Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

29 mars 2024 à 07:12:55
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Le Monde de L'Écriture » Salon littéraire » L'Atelier » Cuisiner la langue : ustensiles et méthodes » Comment éviter l'écueil du sermon en traîtant de questionnements existentiels ?

Auteur Sujet: Comment éviter l'écueil du sermon en traîtant de questionnements existentiels ?  (Lu 3384 fois)

Hors ligne Thomas V

  • Buvard
  • Messages: 5
Bonsoir à tous,

je suis obsédé depuis un bon moment par une idée en particulier relevant un peu de la métaphysique ou de la philosophie,
et cette idée est devenue la pierre angulaire de tout un récit d'anticipation que je veux écrire aujourd'hui.

Je ne peux plus faire marche arrière, j'y pense depuis des années maintenant et je dois écrire cette histoire, même si tout s'articule autour de cette question métaphysique.
Je ne dois pas être seul dans ce cas !
Ma pensée a évolué, mon récit s'est transformé plusieurs fois également, les personnages sont plutôt intéressants et complexes grâce à tous ces changements, il y a une structure assez entraînante et riche en actions...
Bref un potentiel que je ne voudrais pas complètement gâcher.

Mon problème est à posteriori que je ne me suis jamais révélé comme un grand philosophe ni un éminent penseur,
je ne peux certainement pas compter sur le fait que cette réflexion soit une révolution au point de rendre pertinent tout le livre à elle seule (j'ai cru ça un bon moment et je le confesse hehe).

Donc pour éviter qu'il soit parfaitement indigeste et pédant, j'ai grand besoin de conseils pour donner au récit une touche plus légère.
Une sorte de souplesse dans le style, une manière subtile et non intrusive d'amener les choses qui permettrait au lecteur d'apprécier de lire ce livre et suivre les personnages dans un premier temps,
pour pourquoi pas l'amener à réfléchir à ce que l'histoire raconte dans le meilleur des cas mais en évitant surtout de l'assommer avec un récit fataliste,  pompeux ou prétentieux…

Vous voyez ce que je veux dire ?

Voilà, je cherche des conseils pour écrire quelque chose d'agréable à lire même si l'idée de base est un peu prise de choux au premier abord.

C'est un topic qui peut en intéresser plus d'un sûrement.

Merci de votre aide !

Hors ligne Ari

  • Palimpseste Astral
  • Messages: 3 568
Bonjour,

Le titre m'a attirée par ici. Mais ce que tu décris est beaucoup trop abstrait pour que je puisse m'en faire une idée... Pourrais-tu expliciter ?
- Quelle est cette fameuse idée (ou au moins, à quoi elle touche, si tu souhaites à tout prix la garder top secrète) ?
- Comment est-elle illustrée dans ton récit ?
- Qu'est-ce qui te fait penser que c'est lourd ?

Parce qu'en soit, passer par la fiction pour illustrer des idées importantes, je trouve ça plutôt chouette, ça permet justement un abord + léger et + dynamique qu'un traité, un essai ou un manifeste.
~ Ari ~

Hors ligne Nacas

  • Prophète
  • Messages: 801
  • Dragon d'encre
Fais parler un alien avec des mots qui ne sont pas humains, adaptés à la compréhension humaine.
Ça marche hyper bien dans Grainger des étoiles, et je ne me suis toujours pas remis de la fin de la première intégrale (Terre Promise, donc. De la SF) ; je te conseillerais de faire de même puisque cela ne demande pas de talent particulièrement marqué pour la réthorique ou le style littéraire.

Ce que tu présentes est un exercice ardu, puisque si tu te concentres trop dessus, tu finiras par le perdre de vue !
Écris le reste avant de t'intéresser au coeur de ton "propos". N'utilise pas cela comme une excuse de ne pas écrire ce qui te fait vrombir ! Et bon courage. Il ne te reste que bien du travail et peu de reconnaissance. N'hésite pas à écrire du mauvais, tant que tu écris du juste !
Et si t'écris du faux, ben j'sais pas, tente d'évoluer dans un espace où ces considérations n'ont plus cours. ^^


Râcle,
Nacas
Les restaurants sont à tous les étages au sommet de la pyramide sociale.

