Tiens ! Il n'y avait pas eu de réponse.
Probablement que vous me direz que la notoriété ou la reconnaissance ou la maîtrise ou l'expérience de l'auteur sont pour beaucoup, mais je suis pas sûre que ce soit la seule chose. Y'a des gens, toute leur vie qu'ils écriront, et jamais ils ne sortiront un truc de bon. Et d'autres, dès qu'ils commencent, ils déchirent tout et nous font baver d'admiration. Et puis la reconnaissance du grand public (et des éditeurs qui vont avec) n'ont, et c'est notoire, pas toujours été des facteurs essentiels dans le mérite des écrits et des auteurs - pour exemple je peux vous prendre ces milliers d'écrivains qui sont morts dans l'oubli ou qui ont dû se battre pendant des décennies pour se faire connaître.
Ah non, je prendrais pas la notoriété comme critère. Y a des best sellers qui sont très mal écrits
C'est dur de répondre à ta question, Menthe !
Je pense que quand c'est vraiment maladroit, ça se sent. Le texte doit entraîner le lecteur, produire des impressions sur lui (...bla blabla, tout ça). Si le texte fonctionne bien, et que rien ne gène le lecteur, peu importe que le style soit bizarre ou familier : le texte est bien (Je dis "rien ne gène le lecteur" au sens où rien n'empêche le texte de produire ses effets sur lui : pas de tournure dont le lecteur se dit plus ou moins consciemment qu'elle n'a rien à faire là ou qu'elle n'est pas claire ou qu'elle est moche ou pas française). A cette condition, l'auteur peut choisir d'adopter un style argotique ou avec des incorrections, par exemple.
Par contre, un texte qui n'embarque pas le lecteur, un texte dont la forme gène, ça passe pas. Mes maladresses vont rebuter. Le texte sera vu comme maladroit.
Du coup :
quelle est la limite entre le style et la maladresse ?
Ce serait le lecteur.
Un texte qui est, je sais pas, sens dessus dessous, avec des erreurs, etc., doit pouvoir se justifier en quelque sorte. Il doit
quand même susciter l'adhésion du lecteur. Comme une contrainte qu'il se serait imposée.
Ce critère resterait donc éminemment subjectif.
(Mais bon, n'ayant pas lu Céline et autres, j'ai pas trop d'argument ou d'exemples à apporter.)
Peut-être que c'est surtout une question de ressenti, d'originalité, de "sceau"; d'attitude, aussi : si l'auteur est sûr de ce qu'il veut et de ce qu'il fait, et qu'il peut le défendre...
Je suis pas trop convaincue non plus. Terry Goodkind a beaucoup clamé que son livre était intelligent et pas à la portée de tout le monde. Il n'en reste pas moins une daube
A mon avis, c'est plutôt du côté du lecteur face au texte que ça se situe. (Et pas du lecteur qui lirait une interview de l'auteur où celui-ci justifierait son style)
Ce qui nous amène (arg, encore cette transitionnite aigue, désolée !) à :
Ou tous ces autres auteurs que pour une raison x ou y on adore ou on déteste, envers et contre les avis de millions d'autres.
Oui parce que c'est bien joli de dire que tout vient du lecteur, mais tous les lecteurs n'ont pas le même avis. Je suis bien d'accord.
J'ai pas lu Céline, mais ça m'est arrivé avec Roubaud : il est porté aux nues, étudié en classe, il suscite l'admiration des profs de lettres. Mais moi, j'ai trouvé ça n'importe quoi. Et pourtant, ce n'est pas du snobisme que d'aimer Roubaud, puisqu'Ambrena ici présente est fan.
Du coup, oui, la question se pose plus que jamais, et si quelqu'un a des idées, je suis preneuse
En gros, je pense qu'un texte maladroit/raté, ça se voit, quelle qu'en soit la justification de l'auteur.
Par contre, certains textes posent vraiment cette question. Mais en même temps, est-ce que c'est pas un peu comme avec l'art en général ? Carré blanc sur fond blanc, c'est de l'art ? (pour moi, non, mais pour d'autres...)
J'ai l'impression que mon intervention est totalement inutile, mais peut-être que ça pourra relancer le débat