L’Homme qui faisait le mec 
MUSCUFORUM
Posté le 12.9.23
Pseudo : Alexandredu13
Date d’inscription : 12.9.23
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Bonjour, moi c’est Alexandre du 13, je fais de la force athlétique du coup je donne mon avis.
Bon alors, j’ai vu comment vous fonctionnez sur ce forum mais avant de vous donner mes chiffres et mes objectifs avec les tofs, je vais vous raconter une histoire. Je vois que vous parlez du respect que les autres nous doivent en tant que sportif.
Samedi dernier, je suis arrivé en avance à une soirée. Il y avait déjà deux autres gars, du coup on était trois. Je les connaissais plus ou moins, dans le voisinage de chez mes parents. Moi, j’ai 21 ans et eux 38 et 43. Je me suis assis à la table, on a pris une bière pour faire connaissance.
Ils ont remarqué ma musculature et je leur ai dit que je faisais de la force athlétique. Du coup, j’ai commencé à parler de sport mais ils n’avaient pas l’air intéressé. Alors j’ai dit que j’étais étudiant à l’école supérieure de commerce de Marseille, en première année et je leur ai demandé ce qu’ils faisaient dans la vie.
Au début, ils n’ont pas vraiment répondu mais j’ai insisté et ils ont dit qu’ils étaient en recherche d’emploi. Je voulais savoir dans quoi ils cherchaient et comment ils s’y prenaient. Ils ont tourné autour du pot alors j’ai insisté.
Finalement, celui de droite a lâché qu’il était au RSA depuis 12 ans et qu’il était très bien comme ça et que ça le faisait rigoler que des connards courent après le fric.
Moi, j’étais pas d’accord. J’ai répondu que le monde professionnel était structurant et que c’était là qu’on pouvait faire des trucs vraiment intéressants.
En plus, gagner son fric, c’est responsabilisant, c’est une bonne motivation, pour prouver qu’on est capable. Il m’a dit que je ne savais pas de quoi je parlais et que j’étais à fond dans le système mais que c’était normal, à mon âge. Et l’autre a dit : « Non mais, il comprendra plus tard. »
J’étais pas d’accord. J’ai dit que j’avais profité du système jusqu’à maintenant et que je voulais devenir productif. C’est la moindre des choses de participer à l’économie et aux dépenses de l’État, qui a déboursé pour mon éducation.
Ils ont dit que c’était trop tard pour eux, qu’ils étaient hors circuit et qu’ils s’étaient arrangés autrement. J’ai répondu que le travail au noir, c’était mauvais pour tout le monde. C’est pas une bonne façon de mener sa barque. Avec le bon taf, tu te construis un réseau, tu peux rencontrer des gens intéressants, diversifier tes compétences, les approfondir, avoir une carrière, être respecté.
Ils ont dit qu’ils ne travaillaient pas au noir, qu’ils prenaient leurs responsabilités et que pour eux, l’essentiel, c’était la "relation humaine". Ils ont répété que je n’étais pas censé comprendre.
Je ne voyais pas en quoi je ne pouvais pas comprendre alors je leur ai dit d’essayer de m’expliquer quand même. Mais ils ont répété que je ne pouvais pas comprendre parce que j’étais un gamin.
Donc, j’ai dit que j’étais peut-être un gamin mais que ne pas vouloir en parler c’était pas un signe de maturité communicationnelle. Ils ont commencé à regarder ailleurs et je leur ai dit que j’étais là, et j’ai fait des signes pour faire coucou. Celui de droite m’a dit que si déjà j’arrêtais de me comporter comme un gamin, on pourrait discuter.
Ça faisait deux fois alors je lui ai demandé sa définition du gamin. Il a répondu que le gamin se noie dans un verre d’eau alors que l’adulte prend ses responsabilités. J’ai pas apprécié. Je lui ai demandé en quoi j’étais un gamin exactement et il a répondu que c’était parce que je ne pouvais pas comprendre certains trucs qui me dépassent et que je comprendrais plus tard.
Je lui ai dit que j’étais plus conscient que lui du contexte économique. J’avais plus de maturité avec mon état d’esprit vu que je comptais travailler et que je faisais des études dans ce sens. Alors que lui se faisait le film pour vivre tranquille aux crochets de la société.
Il a répondu que j’avais tout faux et qu’il n’était pas impressionné. J’ai dit que je n’essayais d’impressionner personne et que ce qui m’intéressait, c’était de comprendre les contextes et de trouver un bon boulot avec des gens qui m’apprennent à faire des trucs.
Il a dit que ça se voyait gros comme une maison que je voulais impressionner mais que ça ne fonctionnait pas avec lui. Il a ajouté que j’étais ridicule avec mes biceps à deux balles que je faisais exprès de les mettre en valeur.
J’ai répondu que le sport me permettait de fortifier l’esprit. Ça m’amuse, ça fait des copains, ça transforme la colère en puissance bénéfique, ça permet d’avoir un esprit positif, ça donne de l’assurance et ça fait que je suis beau mec donc les fifilles sont émoustillées. À la plage, je les aborde bien gentiment, je fais trois blagues et quand elles rient, je sors le compliment. C’est agréable de faire fondre les minettes en montrant une musculature très athlétique.
Il a dit que c’était pour la frime et que je n’étais pas plus fort que le premier venu.
Je lui ai demandé s’il s’entraînait. Il a dit non. Alors j’ai dit que j’étais huit à dix fois plus fort que lui.
Il a rigolé et il m’a dit que peut-être que je le battais au bras de fer mais que huit à dix fois, c’était un peu gros. Il admettait 20 ou 30 % plus fort.
Apparemment il ne savait pas ce que c’était que le sport. Donc je lui ai dit que mes évaluations étaient bonnes. Je savais de quoi je parlais et lui, non.
Il a dit qu’il n’était pas impressionné par mon assurance, que ce n’était pas de l’assurance mais de la vantardise, et qu’il ne voyait pas comment un mec pouvait être dix fois plus fort qu’un autre, qu’il ne fallait pas exagérer.
Donc, j’ai posé mon coude sur la table et je l’ai défié au bras de fer pour lui donner un aperçu.
