Bonjour !
Comme Léli j'ai l'habitude de faire tout plein de mini remarques au fil de la lecture, avant de donner une impression globale. On a l'habitude de pinailler beaucoup, de relever même des mini-détails, ne le prends pas mal. Aussi, on a l'habitude de se tutoyer sur le forum, j'espère que ça te conviendra aussi.
NB : Pour Léli :
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
Au fil de la lecture :
D’ailleurs, nous ne relevons même plus... De l’habitude naît la lassitude...
Beaucoup de personnes ne sont pas trop trop fan des points de suspension. De mon point de vue ça peut être bien mais avec parcimonie, par exemple ici j'aurais mis un point pour la deuxième phrase (ou à la rigueur, pour la première).
La pression de la journée se dissipe doucement mais laisse place à un vide abrutissant. Ce vide qui s'immisce insidieusement, sournoisement. Il rôde, il attend patiemment, que l'énergie vous quitte,
J'aime beaucoup ce début, en quelques phrases l'atmosphère m'a imprégnée.
Il rôde, il attend patiemment, que l'énergie vous quitte, pour prendre sa place, pour s’y lover tranquillement, assurément.
J'aurais écrit "sûrement" au lieu de "assurément". Pour moi "assurément" a un sens légèrement différent, je ne saurais pas l'expliquer... C'est plus pour approuver une affirmation, par exemple dans un dialogue... "sûrement" me semble mieux correspondre avec ta phrase.
Pour la virgule avant le "que", j'ai tiqué moi aussi (comme Léli), après c'est vrai que ça donne un certain rythme à ta phrase toutes ces virgules, qui peut contribuer à transmettre la fatigue / la lourdeur de l'instant.
De jour en jour s’imposait à moi la décision de me retirer, de m’éclipser.
Je suis troublée par le passage à l'imparfait alors qu'on était au présent...
Pas une grande part, ni même consciemment, mais c’est une obligation.
Je trouve cette phrase un peu maladroite dans la forme (là tout de suite c'est compliqué d'expliquer pourquoi, désolée :S ).
Sur le fond, j'adhère +++. Je me reconnais beaucoup dans ce que tu écris, je reconnais des choses que j'ai pu ressentir en travaillant dans le milieu des soins.
Il m’était devenu impossible de m’occuper de l’autre, de m’en approcher, de l’écouter, de le toucher. Je ne pouvais plus. Il me semblait que mes gestes étaient devenus mécaniques, impersonnels et tellement dépourvus d’humanité.
Ici encore je trouve que tu retranscris très bien le genre de douleur qu'on peut ressentir, et ses conséquences (froideur apparente, rejet +++ de ce qu'on devrait faire, de l'autre, de l'humain).
Je me suis même surprise à sourire encore une fois, à une patiente cherchant vainement une occupation, un contact, un renseignement, une réassurance... Tout ce que je ne pouvais plus fournir. Je détourne le regard, prends la fuite.
Mes pas me trainent un peu plus loin, mécaniquement, me rapprochant davantage de la délivrance.
Ici encore la concordance des temps me pose souci, on repasse du passé au présent :/ sans que j'en perçoive vraiment la logique...
J'aperçois une collègue au loin les sourcils froncés, concentrée sur son ordinateur, elle souffle … Elle souffre…
Il y a un espace en trop entre "souffle" et les points de suspension qui suivent.
Je visualise bien l'ensemble, un peu comme si on était en caméra épaule (ça se dit ? je ne sais pas ^^ un peu comme si on filmait comme si c'était le regard de la narratrice / du narrateur au fur et à mesure qu'elle avance...). Ca donne une image de l'hôpital comme souffrant dans son ensemble. Bref, une image réaliste :( .
Tous ces sons, toutes ces odeurs qui resserrent un peu plus l'étau déjà lourd au creux de moi.
Les sons et les odeurs........ ! tellement oppressants, je suis d'accord avec toi (ou du moins avec ta narratrice / ton narrateur).
Enfin les sous-sols.
Quelques espaces en trop (déjà signalés par Léli il me semble).
La vie insoupçonnée grouille dans les entrailles de cet établissement.
Ca fait bizarre dit comme ça, effectivement comme le dit Léli tu peux écrire "Une vie", sinon je me disais, pour rester dans le même ton que ce qui précède, avec des phrases nominales et des pronoms définis, pour toutes ces choses qu'elle a l'habitude de voir, j'aurais mis "La vie insoupçonnée qui grouille dans les entrailles de cet établissement".
A l'intérieur mes vêtements, ceux de ma vraie vie ceux du dehors, ceux de l’après, confinés, mis à l’abri comme protégés.