Hors ligne Thomas V

  • Buvard
  • Messages: 5
Merci pour vos réponses !

Ariane, déjà j'ai eu beaucoup de mal à résumé succinctement où je voulais en venir, mais l'exercice m'a bien
aidé ;D

- Quelle est cette fameuse idée ?

Toute l'histoire tourne autour d'une course contre le temps pour fabriquer des navettes spatiales afin de rejoindre une exoplanète.

En effet le livre part de l'hypothèse que nous n'avons pas réussi à revoir nos objectifs et notre conception de ce que sont l'évolution et le progrès.
Nous sommes soumis à la vision des personnalités puissantes de ce monde donc sans surprise les banquiers, les hommes d'affaires
et les politiques, qui appréhendent encore le monde de manière archaïque.
Leur moteur (et donc le notre puisque nous sommes les rouages de nos sociétés) est de dominer notre environnement, le soumettre et l'exploiter pour leur profit personnel.
C'est en soit leur conception de l'évolution et du progrès, celui auquel nous sommes d'ailleurs soumis actuellement.

La course contre le temps pousse donc les personnages principaux à s'interroger sur la génèse de ce qui les a menés à une situation
à ce point désespérée.
Etait-ce lorsque le pouvoir à commencer à se manifester de moins en moins souvent créant un vent de panique dans la ville,
était-ce lorsqu'ils apprirent que les places pour le nouveau monde seront comptés et qu'il faudra se battre comme des chiens pour avoir la sienne ?
Ou est-ce que finalement, les dés ne sont-ils pas jetés depuis la préhistoire, où l'Home a du choisir, pour survivre, la domination et l'exploitation de son prochain
et de son environnement comme moteur, mettant en place une certaine conception de l'évolution de laquelle nous sommes incapables de nous défaire  aujourd'hui?


Et finalement, voilà l'interrogation que je veux poser (et dont j'appréhende la lourdeur et la prétention), n'est-on pas alors en mesure
de revoir nos objectifs actuellement alors que nous vivons une époque sans précédent et particulièrement problématique ? Est-il vraiment trop tard,
veut on attendre qu'il soit véritablement trop tard ?


- Comment est-elle illustrée dans ton récit ?

Dans mon récit cela est illustré par deux histoires parallèles amenées à se rencontrer à la fin.

Une qui se passe justement à la préhistoire pour illustrer un combat symbolique entre deux tributs assez manichéennes :
- l'une sédentaire, gérée par un homme plutôt à l'écoute de son prochain vivant dans une région agréable
- l'autre nomade, tyrannisée par un homme avide de conquête et qui arrive dans la région agréable mais qui veut à tout pris l'avoir pour lui seul.

Le tyrannique perd le combat, mais l'autre chef humaniste veut trop lui faire confiance et finit par être trahi et tué.
C'est l'histoire qui représente ce qu'est le moteur de l'humanité à l'origine.

L'autre est scindé en deux, mais ça n'est pas perceptible pour le lecteur au premier abord:

- Il y a d'abord le récit principal ou les héros évoluent dans la ville usine

- Puis il y a le récit des gens au pouvoir qui se déroulent à bord d'une navette spatiale partie il y a déjà très longtemps,
 mais les habitants de la ville ne le savent pas eux mêmes et finiront par l'apprendre à un moment en même temps que le lecteur
(super twist de fou haha). Dans cette histoire on suit principalement un petit garçon, fils du plus puissant des hommes à bord
qui se sent différent et qui n'aime pas vraiment la tournure qu'on pris les événements, donc il essaye de faire changer les choses
et va rentrer en contact avec un personnage sur Terre.

C'est un processus que j'ai choisi pour renforcer le sentiment étrange qu'il existe une scission dans le récit à l'instar de la scission entre
la ville usine et le pouvoir qui la gouverne.

