Le Monde de L'Écriture
Encore plus loin dans l'écriture ! => L'Aire de jeux => Discussion démarrée par: Zacharielle le 13 août 2010 à 20:38:45
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Session 1 / 20h30-21h30 / COMPTOIR
Session 2 / 21h30-22h30 / PLANCHE(S)
Session 3 / 22h30-23h30 / ZOMBIE
Session 4 / 23h30-00h30 /CHŒUR
Session 5 / 00h30-01h30 / VICTUAILLES
Session 6 / 01h30-02h30 / BALADE AU CLAIR DE LUNE
Session 7 / 02h30- 03h30 / NEIGE
Rappel : un drabble est une fiction de 100 mots.
Session 1
- C’est nécessairement bref ?
- Quoi donc ?
- Un drabble.
- Cent mots, au bas mot. Non, tout juste ?
- Un compte pile, cent, c’est toujours cent sept ôtés de sept.
- Oui oui. Le thème ?
- Comptoir.
- Ca tombe bien !
- Ah, vous aussi, vous trouvez ? Je suis Personnage 1, et vous ?
- Personnage 2.
- Je suis le barman. Vous voulez ?
- Alors ce sera… hum… une intrigue courte et bien ficelée.
- Et moi une chute qui fasse son petit effet ! J’aime quand les comptes tombent rond.
A vous !
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Session 1
- C’est un con notoire.
Au final, c’était la conclusion qui s’imposait. Dissertation de deux heures et demi, sans pause et sans demi. Les têtes s’hochaient, ils étaient bien d’accord. Que faire maintenant ? Fallait-il entreprendre quelque action drastique, pour s’en débarrasser définitivement ? Les opinions divergeaient sur ce point. C’était tout de même inhumain. Il devait y avoir un autre moyen. Peut-être lui faire faire un stage de rééducation ? Trop cher et trop long. L’emmener à la mer ? Et la piqûre, vous voulez en entendre parler ? Il en fut offusqué.
- Viens Médor, on s’en va.
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Je m’assois au comptoir avec lui. Comme tous les matins d’ailleurs. Je commande un cappuccino, et lui un chocolat chaud. Il a toujours aimé ça. Durant ces sept années qu’on a vécu ensemble, c’est comme s’il n’avait rien bu d’autre que du chocolat chaud. Assis sur une chaise haute à mes côtés, il contemple les verres de l’autre côté du bar, les yeux pétillants. Il aimerait tellement travailler dans un endroit comme ça. Mais il a tout le temps de se préoccuper de son avenir. Dans quelques minutes, je vais l’accompagner à l’école, comme un simple père amène son fils.
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Il y avait un mot sur le comptoir.
Enfin un vieux billet retourné tout ridé de partout. Et quelques mots jetés dessus. Vraiment jetés. L'écriture est quasi illisible, il aurait pu faire un petit effort quand même. Ca aurait pu être son numéro de téléphone ou son adresse msn, enfin quelque chose de normal, d'attendu, j'dirais. Mais non. C'était une mini déclaration. Une centaine de petites lettres qui s’enroulent comme les e sur les marges des cahiers de primaire. Non en fait c’est ni joli ni touchant et il était même pas bourré lui en plus.
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Un, deux, trois. Un, deux trois... Le boulier cliquète et caquète.
Un.
Un alignement d’étagères, couvertes de pots bien rangés.
Deux.
Deux humains: une femme en sari, un étranger à la peau pâle.
Trois.
Trois propositions, trois couleurs.
- Thé vert, thé bleu, thé blanc?
- ...Euh, mais pas de safran?
Quatre, cinq, six.
Quatre: quatre yeux écarquillés.
Cinq. Cinq heures, l’heure du tea time, loin par-delà les mers, le petit doigt levé de la reine mère.
Six. Chai Masala aux cerises.
Sept, huit, neuf.
Sept. Client en fête.
Huit, une bouilloire sans fuite.
Neuf, c'est un sacré boeuf!
