité. Le tocsin qui n’avait cessé de sonner vola en éclats, en même temps que le clocher de la cathédrale. Irden ne retenait pas ses coups. Lui qui n’avait jamais affronté le danger de près se retrouvait plongé au cœur de la mêlée. Son épée faisait voler des têtes. Il embrocha un ennemi et ne parvint pas à récupérer son arme. Il ramassa celle de l’infortuné et se rua vers le prochain. Plus il tuait d’hommes plus il se précipitait sur les ennemis. Il se sentait immortel. Jusqu’à ce qu’une lame se loge entre ses côtes. Il ouvrit des yeux tout ronds et sentit ses poumons se vider. Son épée glissa de ses doigts et se fracassa sur le sol. Le monde ralentit autour de lui et tandis qu’il portait ses mains à son ventre, une formidable masse d’acier s’abattit sur son ennemi. A l’aide de son bouclier, elle lui défonça la tête jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une bouillie sanguinolente.

   Irda le dépassa, son bouclier dégoulinant de sang. Elle lança un regard inquiet à son frère. Puis elle observa sa blessure. Par chance, l’arme n’avait pas touché d’organe vital. Par mesure de précaution, elle mandata deux soldats pour accompagner Irden jusqu’au palais, où il recevrait les soins adéquats. Tout en quittant le champ de bataille, le Prince constata que l’ennemi finirait par déborder la garnison de la ville. Les béliers s’approchaient dangereusement des portes et sans défense adéquate, ils les enfonceraient tôt ou tard.
   Sur les remparts, la bataille redoubla d’intensité. En l’absence de son frère, Irda donnait des ordres tout en combattant. C’est alors qu’en haut de l’une des échelles dressées sur les remparts apparut le prince Ulric. Il avait revêtu une armure dorée et un casque à plumes rouges. Sa voix rauque trahissait son excitation. Dans son sillage venaient des soldats aguerris, affublés d’armure de même couleur mais bien moins somptueuses. Irda emmena avec elle ses plus vaillants hommes à leur rencontre.
   — Irda ! lança Ulric. Ou devrais-je dire « princesse » ?
   Quelques hommes s’esclaffèrent tandis que les combats proches cessèrent.
   — Il n’y a pas de prince ici, Ulric, répliqua Irda sur un ton de défi.

   Les rires passèrent à l’autre camp. Ulric cracha et poussa un grognement avant de charger maladroitement son ennemie. Irda se cambra et à l’instant où le prince fondait sur elle, elle lui envoya son bouclier en pleine figure. Arrêté net dans son élan, Uric chancela, posa un genou à terre et se releva tant bien que mal. Plusieurs attaquants insultèrent copieusement la générale. Cette fois, Ulric hurla de rage. Il s’élança une nouvelle fois et frappa si fort sur le bouclier d’Irda qu’il le lui arracha des mains. Confiant, il lui asséna une volée de coups supplémentaires. A chaque coup, l’armure en métal entaillait un peu plus la peau de la générale mais l’épée ne passa pas au travers. Sous son casque, Irda serra les dents. Lorsqu’Ulric leva encore son arme, elle lui asséna un coup de pied dans l’entrejambe.

   Le prince du Hadvast stoppa son attaque. La douleur fut si vive qu’il se figea. Les combattants autour de lui devinrent flous et une intense chaleur envahit son bassin. Une larme coula de son œil et glissa jusqu’à son cou. Il se plia en deux mais son armure bloqua le mouvement. Irda saisit son épée par la lame avec les deux mains et frappa le casque d’Ulric si fort qu’il chancela. Alors qu’elle se penchait sur le corps de son ennemi, une dague à la main et qu’elle s’apprêtait à la glisser entre les fentes de l’armure, les compagnons du prince s’élancèrent à sa rencontre. Les soldats d’Irda la rejoignirent afin de la protéger et les combats reprirent. La lame piqua le cou d’Ulric. Une goutte de sang coula le long du métal.
   — Pitié, gémit péniblement le prince.
   — Pas de prince ici, répéta Irda. Seulement des guerriers.

