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Auteur Sujet: Propos sur une philosophie pratique  (Lu 443 fois)

Hors ligne Grégor

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Propos sur une philosophie pratique
« le: 11 septembre 2022 à 07:29:33 »
Certaines philosophies nous éloignent des situation concrètes que nous vivons. Cette propension à nous guider hors des sentiers de notre vie, alimente l’un des moteurs les plus puissants de notre existence : le déni.
En effet, la vérité n’est pas toujours inconnue et mystérieuse, comme justement, certains philosophes se plaisent à la dépeindre. Certaines vérités sont si bien connues, que leur protagoniste fera tout son possible afin qu’elles puissent demeurer enfouies et voilées, dans les limbes de sa conscience. Et quoi de mieux, afin de n’y surtout pas penser, que d’ergoter sans fin, dans une langue savante, sur des problèmes qui n’exerceront jamais aucune influence sur notre vie ?

Certains problèmes philosophiques peuvent être l’occasion de discussions. Même si souvent, les discussions servent surtout les égos et les malentendus. Chacun développe pour soi sa propre conception des choses, sans prendre véritablement en compte ce que voit et pense les autres. C’est ainsi que la prodigieuse force du déni peut parfaitement s’accommoder de ces discussions. Car qu’est-ce que le déni ? Nous avons déjà dit qu’il consistait à voiler la vérité. Une force psychique qui nous conforte dans nos illusions égocentriques et nous voile une partie de la réalité, sans doute trop douloureuse à affronter.
Ces illusions égocentriques sont la manière dont on rêve de se voir, le désir que l’on a d’être son idéal.

On s’imagine toujours que notre idéal nous rendrait parfaitement heureux. Or, cette idée est fausse. C’est justement parce que nous ne nous connaissons pas et entretenons, à force de déni, les illusions que nous avons sur nous-mêmes, que nous échouons à satisfaire nos véritables désirs.

Une philosophie pratique est bien différente.
Elle ne consiste pas seulement en enseignements théoriques et coupés du monde, mais elle se vit. Son but n’est pas d’atteindre le panthéon des philosophes ni d’obtenir sa statue en bronze sur l’agora. Son objectif est de rendre heureux et d’atteindre la béatitude.
Pour ce faire, une telle philosophie enseigne à ne jamais voir uniquement l’aspect négatif d’un problème. Il faut déjà bien assimiler la première leçon de l’Éthique de Spinoza : le bien, le mal, le beau, le laid, tout cela n’est qu’un jugement qui concerne nos intérêts et ce jugement n’affecte en rien la nature des choses. Une chose que nous trouvons belle, ne l’est pas. C’est seulement par rapport à l’intérêt esthétique que nous prenons à la contempler qu’elle peut devenir belle pour nous. De même pour le bien et le mal.
Il n’est pas de mal en soi. Une catastrophe n’est qu’un enchaînement de réactions physiques, parfaitement neutre du point de vue de la réalité des choses.
La vérité n’est ni bonne, ni mauvaise, elle est, tout simplement.
Un problème que nous rencontrons n’est donc qu’un conflit entre notre désir et la réalité.
Or, mieux nous connaîtrons la réalité (y compris celle de notre désir, car lui aussi est quelque chose de réel, même quand il désire l’impossible) et mieux nous pourrons satisfaire nos désirs et servir nos intérêts.
A contrario, si nous continuons de refouler nos véritables désirs et que nous offrons à notre pauvre corps des cadeaux, qu’un autre peut-être désirerait mais qui l’intéressent fort peu, alors il ne faut pas s’étonner d’être constamment déçus.

Je ne pense pas que nos désirs soient si mystérieux, car nous désirons en fonction de notre nature et bien qu’elle soit extrêmement complexe, dans les grandes lignes, soit par expérience, soit par démonstration scientifique, ne connaissons-nous pas la nature humaine ?

Quoiqu’il en soit, il est normal que nos désirs rencontrent des obstacles. Le monde n’est pas un Paradis fait pour nous et les hommes qui s’en sont aperçus, s’en sont étonnés et ont imaginé bien des raisons à cause desquelles cet Âge d’Or aurait été brisé.
L’homme est une créature ingénieuse, il trouve souvent des solutions à ses problèmes.
Lorsque nous rencontrons une difficulté, il est, je crois, surtout important de voir sa positivité.
Certes, une force contrarie la mienne et à cause d’elle, je ne peux pas réaliser mon désir, et pourtant, elle aussi possède sa propre énergie, peut-être son propre désir, en tout cas, elle agit.
Or, toute action est positive, car toute action est une force, une puissance d’agir.
La voiture qui m’écrase, le poignard qui me tue, tout est positif, car tout est réel, effectif, force et puissance d’action.
Si je juge uniquement selon mon intérêt, la situation est dramatique, mais si je pense la situation en termes de forces et de puissances, selon la véritable nature des choses, alors il n’est rien de négatif : rien de se perd, tout se transforme. Or, toute transformation est puissance.
Certes, il ne faut jamais perdre ses intérêts de vue, c’est pour les servir, que nous agissons. En revanche, si nous perdons la partie, il n’est pas utile d’y ajouter de la haine ou du ressentiment, comme si nous nous imaginions que la réalité était à notre service et qu’elle avait mal accompli son travail.




 


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