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Elle était grande. Et, il faut bien le dire, pas très jolie. Intéressante ? Pas pour tout le monde. Certains pourtant, charmés, s’arrêtaient pour en apprendre davantage. Savoir ce qu’elle comptait avec tant de concentration. Elle ne répondait que rarement, elle ne prêtait pas attention au monde extérieur. Elle avançait à rebours, captivée par ses chiffres. Quelques autres parvenaient à attirer son attention. Ils lui donnaient un nom : le Comptoir. Ils la pénétraient, souvent avec anxiété. Et dans cette salle bondée, quelqu’un levait la tête, prononçait trois mots. Les trois derniers que les imprudents devaient entendre.
Trois.
Deux.
Un.
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SESSION 2
Une boîte à clous.
Ce bureau aura de l’allure, c’est moi qui vous le dis. De mes mains propres et de celles d’autrui (elles servent de pied de table). C’est plutôt joli cela dit.
Un marteau doux.
Tac, tac, tac. Et une d’ajustée. Tac tac tac. A couper : trop longue, de deux centimètres.
Une scie du Doubs.
Frrrt frrrt, frrrrrchouing. Chouing ? Il restait une bague sur ce doigt. Enlevons-la, ça plaira peut-être à la petite. Frrrt frrrt.
Une lime à deux sous.
Voilà qui est mieux. Je pourrais sculpter des têtes. Cette alarme ?
(Une camisole de force.)
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Pour répondre au thème de Session 1
Je ne sais pas vraiment ce que je fais ici, mais maintenant que j'y suis, autant prendre une place près de ce comptoir cramoisi, et demander une bonne bière. Cela fera passer le temps.
- Hmm, mon garçon s'il vous plaît, vous avez de quoi boire ?
- Tu m'as vu toi ? Ici c'est pas un bar, mais une boîte de nuit.
- Et alors ? T'es pas serveur ? Pourtant tu en as l'air avec ton beau costume de pingouin.
- Excusez-moi mais j'entends rien à ce que vous dites.
- Pas grave, j'ai trouvé ma femme !
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Je flottais, inerte et tranquille, sans penser à rien. Un grand vide intérieur me gagnait peu à peu. J’oubliais, je balayais tous mes soucis, les feux de la rampe, le fracas de la foule, l’appel des planches. J’avais besoin de ces bois morts, de ces étangs dans les clairières, loin des planchistes et des collections de blanches poitrines plates comme des planches à pain.
Au-dessus de moi, les nuages. Comme à la cime.
En-dessous de moi, de l’eau, des algues, du sable. Comme aux racines.
Un arbre. Je finissais par croire que j’en étais un. Ou une planche, du moins.
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- La planche ! La planche !
Le crocodile avait les larmes aux yeux. Lui qui voulait rendre sa montre au capitaine Crochet ! Lui qui voulait trouver la rédemption en allant rendre à son ancien ennemi la marque de sa défaite… le voilà bien avancé. Il préférerait ne pas l’être. Car Sac à Main était devenu aquaphobe :(. C’est terrible pour un crocodile. Il avait écumé tous les psys de la Nouvelle Orléans mais aucun n’avait pu l’aider et ça avait beaucoup jazzé dans la région. La pointe d’un sabre le poussa à faire un pas de plus.
PLOUF.
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-Hé ! Là-bas ! A dix heures très exactement.
-Hum ? Sirène en vue ? Ah non ! Pas mal, elle m’a l’air bien bonne celle-là. T’as de bons yeux, tu sais.
- Elle se déhanche bien, elle brille même. Nan mais looke-moi ça, taille mannequin avec…
-Hum, une taille mannequin aux grands talons qui se barre vite aussi, bouge-toi, on peut pas la laisser filer comme ça, celle-là.
-Alors, beauté, on se promène ?
…
-Hé, on te parle !
…
-Attend un peu, ma belle..
(Il la mord)
- Beurk !
- Encore un fake ?
-Ouais encore. Plastoc. Dégueu.
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Il dessinait encore, il s’acharnait.