Il a commencé à forcer, moi je ne sentais pas grand-chose. Il m’a regardé et il a vu que je restais imperturbable. Il a arrêté en disant, c’est bon, ça ne voulait rien dire. Ils m’ont dit que ça ne m’empêchait pas d’être un gamin, que je ne devais pas mal le prendre et que ça les faisait rigoler, mon comportement. Et que huit à dix fois, je me la jouais. C’était amusant au début mais là ça devenait un peu gros.
J’ai dit que ça ne me plaisait pas qu’on mette ma parole en doute et que je pouvais les battre facilement au bras de fer tous les deux en même temps, un dans chaque main.
Ils m’ont charrié deux minutes et j’ai vu que ça les embêtait d’avoir un gros doute alors j’ai remis les deux coudes sur la table et finalement, ils ont relevé le défi. J’en ai pris un dans chaque main et je les ai battus à 3 secondes d’intervalle, l’un après l’autre.
Ensuite, je leur ai dit de retirer que j’étais un gamin et ils ont répondu que ce que je faisais, ça prouvait encore plus que j’en étais un. Ils ont rigolé mais déjà, je trouvais que la rigolade était un peu forcée.
Moi, je me sentais plutôt à l’aise avec ce qui était en train de se passer alors je leur ai dit que j’étais étonné de pouvoir les battre aussi facilement, qu’ils devraient se mettre au sport parce que ça oxygène le cerveau, qu’on se sent bien dans ses baskets et qu’on respecte les autres mecs, après. C’était peut-être une fanfaronnade mais le problème, c’est que c’est vrai. J’avais pas forcé et c’était rentré comme dans du beurre. J’ai dit que s’ils faisaient du sport, ils comprendraient ce que c’est que le respect que le perdant doit au vainqueur. Le perdant doit venir vers le vainqueur pour lui présenter ses félicitations et l’encourager à progresser. C’est l’esprit sportif.
Ils ont commencé à s’énerver, ensuite ils ont dit qu’ils n’avaient pas tout donné parce qu’ils voulaient juste rigoler et que je ferais mieux de ne pas tout prendre au sérieux.
J’ai dit que je n’étais pas spécialement sérieux, c’est juste que j’avais plus de puissance musculaire et que je les surclassais même à deux contre un. Ils m’ont demandé pour qui je me prenais et c’était plutôt amusant comme question puisqu’ils se surestimaient. Alors, j’ai répondu que le mieux, c’était qu’ils me montrent qu’ils n’avaient pas tout donné comme ça on allait tirer les choses au clair.
Ils voulaient en finir alors on s’y est remis et j’ai gagné encore plus facilement, parce qu’ils avaient accumulé de la fatigue. Je leur ai dit que c’était rentré comme dans du beurre une deuxième fois. Le combat était inégal, donc pas intéressant. Ce qui est intéressant, c’est de se trouver devant un vrai mec à qui parler. C’est comme pour les arguments. Ils se défilaient au lieu de répondre aux questions, donc c’était pas intéressant pour moi. Ils commencent à m’expliquer en quoi rester au RSA, ça revenait à prendre ses responsabilités, parce que j’avais pas bien compris les arguments.
C’est clair qu’ils l’avaient mauvaise. Ils avaient peur de ma pensée, du coup, ils l’ont ramené sur le bras de fer. Ils ont commencé à expliquer que la position des bras n’était pas conforme, mal placé, etc.
Je leur ai dit que c’était plutôt amusant de leur part de dévier de nouveau la conversation sur le bras de fer mais que ça me dérangeait pas.
Je leur ai dit de se mettre d’accord sur une position et que j’allais m’adapter, pas de problème. Ensuite, ils ont dit n’importe quoi parce qu’ils n’avaient plus d’arguments et je me suis foutu de leur gueule parce qu’ils étaient ridicules. Ils ont répété leur question, mais pour qui tu te prends, une bonne dizaine de fois.
C’est là que j’ai dit que s’ils mettaient les deux mains chacun, j’arriverais à les battre sans m’en rendre compte tellement qu’ils se bourrent le champignon et qu’ils passent leur vie à se faire des illusions. Ils essayaient de faire ceux qui s’en foutent mais personne n’était dupe. Ils avaient la frousse parce qu’ils n’assumaient pas leur infériorité à deux contre un à la fois sur le plan physique et sur le plan intellectuel en même temps alors ils avaient peur qu’elle soit mise au grand jour. Et je leur ai jeté à la gueule qu’un vrai mec, ça relève les défis, point barre.
Celui qui m’avait traité de gamin était exaspéré. Il a pris la grosse voix et il a crié : « Putain, mais c’est pas vrai, ce gamin ! Ho, mais pour qui il se prend, là ? T’arrives, tu dis des conneries et tu crois quoi, là ? Qu’on va te prendre au sérieux ? Et ça t’étonne qu’on mette les choses au clair ? » Et l’autre, calmement : « Attends, mais laisse, ça sert à rien. Toi, tu rentres chez toi. » J’ai dit : « Ah ouais, je rentre chez moi ? » Et il a dit : « C’est bon, tu rentres chez toi, sinon, il va y avoir un clash, je sens, parce que je sais pas pour qui tu te prends. On n’a pas compris, là. »
J’ai dit que c’était plutôt amusant que ce soient eux qui introduisent l’idée du clash alors j’en ai profité me foutre de leur gueule. Ils étaient vexés mais ils n’avaient pas encore bien compris qui j’étais. Alors j’ai planté mes deux coudes sur la table, j’ai pris la grosse voix moi aussi et j’ai dit : « Bon, je te fais le topo. Moi, c’est Alexandre donc si ça pose un problème, on peut régler ça entre hommes. Je suis classé à la ligue nationale de boxe anglaise, je fais 96 kg pour 1,88 m, taille homme, 8 heures de force athlétique par semaine, je soulève 36 kg à chaque bras, je rame 21 km en aviron en solitaire, je grimpe un kilomètre en escalade, je cours le semi-marathon, j’étais capitaine de l’équipe junior de rugby du 5e. Vous, vous êtes plus petits, plus légers, pas entraînés, vous avez la pétoche, pas de maîtrise, pas de technique, pas de coordination, pas de stratégie ni d’expérience du combat. Résumé : c’est comme si un surhomme se battait contre des bouffons. J’en ai pour entre dix et quinze secondes à vous mettre KO. La seule difficulté, c’est de pas frapper trop fort pour pas vous envoyer à l’hôpital. »
Ils étaient piqués au vif, cloués sur place. Alors, j’ai ajouté : « Maintenant si vous avez envie de vous rendre ridicules, pas de problème, moi, les bras de fer, ça me fait rigoler. » Celui de droite a plongé sa main dans la mienne et a pris le tout avec sa seconde main. L’autre a fait pareil.
