[Verasoie]

Achmophilie, c'est si doux quand les aiguilles,
Quand il les approchait de mes yeux, ne pas bouger, clignement des paupières et effleurement des cils,
L'aiguille qui venait plus près de mes iris, bientôt contre la pupille ne plus ciller maintenant non, il s'arrêtait juste avant qu'elle ne me touche.
Des fois je m'imaginais me vider de moi-même par des millions de petits trous qu'il aurait fait dans ma peau.
J'ai de l'encre dans les veines.
Le sang goutte du motif sur mon bras, le tatoueur l'essuie mais ne peut l'empêcher de perler de nouveau.
J'ai des aiguilles dans le cœur.

[Ambriel]

Elle en avait fait des cauchemars, petite : les aiguilles la transperçaient, fouillaient sous sa peau… Pourtant, quand le grand jour était arrivé, elle n’avait rien senti. On lui avait administré tellement de drogues effaçant la douleur qu’elle avait flotté dans un étrange sirop vaporeux et sucré tout le long de l’opération. Le rite d’initiation terminé, elle était enfin devenue ce à quoi elle avait été préparée depuis sa naissance : la nouvelle Femme-Harpe. La jeune fille contracta ses abdominaux. Son frère pinça alors doucement les cordes fichées dans sa chair, produisant un son mélodieux et vivant. Elle souriait paisiblement.

[Rain]

Mille aiguilles la transperçaient, pour mille cordes qui la paraient. Quelle belle harpe était-ce là, et avec quel amour son harpiste en jouait ! Il en tirait la plus belle musique qui soit, au point qu’entre ses mains, son instrument se cabrait de joie. Son corps frissonait à chaque fois qu’on en caressait les cordes, et ses soupirs, et ses cris – de plaisir et de douleur mêlés - résonnaient partout dans la pièce. Pourtant, pas de public pour entendre ces deux amants chanter leur mélodie. Rien qu’eux, ce jeune artiste au talent fou, et cette femme que cent et mille aiguilles transperçaient…

[Verasoie]

- Salut, petite.
- Bonjour, grande.
- Toujours à la traîne ?
- Rien ne sert de courir. J'en reviens toujours au même endroit, de toute façon.
- Ah oui, pour ça...
(Voix essoufflée) - Salut, vous deux ! (S'estompe et disparaît.)
- Bon, je vais pas tarder, moi.
- Grande ?
- Oui, petite ?
- Je me disais, enfin... Comme toi tu es plus près... Tu le verras avant...
(Voix essoufflée). - Salut, vous deux ! La forme, j'espère ! (S'estompe et disparaît.)
- Oui ?
- Est-ce que tu pourras dire à Sept, de ma part, qu'il me manque.
- Je le ferai. Bon, cette fois je file. À l'heure prochaine !

(Voix essoufflée). - C'est si fatiguant, d'être la trotteuse. (Tic-tac.)

[Loïc]

Petite, tu t’étais toujours demandée pourquoi tes parents voulaient absolument que tu ranges ta chambre, et t’imposaient donc cette activité comme une tâche dominicale, ne cessant de te bassiner toute la semaine pour que tu ne l’oublies pas, comme on rappelle à d’autres un évènement exceptionnel.
Aujourd’hui, tu as compris. Un peu tard, certes : il a fallu que tu grandisses, que tu vives seule, que tu abandonnes ces bonnes habitudes données lors de l’enfance, si vivement rejetées à l’adolescence.
Aujourd’hui, tu comprends, et tu ne peux que masser ton pied troué par cette aiguille que tu avais laissée trainer.

[Rain]

Franchement. Eux aussi pourraient chercher. Mais non, je suis la seule, ‘videmment. Je fouille, je tourne, j’en ai la gerbe, mais eux s’en tapent. Y s’contentent de marcher et de se perdre. Ca se passera plus comme ça. J’en ai marre de bosser sans recevoir un copec. J’en suis dev’nue la risée des arbres. Personne pense jamais à regarder la mousse. Ca me rend malade.
Et c’est reparti. « Trouve le nord, trouve le nord » qu’y m’disent. Ben non. Pas cette fois, les losers. Aujourd’hui, je fais grève.

***

« Dis papa, c’est normal que la boussole, elle tourne dans tous les sens ? »

[Ambriel]

« AÏÏE !!! »
« … »
« Je viens marché sur une aiguille ! »
« … »
« J’ai eu très mal. »
« … »
« T’as l’air de vachement compatir, dis. Je sais bien que toi t’en a plein partout, des aiguilles, mais elles ne te font pas mal, à toi. T’es un peu un genre de fakir, en fait. Tu m’apprendras à résister à la douleur, dis ? »
« … »

*
« Oui, docteur, ça fait plusieurs heures qu’il ne parle plus qu’au sapin de Noël. Je ne sais plus quoi faire. »

[Rain]

Thème deux TERMINE !