Et c'est la dessus que repose tous les problèmes que rencontrent les héros dans la ville usine:
Le fait que le pouvoir est hors de porté.
Le fait qu'il est déjà trop tard pour eux, il est décidé depuis longtemps qu'ils n'auraient pas leur place dans une navette pour la nouvelle Terre.
Le fait que par crainte de ne pas être sélectionné selon les critères du pouvoir, les membres de la ville jouent le jeu du pouvoir et l'alimente, le rendant d'autant plus puissant.


- Qu'est-ce qui te fait penser que c'est lourd ?

On imagine sans problème que cette histoire peut vite devenir indigeste et fataliste ! Je veux à tout pris éviter ça.

Le récit est très pessimiste au premier abord et j'appréhende qu'on ne voit que ça en finalité.
Mon but est d'apporter un message positif à la fin, parce que certains personnages qui auront pris leur distance d'avec la ville
et son système nous apprendront qu'en fait la Terre est tout à fait vivable, mais que le pouvoir n'avait pas d'intérêt que ça se sache.

D'autre part le petit garçon dans la navette spatiale aura une discussion avec son père qui lui apprendra qu'il n'a pas été crée comme les autres
(oui y a aussi un délire eugéniste un peu bizarre mais c'est implicitement intégré au background de l'histoire, c'est pas le sujet central),
Il a en lui une intelligence émotionnelle qui a trop longtemps été laissée de côté dans la gestion de l'humanité et il est de son devoir d'en faire le nouveau moteur
de l'humanité, créer un nouvel équilibre entre intelligence brute et intelligence émotionnelle (c'est la mode en ce moment l'intelligence émotionnelle :D).
Je ne veux pas non plus tomber dans la caricature "le pouvoir il est méchant les gens y sont gentils", le message aussi est que si certaines personnes aux motivations questionnables
prennent la place du pouvoir, c'est aussi peut être parce que personne ne propose autre chose.

Bon là tu sais tout hein  ;D désolé si c'est trop long pour le coup, mais ça donne une bonne idée d'à quel point ça peut devenir chiant assez vite je pense
si ce n'est pas bien raconté.

Nacas, il n'y a pas d'aliens dans mon histoire ^^ ça aurait été pratique.

"Écris le reste avant de t'intéresser au coeur de ton "propos"", ça me paraît un très bon début en effet,
je vais pouvoir développer tout ce qu'il y a autour et voir comment petit à petit développer le sujet !


En réalité rien que de vous répondre m'a déjà beaucoup aidé !

Hors ligne Dot Quote

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heyo, j'ai pas lu le détail engagé de ton récit en dernière intervention, mais le reste si ; je crois c'est justement ce qui est très ardu dans la littérature : on a des idées à faire passer, et si on dit 'je pense ça et je pense j'ai raison', bin naturellement le lecteur va dire qu'il est pas d'accord, parce que psychologie inversée et ego qui aime la liberté de pas être le suiveur de mots déjà dits... ce qui est con, parce que ça force l'hypocrisie au nom d'un sentiment un peu nul, celui de s'autodéterminer sans efficacité des discours sur la réalité et la pensée  ; et pour répondre à ta question alors, je crois qu'il est très ardu de faire passer son idée sans être explicite sur cette intention, ce qui est pourtant le but de tout expression ; en gros, j'ai envie de compatir : tu vas galérer si tu es dans la conviction et la persuasion non-tacites, ce qui est le lot de pandore de notre humanité sensible individuellement à ses convictions divergentes,  mais du coup il faut oui, prendre des pincettes, suggérer, 'fin bref : il faut prendre le lecteur pour un con plutôt que d'être honnête... alors ça a du sens, qmm : car cette liberté est légitime, on est tous un peu frileux face à l'expression de la morale, qui bien que tendant vers l'universel (là faut des rèf philo pour me croire, je conçois que je vais en perdre de nombreux), est justement tout sauf universellement incarnée : donc pour toute philosophie qui se voudrait en tant que réflexion sur un sujet, il vaut mieux se dépersonnaliser, car c'est toujours notre avis personnel qui freine l'avis d'autrui, et donc en ce sens, la méthode d'échange d'idées je crois, est de s'oublier un peu afin de laisser la liberté de ton lecteur de se faire sa propre opinion, même si, c'est dommage, s'il te rejoins il le fera de lui-même et non pour ou par toi...