J’ai profité qu’ils se soient précipités dans la gueule du loup pour lâcher : « Deux secondes, je me prépare, je vous dis quand on commence » alors même qu’ils avaient déjà commencé.
Ça m’intéressait de les écraser pour voir comment ça fonctionnait alors j’ai tâché de mettre tous les atouts de mon côté. J’avais déjà quatre avantages : la supériorité en force, le bénéfice d’être celui qui est attaqué et qui possède la bonne défense légitime qui donne confiance en soi, le bénéfice de commencer quand je voulais et le bénéfice d’être seul contre deux. Si je perdais, c’était normal mais s’ils perdaient, ils perdaient la face. C’était déjà good good mais j’ai cherché d’autres avantages pour gagner encore plus facilement, avoir l’esprit libre et dispo pour comprendre ce qui allait se passer. Bref, j’étais motivé.
J’ai commencé à travailler l’intimidation et j’ai fait celui qui se maîtrise et qui sait où il va. Dans un premier temps, j’ai fait semblant de me concentrer. Ensuite, je me suis dit qu’il était encore mieux d’utiliser ce temps pour me concentrer vraiment et m’intéresser à ma maîtrise réelle.
J’ai vissé mes pieds dans le sol, 46 taille homme, je me suis installé dans mon mètre 88, taille homme, j’ai respiré profond plusieurs fois. Ils auraient eu le temps de faire les respirations mais comme j’avais pris l’initiative de le faire, ils ne pouvaient pas le faire eux-mêmes, sinon ils auraient montré qu’ils étaient influençables. J’avais envie de rigoler.
Ensuite, j’ai évalué l’état de la machine. J’avais un bon ressenti musculaire dans les bras, les épaules et les pectoraux. Le reste était impeccable. Je me sentais blindé. En face, mes adversaires étaient perturbés par le mauvais stress. J’ai tâté leurs mains qui étaient dans les miennes et j’ai observé comment ils avaient positionné leurs secondes mains. C’est plutôt amusant de constater en un seul coup d’œil le nombre d’erreurs qu’ils arrivaient à accumuler. Vu la taille de mes doigts à côté de leurs menottes de meufs, ils n’avaient aucune chance.
J’allais gagner mais ce qui m’intéressait, c’était de leur montrer que la victoire était facile pour leur écraser l’ego et voir ce qu’il y avait derrière. Mon objectif, c’était de maximiser la différence, de laisser mes mains à la verticale comme des poteaux et de les laisser s’épuiser dessus.
À force de me concentrer, j’ai fini par ressentir une sensation de calme. Alors j’ai annoncé que pour être fair-play, j’allais compter à rebours. J’ai compté à rebours et c’est parti.
Celui de gauche s’est jeté sur moi et il a forcé comme un âne dès le départ mais ça n’a pas beaucoup impressionné mon bras gauche qui n’a pas bougé d’un millimètre. J’étais assez surpris de la différence de force parce qu’il s’était jeté sur moi et que j’avais absorbé l’énergie cinétique sans bouger, directement à l’intérieur du bras. Celui de droite produisait trop de violence lui aussi et il était déjà en train de s’épuiser rapidement. Je ressentais une très forte fierté de les dominer aussi facilement et de les avoir conduits à me provoquer.
Ils faisaient ce qu’ils pouvaient pour tout donner comme ils disent mais apparemment ils ne savaient pas que le bras de fer était un exercice d’endurance.
Je dosais la résistance dans chaque bras en fonction de leur poussée respective. Je me réservais un maximum de marges pour assurer la réalisation de mon objectif.
J’en ai profité pour voir si je pouvais chercher une maîtrise encore supérieure et trouver le minimum d’effort pour un maximum d’impact, et évaluer ce qui pouvait rester comme marge. Pendant qu’ils se fatiguaient à faire bouger mes bras d’un millimètre, je faisais travailler mon cerveau. Je sentais une bonne confiance en moi et je me suis rendu compte que je pensais mieux, avec de bonnes intuitions et des déductions fiables. Je me sentais léger, libéré. C’était intéressant de les voir lutter pour ne pas admettre l’évidence. Ils étaient en plein paradoxe. Ça m’inspirait. J’en profitais pour dérouler différents projets professionnels.
Il aurait été intéressant de voir ce qui se serait passé dans mon esprit si le double bras de fer avec objectif d’immobilité complète avait pu durer assez longtemps.
Mais en moins d’une minute après le départ, celui de gauche a abandonné pendant trois secondes en laissant ses mains en position. Il a fait comme si je ne m’en étais pas rendu compte et je l’ai laissé venir. Je voulais doser la provocation et l’immobilité pour déclencher des déblocages et voir ce qui se produisait au niveau humain. Il s’y est remis, en abandonnant plusieurs fois et en y revenant toujours. Il a même fait une grimace de douleur et m’a regardé tout de suite après comme s’il avait eu peur d’être pris en flagrant délit.
J’ai senti qu’ils jetaient leurs dernières forces tous les deux et à un moment, ils ne forçaient même plus parce qu’ils étaient épuisés. Les bras étaient en position mais ce n’était plus un bras de fer. J’aurais pu plaquer leurs poignets contre la table avec le petit doigt mais je les ai laissés venir.