« Mais j’y arriverai jamais ! »
Il savait qu’il n’était pas loin. Il ne lui restait qu’un petit détail, mais sans ça, c’était la ruine assurée.
« Il faut que ça s’emboite… Réfléchis, bon sang ! »
Il ne pouvait pas faillir maintenant, le plus dur était fait.
Il regardait à nouveau ce qu’il venait de créer sur cette planche à dessins. S’inspirer de ce qui avait été fait…
Il avait trouvé : comme une montagne et une vallée. Il dessina alors le sexe masculin et le sexe féminin.
Et Dieu créa le monde.
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Pour répondre au thème de la Session 2
Les planches, à quoi ça sert ? Ben, honnêtement, à part marcher dessus, je ne vois pas trop. Cela dit, c'est vrai que c'est mieux qu'avoir du sable sous les pieds. Le mieux, si on se place dans un milieu où princes et princesses se rencontrent ; on peut aller chercher sa dame, et jouer des claquettes... enfin bref, vous imaginez la chose ? Vous en rêvez ? Pas moi. Je préfère avoir des planches, non pour danser, mais pour dessiner toutes mes histoires. Au mois celles-ci, on ira pas chier dessus, à part peut-être y verser quelques grosses larmes.
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Diagon était fier de son œuvre. Ce n’était pas tous les jours qu’on lui confiait un travail de cette envergure ! Tout était incliné à 45°, sans parler des liquides dans les bouteilles. 45° de perfection. Les tableaux étaient de biais, les étagères de travers, les portes de côté, les escaliers pentus, sans parler des fondations obliques et des détours bibliques.
Quand Mr Wright entra, il faillit tomber à la renverse. Diagon se pencha pour lui offrir une aide bancale.
- Alors ?!
- C’est… penché.
- Ca ne vous plaît pas ?
- … J’avais dit « plancher ».
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Il clouait, clouait et clouait les planches, à longueur de journée.
C’est qu’il fallait gagner sa croûte ! Il chantonnait parfois, histoire de passer le temps. Une petite mélodie de rien. Répétitive et ennuyante, comme son travail.
C’est dans dix ans, je m’en irais…
C’est dans neuf ans, je m’en irais…
Il finit bien par partir, en retraite. Il voulut se baigner, aller à la mer comme tout le monde. Il s’acheta un beau maillot de bain et s’aventura gaillardement dans l’eau. Mais, dommage, il ne savait pas nager.
Il coula, coula, coula et se noya.
C’est bête, comme fin, non ?
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J'ai la mémoire qui planche, enfin, qui flanche, j'arrive pas bien à me souvenir de la dernière nuit. Il y avait cette fille, une vraie planche à pain, rien pour amortir ses côtes quand elle vous serrait contre elle. On m'a dit qu'au théâtre elle brûlait les planches, qu'elle aimait Cyrano, celui qui était mort quand on lui avait lâché une poutre sur la tête. Je lui ai récité des répliques, j'étais soûl, et je me souviens plus, c'est flou, mais quand je me suis réveillé elle avait le crâne fendu, pourtant, j'étais sûr de ne plus avoir cette planche...
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Et si le bonheur était dans la machine à repasser ? Quelle machine merveilleuse ! Elle vous enlève les plis en moins de trente secondes, et avec ça, vous ne ferait plus de faux plis ! C’est exactement ce qu’il nous faut à tous ! Avec ça, fini les cols mal fait, et les vêtements froissés. De plus, avec la vapeur, on peut très bien repasser les vêtements fragiles. Quoi de mieux. C’est vraiment l’outil du vingt-et-unième siècle ! Et le prix est vraiment raisonnable.
- Non, je vous assure, je ne suis pas intéressée.
- Bon. Tant pis.
Clap
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Donnez-moi le P !
Tiens, un P.
Donnez-moi le L !
Une aile de moineau, une. L !
Donnez-moi le A !
A la pêche aux moules moules moules. A !
Donnez-moi le N !
J’suis pas neuneu. N !
