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Auteur Sujet: Mots du jour : décade première  (Lu 1685 fois)

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Mots du jour : décade première
« le: 10 novembre 2008 à 20:43:54 »
Décade première : noctambule, chaloir, népenthès, ergastule, gosse (sens québécois), ès, vitrescible, abraxas, quillon, athanor, almandin



Loredan


Les alchimistes se réunissaient dans les sous-sols vitrescibles de la Cité-jardin. Peu leur chalait de passer pour des dépravés. Eux, noctambules éclectiques, cultivaient le savoir ancestral tandis que leurs concitoyens se retranchaient dans l'exiguïté d'une pensée passéiste. Eux ne ressentaient pas le besoin de s'oublier dans des drogues étrangères, népenthès qui engourdissaient un temps ces êtres défaitistes, avant de les faire sombrer dans les noirs ergastules de la mélancolie.
Ces docteurs ès sciences ésotériques, prononçant des discours passionnés à la lueur indécise des flammes des athanors, reniaient cette civilisation décadente autant que la culture étrangère. L’une tentait d’échapper à son piètre sort, mais l’addiction lui ceignait au cou un abraxas asservisseur. L'autre, préférant conserver les antiques idéaux belliqueux, ne jurait que par les quillons de ses épées et les hampes de ses flèches. Mais toutes deux, dupées par ces différentes assuétudes, avaient placées leur foi en de faux almandins.


*


Krapoutchniek


« Jamais je n’aurais du… »

Pierre se leva, l’air hagard. Il scruta la pièce et referma les yeux aussitôt. Par un procédé chimique complexe, ses neurones s’interconnectèrent entre eux, créant des sons, des images et toutes sortes de choses indescriptibles. Il ferma les yeux. Il tenta de se remémorer sa soirée de la veille mais rien ne vint. Les pensées restèrent bloquées, comme un ergastule empêchant des condamnés de s’évader.

« Bha, après tout, peu m’en chaut. Ce qui est fait est fait ! », se dit-il en son for intérieur.

Soudain, il se vit lui-même, dans une vague impression de flou, titubant dans une sombre ruelle montréalaise. Ce qu’il faisait là, il l’ignorait. Mais il se vit entrer dans un bar. Ce dernier était le repère de drag queens, créatures de nuit et autres noctambules. Pierre assista alors à une représentation hors du commun : des danses folkloriques mais surtout burlesques et de mauvais goût sur le thème de Robin des Bois. Les acteurs étaient richement parés. Certains portaient des abraxas en guise d’amulette. D’autres, divers colliers et pendentifs. Pierre remarqua alors qu’un soldat avait la fâcheuse tendance à se reposer sur le quillon de son épée, ce qui ne paraissait pas naturel. Les dialogues étaient creux, même pour le personnage de Merlin qui fit pourtant un monologue près de son athanor. La pièce, si on peut vraiment appeler cela comme ça, finit dans le château du roi Arthur, décoré par de nombreuses statues ornées chacune de deux almandins.

Pierre n’était jamais allé dans cet endroit auparavant. Il y fut probablement amené par quelque boisson alcoolisée(ingurgitée pour oublier que sa copine venait de le plaquer) tel un Népenthès. Mais sur le chemin du retour, deux hommes l’accostèrent. Il se souvint juste qu’ils en voulaient à son argent :

« Passe ton fric ou on t’éclate les gosses ! », dit l’un des voyous.

Malheureusement, Pierre n’était pas dans son état normal. Habituellement calme et plutôt soumis, cette fois, les choses étaient différentes. Sa tristesse mêlée à l’alcool le poussèrent à sortir son couteau et il le planta en plein dans le cœur de l’un de ses agresseurs. L’autre eut le temps de s’enfuir et prévint la police. Voilà pourquoi il se réveilla dans une cellule, ergastule moderne, enfermé avec un violeur et un dealer.

Après quelques minutes, la porte de la cellule s’ouvrit, un homme entra et se présenta :

« Maître Robhès, avocat et accessoirement licencié ès lettres. Je suis ici pour vous aider à défendre votre cas. »

Pierre écouta son boniment d’une oreille distraite. Il était fatigué et ne désirait qu’une chose : que les barreaux de sa cellule soient vitrescibles afin de les briser pour fuir ce monde de fous ! Mais il fut rapidement tiré de sa torpeur lorsqu’il se rendit compte qu’on était en train de lui annoncer que son cas était indéfendable et que la peine de mort était inévitable. Mais bien plus tard, en se rendant au tribunal, il tenta de se réconforter et eut un moment l’impression que quelqu’un l’appelait par son prénom :

« Courage, tout n’est pas foutu. Ni le juge ni personne ne pourra avoir ta tête. Pas même ce Robhès, Pierre. »


*


Ambrena


Du fond de son ergastule, Silesius ne pouvait s’empêcher de soupirer. Son atelier d’alchimiste, aux étagères chargées de fioles et de potions et dont l’athanor ne s’éteignait jamais, lui manquait. Mais c’était justement à cause des expériences interdites qu’il y menait qu’il se retrouvait ici, captif et menacé. Ses geôliers lui avaient même retiré son abraxas de protection. Il avait l’impression d’être terriblement vulnérable.