Il y a eu un silence. Ils ont retiré leurs mains. Ensuite, celui de gauche a crié : « Putain, mais c’est pas vrai ! » et l’autre a fait pareil en répétant « Putain, mais c’est pas vrai ! », sur le même ton. C’étaient leurs petits égos qui s’écrabouillaient de peur sur eux-mêmes. C’était une remarque intéressante, d’ailleurs, que ce soit sur le même ton. Il se passait beaucoup de choses en peu de temps. Je me suis dit que j’étais en train d’apprendre des choses et que ce genre de situations n’était pas mal pour comprendre le fonctionnement des gens.
J’ai posé mon bras gauche et j’ai dressé mon bras droit au milieu de la table. Je leur ai dit « un contre quatre ». Le premier a dit « non, arrête » et l’autre a dit « non arrête » mais ils ont pris à deux mains chacun ma main droite. Ils n’avaient plus aucun jus ni aucune jugeote. Ils étaient complètement fascinés. Je me suis amusé à les laisser pousser mon bras jusqu’à 5 cm de la table. Je les ai laissés forcer dans leur position impossible et j’ai braqué dans l’autre sens pour les battre, avec une très forte jouissance dans l’appareil musculaire en jeu parce que pour la première fois je faisais un effort.
J’avais broyé leur ego avec une main. C’était plutôt jouissif. D’autant plus que pour moi, c’était assez normal alors que pour eux, c’était un traumatisme qui allait durer des années. Je me sentais viril et fier de l’être. Je trouvais que c’était moi, ça. C’était le vrai Alexandre.
Je les ai laissés digérer leur défaite. Ça m’intéressait de voir comment ils allaient réagir. Je me sentais super bien dans mes baskets. Au bout d’un moment, ils se sont regardés, et ils ont regardé la table d’un drôle d’air. J’ai rien dit et j’ai laissé venir.
Finalement, celui qui m’avait traité de gamin a pris la parole. Il a eu un hoquet parce qu’il avait le souffle coupé et qu’il était impressionné mais il a fait mine de ne pas s’en rendre compte. Il a commencé à dire que peut-être j’étais le plus fort mais qu’ils avaient bien voulu se prêter au jeu pour me faire plaisir et qu’en gros, ça revenait au même. J’ai rien dit et je l’ai laissé venir.
Il a enchaîné en disant qu’il n’était pas intéressé par le sport et que si j’étais content d’être le plus fort, il était très content pour moi mais qu’en gros il s’en foutait. Ensuite, il a arrêté de parler et il m’a regardé. Il avait la frousse et je ne sais pas trop s’il voulait le cacher. L’autre a dit qu’il était d’accord et que c’était exactement ça.
Alors, j’ai posé ma voix et j’ai répondu que la pratique d’un sport permettait d’augmenter la puissance, de développer la technique, de travailler le rapport au corps, de transmettre les valeurs de solidarité et d’apprendre à respecter la supériorité des adversaires. L’esprit sportif consiste pour les vaincus à honorer le vainqueur et c’est la base des relations humaines qui avancent dans la bonne direction. Il m’a dit que ce n’était pas son point de vue, qu’il était plutôt un intellectuel et l’autre a dit : « Ouais, moi aussi. »
Apparemment, ils avaient envie de continuer à jouer. Ça tournait en rond mais il y aurait forcément une porte de sortie.
Alors, je leur ai demandé s’ils avaient déjà exercé une activité professionnelle stable. Je me doutais que non et ils savaient que je m’en doutais mais ils n’étaient pas en position d’engager une polémique sur mes façons de procéder.
Finalement, ils ont reconnu qu’ils n’avaient pas d’emploi, qu’ils n’en avaient jamais eus et qu’ils n’en cherchaient pas. Ils ont ajouté qu’ils ne voyaient pas où je voulais en venir, pour jouer la montre. Ils avaient la pétoche et c’était plutôt jouissif de s’amuser à les dominer à un contre deux sur tous les plans.
Alors, je leur ai demandé ce qu’ils faisaient de leurs journées. Ils ont répondu en même temps plusieurs trucs qui partaient dans tous les sens et qui n’avaient pas grand-chose à voir avec la question. Je leur ai dit que passer leur temps à jouer à des jeux vidéo pour gamins attardés et à critiquer la société alors qu’on vit aux crochets de l’État, ça expliquait pourquoi ils n’en avaient pas plus dans la tête que dans les bras, alors que moi, je suis en première année de Sup de Co, je suis bilingue et j’allais gagner dix fois plus de fric que eux deux réunis, diriger des mecs qui dirigent des mecs qui dirigent des mecs comme eux le jour où ils se décideraient à prendre leurs responsabilités et avoir de bonnes meufs.
C’est quand même pas un drame de reconnaître qu’un mec te bat sur tous les plans, physique et intellectuel, même à deux contre un. Et une fois que t’as reconnu les choses, tu te sens mieux dans tes baskets. Je trouvais que le fait de leur montrer qui j’étais, c’était une bonne occasion pour eux de travailler leur modestie et que tout le monde en sortirait grandi.
OK, 100 % provoc’ pur jus mais j’estime qu’ils l’avaient bien cherché, non ? Moi, je trouve que ça fait du bien à tout le monde de remettre les pendules à l’heure.
Ils m’ont regardé sans rien dire et soudain, ils ont pris un air dégoûté en laissant tomber le menton plusieurs fois vers le bas et en répétant « eh bé dis donc », genre « t’en tiens une couche ». Ils m’ont jeté à la gueule qu’ils n’avaient même plus envie de se défendre devant mes attaques tellement que j’étais pitoyable et que gamin, c’était encore trop bien pour moi parce que j’étais un bébé.
Ensuite, ils m’ont fait la morale sur les aspects humains, le respect et ce genre de conneries. Après, celui de droite s’est mis à raconter qu’il avait plus de maturité que moi et qu’il prenait ses responsabilités, encore une fois. Il me souhaitait de pouvoir en faire autant plus tard mais vu comment je raisonnais encore à mon âge, il n’était pas sûr que je comprenne un jour. S’il y a quelque chose qui ne l’impressionnait pas dans la vie, c’était bien mon diplôme et encore il était même pas sûr que c’était vrai, cette histoire de diplôme. J’ai rien dit et j’ai continué à le laisser venir.