j'crois on est beaucoup de gens qui réfléchissent au problèmes, et en vrai malgré ce que je viens d'écrire, je crois qu'on gagnerait tous à accepter lorsqu'on nous fait la morale, car ça ne se supprime en rien de la réalité qu'on souhaite libre, et pourtant ce besoin de raison est à la fois ce qui nous enferme dans nos torts et nous cloisonne dans nos raisons...

du coup pour te répondre, j'ai une locution un peu flou : prends des pincettes sur tout ! les mots, oui, mais les idées aussi : tout se fait en sous-main tant qu'on assume pas la nécessité inéluctable d'une morale commune, et c'est pas demain la veille que ça va changer, donc d'ici là les écrivains restent ces gens qu'on va stigmatiser pour leurs propos 'pédants' étou, et que les meilleurs d'entre eux sont ceux qui savent s'écraser au profit du lectorat

'_'

je suis persuadé que tous ceux qu'on suit le plus intimement, c'est des gens qui ont su prendre les bonnes pincettes pour nous imposer leur vision, et ça, ça passe par la suggestion, le tacite, le non-dit, le dévié, l'hypocrite parfois, bref, ce qui fait qu'on est pas dans un monde ou on peut avoir raison et l'affirmer sans y avoir réfléchi auparavant

dsl de pas rebondir sur le détail de ton récit, mais c'est typiquement ce que j'en ai perçu au survol : tes convictions apparaissent dans leurs contradictions aux yeux du lecteur qui ne peut pas adhérer, donc il faut encore te dépersonnaliser pour atteindre l'universel qui ferait qu'on se dirait 'ah tiens il a raison' ; et ça c'est des compromis moraux entre toi et ceux qui impliquent ta réflexion, mais pas tant le lecteur en soi qui subit plus qu'autre chose...

heu... tout ceci est... à prendre avec des pincettes ^.^
"i don't care if your world is ending today
because i wasn't invited to it anyway
you said i tasted famous, so i drew you a heart
but now i'm not an artist i'm a fucking work of art"

(s)AINT - marilyn manson

Hors ligne Scriba6

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  • Point n'est besoin d'espérer pour entreprendre...
Attention, rien que la manière dont tu présentes ton histoire est trop complexe. On peut faire passer beaucoup d'idées en littérature, mais pas tout. Il faut surtout s'appuyer sur des personnages si tu veux en faire un roman. Sinon c'est un essai. Et les personnages doivent avoir des objectifs, c'est ça qui va faire avancer l'histoire. Et c'est leur difficulté à répondre à ses objectifs qui va faire que le lecteur va s'y intéresser. Pour simplifier et savoir exactement ce que tu veux dire, il faudrait que tu essaies de résumer ton histoire sous la forme : "c'est l'histoire d'un personnage qui essaie d'obtenir quelque chose et qui est confronté à un certain nombre de problèmes ou d'oppositions".
Ça peut paraître un peu réducteur au premier abord, mais rien ne t'empêches de développer et de détailler ensuite. Mais si tu ne sais pas où tu vas, autrement dit, si tu ne pas que d'une idée générale sans l'incarner dans un personnage, et même dans une quête précise, fais attention car tu risques de perdre ton lecteur...
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'impair,
Plus vague et plus soluble dans l'air, [...]
Et tout le reste est littérature.
                           Paul Verlaine

Hors ligne Dot Quote

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ahah Scriba6 j'aime bien ta pédanterie

non je dec, ça m'a fait tiquer de lire ce qui m'apparait un peu hâtivement affirmatif à propos de l'essai littéraire... tu iras te documenter toi qui as qmm l'air de l'être... sinon, je réagis purement par politesse hypothétique, le 'tu' que tu utilises sans nommer, prête à confusion : est-ce pour l'initiateur du sujet, ou une suite pertinente raccrochée à la conversation ? bref je me sens un peu concerné, mais j'ai rien à rajouter, c'est bizarre comme tu as l'air sûr de toi, mais ne l'est-on pas un peu tous lorsqu'on essaye d'être sympa ?
j'ai rien compris à ta philosophie du truc, mais j'suis content que quelqu'un réagisse après moi sur un sujet réflexif, merci, même si ptetr que c'était pas fait exprès de ne pas laisser ce fil à mon couperet tout aussi pédant