(ça commence à me saouler)
Donnez-moi le C !
Sans décosser ! C !
Donnez-moi le H !
C’est moi ou elle tient à avoir une vraie hache ? Par le tranchant ? H !
Donnez-moi le E !
E ! E ! E
Par pitié, donnez lui cette planche, puisqu’elle vous le demande !
Ah, ces pom-pom girl >_<
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Je vous jure. Des fois, ma femme manque de savoir-vivre. Ça fait bien quarante ans qu’on vit ensemble, et regardez-moi ça ! Toute fripée de partout. Alors moi, je veux l’aider. Je lui ai dit. Et figurez-vous que j’ai dû lui courir après dans toute la maison. Je l’ai traînée jusqu’à la salle de bain, mais elle se débattait, la bougresse ! Alors je l’ai attachée : elle pourrait se faire mal. Elle bougeait encore. Comprenez-moi : le bâton me faisait de l’œil. Enfin, maintenant elle est tranquille. Bon, où j’ai laissé la planche à repasser, avec tout ça ?
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A l’écran, les morts se relèvent, lambeaux de chairs pourrissantes, globes oculaires pendant de leurs orbites, cheveux terreux, endimanchés dans des restes de costumes loqueteux.
Trébuchant, titubants, ils n’en gagnent pas moins du terrain, inexorablement. C’est un cul-de-sac. Les vivants sont piégés.
La situation est désespérée, et cet idiot de John en pleine crise de narcolepsie... Ah, Lara a enfin une idée de dernière minute! Allez, vite, vite! Pourvu que ça marche!
Un cri perçant, il sursaute.
Papaaaaa!!! Papa, au secooours!!! Viens vooiiirrr!! Y’a des, des, des... Dans ma chambre! Des zomb, des zomb, des zomb...
Des z’ombes chinoises! Hihihi!
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Planche gondolée. Complètement détrempée oui ! Fichue.
- Mais… je pensais pas, je veux dire, c’est quoi ce bord… truc ?!
Et aller, ça va être de la faute du fournisseur bientôt ! Ces jeunots, pas un gramme de jugeote.
- Fallait la coller sur une planche !
- Quoi ça ? Coller ma planche sur une planche ?
- Ben oui ! Tu la mouilles, attention hein tu la noie pas ! Bon, pis tu prends du scotch, celui-là, le marron là-bas… et tu colles ta planche sur la planche.
- Mais c’est du bois !
- Oui ! Pour absorber le surplus d’eau ! Idiot ! ‘faut tendre la feuille avant d’attaquer à l’encre !
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- Et tu sais ce qu’il m’a dit ? Il m’a dit « L’aumône, pour un ancien lépreux ! »
Grands éclats de rire, ah ah ah ! Yvan Tête de Hareng avait un don pour raconter les histoires. On n’arrivait jamais à savoir si c’était issu de VDM ou s’il avait observé ça dans la rue. Toujours est-il qu’on l’écoutait avec beaucoup de plaisir. Bon, d’accord, des fois c’était vaseux. Malgré tout, dans l’ensemble, c’était amusant. Il faut bien ça.
- Quand je lui ai montré l’état de ma peau, il était vert… Enfin, pas autant que moi !
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Je les entends. C’est la marche des zombies, toujours dans un bruit effroyable. Je n’aime pas trop quand ils arrivent près de chez moi. C’est toujours un peu flippant, mais quand on est silencieux, ils s’en vont très vite. Ou elles d’ailleurs. Peut importe. Le sexe n’influe pas. N’empêche, il ne vaut mieux pas les provoquer. Ils peuvent faire preuve d’une incommensurable violence.
Ce soir, ils sont quand même particulièrement bruyants. Qu’est ce qui a pu changer de d’habitude…Ah si, je sais. Un nouveau mélange. De mon point de vu, je dirai vodka, whisky, manzana, rhum, bière et tequila évidemment.
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- Disons, bibi.
- C’est un diminutif pour quoi ?
- Zombie.
- J’ai pas la case.