C’est là qu’il a enchaîné en racontant tous les problèmes auxquels il devait faire face, des vrais problèmes : les injustices dont il était la victime, tous les efforts qu’ils faisaient et qui ne menaient jamais à rien, et qu’il enchaînait échec sur échec. Ensuite, il a énuméré toutes les tuiles qu’il n’avait pas su gérer.
Le mec, il se vantait d’enchaîner échec sur échec.
Et l’autre acquiesçait à tout ce qu’il disait comme si c’étaient de grandes vérités en faisant : « ouais… ouais… ouais… »
On aurait dit une blague.
Ensuite, ils m’ont regardé comme pour attendre le verdict. J’avais pas grand-chose à faire. Ils me servaient tout sur un plateau, donc je me suis servi.
Donc j’ai dit : « Si j’ai bien compris, t’as passé ta jeunesse à te noyer dans un verre d’eau, et maintenant tu t’aperçois que t’as construit aucun appui pour assumer ta maturité. » J’avais balayé leur joli château de cartes d’un revers de main et ils sont restés stupéfaits. En disant les choses telles qu’elles sont, avec simplicité, mes interventions dégageaient une puissance déterminante.
Je me sentais en bonne condition intellectuelle et j’étais curieux de savoir ce que j’allais dire. À la limite, des trois, c’est de moi-même que j’apprenais le plus. Ça m’intéressait de voir comment j’allais réussir à articuler les idées que j’avais à dire.
Donc, j’ai pris la parole et j’ai dit qu’il n’était pas trop tard pour trouver un emploi, payer sa dette à la société et se mettre au clair avec le contexte. Le plus dur, c’était de lâcher prise et d’arrêter de s’accrocher à ses erreurs, surtout des erreurs faites sur plusieurs années. Quand on plonge dans l’eau de la piscine, au bout d’un moment, elle est bonne donc il fallait commencer à plonger. Un vrai mec, c’est joyeux et ça se sent libre, il prend ses responsabilités, des décisions, il protège et fortifie son entourage et c’est ce qui le rend heureux.
J’ai dit que je pouvais lui passer mes cours sur la recherche d’emploi. Pour moi, c’était l’occasion de mettre au point des explications utiles et de travailler la compétence insertion professionnelle. Pour lui, c’était tout bénef et il se débarrasserait de son complexe d’infériorité parce que quand il décrocherait un emploi et qu’il arriverait à gagner le respect de son employeur, il ne ressentirait plus le besoin de fanfaronner et de se prendre les pieds dans les bobards. Ce serait du concret. Au bout de quelques années, il trouverait confiance en lui et il se sentirait mieux avec les autres.
Soudain, il s’est levé en se prenant le pied dans la chaise. Il est resté debout devant la table, il a joint ses mains devant son nez comme pour prier et il a dit sur un ton sérieux : « Non, je t’en supplie, Alexandre, arrête ça. »
Je lui ai dit que je voulais juste lui prêter main forte vu qu’il avait des problèmes qu’il n’arrivait pas à surmonter. C’était mieux de mettre les choses à plat, c’était une bonne base pour faire connaissance. Mais il a répété : « Non, je t’en supplie, Alexandre, arrête ça. »
J’étais étonné. Mais ç’avait l’air grave et je ne voulais pas trop le perturber non plus, alors j’ai dit : « OK, on arrête. » J’étais persuadé que c’était fini et qu’on allait passer à la suite. Mais il a répété une dernière fois : « Non, je t’en supplie, Alexandre, arrête ça. »
C’est là que c’est devenu flippant parce que je ne comprenais pas ce qui se passait. On aurait dit que j’allais l’achever rien qu’avec des mots, qu’il était au bord du gouffre et qu’il suffisait de lui donner un coup avec le doigt pour le tuer. J’ai dit qu’il n’avait pas à s’inquiéter, que j’étais un bon gars et que les gens pouvaient compter sur moi. Je lui ai demandé de se rasseoir comme ça je pourrais leur expliquer ce qu’ils n’avaient pas compris tous les deux.
L’autre s’est levé en disant : « Bon, moi je m’en vais » et ils se sont mis à parler comme si je n’étais pas là. Le premier a dit : « C’est un malade. » et l’autre disait : « Laisse tomber, on n’a qu’à aller chez moi, ou attendre en bas que les autres arrivent. » Et ils ont commencé à s’en aller. Ils se sont dirigés vers la sortie et ont même ouvert la porte.
J’ai pas apprécié alors je me suis levé, je les ai pris par le col, un dans chaque main, et je les ai ramenés à la table. J’ai dit qu’on n’avait pas fini de discuter. Je n’appréciais pas leur façon de faire et la moindre des politesses, c’était de dire au revoir.
Alors le barman a essayé d’intervenir. Il a commencé à me dire d’arrêter et que son bar n’était pas un ring de boxe. J’ai dit que je respectais son boulot et que je réglais un problème relationnel avec des amis qui me manquaient de respect. Il m’a dit de faire ça ailleurs. J’ai dit que si mes camarades acceptaient d’aller dans la rue, il n’y aurait pas de problème.
Ils ont commencé à regarder ailleurs et à faire des pas vers la sortie tout en revenant donc je les ai aidés jusqu’à la porte. Le plus petit a essayé de résister devant la porte alors j’ai ouvert la porte et je les ai emmenés dans la rue en douceur. Puis il a essayé de se dégager pour aller dans la rue, il ne savait pas ce qu’il voulait.
