Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

29 mars 2024 à 06:26:28
Bienvenue, Invité. Merci de vous connecter ou de vous inscrire.


Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » 2e texte du confinement

Auteur Sujet: 2e texte du confinement  (Lu 459 fois)

Hors ligne Arch

  • Plumelette
  • Messages: 7
2e texte du confinement
« le: 12 janvier 2021 à 00:59:13 »
Contraintes : Post-apocalyptique, Armand (mon fils de 3 ans) sur l’Ile de Ré, 25 ans après la crise du Covid-19 qui a décimé 99% de la population. Intégrer les enfants de mes amis (Alice et Josh).
**************************************************************************************************************

Un Jour Nouveau


   “ Je n’aime pas ce mec.
- Oui, je sais. Mais la civilisation se reconstruit peu à peu et, ici, c’est lui le…
- Le chef ?
- Appelle-le comme tu veux mais on a besoin de quelqu’un comme lui. Pour fédérer la population et organiser une nouvelle société. C’est un bon meneur d’hommes.
- Il est autoritaire et mégalo. Et c’est un con.
- Je sais tout ça Armand. Mais il a réussi à rassembler les rescapés et à exploiter les talents de chacun. Aujourd’hui, grâce à lui, on a plus besoin de chasser, on a des réserves d’eau potable et de l’électricité.
- Hum... tant mieux.
- Ca ne te fait pas envie ? Pourquoi tu t’obstines à rester dans cette baraque pourrie ? Tu pourrais avoir tout ça, toi aussi. Et Josh est prêt à t’accueillir.
- C’est lui qui t’envoie ? ”

   Alice hésita. Lui avouer la vérité serait gâcher toutes ses chances de l’intégrer à la communauté. Bien sûr, Josh avait ses défauts. Mais il leur avait aussi beaucoup apporté. Et pas seulement de l’eau et de l’électricité. Les vingt dernières années avaient été dures pour tout le monde après la propagation du virus. Chacun avait dû faire face à la perte de ses proches et à une nature hostile qui prenait sa revanche sur les excès des hommes. Une dernière provocation alors qu’ils avaient déjà un pied dans la tombe. Les maisons avaient été ravagées par les racines et les herbes folles. Les toits s’étaient effondrés sous le poids des arbres qui étiraient leurs branches, comme après un long sommeil. Les derniers hommes durent se résigner à quitter leurs habitations pour bâtir des semblants de villages éparpillés. Beaucoup tentèrent de s’échapper de l’île pour rejoindre le continent mais la désolation était partout. Josh faisait partie de ces rescapés qui étaient trop jeunes lors de la grande extinction pour avoir connu le monde d’avant. Une génération qui avait grandi isolée, recueillie par les derniers survivants et qui tentait à son tour de résister. Il avait été le premier à rencontrer les différents villages pour créer un vraie communauté et allier leurs forces. Comme tout le monde, Alice le savait dur et impulsif , parfois violent. Mais tous l’avaient suivi car il avait su redonner à chacun un objectif et des perspectives. L’image, indécise encore, d’une nouvelle civilisation et l’espoir d’une vie meilleure.

   “Peu importe les raisons de ma venue, tu ne peux pas rester enfermé ici et vivre en marge alors que nous avons besoin de chacun pour nous relever.
- Et en quoi vous serai-je utile ? Je n’ai aucun talent particulier. Et je n’aime pas ce taré.
- Tu as réussi à conserver cette maison pendant toutes ces années et à survivre seul, ça me paraît déjà pas mal.
- Je suis pas seul…
- Si tu veux parler de tes chats et de tes playmobils, tu peux les prendre avec toi.
- Tu as déjà lu des livres sur le monde d’avant ? Tu as essayé de comprendre quelque chose au bordel qu’était la vie de nos parents ? Mes étagères sont pleines de ces livres. D’histoires de ce monde. Et je peux t’assurer que j’ai absolument rien pigé mais que j’échangerais pour rien au monde mes playmobils et mes chats pour cette vie. Tu as entendu parler de surconsommation, de réchauffement climatique, de pollution industrielle ? C’était un vrai merdier ce monde. Il y avait de l’argent, une valeur imaginaire qu’ils devaient échanger pour se procurer de la nourriture, de l’eau, des livres et toutes sortes de conneries dont j’ai pas compris l’utilité. Même pour se loger il leur fallait de l’argent. Ils travaillaient toute la journée pour ça. Enfermés dans des bureaux et dirigés par des cons qui ne savaient pas faire leur travail mais gagnaient plus d’argent qu’eux. Ils avaient développé des techniques incroyables pour que les gens qui n’avaient pas d’argent en dépensent le plus possible. C’était une spirale sans fin. Ils ont failli tout détruire avec leurs conneries.  Tu sais combien d’espèces étaient menacées avant qu’on crève tous ? On était voués à disparaître et à entraîner toute forme de vie avec nous. Et vous, vous voulez relancer la machine ? Non. On est les dernières braises d’un feu qui a failli ravager cette planète. Comme le dit un vieux bouquin “Tu es né poussière et redeviendras poussière”.
- Très beau discours ! Très gai. Je n’ai pas lu tous tes livres, Armand, mais je sais une chose. Si Josh peut m’aider à avoir un toit et à me nourrir tous les jours, alors je le suivrai les yeux fermés. Tu aimes peut-être ta vie d’ermite mais c’est lui l’avenir. La civilisation renaîtra avec ou sans toi et je doute que Josh tolère ta vie en marge.
- Tant pis pour moi alors. J’espère juste que tu continueras à me rendre visite, mes chats ne sont pas très bavards. Et Josh, je l’emmerde.
- He bien, j’espère pouvoir continuer à venir te voir…”