Dans son cachot, l’obscurité se faisait oppressante. Un instant, Silesius eut une pensée pour sa réserve d’almandins lumineux, qui lui auraient été bien précieux en cet instant. Mais ce n’était qu’une rêverie vaine. En vérité, il avait tout perdu.

Soudain, il entendit des sons au-dessus de lui. Un dialogue. Il se dit fugitivement qu’il devait là s’agir de noctambules éméchés, eu égard à la manière de s’exprimer de l’un des interlocuteurs. Mais ce n’était pas cela.

« Tu gosses, avec ton pouvoir ! Franchement, on a compris que tu pouvais faire des trucs avec tes mains, ce n’est pas ce qui fait de toi une princesse, hein ! »

La voix qui résonnait dans les souterrains devait appartenir à un homme fort, sûr de lui. Une personne qui se sentait sans doute plus à l’aise en maniant le quillon d’une épée qu’en prononçant des incantations.

« Je n’ai jamais prétendu être une princesse, Vaulrienn, répondit une voix plus jeune -probablement celle d’une adolescente. J’explique simplement que là, ma magie est impuissante. La prison a été bâtie en calcaire et n’est donc pas vitrescible. Je ne peux rien faire.
-On devrait te proclamer docteur ès prétextes incongrus et récurrents, la railla un troisième individu, peut-être un gnome ou un nain. Ce n’est pas la première fois que tu nous fais le coup, Aertiv.
-Korig, peu me chaut, fit la jeune fille d’un ton dédaigneux. Je sais ce que je vaux et ce dont je suis capable.
-Oui, hé bien cela ne règle pas notre problème, reprit le premier homme. Il nous faut absolument délivrer ce maître de potions, il est le seul à pouvoir créer le népenthès ! »

Un maître de potions ? Se pouvait-il qu’ils parlent en vérité… de lui ?
Pris d’un espoir inespéré, Silesius se mit à appeler ses sauveteurs providentiels et à taper contre les barreaux de sa cellule.

« Ohé ! Je suis ici, venez me chercher… »

Une demi-heure et une demi-douzaine de disputes intestines plus tard, l’alchimiste était enfin de retour dans son antre. Avec un drôle de trio sur les bras, qui lui réclamait quelque chose d’impensable…

« Vous êtes bien conscients que si l’on apprend que j’ai fabriqué ce filtre, on ne se contentera pas de m’envoyer au cachot ? C’est ma tête que je risque, là !
-Voyons, cher Maître, vous avez une dette envers nous, maintenant, lui avait rappelé Aertiv. Et puis… si vous venez avec nous, nous vous protègerons. »

Et c’est ainsi que le maître Silesius Angelus, alchimiste de son état, fit pour de bon son entrée à la Cour des Miracles. 


*


Leia [spoilers Harry Potter 7]


Arpentant le Bureau Directorial de long en large, Severus Rogue avait bien du mal à se concentrer, obnubilé qu'il était par son athanor mijotant quelques étages plus bas, dans le cadre d'un expérience mettant en scène du népenthès, un abraxas et un almandin vitrescible.
La potion devait encore mijoter trois bonnes heures, d'après ses calculs, mais rien ne le contrariait plus que de devoir interrompre ses activités noctambules. Le bureau de directeur prenait des allures d'ergastule.
Mais il y avait cette affaire d'épée à régler. L'épée de Gryffondor, qui devait retrouver sa place dans la vitrine en face de lui.

Le mouvement de recul de Phineas Nigellus dans son portrait lui indiqua l'arrivée de Mondingus Fletcher, aussitôt confirmée par l'odeur nauséabonde qui satura l'atmosphère.
"Pfiou, ben mon vieux, ça n'a pas été facile! J'en ai plein les gosses de ces foutus gobelins, moi."
Préservant sa respiration, Rogue tendit la main sans un mot, le regard impérieux. L'ignoble clampin farfouilla dans un sac gibecière d'allure douteuse et en exhiba la contrefaçon. Rogue l'attrapa par le quillon, et la disposa immédiatement à l'emplacement prévu.

Puis la crapule attrapa au vol sa récompense et repartit sans demander son reste. Laissant derrière lui des effluves persistantes qui en faisaient jaunir les portraits.
"Il me chaudrait qu'on enseigne l'usage du savon à ce mécréant", asséna une ancienne directrice à l'air pincé, depuis le deuxième rang à gauche.

Haussant les épaules, le Maître de Potions retourna à ses chaudrons.



***
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