à+
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Hors ligne Ari

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Citer
"c'est l'histoire d'un personnage qui essaie d'obtenir quelque chose et qui est confronté à un certain nombre de problèmes ou d'oppositions".
Ça peut paraître un peu réducteur au premier abord,
Oui, ça semble réducteur...
Je pense que c'est le schéma le plus simple pour apprendre à écrire une histoire :) mais d'autres s'en écartent avec brio.
~ Ari ~

Hors ligne Thomas V

  • Buvard
  • Messages: 5
Wow merci pour les réponses, comme y a eu un moment de flottement après ma réponse j'ai cru que le sujet était mort dans l'oeuf hehe.

Alors Dot Quote,
je vais rebondir sur ta réponse, parce que c'est exactement ce que j'essaye de trouver justement,  une suite de "méthodes" d'écriture, pour réussir à faire en sorte que le lecteur se pose des questions (les questions qui m'intéressent), mais sans que dans le texte le sujet soit d'ors et déjà conclut.
Sinon comme tu dis, le lecteur va prendre le contre-pied c'est effectivement ce qu'on fait tous quand qqn tente de nous démontrer quelque chose, même quand on est d'accord haha. Débile.

En gros je veux que le lecteur pense A donc je vais plutôt lui présenter B qui l'amèneront à penser A. (Si cette image fait sens??)
C'est vraiment compliqué à expliciter, et d'autant plus à mettre en place.   :relou:

Parce que sans ça c'est justement le meilleur moyen de sombrer dans le sermon je-sais-tout vomitif..
Alors que concrètement le sujet de mon histoire est un sujet présent dans tous les esprits actuellement.(?) J'en suis persuadé à tort ou à raison en tout cas x)
Et j'en suis venu à la conclusion que finalement la base de mon histoire manque cruellement d'imagination en réalité du coup.

Donc j'ai pensé déjà à mettre de l'humour dans l'histoire, présenter certaines choses de façon drôle, ridicule ou grotesque, pour alléger le récit (sans non plus que l'humour soit le genre majoritaire).
Peut être jouer sur le fait que je présente quelque chose de sérieux comme ridicule pour que le lecteur s'offusque de la façon dont est présentée la situation justement, mais pas écrire noir sur blanc que telle situation doit nous offusquer par exemple.
(exemple : le métro est bondé donc quelqu'un tombe dans les pommes, étouffé par la foule mais le personnage principal s'en rend compte seulement quand le wagon se vide. Le gars qui n'est plus tenu debout par les gens tombe donc par terre et ce qui ennuie le héros c'est qu'il va devoir aller le signaler au chef de bord et donc probablement rater sa station.)

La situation présentée est comique mais ne devrait pas l'être et le manque d'empathie du personnage principal nous en apprend un peu plus sur l'état d'esprit de la population.
C'est plus intéressant que de dire "le pauvre homme suffoquant tomba à terre, tristesse, quel malheureux etc.."

Scriba6,
J'ai en effet un personnage par grande idée à développer, et ce sont les interactions entre eux qui font évoluer l'histoire bien sûr, j'essaye de rendre les choses le plus compréhensible possible,
mais il n'empêche que je manque quand même de ce "je ne sais quoi" que j'essaye de définir, surtout pour ne pas passer les 6 prochains mois à écrire un gros étron.

Résumé comme tu le présentes l'histoire c'est "tout le monde se fout la pression pour gagner sa place à bord d'une navette qui est déjà partie", en gros. Et les péripéties tournent autour du fait que personne (ou alors ceux qui le savent ont de bonnes raisons de continuer à faire croire que ce n'est pas le cas) ne sait que cette navette est déjà partie.

Bon après peut être qu'on ne peut pas donner de définition au talent, et que je n'en ai tout simplement pas XD
C'est aussi une option.

