Bonjour Erwan (ou bonsoir),
J'attendais vos réactions avec impatience, je trouve les questions que tu soulèves très pertinentes.
Je vais essayer de répondre au mieux, mais n'hésite pas à me relancer si certains points t'apparaissent un peu flous (si je prenais un peu de retard dans ma réponse, c'est qu'il me faut le temps de bien formuler des enjeux très diversifiés).
Tout d'abord, sache que des propagandistes bon marché, il y a beaucoup, beaucoup de monde qui en cherche, et malheureusement ce sont souvent des organismes de pouvoir.
Pour faire une première liste de besoins en propagande (liste très large), voici le genre de raisons d'avoir recours à la propagande :
- les partis politiques ;
- les organismes religieux ;
- les organisations associatives ou caritatives ;
- les groupes publicitaires ;
- les guerres ;
- les États.
Bref, la liste pourrait s'allonger et je devine que tu cernes l'assimilation qui est faite entre « communication » et pouvoir. Les auteurs sont celles & ceux qui écrivent les textes généralistes ou les fictions qui racontent ce qu'il faut savoir, proposent l'expression des opinions, c'est l'une des raisons pour lesquelles ils sont immédiatement concernés par le sujet.
Malheureusement, notre époque a vu émerger des modes de « contrôle » des individus qui permettent à des groupes de diffusion de garder le sentiment de bien maîtriser les discours et les opinions. De nombreuses éditrices & éditeurs se sont eux-mêmes laissés séduire par cette idée de « l'auteur influençable » qui couvre de larges lectorats tout en acceptant d'avaler tout et n'importe quoi (certains auteurs peu informés et peu éduqués sont loués parce qu'ils sont influençables).
C'est dans cette ambiance où les auteurs ne sont plus protégés que des organismes se créent pour recruter des propagandistes bon marché qui narrent les exploits de telle ou telle opinion pour s'assurer une certaine part de maîtrise. Heureusement, de nombreuses éditrices & éditeurs prennent conscience aujourd'hui que cette méthode a des limites, et que le modèle des auteurs influençables est dangereux.
Si les écrivains ne sont pas dans une éternelle confrontation avec les autorités qu'ils rencontrent (mis à part les anarchistes pour des raisons d'opinion), il existe un réel besoin à ce que quelqu'un qui écrit soit porteuse ou porteur de son travail et puisse prendre position dans des conditions saines. Sans cette liberté de prendre position, on se trouve dans des situations ingérables dont personne ne parvient plus à se sortir (beaucoup de confusion). La meilleure façon de répondre à ces besoins d'autonomie est justement de pouvoir s'en référer à différentes personnes afin de faciliter les discussions, d'avoir un réseau professionnel (des amis eux-mêmes auteurs, ou qui connaissent bien le milieu), la force des milieux littéraires est celle qui permet de partager ses œuvres avec des personnes neutres ou des amis qui permettront de favoriser la confiance.
Sans cette connaissance suffisante sur « quelle est l'actualité littéraire » et « comment évolue le milieu professionnel aujourd'hui », l'auteur est beaucoup plus influençable et risque de se laisser entraîner dans de dangereuses situations (avec des engagements dangereux auprès de personnes influentes).
Bonjour Alan,
Personnellement, je ne comprends pas ce que tu veux dire par cette phrase :
L'isolement des auteurs par des méthodes relatives à la psychologie managériale, voire à l'abus d'autorité ou à l'endoctrinement est malheureusement fréquent,
Il est vrai que certains organismes emploient des méthodes d'influence (tous les moyens sont bons) pour favoriser cet isolement d'auteurs dont ils convoitent le travail. Une fois qu'une ou un auteur est isolé, ces organismes lui proposent « une gracieuse aide pour le sortir de l'isolement » en négociant avec elle ou lui des conditions d'écriture très difficiles. Souvent ces contrats officieux ne sont pas respectés, et je vous mets en garde sur ce genre de procédés, il faut sortir de l'isolement.
Écrire n'est pas une affaire de solitude, et je vous invite très sincèrement à mieux vous informer et à être présents auprès d'amis issus des milieux littéraires, c'est ce qui vous permet de ne pas vous laisser séduire par des formules clé-en-main qui sont des méthodes de dévalorisation de l'auteur.
Cette dévalorisation entraîne moindres frais et propagandistes bon marché.
Nous avons besoin d'un modèle de confiance, pas d'un modèle d'isolement.
J'ai beau essayer, je bute. Tu parles des rapports avec les éditeurs ? Je pense que si tu donnais une situation d'exemple, ça m'aiderait à en saisir le sens. Sinon, l'isolement des auteurs est aussi propre à la profession libérale en générale, les médecins généralistes libéraux qui officient dans un cabinet, seuls, ont ce sentiment aussi, c'est fréquent. Il y a d'ailleurs un mal-être chez ces professionnels dû à cela. Qu'est-ce qui différencierait l'isolement du médecin généraliste libéral de celui de l'écrivain, selon toi ?
Alors, la médecine est moins souvent assimilée à des notions de pouvoir, contrairement à la propagande et à l'opinion qui sont naturellement considérées comme les outils du pouvoir (le « succès littéraire » évoque le pouvoir de faire peser sa propre vision du monde) ; puisque la médecine n'évoque pas tout à fait ces idées, la situation est un peu différente...