   Son regard croisa celui d’Ulric et elle y décela de la peur. Elle hésita un instant. Il lui suffisait d’appuyer et Ulric ne serait plus une menace pour personne. Elle observa les alentours. Les cadavres s’amoncelaient. Ses soldats se battaient comme des lions, mais à un contre cent ils n’avaient aucune chance. Elle rengaina sa dague et saisit Ulric par les aisselles. Elle s’approcha d’un créneau et souleva son corps.
   — Non ! cria-t-il. Pas ça !
   Irda jucha Ulric encore sonné sur la pierre et le fit passer par-dessus d’un coup de pied. Il poussa un cri épouvantable avant de s’écraser sur une masse de soldats en bas. D’un coup d’œil, Irda constata que le prince gesticulait en contrebas. Dans sa chute il avait tué trois ennemis. Irda afficha un sourire malsain en rejoignant ses hommes en plein combat.

   Lorsqu’il passa près de la cathédrale, Irden prit une profonde inspiration et renvoya les hommes qui l’accompagnaient. Il pénétra dans l’édifice religieux. A peine eut-il passé le pas de la porte que la douleur s’évanouit. Le dallage du bâtiment, en marbre blanc veiné d’or pur, comptait parmi les merveilles de la ville mais les restes du clocher l’avaient enseveli et les cloches l’avaient détruit par endroits. Le Prince passa sous de nombreuses arches et ne jeta aucun regard aux colonnades, vitraux et décorations majestueuses qui se trouvaient brisés ou abimés pour la plupart. Irden pressa le pas à mesure qu’il approchait de l’autel et de l’immense statue de Bör qui trônait derrière. Elle était masquée par la fumée des bougies et des candélabres. Des prêtres prostrés à ses pieds psalmodiaient depuis le début de la journée. Irden remarqua que tous portaient une dague à la ceinture, prêts à s’ôter la vie plutôt que de laisser l’ennemi la leur prendre. La statue du dieu-roi lui apparut soudain dans toute sa majesté : un homme dans la fleur de l’âge, barbu, en armure scintillante et assis sur un trône. Dans sa main droite, une tablette gravée contenait les lois de l’univers qu’il avait érigé. Sa main gauche reposait sur le pommeau d’une longe épée ceinte à la taille. A ses pieds, un baical jugeait de son regard inquisiteur les hommes qui se pressaient près de l’autel.

   Irden se rendait tous les jours dans le sanctuaire mais à chaque fois la statue l’écrasait, le dominait. Il l’aimait pour ce qu’elle représentait mais il repartait toujours terrorisé par l’image accablante qu’elle renvoyait. En particulier par l’animal qui, il en était sûr, sondait son âme à la recherche de quelque méfait. Mais cette fois, les choses se trouvaient fort différentes. Cette fois, il ne venait ni pour prier, ni pour expier ses fautes et encore moins pour trouver un quelconque réconfort. La cité ne passerait pas la nuit, il le savait. La raison de sa visite en ce lieu s’élevait bien au-delà de ses considérations personnelles. Et tandis que les murs tremblaient sous les assauts répétés des béliers, Irden dépassa les prêtres étalés sur le sol et il lança à peine un regard au dieu. Il tourna à droite, passa près d’une grande colonne en marbre et disparut à la vue de tous.

   Sur les côtés, d’autres idoles représentaient chacune un dieu de moindre importance. Après quelques pas, Irden s’arrêta devant l’une d’entre elles : un homme avec un sac de pièces d’or. Il était auréolé d’une couronne de lauriers taillée dans la même matière. A ses pieds se trouvait un aigle, le bec ouvert comme s’il criait. Le Prince posa un genou sur le sol et leva la tête, tout en portant la main au médaillon qui pendait à son cou et qui affichait un aigle, symbole de la cité de Nargarone :
   — Je te salue, Nargar, Roi des Cieux et protecteur du commerce. Ta cité est attaquée. En tant que Prince, j’implore ton aide. L’ennemi est à nos portes et il ne tardera pas à pénétrer nos défenses.