BON plus concrètement peut être avez vous des romans en tête qui ont su vous faire poser des questions sans que ces dites questions soient clairement expliciter dans l'histoire ?

Encore merci de participer en tout cas !

Hors ligne Laura CRD

  • Aède
  • Messages: 159
Bonjour,

Question très intéressante !

Je résume afin d'être sûre d'avoir bien compris ton projet :
La question que pose ton récit est "est-il trop tard pour entreprendre un changement société ?"
Résumé : Des personnages essaient de sauver leur peau en gagnant une place dans une navette pour une exoplanète alors que, sans le savoir, ils sont déjà à bord de cette navette. (Par contre, je ne suis pas sûre que la navette se dirige bien vers l'exoplanète. Où va-t-elle ? Que sont sensés devenir les gens à bord ?)

Il me semble que tu peux utiliser les personnages comme représentant chacun une facette des points de vue différents sur le sujet.
Je schématise :
- un personnage qui pense que l'humanité est condamnée depuis la Préhistoire (ton récit symbolique sur les deux tribus)
- un personnage qui pense que sa communauté elle-même se condamne en entrant dans cette compétition
- un personnage qui pense qu'il est encore temps de tout faire basculer et de renverser le pouvoir
Ces personnages peuvent défendre leur point de vue au cours de quelques scènes de débats, pourquoi pas ? Attention comme tu dis, à ne pas lasser le lecteur avec des dialogues trop longs et trop complexes.
Mais il faudrait surtout trouver des actions ou des attitudes qui montrent symboliquement leur point de vue sans forcément l'expliciter.
Celui qui pense que l'humanité est condamnée depuis la Préhistoire : Est-ce que c'est un vieux sage fataliste qui s'est fait une raison et qui regarde le monde avec philosophie ou au contraire, un personnage aigri qui ne croit en rien ni en personne et va être hargneux ?
Le personnage qui pense que la compétition est mauvaise pour les hommes va essayer de les dissuader de participer, il va saboter le système...
L'évolution des personnages aussi peut amener le lecteur à adopter un point de vue. ex (encore schématique) : Si le personnage qui souhaite à tout prix être le meilleur de la compétition perd quelqu'un ou quelque chose de très cher à cause de cette compétition, il va prendre conscience qu'il a eu tort, qu'il a été trop  loin... Tu n'auras pas besoin d'expliquer pourquoi car c'est le cheminement du personnage qui permettra la compréhension.

Tu voudrais des exemples mais je pense qu'il y a des questions existentielles dans la plupart des histoires. On ne s'en rend pas compte parce-qu'elles sont posées de manière à ce qu'on n'en voit pas les ficelles. 
On m'avait donné en atelier d'écriture, un exemple (de John Truby je crois) :
Desperate Housewives pose la question : quelle est la place des femmes dans la société moderne ?
Personnage de Lynette : conflit maternité / vie professionnelle
Personnage de Gabrielle : conflit amour / égo, intérêt personnel
...
C'est très girly comme exemple et on est dans le divertissement,  pas dans une grande oeuvre littéraire, j'en conviens  :) mais je pense que le principe est applicable dans d'autres genres. La guerre des étoilespose la question de la lutte entre le bien et le mal aussi. 

J'espère avoir pu un peu t'aider.
Bonne journée !
 





Hors ligne Laura CRD

  • Aède
  • Messages: 159

Peut être jouer sur le fait que je présente quelque chose de sérieux comme ridicule pour que le lecteur s'offusque de la façon dont est présentée la situation justement, mais pas écrire noir sur blanc que telle situation doit nous offusquer par exemple.
(exemple : le métro est bondé donc quelqu'un tombe dans les pommes, étouffé par la foule mais le personnage principal s'en rend compte seulement quand le wagon se vide. Le gars qui n'est plus tenu debout par les gens tombe donc par terre et ce qui ennuie le héros c'est qu'il va devoir aller le signaler au chef de bord et donc probablement rater sa station.)

La situation présentée est comique mais ne devrait pas l'être et le manque d'empathie du personnage principal nous en apprend un peu plus sur l'état d'esprit de la population.
C'est plus intéressant que de dire "le pauvre homme suffoquant tomba à terre, tristesse, quel malheureux etc.."