   Alice s’en alla et il sut qu’il ne la reverrait plus. Josh ne l’accepterait pas. Il savait également qu’il venait de s’opposer ouvertement au chef de clan et qu’il ne tarderait pas à y avoir des conséquences. Armand prit la bouteille entamée avec Alice et se dirigea vers le jardin pour profiter de la fraîcheur nocturne. Ces discussions l’avaient laissé songeur et il ne voulait plus y penser pour ce soir. Il serait toujours temps d’y réfléchir demain. Armand se servit un verre et poursuivit la lecture d’un vieux roman que son père lui avait offert. La végétation était parsemée de boules de poil qui ouvrirent de grands yeux ronds à son arrivée. Les arbres semblaient miauler et ronronner. Le jeune homme avait toujours pris soin des chats errants de l’île et sa maison était devenue le refuge des ces animaux autrefois domestiques. Ils étaient désintéressés et le laissaient tranquilles. Parfois l’écoutaient. Armand avait trouvé son équilibre parmi cette faune. Il entretenait cette maison qu’il avait partagée avec son père et ses amis. Cultivait son potager, lisait et réorganisait sans cesse ses étagères de playmobils, dernier souvenir du monde d’avant. La vie coulerait paisiblement et il s’éteindrait avec son espèce comme l’avait décidé la nature.

   Le soleil amorçait sa descente, parsemant le ciel de nuances rouges. Armand lisait maintenant depuis plusieurs heures et commençait à somnoler lorsqu’il fut réveillé par un sifflement et une éclaboussure sur son visage. Il porta la main à sa joue, ses doigts étaient maculés de sang. Soudainement mis en alerte, il se dressa et regarda autour de lui. Un imposant chat noir qui dormait à ses pieds gisait dans une mare de sang, traversé par une flèche. Le temps de reprendre ses esprits, un second sifflement percuta un nouveau matou. C’était désormais une pluie de flèches qui s’abattait sur le jardin et chacune faisait mouche. Armand assistait, impuissant, au massacre de ses compagnons et ne savait que faire. Une minute suffit à décimer tous les félins. Une minute interminable pour le jeune homme qui courait, criait et cherchait en vain à protéger ses amis. Le silence revint. Armand se tenait immobile au milieu du jardin. Il avait l’esprit vide et fixait le sol. Il ne voulait pas regarder autour de lui, ne surtout pas faire face à ce qui venait de se produire. Un violent choc à la tête l’assomma. Lorsqu’il se réveilla, le soleil se levait sur un jour nouveau. Le jardin ne portait plus aucune trace du massacre mais une profonde meurtrissure au crâne lui rappela sa douleur. Il leva les yeux et vit l’inscription sur le mur blanc. Les mots étaient rouge vif : “On est les dernières braises d’un feu qui a failli ravager cette planète. Tu es né poussière et redeviendras poussière. Josh.”

Νάουσα

  • Invité
Re : 2e texte du confinement
« Réponse #1 le: 12 janvier 2021 à 09:51:08 »
Et bien, ça fait froid dans le dos...
J'ai trouvé l'écriture efficace, le rythme bien mené, avec des images fortes. Il y a une suite ?
Pas facile de faire du post-apocalyptique, ça devient un peu éculé comme thème.
Il y a un enfant de tes amis qui s'avère prometteur mais un peu flippant quand même.

à la revoyure

Hors ligne Cendres

  • Comète Versifiante
  • Messages: 4 067
Re : 2e texte du confinement
« Réponse #2 le: 12 janvier 2021 à 15:27:32 »
Merci pour ton texte.

Je ne suis pas dans les histoires se déroulant après une apocalypse.

Je pensais que le massacre des chates  étaient fait pour pouvoir les mangers. Vu la chute de la civilisation, je ne pense pas qu'on va garder des animaux juste parce qu'on les trouves beaux ou mignons, ils devront être utiles.

Je n'ai pas grand chose a dire de plus.

 


Écrivez-nous :
Ou retrouvez-nous sur les réseaux sociaux :
Les textes postés sur le forum sont publiés sous licence Creative Commons BY-NC-ND. Merci de la respecter :)

SMF 2.0.19 | SMF © 2017, Simple Machines | Terms and Policies
Manuscript © Blocweb

Page générée en 0.022 secondes avec 23 requêtes.