Donc je leur ai dit pourquoi ils ne m’avaient pas dit au revoir. Ils se sont mis à regarder ailleurs à nouveau. Ça m’a énervé alors je leur ai dit de me regarder dans les yeux et de m’adresser la parole. Il y en a un qui a lâché dans sa moustache : « C’est pas vrai, j’hallucine… » Je lui ai dit : « Je suis devant toi alors tu m’adresses la parole au lieu de parler dans tes moustaches. »
Mais ils ne disaient toujours rien. C’était exaspérant. Alors j’ai pris la grosse voix, je les ai secoués comme des pruniers et j’ai crié : « Ho ! Je sais pas pour qui vous me prenez mais si vous continuez, je vais m’énerver, et il va y avoir des dégâts, OK ? Je vous soulève et je vous cogne l’un contre l’autre jusqu’à ce qu’il en sorte quelque chose, c’est clair ? »
J’ai commencé à les cogner mais celui de droite s’est réveillé et il a dit : « Putain, Alexandre, mais t’as vu comment tu nous casses ? T’en n’as jamais assez ? » J’ai crié : « Quoi, t’en as jamais assez ? T’as un problème ? » L’autre s’étranglait et il a crié : « Arrête, Alexandre. Arrête. T’es en train de nous détruire. Je t’en supplie, arrête. »
J’ai arrêté de secouer et j’ai dit que je ne savais pas trop ce que j’étais en train de détruire. Il a dit : « Lâche-nous, s’il te plaît. On a le droit d’être bien traités. »
Alors, je les ai lâchés.
Je trouvais que je les avais assez secoués comme ça et puis, ils m’avaient adressé la parole. Par contre, la discussion, on allait finir par l’avoir.
J’ai dit que je ne comprenais pas le problème. J’avais juste envie de discuter entre hommes. Je suis un bon gars. Je peux comprendre les problèmes de chacun. Ça m’intéresse de trouver des solutions.
Il a dit : « Tu comprends rien à rien, Alexandre. D’ailleurs, je ne sais même pas pourquoi je t’adresse la parole. »
C’est pas dans mes principes de laisser passer ça mais il s’est dépêché d’ajouter : « Personne ne peut comprendre le problème. J’ai des problèmes graves. Très graves. Je fais ce que je peux pour m’en sortir mais je n’arrive à rien. Je ne sais même pas si j’y arriverai un jour. Je ne sais pas ce que je vais devenir. Je suis nul en tout, tout ce que je fais débouche sur des échecs. Je suis une loque. C’est ça que tu veux entendre ? ». Je ne voyais pas le rapport mais j’ai rien dit.
Il a continué en disant : « Je me réveille en pleine nuit à trois heures du matin parce que j’ai la haine. La haine est la pire des souffrances. C’est ce que les gens ne comprennent pas. J’ai peur de mourir. Je pense à la mort tout le temps. J’ai été humilié, j’ai reçu des humiliations terribles toute ma vie. Et c’est le genre de choses dont on ne peut parler à personne. Parce que ce qui caractérise ce monde, c’est la médiocrité abyssale qui dégouline de la vanité, voilà ce qu’il y a. Et je n’en parlerai jamais à personne. Il n’y a rien à faire. Je pense tous les jours au suicide. Alors, il ne faudra pas s’étonner si ça finit mal un jour. Ce monde est en train de s’autodétruire en commençant par les faibles. »
L’autre regardait le pied du mur d’un air tragique. Il a dit : « On va se rasseoir et on va essayer de trouver une solution, Nico. »
On aurait dit la fin du monde.
C’est là que le Nico nous a jeté à la figure que, de toute façon, ça ne servirait jamais à rien et qu’il se suiciderait bientôt. Ensuite, il est parti.
J’étais submergé de souffrance alors je l’ai rattrapé dans la rue, je l’ai pris par le col et je l’ai ramené devant moi. Je lui ai dit que je voulais être son copain. Il a agrippé ses mains sur la mienne pour la desserrer mais je le tenais. Il s’est mis à s’agiter comme un fou en criant que je devais le lâcher. Il a eu une crise de sanglots comme les bébés et il me lançait des regards pour me demander pitié. Il a crié au secours et que son copain fasse quelque chose. Mais le copain n’a rien fait. Il a continué à s’agiter en criant : « Mais arrête ! t’es en train de me détruire ! Lâche-moi ! ». J’ai dit non. Il a crié : « Mais c’est quoi, ça ? Qu’est-ce que tu veux ? Je te connais pas, moi ! J’appelle les flics ! »
J’ai dit que je voyais pas trop comment il pourrait prendre son portable dans sa poche vu la position mais de toute façon avec son histoire de suicide, je pouvais pas le laisser aller seul dans la rue dans cet état. J’avais mal pour lui et il me faisait pitié. Il m’a supplié de ne pas dire ça et que j’étais en train de l’humilier définitivement et qu’il ne s’en relèverait plus de toute sa vie. C’était super-flippant.
Alors je l’ai pris dans mes bras et je l’ai serré bien fort et je lui ai dit que je l’aimais comme il était, de la tête aux pieds. Pas la peine de raconter des bobards, il était déjà un mec bien. C’est juste qu’il avait fait les mauvais choix. Il voulait se dégager mais il a vite arrêté de se débattre. Ça m’a fait du bien. J’ai fermé les yeux pour mieux sentir son corps contre le mien. J’avais besoin de sa présence et je lui ai demandé doucement s’il se sentait bien dans mes bras.
Je l’ai desserré mais il m’a serré encore plus fort. J’ai soupiré de soulagement. C’était sympa que ça vienne de lui. Je ressentais une très forte tendresse pour lui et c’était très agréable de s’embrasser comme deux frères. Ensuite, il m’a desserré alors je l’ai laissé.
Il avait repris des couleurs. J’ai cru qu’il allait avoir un vertige et qu’il allait tomber mais il s’est vite repris. Il a dit à son copain qui lui devait 100 euros et qu’il lui ferait le chèque dès qu’il pourrait. L’autre a dit : « pas de problème. »
Ensuite, il s’est tourné vers moi. Il m’a dit que j’avais raison sur toute la ligne, que je n’étais pas un gamin, que c’était lui le gamin, que j’étais un vrai mec, qu’il m’avait provoqué comme un imbécile, que j’avais géré le clash comme un chef, que je les avais battus à la loyale, que je les avais bien remis à leur place, que c’était un honneur d’être remis à sa place par un vrai mec et que mon frère avait une sacrée chance d’avoir un petit frère aussi bien que moi. J’ai estimé qu’il avait reconnu ses torts alors j’ai dit merci.
