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Jean-Baptiste n'en pouvait plus. Des heures, des jours, des semaines que cet être indéchiffrable le harcelait de questions toutes plus étranges les unes que les autres. Mais qui était-il, d'abord ? D'où venait cette si surprenante entité, qui, ni solide, ni gazeuse, errait chez lui et le harcelait depuis maintenant quelque semaines ? Il ne semblait pas avoir quelconque besoin de se nourrir, de dormir, il existait, et posait des questions, c'est tout. Mais il ne s'agissait en aucun cas de questions banales, auxquelles on pouvait donner des réponses passe-partout, comme « quelle-heure est-il » ou encore « comment vas-tu ». Cet être ne connaissait-rien de la vie, du principe même d'existence ; mais quoi de plus difficile à expliquer que la vie, la mort, et de toutes les tares qui vont avec, la haine, l'humour, l'amour ? L'amour. C'était là que sa dernière question trouvait source. Qu'est-ce-que l'amour ? Jean-Baptiste, éperdu, soupira. L'amour... N'étais-ce pas l'origine de l'intelligence, de la supériorité humaine sur le monde terrestre ? Une idée, un courant, qui faisait de l'homme autre chose qu'une simple masse d'atome et de molécule animée par des courants électriques. L'amour, sentiment roi qui amenait tous les autres, le plaisir, l'indifférence, la tendresse, la haine... L'amour amenait l'espoir, qui donnait aux hommes une force indéfectible qui leur permettait d'avancer, de mettre un pied devant l'autre, sans savoir pourquoi ni comment, mais en le faisant tout de même. L'amour amenait la haine, la tristesse, qui donnait aux hommes les occasions de trébucher, de ralentir, de reculer même parfois. Il fallait beaucoup d'adresse pour les éviter, mais les hommes arrivaient tout de même, et ce en grande partie grâce à l'amour. L'amour était partout, omniprésent, et lie les gens aux choses et les choses aux gens ; il lie les gens au gens et les gens aux gens. L'amour était la vie et la vie était l'amour. Voilà ce qu'était l'amour.
Jean-Baptiste inspira profondément. Autour de lui, l’entité gravitait lentement, tourbillonnant pensivement. Les humains ne sont décidément vraiment pas très évolués.. L'amour, c'est une des réactions chimiques à la base de la vie. Chaque être en a besoin pour survivre, donc du coup forcément ça perturbe, mais ce qu'il avait entendu aujourd'hui... De toutes les interprétations de l'amour des différentes espèces qu'il avait entendu, celle-ci était la plus étrange et la plus floue. Vraiment, ce que les humains étaient bizarres !