Un film qui fait polémique à Cannes, des images sublimes aperçues à la télé, Chartlotte Gainsbourg avec en prime la palme de la meilleure interprétation féminine... Il n'en fallait pas tant pour me faire attendre impatiement la sortie d'un film. Alors dès sa sortie j'étais dans la salle obscure pour découvrir Antichrist.
La polémique est évidente et inéluctable à ce jour, il est à mon avis probable que ce film ne choque plus autant dans dix ou vingt ans, mais aujourd'hui on n'accepte pas encore que tout puisse être montré. Car ce film (Étonnamment interdit aux moins de seize ans et non aux moins de dix-huit ans) contient des scènes que l'on peut qualifier de pornographiques dans le sens où elles ne censurent absolument rien (dont un plan particulièrement horrible mais que je préfère ne pas expliciter pour ceux qui verraient le film). Cet aspect du film me fait penser avec soulagement que l'on a enfin atteint le moment où l'on peut tout montrer, le moment où aucune censure n'est plus à déplorer dans l'art, que les artistes eux même ne s'auto-censurent pas et ont le courage d'aller jusqu'au bout de leurs idées. Même si ce n'est pas le premier film à aller dans ce sens celui là était quand même montré à Cannes...
J'ai été complètement fasciné par l'esthétique du film. On se croirait plongé au cœur de tableaux. Certains plans sont de véritables tableaux mouvants autant dans la composition que dans les couleurs. Je trouve d'ailleurs particulièrement pénible que certains critiques aient pu dire du prologue qu'il s'agissait d'une esthétique de publicité... Prenez l'oracle dans 300 et vous aurez une scène dont l'esthétique est purement publicitaire et dont le sens s'est égaré si loin dans l'esprit du réalisateur qu'on se demande s'il a jamais existé. A ce que je sais la publicité n'a pas inventé le noir et blanc et le ralentit et ce prologue, outre sa beauté, est simplement l'acte qui déterminera tout le film... Les images les plus belles du film sont à mon avis ces images de rêves qu'on ne sait situer, ces images fortement surréalistes et si picturales, où des corps s'emmêlent dans un arbre ou le long d'un chemin... Avec ces images Lars Von Trier montre qu'il est possible de faire un film à l'esthétique travaillée, un film beau, mais un film loin d'être creux (ce qu'est 300 pour reprendre ce film qui n'est rien d'autre que de l'esthétique sans fond).
L'histoire du film est comme je les aime : sombre, ténébreuse, emmêlée et avec une grande part d'ombre qui fait qu'on part avec de quoi réfléchir pendant un bon moment. J'ai lu une critique forte de ce film à propos de misogynie. Certes, je vois tout à fait pourquoi ce critique a écrit ça, mais je ne ressens pas du tout le film de cette manière. L'histoire est trop compliquée et ténébreuse, cela reviendrait à la survoler légèrement... C'est un voyage au cœur des plus sombres recoins de l'esprit humain et on peut dire que c'est visuellement très bien représenté. Mais beaucoup de choses sont encore trop floues dans mon esprit et c'est pour ça, avec le plaisir que j'ai eu à voir certains plans aussi beaux que des tableaux, que j'irais le revoir très bientôt...