Ensuite, il a dit qu’il ne savait pas s’il avait besoin d’aide, qu’il avait besoin de réfléchir mais que s’il changeait d’avis, il savait où me trouver. Il m’avait insulté bêtement parce qu’il se sentait seul et que personne ne s’occupait de lui. Il avait de la chance d’être tombé sur moi. Ça m’a fait réfléchir.
Ensuite, il a encore voulu partir mais je lui ai dit de rester passer la soirée avec toute la bande et il est resté.
L’autre a rigolé parce que c’était la première fois qu’il voyait son copain Nicolas dans cet état. Il a ajouté que ce n’était pas étonnant, vu le traitement de choc que je lui avais fait subir. Il m’a dit que j’étais un vrai de vrai, aucun doute sur la question et il avait un sourire amusé. J’étais content d’être accepté dans le cercle des hommes et on a continué à discuter.
Au bout d’un moment, Nicolas a dit qu’il était intéressé par mon aide et l’autre a demandé s’il pouvait venir aussi parce qu’à Pôle Emploi, on ne le prenait pas en considération. J’étais content parce qu’ils me faisaient plus confiance qu’à Pôle Emploi.
On a pris rendez-vous dans le hall d’entrée de mon école et je leur ai dit qu’on allait faire du bon taf.
Ensuite on a discuté. Ils m’ont eu l’air plus futé qu’à la première impression et le Nicolas, c’est un vrai poète, je l’adore. C’est juste qu’il avait été gêné par mes questions au début qui étaient un peu brutales.
J’entendais une prof de GRH qui disait : « On n’a qu’une occasion de faire bonne impression », et que les trente premières secondes sont déterminantes. Moi, je suis pas d’accord. Ça dépend de comment on s’y prend avec les gens, aussi. Il faut faire connaissance. Après, si je fais pas bonne impression et que le recruteur s’arrête à ce qui lui passe par la tête, ça permet d’éliminer les entreprises qui laissent des gars incompétents faire le recrutement.
Après, à 21h30, avec toute la bande, j’ai ressenti le besoin de mieux connaître les gens, je veux dire plus que d’habitude. Il y en avait une bonne moitié que je ne connaissais pas. J’ai dit ce que je voulais et on m’a écouté. Je me suis senti à ma place. Mes idées arrivaient naturellement, ça semblait facile.
J’ai dit que des trucs intelligents pendant des heures et j’ai étonné tout le monde. Je me suis étonné moi-même d’ailleurs. Je me sentais libre. À un moment j’ai dit un truc d’intéressant et il y a un mec qui a dit pour rigoler que le cerveau était bien musclé aussi. J’ai pas répondu mais ça m’a fait réfléchir. Je me suis dit que je m’étais trop longtemps sous-estimé et que ce serait pas mal de continuer avec des études pointues et un métier intelligent qui fasse bouger les gens dans le bon sens. En tout cas, j’étais content que ceux qui ne me connaissent puissent me juger à ma juste valeur, pour une fois.
La cerise, c’est qu’il y avait une fille totalement sublime qui avait un léger sourire en coin quand elle voyait que je vérifiais du regard que ce que je venais de dire lui avait plu. Plaire aux filles, pour un mec, forcément, c’est le nec plus ultra. Séverine Verbizier, elle s’appelle. Elle est médiatrice culturelle, c’est sa première année.
Après la discussion, je suis allé la voir et je lui ai demandé comment ça se passait, son travail. Et elle m’a fait une longue réponse en m’expliquant tout de A à Z. Elle avait un sourire totalement magnifique avec une très jolie voix chantante et bien féminine. C’était très joli, j’étais sur un petit nuage.
Je lui ai proposé qu’on se voie mais elle ne pouvait pas, soi-disant. Les autres soirs non plus, elle avait des choses à faire. J’ai fait celui qui prenais tout au sérieux même si je savais qu’elle était bien obligée de faire la coquette vu qu’on se plaisait mutuellement beaucoup. Je regardais sa mèche qui dansait en cognant doucement son cou, c’était trop trop cool, enfin vous voyez le tableau. Je lui ai proposé d’aller se promener quelque part alors que j’aurais dû lui proposer de visiter un musée, elle a tourné les yeux avec un très léger air abasourdi, mais ouf, elle a fait mine de réfléchir et elle a dit peut-être.
Finalement, elle m’a laissé son numéro. J’étais content, forcément.
Bref, c’était bien bien cool.
La nuit, j’ai fait un rêve bien particulier et je suis sûr que c’est en relation avec ce qui s’était passé. J’ai rêvé que je pilotais un avion et que les passagers me faisaient confiance.
Je me suis levé en pleine forme, on a couru 15 km avec un copain de la salle et on a fait un concours de tractions à des barres installées en plein air. Je l’ai battu à 46 contre 35. C’est un sportif de haut niveau, il est médaillé olympique de lutte alors j’étais plutôt content de l’avoir battu. On a refait le concours et je l’ai rebattu alors il a dit en rigolant qu’il jetait l’éponge. Je me suis senti bien avec lui. On a discuté toute l’après-midi parce que c’est un mec intelligent. Quand il se met à parler, il vaut mieux écouter parce que c’est clair qu’il ne parle pas pour ne rien dire.
Je lui ai raconté ce qui s’était passé la veille. Il m’a dit que c’était important d’aider ceux qui ne savent pas comment fonctionne le système parce que c’était dommage de les laisser en souffrance et de ne pas utiliser leur force de travail.
C’est juste qu’on les a laissés là sans aucune explication en leur laissant croire qu’ils sont génétiquement à côté de la plaque.
Ensuite, j’ai pris la peine de décommander les rencards avec mes ex parce que les filles sexy font quand même tourner la tête. Je sexe grave pour me faire plaisir avec mais ensuite, je me sens lié. Je considère qu’il faut un minimum de romantisme dans les relations amoureuses. Donc je voulais pas décevoir la chtite Verbizier ! Je me disais qu’il valait mieux que je me sente au clair avec elle au premier rencart, au cas où.