   S’il ne doutait pas un instant de l’existence des dieux, Irden ne s’attendait pas à ce que sa prière fut entendue. Il baissa la tête et posa les mains sur les dalles glaciales. Dehors le tumulte montait. Une explosion ébranla la cathédrale. Du plâtre tomba en poussière sur Irden. Il ne préta aucune attention aux rayons lumineux qui venaient de traverser le bâtiment avant de dévoiler une clarté éclatante, comme si le jour s’était soudainement levé. Les prêtres se levèrent un à un, médusés par le spectacle qui s’offrait à eux. La statue face à Irden se mit à bouger. Ses yeux s’ouvrirent, ses muscles se gonflèrent. Les pièces se mirent à tinter dans son sac. Irden releva la tête et recula lorsqu’il constata que la pierre prenait vie. La couronne prit feu. Le dieu dominait l’homme de toute sa stature. Il prit la parole :
   — Le Prince de ma ville qui implore mon aide ! Tu es censé garantir son essor et sa protection. C’est un comble que je doive intervenir. Dans ces conditions, je t’aiderai mais cela aura un prix.
   Irden était sous le choc dû à cette étrange apparition. Il réfléchissait comme il pouvait mais son esprit embrouillé ne lui apporta pas de réponse satisfaisante. Le brouhaha à l’extérieur le ramena à la raison :
   — Nomme ton prix et tu l’auras.
   — La pierre de Ross.
   Irden ferma les yeux et visualisa l’objet. Il s’agissait d’un diamant de grande taille qui possédait la faculté de changer le bronze en or. Il se mordit la lèvre et hocha la tête.
   — Tu auras la pierre. Mais fais vite, la cité est sur le point de tomber.
   — Pas tout de suite. Je ne suis que le messager, je n’agirai pas. Horkar réduira l’armée ennemie en cendres mais il exige également une récompense. Il veut une femme. Celle qui se bat comme une lionne en ce moment-même sur les remparts : Irda.
   Irden poussa un hoquet de surprise et se releva.
   — Non ! Je ne peux pas vous la donner. C’est ma sœur.
   — Tu n’es pas en position de négocier, humain. Par ta faute la cité va succomber. Et je n’ai pas envie de réclamer la pierre à Regnauld. Je ne te laisse pas le choix, je te l’impose.

   Irden se recula et rencontra la colonne froide derrière. Son cœur battait à toute allure dans sa poitrine. Il hocha encore la tête mais aucun son ne sortit de sa bouche. La statue reprit sa position initiale et la lumière disparut. Le Prince resta interdit, la bouche entrouverte. Il balaya la grande salle du regard, à la recherche de témoins. Et lorsqu’il aperçut les prêtres aussi médusés que lui, il conclut qu’il n’avait pas rêvé. Il se dirigea lentement vers la sortie, perdu dans ses pensées. Converser avec un dieu constituait une expérience dont il avait toujours rêvé mais le marché qu’il avait passé était la pire chose qu’il n’avait jamais faite.

   A l’instant où il passait la porte, un point lumineux apparut dans le ciel. Les combats cessèrent. Assaillants et défenseurs assistèrent au spectacle qui se jouait devant eux : une énorme boule de feu filait à toute allure. Lorsqu’ils se rendirent compte qu’elle se dirigeait droit sur la ville, tous cherchèrent à fuir. Elle toucha la plaine juste devant la cité, dans une énorme explosion. Le camp monté la veille fut balayé par les flammes. La plupart des armes de siège furent détruites sur le coup. Quelques survivants à moitié brûlés s’enfuirent en courant. Les plus chanceux se jetèrent dans la rivière qui passait non loin. On n’entendait plus que les râles des blessés et les hennissements des chevaux mourants.

   Un calme soudain s’abattit sur la ville alors que le soleil se levait. Les combats qui faisaient rage quelques secondes plus tôt avaient tous cessé. Les oiseaux s’étaient tus, les animaux sauvages s’étaient réfugiés dans leur antre. Les chiens de la ville s’étaient avaient arrêté d’aboyer. Une certaine lourdeur pesait sur la cité, comme si un orage violent se préparait.

