Par expérience, je sais que l'engagement nuit généralement à l'art, ou qu'on n'a jamais retenu que les pires dans l'histoire, comme l'exemple dans le premier post.
Disons que les artistes triomphants dans leur engagement sont incessamment réutilisés par les salopards qui se réclament (à tort ou a raison) de leur héritage ; et ce faisant ces artistes sont aussi des aveugles, ils n'avaient pas bien conscience de ce qu'ils allaient engendrer, ou des récupérations qu'on pouvait en faire, ou ne savaient pas qui ils soutenaient vraiment. J'éprouve également plus de sympathie pour les artistes dont l'engagement a été vomi dans l'histoire.
Mais malgré tout j'estime que l'artiste a le devoir de montrer sa position (en littérature du moins) : d'une part car l'artiste idéal ne saurait mentir ou se taire quand ça lui tient à coeur, d'autre part car c'est pitoyable de baragouiner des incongruités quand on a l'impression que le monde, tout autour, s'effondre ; l'artiste doit toucher aux domaines du vrai de sa sensibilité et au domaine du grand, du sublime. S'il se refuse à l'un ou à l'autre, il se refuse au beau, qui n'est jamais que l'expression pure et la recherche du sublime à travers le traitement des sujets grands qui s'imposent.