Le soir, je me suis mis à chercher des infos sur ce que je pourrais faire qui soit potable comme métier. Mais sur Internet, il y a des infos dans tous les sens et au bout d’un moment, je me suis dit que ce serait plus pratique de passer par mon école alors j’ai demandé un rendez-vous par mail au directeur. Je lui ai dit qu’il était temps que je détermine mon choix de la spécialité pour la troisième année et que je voulais faire de la formation.
J’avais pas envie de passer ma vie à faire le coach sportif comme certains qui prennent la peine de faire une école de commerce et qui se contentent de faire des petits trucs après. Les trucs débiles, c’est le genre de choses qui rend dingue.
Tu peux tourner le problème dans tous les sens : si t’as pas un bon métier, tu deviens dingue. Je n’avais pas envie de me retrouver comme Nicolas et son copain à leur âge. Je ne le croyais pas vraiment mais c’était pas gagné d’avance non plus.
Parce que le problème, c’est pas les biceps. Dans cette société, on dirait qu’il faut avoir honte d’être supérieur aux autres. J’ai bien compris que les parachutes dorés, la droite et compagnie, ça exaspère la bien-pensance. Mais toute cette haine contre les riches et les chefs, je suis désolé, mais c’est contre-productif. Si ceux qui font le bon taf s’amusaient à arrêter de tirer la locomotive pour aller se dorer au soleil, t’as toute la société qui s’effondrerait en trois semaines. Et là, tu verrais ce que ça veut dire, "avoir un problème".
Les gens tirent toujours tout vers le bas. Surtout, il faut rien bouger et s’exciter dans tous les sens. Soit tu dors à moitié, soit tu t’excites. Surtout, il faut pas les embêter parce qu’il faut toujours que tout soit psycho-machin, "relationnel", il faut rester dans le "respect de chacun", patin couffin patata et compagnie. Respecter quoi finalement ? Ceux qui sont inférieurs et qui veulent tout diriger parce qu’ils n’arrivent pas à ravaler leur orgueil ?
Moi, ce que je trouve intelligent, c’est de respecter ceux qui travaillent et qui font des trucs bien. S’il y a un mec qui me montre qu’il sait faire des trucs, peut-être que je le teste au début pour voir si c’est vrai mais ensuite, je m’incline et je lui demande de me montrer comment il fait.
En tout cas, c’est ce que je vais faire à partir de maintenant. Je trouve ça intelligent et ça doit être vrai vu que s’il le faut, je suis un surdoué. Je me suis trop sous-estimé jusqu’à présent, parce que les gens me tirent vers le bas.
Il n’y a pas assez d’esprit sportif. Les gens ne savent pas perdre. Quand ils sont contrariés, ils te font la morale. Ensuite, ça fait des clashs, tu te noies dans un verre d’eau et quand tu rentres chez toi, t’as envie de détruire le monde. Du coup, tu te mets au sport. Moi, c’est ce que j’ai fait. Mais ça règle pas le problème des verres d’eau. Ils sont tous là à guetter le premier qui passe et dès qu’ils en voient un, hop, ils plongent. Après, ils t’accusent de ne pas te noyer comme tout le monde et ils te tirent par la manche pour bien te rendre dingue et avoir ta peau.
Et tout ça pour rien du tout parce que la force, ça fait pas mal. La force, ça fait du bien. C’est les perdants qui inventent leur propre souffrance avec toute leur morale et qui t’accusent jusqu’à que tu baisses la tête. Après, si tu te laisses avoir, t’as plus qu’à aller te coucher. Et ensuite, on t’accuse d’être paresseux et de pas prendre tes responsabilités, comme ça au moins, t’as toujours tort. On se croirait chez maman.
Je précise que j’adore ma mère, elle peut dire autant de fois qu’elle veut que je suis son bébé. C’est juste que j’ai pas besoin de 7 milliards de mamans.
D’ailleurs, si j’en suis venu là, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même parce que c’est moi qui ai gobé toutes ces conneries, une par une. C’est le gavage des oies et moi je garde le bec en l’air. Je ferais mieux de me regarder dans la glace au lieu de critiquer les autres.
Ce que je veux dire, c’est que ch’uis content d’être un mec. Je me lève le matin, je suis content d’être un mec, je mange, je suis content d’être un mec, je prends le métro, je suis content d’être un mec, je me fais une bonne nana, je suis content d’être un mec, bon ça c’est clair forcément mais le reste aussi ça devrait l’être.
J’aime bien ma force, j’ai bien ma carrure, j’aime bien ma voix, je suis taillé comme un camion, j’aime bien ce que je dis. Je me regarde dans la glace et je me dis, putain, mais je suis un vrai mec ! Celui qui est pas d’accord, on va tirer les choses au clair.
J’ai pas l’intention de me sacrifier ni de sacrifier quelqu’un.
Après, j’ai envie d’avoir une meuf mignonne qui m’admire quand je m’amuse, j’ai envie de gravir les échelons, j’ai envie de gagner du fric, de me payer des belles bagnoles et qu’on vienne pas me casser les pieds avec des conneries. Ça donnera ce que ça donnera et ensuite, on verra. Non seulement j’ai pas l’intention de m’excuser mais j’ai même envie de pousser le bouchon plus loin. Quand ça passe, les choses se débloquent et on voit comment les gens réagissent. On apprend des choses au passage, après ils sont tout contents et ils te respectent.
Remarquez, là c’est moi qui fanfaronne parce que là, je fais pitié. J’ai pas de boulot, j’ai pas de fric, je me fais les meufs les unes derrière les autres, bientôt, je vais installer un tourniquet avec des tickets, au moins ce sera organisé. J’ai le sport et je vais avoir un diplôme sympa donc ça va mais à part ça, que dalle.
Si je faisais le mec, on me prendrait au sérieux mais je n’y arrive pas parce qu’on me traite comme un gamin. C’est un cercle vicieux. Je fais trop le gamin.
Le coup du bras de fer, c’est unique, il ne faut pas croire que ça m’arrive tous les jours. Il faudrait que je transpose dans le business. Là, ça serait parfait.
En tout cas, ce qui m’intéresse, c’est d’être fort dans la vie et je trouve que pratiquer le sport à un bon niveau, c’est le mieux pour se familiariser avec la force. Bref, je ne sais pas ce que vous en pensez…