   La terre se mit à trembler. Les flammes s’intensifièrent et du point d’impact de la boule de feu s’éleva une forme qui atteignit rapidement une taille gigantesque. Un homme en armure d’or se tenait derrière les envahisseurs, un marteau de guerre enflammé entre les mains. Chacun de ses pas faisait vibrer la terre. Les soldats ennemis s’enfuirent tandis qu’il approchait des remparts. Il les écrasa par dizaines, comme s’ils avaient été des fourmis. Les quelques assaillants qui se trouvaient sur les remparts se rendirent et implorèrent qu’on les mène au cachot dans les plus brefs délais.

   Dehors, personne ne rivalisait avec Horkar. Les quelques fous qui tentaient une action héroïque contre lui se faisaient inévitablement écrabouiller. Les flèches des archers ricochaient, les lames des épées explosaient contre son armure. Même les balistes ne pouvaient rien. Le nom du dieu était scandé sur toute la muraille tandis que l’armée de l’ennemi fondait. Quelques cavaliers fuirent le champ de bataille. Lorsque l’assaut fut repoussé, un cri de triomphe explosa dans la cité. Sans encore comprendre ce qui venait de se passer, les citadins exultaient : la cité était sauvée.

   Irden avait assisté à tout cela parmi ses troupes mais de tous, c’était le seul pour qui la victoire était amère. Il connaissait le prix à payer. Quand le dernier ennemi encore en vie abandonna la plaine, le Prince quitta les remparts. Il gagna le palais sous les applaudissements des badauds, les mêmes qui s’étaient révoltés quelques heures plus tôt. Le torrent de félicitations qu’il reçut l’énervait. En son for intérieur, il estimait que seule Irda les méritait. C’est la mort dans l’âme qu’il déverrouilla la sale du trésor. En son centre, sur un piédestal en albâtre, trônait sur un coussin en velours vermeille la pierre de Ross. Irden l’observa quelques instants avec ses yeux fatigués. Le cœur de Nargarone, comme certains l’appelaient, avait contribué à donner son statut si spécial à la cité. L’enlever revenait à en détruire l’âme. Tout en la saisissant entre ses mains et en l’enfouissant dans sa besace, Irden se demanda quelle utilité pouvait en avoir un dieu tel que Nargar.

   Après avoir effectué une courte visite dans l’officine du palais afin de faire panser sa blessure, il quitta le bâtiment et se dirigea vers les portes de la ville. Depuis la grand-rue il entendit les acclamations et il constata que des spectacles improvisés envahissaient la cité. L’ouragan du Hadvast n’était déjà plus qu’un lointain souvenir pour ses compatriotes. Tandis qu’il apercevait par-delà la muraille le casque géant du dieu de la guerre, il songeait déjà à sa prochaine bataille…
« Modifié: 19 août 2020 à 18:04:47 par Krapoutchniek »
It will reveal its meaning when it lives in victory...

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Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #1 le: 10 juillet 2020 à 15:19:00 »
Très très intéressant ce début  ^^
Il me donne encore plus envie de me lancer dans mon propre petit texte pour ajouter une pierre à l'édifice.

J'attends donc la "suite", découvrir ou non, ce qu'il y a eu avant et après cette bataille.  :)
Mon roman de Fantasy : Les Douze Élus.

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Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #2 le: 11 juillet 2020 à 00:31:08 »
Salut Krapoutchniek,

Merci pour ce premier texte ! Une belle bataille: je n'en attendais pas moins de toi ! Je suis très contente de lire enfin un texte long de toi et de ne plus me contenter d'extraits. J'ai hâte d'avoir vos 4 premiers textes "fondateurs". On démarre sur une ville...et tout autour la campagne, le pays, la politique, les légendes, les races à inventer... ça fait vraiment rêver !

Sait-on jamais, nos chemins pourraient se croiser ! (Amin Maalouf )

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Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #3 le: 11 juillet 2020 à 00:31:39 »
Super Krap'! ça envoie du lourd dès le début !
Merci pour cet excellent incipit !