Si on veut être rigoureux, il manque des virgules ; moi ça ne me dérange pas, je trouve que ça donne au texte ton rythme à toi.
Les vitres cassées. Les douches servant davantage de stockage que de lieu d'hygiène. Le carrelage cassé.
Pour éviter une répétition tu pourrais remplacer un des deux "cassé" par "brisé" (ou autre chose).
Pas de miroir ou de glace. Tant mieux, je suis incapable de m’y regarder, de m’y retrouver. Ce reflet n’est pas le bon, ce n’est pas moi, ce n’est plus moi.
:( c'est douloureux à lire...
Encore une fois je trouve que ça sonne très très juste. Je m'y reconnais aussi, dans les phases de dépression / burn-out (désolée je raconte ma vie :-[ mais c'est pour dire que ton texte me semble poignant et réaliste).
Mon costume de scène, ma blouse, n’est même pas à la bonne taille.
La blouse-costume, la blouse trop grande ^^ ça je suis certaine de l'avoir déjà écrit, tellement c'est TOUJOURS valable ^^ .
Un reste, une tenue qu’il restait dans la réserve sur laquelle nous sommes venus coller une nouvelle étiquette, un nouveau matricule…
Je trouve dommage la répétition "un reste" / "il restait". J'aime bien l'idée de mettre en avant le côté "numéro", "matricule"... avalé par la taille de la structure (j'imagine).
Il manque un espace après les points de suspension qui suivent "matricule".
Jusqu’à la prochaine fois, jusqu’au prochain départ…
Ici par exemple, comme au début, je trouve qu'on enchaîne un peu trop les points de suspension, pour cette phrase-ci j'aurais mis un point simple (ou pour une phrase avant ou après, bref pour alterner un peu quand même et pas enchaîner trop de ...).
Je trouve ça intéressant que ce soit encore + dur de l'enlever que de la mettre.
me dicte mes attitudes et mes gestes.
Le "me" me semble superflu (mais c'est encore une fois du pinaillage +++).
Elle me protège des agressions physiques, verbales
Je m'interroge sur le sens de cette phrase... Ca pourrait vouloir dire que grâce à la blouse on ne se fait pas agresser. Mais je ne pense pas que ce soit le cas...
les vies qui cessent et qui font cesser celles de ceux qui restent,
J'aime bien la formulation.
du moins mon corps va se rappeler des gestes, les automatismes et je vais l’enlever,
Je pense qu'il faudrait harmoniser gestes / automatismes : soit "les gestes, les automatismes" soit "des gestes, des automatismes".
Comme à chaque fois, endosser une nouvelle tenue, un nouveau rôle, une nouvelle discordance.
Ca va te sembler très superflu comme nuance mais ça me gêne l'idée "d'endosser une discordance", il me semble que la discordance est entre le paraître et l'être... Du coup je proposerais : "Comme à chaque fois, endosser une nouvelle tenue, un nouveau rôle, pour une nouvelle discordance." (la discordance étant le résultat du fait de porter cette nouvelle tenue / ce nouveau rôle).
Abandonner une nouvelle fois, comme à chaque fois, lâchement, mon être englouti sous ce par-être.
J'ai une question très bête : tu veux dire quoi par "par-être" ?
J'aurais pensé à "pare-être", un peu comme pare-brise ou je ne sais quoi ^^, quelque chose qui protège de ce que l'on est (même si comme tu le dis ça l'engloutit par la même occasion).
De l’habitude naît la lassitude.
J'aime bien que cette phrase revienne en conclusion.
Au total :
J'ai eu l'impression d'une longue descente, d'un engloutissement, qui sonne extrêmement juste, extrêmement vrai. :( Un très bel hommage (ou un dur témoignage ?) aux soignants qui souffrent. J'ai bien aimé ton écriture, ton regard sur l'hôpital (ou autre structure de soin), ta façon de retranscrire ces émotions un peu particulières, constituées de davantage de vide et d'abrutissement que de désespoir hurlant ; c'est pas toujours facile à exprimer. Je te lirai avec plaisir pour d'autres textes.
(((...et si c'est autobiographique : prends soin de toi... :-[ )))
NB : Pour Léli :
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
Non, tu n'es pas obligée de justifier Jojoséphine, il s'agit d'une préférence personnelle, désolée pour le ton péremptoire... :-[ :-[
(Au départ, c'est Loïc qui demandait à tout le monde de justifier et je me suis rendu compte qu'effectivement, des paragraphes bien alignés ça apportait vraiment un confort à ma lecture... du coup je n'ai même pas imaginé que ça puisse déplaire à certain(e)s... Maintenant, je sais ! :-X Sorry, je ne le dirai plus comme ça :-[ :-[ :-[)