Bon exemple, je suis d'accord ! Tu montres au lieu d'expliquer. Cela n'a pas besoin d'être drôle ou ridicule pour fonctionner d'ailleurs.
« Modifié: 26 janvier 2021 à 10:38:10 par Laura CRD »

Hors ligne Thomas V

  • Buvard
  • Messages: 5
Merci pour les réponses Laura !

Pour les personnages c'est ce que j'ai fait justement, content de voir que je suis sur la bonne voie  ;D

En effet c'est l'essence même des bonnes œuvres de faire passer un message sans qu'on sache réellement de quelle manière cela c'est fait, c'est difficile de trouver les ingrédients de la recette... Elle change pour chaque roman et différents éléments mélangés ensemble fonctionnent et d'autres non.

Je suis d'ailleurs un peu revenu sur cette idée de mélanger burlesque et "sérieux" je n'ai que des exemples d'échecs en tête dans le domaine. Les deux genres ensemble s'annulent on dirait. Certaines situations peuvent être intrinsèquement drôles ou grotesques même dans un contexte sérieux mais c'est une mauvaise idée de diluer les deux genres ensemble, ce sera grotesque mais plus pour les bonnes raisons haha.

C'est très intéressant que tu penses que tout le monde soit déjà à bord du vaisseau sans le savoir parce que c'est l'idée centrale du roman finalement. Tout le peuple est embarqué dans quelque chose, mais certainement pas à bord des fameux vaisseaux construis par lui comme ils en ont été persuadés.

Je devrais effectivement travailler sur la manière d'habiller ces questions à travers la narration, les personnages, les conflits etc... plutôt que de les exposer clairement. ça reviendrait à construire la structure d'un immeuble sans plâtre autour c'est un peu con. Et c'est finalement la meilleure façon d'éviter le sermon, reste à trouver l'inspiration pour que le lecteur saisisse quand même la présence des questions de fond.


« Modifié: 31 janvier 2021 à 09:30:55 par Thomas V »

Hors ligne Meilhac

  • Comète Versifiante
  • Messages: 4 047
c'est l'essence même des bonnes œuvres de faire passer un message

t'es sûr de ça thomas ?

si vraiment ce qui te tient à coeur c'est un message, ne ferais tu pas mieux d'écrire un essai ?

dans le cas contraire, ne ferais tu pas mieux de raconter une histoire ?

n'as tu pas peur, si tu veux faire les deux en même temps, de ne bien faire ni l'un ni l'autre ?  8)

Hors ligne Claire Rapha

  • Tabellion
  • Messages: 33
    • site internet
Bonjour,

Je crois qu'il est très difficile de faire passer des idées dans un roman. Si les idées sont trop explicites, le lecteur risque de trouver le procédé un peu lourd. Si elles ne sont pas assez explicites, le lecteur risque de mal comprendre.
On peut toutefois faire apparaître un personnage d'intellectuel ou de philosophe dans un roman, qui lui a pour fonction d'énoncer un discours "savant". C'est ce que fait par exemple Jose Rodrigues Dos Santos dans ses romans policiers qu'on pourrait qualifier de thrillers scientifiques.
On peut aussi distiller ses idées à petites doses par la voix d'un narrateur qui livre ses impressions. Si ce narrateur est sympathique, les idées qu'il énoncera ne seront pas rejetées par le lecteur.

On peut aussi se poser la question de la réception d'un roman "à thème" par les éditeurs si on a le projet de se faire éditer. Je ne crois pas que ce type de roman soit spécialement recherché à l'heure actuelle, les éditeurs cherchent de bonnes histoires avec de bons personnages.

Hors ligne frenchwine

  • Calliopéen
  • Messages: 573
  • Les Muses n'existent pas.
j'ai lu en travers, désolé
défendre tout points de vue, c'est normal
m'en fous, j'ai un clavier qui ne convaincra personne
les lecteurs aiment ou n'aiment pas ^^
à vrai dire, le verbiage m’indiffère
si c'est intéressant, messages ou pas, je m'en fous, j'ai mon prisme

 


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