Hâte de lire la suite et pourquoi pas d'ajouter ma pierre à l'ouvrage ?
L'important dans la vie n'est pas le triomphe mais le combat (Coubertin).

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Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #4 le: 11 juillet 2020 à 00:43:35 »
Yo

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   Les portes de la ville se refermaient sur les négociateurs qui disparurent

J'pense qu'il faut un passé simple à refermer

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Le soleil ruisselait sur les armures et les lames des épées. Mais il déclinait depuis quelques minutes.

Vad et retro la phrase qui commence par une conjonction de coordination !
Je te conseille : des épées, mais déclinait depuis quelques minutes

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Il avait à peine atteint l’âge adulte. Il paraîssait encore moins expérimenté qu’il ne l’était lui-même. Il le savait, si un assaut devait avoir lieu le lendemain, le jeune garde n’y survivrait pas

Trois phrases courtes qui commencent par "il", c'est un poil répétitif comme passage

Citer
Le Prince hocha la tête en guise de réponse et il quitta son perchoir.

le "il" peut sauter je pense

Citer
   Un silence glacial accueillit ses paroles. Et soudain des cris horrifiés s’élevèrent et la foule se dispersa. Des gens s’effondraient en pleurant, d’autres furent piétinés. Le chaos régnait en maître. Irden gueulait pour tenter en vain de se faire entendre :
   — La loi martiale s’applique désormais…
   Des bagarres éclatèrent. D’autres profitèrent du désarroi pour piller des boutiques. La panique fit tâche d’huile et se propagea à la cité tout entière.
   — De même que la conscription. Tout homme valide devra assurer la défense…

Tout ça va bien vite ma foi. Pas de réaction au pillage ?
Ca me semble un peu tardif, une fois qu'ils sont assiégés, de lancer loi martiale et conscription. Il aurait au moins fallu avoir une armée sur pied. Sinon je comprends pas pourquoi les envahisseurs attaquent pas direct.

Citer
qu’il n’avait pas aperçu

aperçue

Citer
   Et tandis qu’un sénéchal s’avançait en tremblant

Le "et" en début de phrase c'est déjà pas ouf, mais en début de paragraphe alors. Si on est dans la suite immédiate, le saut de paragraphe n'a pas vraiment lieu d'être.

Citer
Leur pas cadencé était rythmé au gré des tambours et des buccins

rythmé par

Citer
se rua vers le prochain. Plus il tuait d’hommes plus il se ruait sur les ennemis, comme s’il était immortel.

répétition de se ruer
je ne comprends pas le sens de ta comparaison

Citer
A l’aide de son bouclier, elle lui défonça la tête jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un tas sanguinolent.

Il manque un nom là ?

Citer
Les béliers s’approchaient dangereusement des portes et sans défense adéquate, ils enfonceraient les portes tôt ou tard.

Répétition => ils les enfonceraient tôt ou tard

Je trouve tout un peu trop calme dans cette bataille. Si t'as joué au jeu vidéo le Retour du Roi, je m'attends plutôt à quelque chose comme le siège de Minas Tirith : des pierres qui pleuvent, du stress, etc.

Citer
   Mais tandis qu’il passait la porte

And again. Exactement la même formulation, d'ailleurs

Citer
contre lui se faisaient inévitablement écrabouillés.

étaient écrabouillés

Bah euh, c'est quoi cette fin ? Bapt a raison, ça n'est pas terminé.
Sinon dans l'ensemble j'ai trouvé que ça manquait de dialogues et d'autres éléments pour se sentir vraiment dedans, pour se sentir avec ton personnage aussi, dont au final on ne sait pas grand-chose.
'tention aux tics d'écriture, surtout les phrases qui commencent par des conjonctions de coordination, les "ainsi", les "soudain"

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Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #5 le: 11 juillet 2020 à 08:45:48 »
Merci pour les commentaires   :)