Nouveau thème : JACK !

[Zacharielle]

Je lui avais pourtant dit « Fils, j’ai faim et ton ventre aussi y braille comme un beau diable. Mène la vak au marché et ramène nous du pain. » Il s’en est allé le bougre, et heureux avec ça, sous les flocons qui tombaient comme vak qui pisse, même il ouvrait l'bocal pour les avaler. J’ai vérifié qu’il prenait le bon kemin en le houspillant quelques fois.
L'saligaud est revenu tout bleu tout froid avec trois grains dans la bourse, une serfouette rouillée toute abîmée encore, et des envies de jardiner.
Ça commence à me courir sur le haricot cette histoire.

[Rain]

Jack ? Mon meilleur ami s’appelle Jack. Enfin, n’en parlez pas trop fort, ma femme l’aime pas tellement.
Jack, je l’ai rencontré pour la première fois au Teddy Bear, le bar à l’angle de la rue, là-bas. Depuis je le retrouve là bas souvent. C’est un super pote, auquel je peux raconter tous mes problèmes. Il m’écoute, et il me juge pas. Il se contente d’être là.
Oui oui, m’sieur l’agent, je suis sûr que c’est Jack, son nom. Ou Daniel. Jack, Daniel, un truc dans le genre. Un type super, vraiment. Maintenant, excusez-moi, mais je me sens un peu malade.

[Loïc]

Jack ? Mais pourquoi il te parle de Jack, celui-là ? C’est qui, Jack, son père ? Et puis, quel rapport avec la discussion que vous teniez, avec l’aide que tu es venue lui demander ? Tu ne le connais pas, ce Jack, et tu t’en fous, qu’il soit mort. Ou qu’elle soit morte, puisque c’est bien un féminin qu’il a utilisé.
Serait-ce une amante ? Une Jacques, ou Mme Jacques avec qui il t’aurait trompée ? Il n’oserait quand même pas venir t’annoncer sa mort, comme ça !
Vraiment, tu te demandes : quel rapport avec ton MP3 ?

[Verasoie]

- Je le hais je le hais il me fait peur avec ses grandes jambes horribles et son sourire immonde qui ne se flétrit jamais.
- Je vois.
- Les gens l'aiment ; y'a des tee-shirts à son image. Cinglés. Ils sont tous fous. Moi je le suis pas, hein ? Hein ?
- Continuez.
- Non moi c'est ses jambes. SES JAMBES.
- Mh.
- Et sa colline SA PUTAIN DE COLLINE qui se déroule comme une tentacule visqueuse qui va venir vous étrangler voilà c'est ça cette tentacule elle me cherche elle me poursuit depuis seize ans, monsieur. Docteur.

(Extrait du dossier concernant la patiente atteinte de MisterJackophobie.)

[Zacharielle]

J’ai pris sa mère dans les bras, parce que je ne savais pas quoi faire d’autre et qu’an moins, je ne voyais pas son visage rouge et tout trempé de larmes. Elle sanglotait violemment, c’était pas agréable et puis ça durait, ça durait.
- C’est depuis qu’ils lui ont donné ce surnom idiot !
Et ça ouin ouintait encore. Elle marmonnait des trucs sans queue ni tête, des histoire de voyage en transsibérien dans les steppes pleines de voleurs, de vendeurs de quincailleries, il va se faire arnaquer, j’ai fait mine un peu de m’intéresser.
- Quel surnom ?
- ... Jack le yack !

[Rain]

Il y a ces deux moitiés de moi-même qui se battent sans cesse. Je tente chaque jour de les fuir. Moi, je ne suis que le fruit de leur guerre, et j’en suis devenue la victime. Avant, ils luttaient sans raison, l’un contre l’autre, corps contre corps. A l’ancienne. A présent que je suis née de leur terrible rencontre, ils se livrent une vendetta fourbe et sans merci pour m’avoir. C’est à peine s’ils se voient encore. Et moi je cours, loin de ces deux moitiés. Loin de Jill, et loin de Jack. Seule. Je sais enfin qui je suis.

[nasnas29]

Je regardai un vieux film à la téloche. Mais impossible de mettre un nom sur cet acteur fou qui déambulait dans ce labyrinthe. Il avait le sourire crispé et, dans ce blizzard de neige, chassait sa proie en brandissant sa hache. Quel moment de cinéma, j'en perdais pas une miette et la musique accentuait la torpeur glacée de cette poursuite. Quand soudain...
 Jack!... niqu' le son! hurla mon pater. On s'entend plus à côté avec ton volume à fond.
Yes, jack Nicholson ! c'est bien lui, merci papa...

C'est sympa ce drabble!