- Ah bon ? Pourtant notre communauté est assez grande, je pensais que…
- Nope. Vous avez pas l’air d’une zombie, en plus. Votre teint ambré, toussa.
- Ah, merci ! Depuis le temps que j’essaie ce maquillage. D’habitude il y a toujours un goéland qui vient me picorer les yeux, mais depuis que j’ai ce produit, ça va mieux.
Bibi se pencha et dit :
- Au fait, mon cousin Ul, vous ne l’auriez pas vu ?
- Zombie aussi ?
- Perspicace.
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Pour répondre au thème de la Session 3
« C'est la nuit des zombies, la nuit des folies. Têtes redressées, yeux vers le bas, mains vers l'avant, jambes en l'air », toujours le même refrain, toujours la même idiotie. On se demande bien pour qui tous ces pantins dansent... Mais un jour, quand je suis tombé près de la tombe qu'ils vénéraient j'ai tout de suite compris, et j'ai fait, - ouhhh, pas possible ! Michael, mon pot, ça va ? Je t'avais pas reconnu dans ta petite boîte à la télé. Tu veux pas sortir un peu ? Viens ! - Il ne répondit point. Un zombie, quoi. Comme moi tous les jours, bête devant mon écran.
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Joyeux anniversaiiiiiiiiiiiiiiiiire, joyeux anniversaiiiiiiiiiiiiiiire !
La chanson d’anniversaire résonnait dans le cimetière vide de toute substance vitale, à l’exception de deux ou trois cent cadavres (mais on n’est pas à ça près). On fêtait la énième mort de l’un deux, fauché par la grand faucheuse à deux reprises (pas douée). En fait, c’était plutôt le cadavre qui était reprisée, main experte d’Igor, le fossoyeur qui élevait des faux soyeurs, producteurs de soie depuis -2010 ans. Mais Igor était absent ce soir là. Les cadavres imbibés et limbés engagèrent le nouveau mort à souffler ses bougies... ce qui dura une éternité.
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Moi, tous les matins, je bois un verre de zombie chaud. C’est facile et plein de protéines. La nuit, attrapez le premier zombie qui passe devant votre porte. Débitez-le en tout petits morceaux à coup de hachoir bien aiguisé. Attention : il continue de bouger. Mettez-le rapidement au four, le plus chaud possible, avant qu’il ne vous arrache la tête.
Au matin, arrêtez le four, et mettez le zombie dans le mixeur. Mixez. C’est prêt ! De quoi vous remuez l’estomac pour toute la journée !
(Pensez à mettre le feu à vos selles avant qu’elles ne vous attaquent.)
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Il est blanchâtre et visiblement en cours de décomposition. Il s’avance vers moi en titubant, la main tendue. Plutôt pitoyable. Oh, il a perdu un morceau ! Un râle coule (oui, coule) de sa bouche édentée.
–Monsieur, vous allez bien ? Je ne comprends pas très bien, vous pourriez articuler ?
–Heeeuuuk…
–Heuk à vous aussi. Je cherche le cimetière, vous pourriez sans doute me renseigner ?
–Heuuuuk…
Il attrape son bras droit en piteux état, tire un peu dessus et le jette (oui, le jette) par dessus son épaule. J’en conclus que le cimetière est derrière lui.
–Heuuuk…
–Merci et au revoir !
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Nelson Montfort partit à la rencontre du plus grand athlète de tous les temps.
- Je suis en compagnie de l’exceeeeellent Butch, Butch, on peut dire que vous avez fait une énoooooooorme performance ce soir, je dois dire que ce fut un moment inouuuuuubliable que de vous voir par-parcourir le stade à cette vitesse, what a chronomètre you made, et ça avec des jambes en décooooomposition, et je ne pa-parle pas de votre cage thoracique qui pend en laaaaambeaux par-de-dessus votre dossard, je dois dire que vous nous avez tous beauuuuucoup impressionnés, j’ai envie de dire, WAAAAOW !
- Euuuuuuk.