Oui il y a 2-3 trucs à revoir, merci de les avoir relevés Loïc. Je ferai ça à mon retour. Quant à la fin je l'ai laissée volontairement ouverte et abrupte. L'idée était que quelqu'un d'autre traite  la suite avec la sœur. Ce qui peut donc se faire vu que c'est  collectif  :)
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Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #6 le: 11 juillet 2020 à 14:13:35 »
Yep moi aussi j'ai bien aimé ce "petit" texte, je trouve l'histoire accessible et ya plein de place pour s'étaler

Du coup on attend quand même les 4 textes avant de se lancer ? on peut rajouter des persos en gardant la cohérence de l'histoire, sans forcément partir sur la suite de ce texte ?
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Re : Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #7 le: 11 juillet 2020 à 14:19:00 »
Yep moi aussi j'ai bien aimé ce "petit" texte, je trouve l'histoire accessible et ya plein de place pour s'étaler

Du coup on attend quand même les 4 textes avant de se lancer ? on peut rajouter des persos en gardant la cohérence de l'histoire, sans forcément partir sur la suite de ce texte ?

Oui on attend les 4 textes, enfin je pense.
Sinon oui normalement tu peux créer tes propres persos, villes ... tu es assez libre.
Je te conseille de lire le sujet Univers Collectif dans la Boîte à idées pour plus de détails.  :D
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Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #8 le: 12 juillet 2020 à 00:10:10 »
ça bastonne ! Pas le temps de faire un commentaire détaillé.

Je rejoins un peu Loïc, ça manque un peu de "vécu" pour les persos, mais ça va pitêt venir avec les autres textes :)
J'ai trouvé étange aussi que le frère et la soeur aient un langage si familier (genre cool) dans de telles circonstances.

Le réveil des Dieux, c'est bien sympa, le prix à payer toussa... ça ouvre de chouettes perspectives.

Du coup, j'ai une idée de contribution ^^

Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

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Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #9 le: 12 juillet 2020 à 23:08:17 »
Hello,
Merci beaucoup d'avoir ouvert l'univers collectif  !
Je ne m'attendais pas à la fin, je pensais qu'on allait rester sur une bataille traditionnelle. Et non, ici c'est fantasy  :mrgreen:
Ca me donne une idée mais pas sûre que ça entre dans le cadre de l'univers collectif.
===> c'est possible de faire d'emblée un grand bon dans le temps ?

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Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #10 le: 13 juillet 2020 à 16:41:40 »
Hello !

Voilà pour les corrections de détails :

Citer
Irden ne répondit pas. Rares étaient ceux qui avaient assisté à un tel spectacle. Il demeura pantois, en pleine exaltation face à cette apparition mystérieuse. Il réfléchissait comme il pouvait mais aucune réponse ne le satisfaisait. Mais le brouhaha à l’extérieur le ramena à la raison :
 
  -> Le rythme est très saccadé avec cette suite de phrases courtes. Ensuite, "il demeura pantois" me semble très inutile et lourd. Le lecteur a très bien compris tout cela, inutile d'enfoncer des portes ouvertes, il me semble du moins...
 
 
Citer
Tu feras comme je l’ordonne. Sinon la cité périra.
 
 -> Comme le dit Loïc, mets une virgule.
 
Citer
La joie d’avoir rencontré un dieu s’était envolée aussitôt que le nom d’Irda avait été prononcé.

 -> là ça me donne l'impression qu'il vient de pique-niquer au bord de la rivière. Vu la situation, le mot "joie" + la formulation me semble inappropriée.

