Jean-Baptiste s'ennuyait. Depuis que ces inimitables copies s'étaient popularisée et avaient peu à peu inondé le marché, il avait perdu goût à la vie. À quoi bon travailler, réfléchir, s'amuser, si de pâles imitations remplaçait tout et tous ? À quoi bon se démener à survivre, à bien vivre, lorsque de ridicules contrefaçons pouvaient le faire à votre place ? Jean-Baptiste avait toujours eu du mal à trouvé un sens, une utilité à sa présence sur Terre, à celle de toute l'humanité. Pourtant, l'acharnement dont chacun faisait preuve pour survivre l'impressionait, et lui donnait la force d'avancer sans trop se poser de questions. Cela gardait en lui une certitude ; la vie avait un sens. Il suffisait de la trouver.
Maintenant que les clones étaient partout, qui tout le monde pouvait faire tout et rien à la fois, que le plaisir de la découverte, de l'adrénaline, de l'inconnu, de l'enrichissement, s'estompait peu à peu, Jean-Baptiste éprouvait de plus en plus de difficultés à retrouver un sens à l'existence. Il ne savait plus ce qui était réél, ce qui était factice ; il ne discossiait plus la réalité du mensonge, le mensonge de la réalité. Il errait, seul, ruminant ses sombres pensées, remmettant en cause tout et rien.
« Lui par exemple, c'est un vrai ou c'est un double ? songeait-il. Un homme ou un programme ? Et moi, suis-je rééllement humain ? Ou ne suis-je qu'une expérience ratée, un programme dissident ? »
À quelque mètre de lui, un autre Jean-Baptiste soupira. C'était le troisième qui tombait en dépression. Encore un clone comme ça et il ira porter plainte à l'Argile Inc. pour produits défecteux. Il secoua la tête, puis appuya sur un bouton et le clone dépressif s'écroula en un petit tas de boue.