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- Plutôt sanguin ou squelettique ?
- Pas trop sanguinolent s’il vous plait. Je viens de refaire mon plancher vous comprenez…
- Oui, je vois ! J’en ai justement en provenance de Tunisie. Élevés au sang de cochon, en plein air. Bien sûr, il faut lui donner un peu de sang humain, mais c’est un bon investissement. Il est plutôt économique d’ailleurs. Regardez le, il respire…enfin, il s’étouffe de bonheur.
- Je l’aime bien, en effet. Et il s’appelle comment ?
- Son nom est Bambi. Dit bonjour à Monsieur !
- Euuuuk !
- Désolé, il est encore jeune.
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Tiens, un zombie. Plus rien ne m’étonne. J’ai pas pris une dose pareille pour ne voir que des éléphants roses, de toute façon ! Bon, les zombies c’est pas trop mon truc, mais c’est toujours mieux que les trolls. Ce soir j’en vois pas, de trolls. Une fois, j’avais vu des fées, comme dans les histoires pour enfants, toutes roses avec des ailes de papillons ! Mignonnes comme tout, en fait, mais elles ont commencé à faire apparaître n’importe quoi : des lapins roses, des lutins, des épluches-légumes parlants... C’était le foutoir total.
Je crois que je préfère les zombies.
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Session 4
Je toussotai. Non, décidément, ça n’allait pas. Du tout. Je ne pouvais rien y faire, mais ça me cassait bien les oreilles. Ils avaient vraiment décidé de remplir l’église d’offrandes, d’agneaux et de je suis pécheur, mais au fond je suis quelqu’un de bien. J’aurais préféré d’autres incantations qui auraient pu faire se multiplier pain, vin, et fromage. Je me lissai la moustache. Peut-être que si je me donnais plus d’importance, je saurais leur intimer d’arrêter leur prétendu chant lyrique ? Allons-y, courage, tenue et assurance ! Je m’avançai en trottant vers la chorale.
- Aaaah ! Une souris !
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On y met du sien ! Tous en chœur et avec du cœur !
« Agnus dei, qui toli spec… »
NOOOON ! Ca, c’est dépassé ! Il faut du neuf. On y retourne.
« Notre père, qui êtes aux cieux… »
Vous le faîte exprès ! Je veux du nouveau, du rythme, de l’exotisme.
« Oh, Happy Day ! When Jesus washed…. »
Merde ! Voila ! Vous êtes des bons à rien ! Je vous demande pas l’impossible, non ?
« Here we go again, mother fucker »
Ahhh ! Quand même, c’était pas dur, vous voyez !
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C’est l’istoire d’un cat et d’une souris. Tous deux aimaient canter, à l’ôpital pour les enfants. Ils ne faisaient pas trop de caut, fort eureusement. Un matin qu’il antaient à perdre aleine, un omme à capeau de oux vint les interrompre. Il leur cucota quelques mots à l’oreille avant de repartir ativement. Le cat et la souris ocèrent la tête et d’un commun accord reprirent leur cant, comme si de rien n’était. Derrière, ça bucaît dare dur.
Les ouvriers étaient perplexes. Il venaient de recevoir une note : « On a enlevé le h au chœur du texte ! »
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–Aoooom…
Tous liés par la voix, la même note entonnée en chœur. L’union ultime est atteinte. Tu parles d’une arnaque. L’impression d’avoir des amis, plutôt. Les sectes, les chœurs, c’est pas tellement mon truc. Faire « aooom » à longueur de journée, très peu pour moi, merci.
Mais alors, qu’est-ce que je fous là, hein, me demanderez-vous ? Aucune idée, franchement. J’ai rien demandé à personne, moi. Je me suis retrouvé là, à faire « aooom » en chœur…
–Aooom…
Je ne sais pas avec qui.
Je ne sais pas où.
J’ai même pas de nom.
J’ai même pas d’intérêt.
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Et voilà.
Je suis pas d'accord !
Maintenant le ressort est bandé.