Sinon, d'une manière globale, ton texte est intéressant, mais tu sembles plus préoccupé par l'histoire de cette bataille que par les personnages qui y prennent part. Hormis le personnage principal, les autres semblent assez vides, de fait. Il manque je crois, ces petits-à-côtés qui donnent une l'ambiance et révèlent les personnages. Ces petits moments d’apartés, ces descriptions de scènes "inutiles" par rapport au cours de l'histoire racontée, mais qui lui donne un caractère humain et une texture particulière. Même les ennemis, tu n'en décris aucun, même un soldat lambda qui meurt sous nos yeux, les pillards de même. Et la ville, à quoi ressemble-t-elle, donne nous au moins quelques éléments saillants qui fasse germer l'imagination. Je ne sais pas, peut-être que le soleil frappe les flèches des tours d'une certaine manière, ou encore quelques éléments notables de ce palais que tu mentionnes ? Il est massif, carré, lourd et solide, ou bien est-il fin et élancé, paré de mille fresques et gargouilles, style gothique par exemple ? Inutile de nous baver une description de trois pages, j'entends bien, très peu de choses suffisent, mais si elles n'y sont pas, elles manquent  ;).

Voilà pour mon humble avis !  :huhu:

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Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #11 le: 17 juillet 2020 à 12:09:33 »
Comme vous pouvez le constater ce texte est en fait la suite de celui de Quae. Il est donc volontairement pauvre en description et son intérêt principal tient surtout dans l'intervention divine à la fin. Fin volontairement ouverte pour régler le sort d'Irda. Ce texte est l'illustration de ce qu'on peut faire avec l'Univers Collectif  :miaw:
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Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #12 le: 18 juillet 2020 à 18:00:38 »
Bonjour Krapoutchniek,


:)

Je vais essayer de lire les textes de l'univers collectif dans l'ordre de leurs publications, ça me permettra de découvrir ce que vous avez inventé et d'essayer de découvrir tout ça progressivement.

J'ai bien aimé entrer dans ce monde ; c'est vrai que le rythme est assez dynamique et que ça oblige à se plonger dans une guerre d'un coup avant même d'en connaître les différents acteurs, mais j'ai trouvé que tu t'en sortais bien en profitant de la séquence présentée pour nous faire découvrir différents aspects de ce peuple : commerce, politique, religion, mais aussi architecture...


À la fin, l'intervention divine m'a semblé peut-être un peu trop conséquente, et j'avais l'impression que les humains étaient des petites fourmis qu'on pouvait écraser facilement, si bien que je dirais que cette intervention divine pourrait paraître trop massive, inexpliquée ou magique, et que cela m'a fait perdre mes repères momentanément.

Au-delà de ce détail, j'ai trouvé tes personnages attachants, un peu caricaturaux par certains aspects, révélant cependant une certaine forme d'humanité derrière leurs expressions de surprise. J'ai eu un haut-le-cœur à imaginer Irda enlevée des siens, je trouve que c'est émouvant et convaincant : l'enjeu fait sens, a un quelque chose d'effrayant.


Un grand merci à toi pour cette lecture, et bravo pour cette pierre de plus à l'édifice d'Erakis. ^^
« Modifié: 18 juillet 2020 à 18:03:47 par Alan Tréard »
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

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Re : Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #13 le: 20 juillet 2020 à 21:36:22 »
cela m'a fait perdre mes repères momentanément.

Ce n'est pas forcément une mauvaise chose, c'est ce que devrait produire toute intervention divine  :D

Plus sérieusement je vois ce que tu veux dire, mais je préfère partir du principe qu'un dieu est tout puissant par rapport aux hommes et qu'effectivement à son niveau ce n'est pas mieux que des fourmis. C'est aussi l'une des raisons pour lesquelles il exige ce qu'il veut : d'un côté la cité est sauvée, de l'autre elle perd deux de ses plus précieux trésors  ^^

Et merci pour ton commentaire  ;)
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Re : Re : [Erakis] La bataille de Nargarone
« Réponse #14 le: 21 juillet 2020 à 10:52:22 »
Comme vous pouvez le constater ce texte est en fait la suite de celui de Quae. Il est donc volontairement pauvre en description et son intérêt principal tient surtout dans l'intervention divine à la fin. Fin volontairement ouverte pour régler le sort d'Irda. Ce texte est l'illustration de ce qu'on peut faire avec l'Univers Collectif  :miaw:

Une fin ouverte ne veut pas dire pas de fin. Là tu n'as pas de fin.
Et si c'était un texte sans visée littéraire, c'eût été bon de le préciser dès le départ.
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