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Auteur Sujet: Sans filtre (Ruben Ostlund)  (Lu 1494 fois)

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Sans filtre (Ruben Ostlund)
« le: 03 janvier 2023 à 15:26:35 »
critique aisée n°249

Sans filtre
Ruben Ostlund - 2022 - 149 minutes
Palme d’or du Festival de Cannes
 

Ce n’est pas parce que j’en suis à ma 249ème critique aisée que je suis devenu critique professionnel ; la preuve, c’est que je me refuse encore à juger un film sur ses intentions et je persiste à le critiquer subjectivement - comment faire autrement ? - d’après le résultat perçu.
Ouais, Sans filtre est une critique acide de la société ultra-riche, de ses ultra-serviteurs et de ses parasites. Ouais, Sans filtre est une étude sarcastique des quelques caractères, qu’autrefois vous et moi aurions considérés comme exagérément caricaturaux, mais qui, à en croire les magazines spécialisés, les réseaux sociaux et les émissions de télévision de M6, existent véritablement et mènent effectivement le monde : les oligarques russes et milliardaires, jouisseurs sans vergogne, les très vieux, très distingués et probablement un peu anoblis qui jouissent d’une douce et méritée retraite après avoir fait fortune dans les bombes, mines et de grenades, les mannequins et mannequines, mesquins et stupides qui vivent la vie des ultra-riches en se photographiant pour le plus grand abrutissement d’une génération décérébrée, les domestiques prêts à toutes les couleuvres pour obtenir le pourboire ultra-généreux qui soignera leur ego, les esclaves immigrés qui nettoient, frottent, grattent, récurent les ultra-déjections du monde du dessus pour nourrir leur famille restée au pays…
Ouais, Sans filtre, c’est cela avec en plus, Ile des Esclaves moderne, la mise cul par-dessus tête de tout ça, le renversement de cette hiérarchie quand la catastrophe survient et que ne comptent plus que l’habileté à faire du feu ou à pêcher, et finalement, peut-être le meurtre qui empêchera le retour à la situation précédente.
Ouais, Sans filtre est un film plein de louables intentions : nous faire toucher du doigt la stupidité d’un monde fondé sur l’argent, l’image et la cupidité, nous faire réaliser sa fin inéluctable, ou du moins l’impossibilité de sa continuation.
Ouais, ouais, mais pour cela, Sans filtre n’a pas choisi le ton de la comédie légère, ni même celui de la comédie grinçante. Sans filtre donne très vite dans la farce, la farce bien lourde, bien pleine de soulographies et d’empiffrements, d’excréments et de vomissures.
Pour le spectateur que je suis, si les intentions du réalisateur ne m’ont pas échappé, comment l’auraient-elles pu, ce qui a prévalu rapidement, et même avant les scènes vraiment scabreuses, c’est la saturation, l’écœurement et, finalement, l’ennui.
D’autres spectateurs pourront juger cela admirable, caustique, jouissif  — quel mot horrible pour qualifier de l’art ! — révolutionnaire, et ils auront raison, du moins leurs raisons. Moi, j’ai trouvé ça ennuyeux. Très.

 


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