J't'en foutrai, moi, des ressorts !
Cela n'a plus qu'à se dérouler tout seul.
Et bien ce sera sans moi !
Hémon, furax, arrache sa fausse tunique de faux Grec et la jette sur la scène. Antigone s'arrête au milieu d'un soupir de condamnée pour jeter un œil stupéfait sur ses tablettes de chocolat. Il fonce vers elle et lui arrache la ceinture.
Elle doit se suicider emmurée pour avoir enterré son frère qui – aaaaaarrg
Bien fait, dit Antigone. J'commençais à en avoir marre, des monologues du choeur.
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Session 5, VICTUAILLES
- Pomme de terre ?
- Oui, merci.
Baked-potato atterrit dans mon assiette et j'attrape le beurre – jamais réfrigéré, fondant-fondu.
- Petits pois ?
Ils sont verts fluos froids pas cuits et croquants mais faut en prendre ça montre l'exemple.
- L'agneau ?
- Aussi, merci.
C'est parti, j'attaque.
- Attends ! Tu as oublié...
C'est comme ça, l'Angleterre. Un repas est un meuble Ikéa à monter et pour lequel il vous reste une pièce incompatible. Et moi je me sentais un peu stupide, au-dessus de mon assiette, à ne pas savoir avec quoi on attendait de moi que je mange... la gelée de groseilles.
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Les chevaux se réunissent autour de leur nourriture enfin déposée. C’est qu’ils avaient terriblement faim. Et en plus ils sont très difficiles, c’est animaux. Heureusement que je les connais un peu. Les plus affamés sont toujours les juments. Elles mangent pour quatre ! Mais je prévois toujours un peu plus. Au cas où. Il leur faut une victuaille de qualités, elles le méritent. Déjà, la plupart de la nourriture est partie en lambeau. C’est fou comme elles sont affamées aujourd’hui. Je suis obligé de redonner une ration de viande. Je suis sûr qu’on parlera longtemps des juments du grand Diomède.
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- Frérot, j’ai faim !
Frérot ne répond pas. Il mange.
- Allez, quoi, dis quelque chose !
Frérot est poli. Il ne parle pas la bouche pleine.
- Frérot, j’ai peur… S’il te plaît, allons-nous-en !
Il ne semble même pas m’avoir entendue.
- Il fait nuit ! J’ai froid ! Puis j’ai faim, t’es le seul à manger. Rentrons !
Il reprend une bouchée. Qu’est ce qu’il mange ? Je m’en fiche, je veux partir. J’essaye de le secouer ; il ne bouge même pas. Curieuse, je baisse la tête pour voir. C’est amusant, ça ne fait pas mal. Et pourtant, il a le nez plongé dans mon ventre.
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Session 6 : Balade au clair de lune
Une note. Puis une autre. Et c’est toute une mélodie qui se joue.
Ses doigts se baladent agilement sur le clavier. Et la lumière faible de la nuit ne l’empêche pas de voir parfaitement la partition.
Allongée sur le sol, il joue pour moi, je le sais. Il regrette peut-être son acte. Je ne saurais sans doute jamais.
Mais il joue sans s’arrêter ce magnifique Clair de Lune absent dans le ciel.
Il ne me regarde plus, et toujours allongée, je sens que je pars bien loin de cette terre.
Le sang coule, et le clair de lune m’apparaît enfin.
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- Pourquoi tu m'as amenée ici ?
- Je voulais te montrer quelque chose.
Jack me prend les deux mains et m'amène à quelques pas de la forêt. La pleine lune éclate sa lumière à travers les nuages diaphanes. Un bruit, je sursaute.
- Il nous a suivis !
Je ne reconnais pas la voix de Jack. Elle est plus rauque, plus... sauvage. Les nuages s'écartent, et je ne vois plus qu'une bête terrible, une bête effrayante, qui arrache les chairs de celui qui nous épiait.
- Partons.
- Et les deux survivants sont... Le loup-garou et la villageoise désignés par Cupidon !
- La sorcière est une salope !
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C’est un gentil petit moment que nous passons ensemble. Dans ce parc, nous observons le ciel, les astres, les constellations, la lune. Qui aurait cru que je puisse me balader avec elle, dans un endroit aussi romantique. Certainement pas mon frère, qui ne voyait en moi qu’un être incapable et éternellement solitaire.
Mais elle est avec moi, et je ne rêve pas. Sous les rayons furtifs de la lune, elle m’épie. Son clair regard mordoré me ravage. Dans son manteau noir, comme pour se prévenir d’un hiver rugueux, elle me suit. Qui l’aurait cru ! Je flirte avec la Mort.
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Courir. Encore. Plus vite. C’est la nuit. C’est la lune. J’ai besoin de hurler, de chasser, de courir, courir, courir. Je fonce, je saute. Le sang, chaud, désaltérant.
Je lève les yeux. La pleine lune est déjà haute. Plus le temps. Elle m’attend. C’est la seule. Mes pensées sont floues, mais elle, je ne l’oublie pas. Jamais.
Je cours. Toujours. Plus vite. J’entends la rivière, elle court, elle aussi. Elle est là. Elle me sourit.
***
Sur les bords d’une rivière. Un loup. Une fille. Son museau sur ses genoux. Sa main dans sa fourrure. La nuit. La lune. Le silence.
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- Viens avec moi...
- Non. Ça n'a pas arrêté de tomber.
Je jette un œil à la nuit, par la fenêtre. L'averse ricoche sur les pavés de la route, s'écrase sur les vitres dans de grandes bulles iridescentes.
- La dernière fois que je t'ai suivi, j'en ai mis partout en rentrant. Ça a brillé une semaine.
- Bien, alors, j'irai tout seul.
Je m'apprêtais à refermer la porte ; elle m'a rejoint, moue collée sur sa figure. L'éclat de la lune se reflète un million de fois autour de nous. De petites étoiles continuent à tomber, doucement, comme des flocons de neige.
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Session 7 : NEIGE
- Mais viens je te dis ! Depuis le temps que tu l’attendais !
- Non ! Elle devait pas être comme ça ! Je l’imaginais plus belle, plus…
- Arrête de te plaindre ! Il y en a qui n’en ont jamais vu.
- Et alors ce n’est pas mon problème. Moi je voulais qu’elle soit…
- Bon, habille toi, et vas-y quand même. Tu verras, c’est mieux que rien.
- Mais c’est pas juste du tout !
Joëlle enfila son manteau et son écharpe et alla dans le jardin tout enneigé. Pourquoi la neige n’était-elle pas rose ?
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J'aurais aimé qu'il n'arrête jamais de neiger, quand tu es partie à cause de moi. Toute la nuit les flocons se sont amoncelés sur ton absence. J'imaginais le froid glacer le sang dans tes veines, raidir tes cils et tes cheveux, bleuir tes lèvres et le bout de tes doigts.
Je t'ai presque oubliée.
Et puis la neige a commencé à fondre, et le printemps est arrivé, avec ses renaissances, ses odeurs... Ce doit être ton odeur qui a alerté les voisins ; on voyait ton corps disloqué dans le jardin depuis une semaine quand ils ont appelé la police.
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Il était une fille perdue au cœur de l’Hiver. Elle pleura tant et tant que ses larmes gelèrent sur ses joues et sur ses yeux. Aveuglée, elle finit par trébucher et s’effondrer sur la neige. Sans force, fillette finit par s’endormir.
Un bonhomme de neige passant par-là l’examina sous toutes ses coutures et, finalement, la remit sur pieds. Quand il comprit qu’elle n’était pas de son monde, il la ramena chez elle. Lorsqu’elle s’éveilla, elle crut longtemps avoir rêvé, jusqu’au jour où elle pleura. Depuis lors, ses larmes sont doux flocons. On la nomme la fille aux pleurs de neige.
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Bande de fous, 7 sessions ! :D
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moi j'dis GG j'ai beaucoup aimé vos battle =P